À ma mère
Combien de nuits sans lune
Combien de nuits de brume
Ma mère
Durant ces temps amers
Lorsque ton compagnon
Ton mari, ton ami
Brutalement
Tragiquement
Périt
Combien de nuits de pleurs
Combien de nuits de peurs
Ma mère
Durant ces temps amers
Lorsqu’il fallut t’enfuir
Loin de ces lieux meurtris
Te cacher
Te terrer
Étouffer ton ennui
Ô combien de nuits sombres
Peuplées d’étranges ombres
Ma mère
Durant ces temps amers
Lorsque tu pus enfin
Retrouver ton foyer
Regrouper ta couvée
Ta maison était vide
Pillée et saccagée
Ô combien de nuits blanches
Aux lourdes heures lentes
Ma mère
Durant ces temps amers
Et pourtant pas de plainte
Seulement de la crainte
Pour tes enfants sans père
Sans appui
Démunis
Combien de nuits austères
Dans ton lit solitaire
Ma mère
Durant ces temps amers
Bien des ans ont passé
Dans la longue nuit noire
Une lueur paraît
Vos clairs regards unis
Ô mon père
Ô ma mère
En secret, m’ont souri.
Edmée Buffardel - 1992