Coronavirus : réflexions sur notre société

Et tout s'est arrêté...


Le confinement vient juste d'être levé.
Et après ?
En face de nous, des jours nouveaux sont à prendre, une réconciliation est possible et un espoir marche, qu'il suffit de suivre.

Texte écrit par Pierre Alain Lejeune, prêtre à Bordeaux

La crise du coronavirus a amené des milliards de personnes à être confinées à travers le monde. Malgré les conséquences dramatiques de la pandémie, nous pourrions en tirer de précieux enseignements...

Les images ont fait le tour du monde. Quelques semaines après le début du confinement, la pollution de l’air a drastiquement baissé dans les grandes métropoles chinoises. En Italie, des dauphins remplacent désormais les cargos dans les ports de Sardaigne et l’eau des canaux de Venise n’a jamais été aussi propre. En Belgique aussi la qualité de l’air s’est améliorée au cours des derniers jours. Moins de voitures en route, moins de vols, l’économie tourne au ralenti et la nature reprend ses droits. Le plus incroyable, c’est peut-être la durée sur laquelle ces changements se sont opérés : en quelques semaines à peine, la nature respire de nouveau.

Diminution impressionnante de la pollution de l'air en nitrite en Chine entre début janvier et mi-février.

Bien sûr, le changement climatique ne s’arrête pas pour autant, c’est un phénomène qui oeuvre sur le long terme, il ne s’arrête pas en quelques jours. Cependant, cette situation inédite nous montre l’incroyable capacité de résilience de la nature : après des décennies de pollution, de destruction et de bruit, il suffit d’une ou deux semaines pour que les animaux reviennent et reprennent leurs droits.


Mais la crise du coronavirus pose aussi d’autres questions qui dépassent la seule problématique environnementale : en important la presque totalité de nos masques, médicaments et autres combinaisons de protection de la Chine, on se retrouve dépendant de ce pays pour une question de santé publique, ce qui est très dangereux quand on sait que la Chine est une dictature et qu’elle a géré de manière chaotique la crise du Covid-19 (négation de l'existence du virus pendant de nombreuses semaines, bilans officiels douteux,...) . Une relocalisation de la production de ces denrées indispensables à notre santé vers l’Europe permettrait de se tenir mieux à l’abri face à ce genre de crise mondiale.


Enfin, il faudra faire attention à la manière dont s'opérera la relance économique, une fois la crise derrière nous. En effet, certains pays ont communiqué leur intention de se rabattre sur les énergies fossiles, très polluantes, pour relancer leur économie. Même si la crise du Covid-19 aura de très lourdes conséquences économiques, il ne faut pas oublier la problématique environnementale pour autant et tout faire pour diminuer l’impact de l’homme sur l’environnement. Un arrêt pur et dur des activités économiques tel que nous le connaissons pour le moment à cause de la crise sanitaire que nous vivons n’est bien entendu pas une solution sur le long terme. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une transition vers une économie plus verte, plus respectueuse de l’environnement.

Antoine Zulewski


Pourquoi des maladies animales se transmettent-elles davantage à l'être humain ?

Depuis une cinquantaine d'années, un grand nombre de virus ont émergé, ce qui explique les épidémies auxquelles nous devons faire face.
75% des maladies infectieuses émergentes sont des zoonoses.

Ebola, H1N1, SARS-CoV-2 ... L'analyse de la Fondation Nicolas Hulot (lien ci-contre) explique pourquoi la barrière des espèces est de plus en plus souvent franchie.

La crise écologique crée la crise sanitaire

Serge Morand est chercheur au Centre National de Recherche Scientifique. Ecologue de la santé et parasitologiste.

Il explique le lien entre la destruction des forêts, le braconnage, l'élevage intensif et le coronavirus :

"Si on ne profite pas de cette situation incroyable pour changer, c’est gâcher une crise"


Bruno Latour, sociologue et philosophe nous livre sa réflexion face à cette crise et à l'après crise.


La société allait vers la catastrophe écologique. L'économie est à l'arrêt. Cette crise du covid 19, on va la surmonter, mais saurons-nous surmonter le basculement d'une économie industrielle vers un cadre qui respecte ce qui est possible écologiquement ? Nous redessinons une action globale tout en étant chacun chez soi ! C'est essentiel car dire "les Etats doivent faire ceci" ne suffit pas : que chacun rédige ce qu'il voudrait changer. Sans la conscience de chacun, le monde politique ne peut prendre les décisions nécessaires aux changements écologiques indispensables : il n'en a pas l'autorité.

"Si tout est arrêté, tout peut être remis en cause, infléchi, sélectionné, trié, interrompu pour de bon ou au contraire accéléré. L’inventaire annuel, c’est maintenant qu’il faut le faire. A la demande de bon sens : « Relançons le plus rapidement possible la production », il faut répondre par un cri : « Surtout pas ! ». La dernière des choses à faire serait de reprendre à l’identique tout ce que nous faisions avant. "

Une consultation citoyenne :

La crise inédite à laquelle nous faisons face pourrait être un nouveau signal de l'urgence à changer nos modèles de société. La Croix-Rouge française et le WWF France s’associent à Make.org et le Groupe SOS, en partenariat avec Unis-Cité, la Meute d’amour et le Mouvement UP pour inviter à répondre à cette question cruciale : “Crise Covid-19 : Comment inventer tous ensemble le monde d’après ?“.

La consultation a rassemblé l'avis de 165 000 participants.

http://www.academiedumondedapres.org/