La justice au service du climat



Dans cette interview accordée à la revue “Sciences humaines”, Marta Torre-Schaub, juriste spécialiste du droit de l’environnement, évoque un phénomène de plus en plus récurant : les recours en justice pour dénoncer l’inaction des politiques face à l’urgence climatique.


En janvier 2019, Damien Carême, maire écologiste d’une commune du nord de la France bâtie sur une zone inondable du littoral et donc vulnérable à la hausse du niveau des mers, a été le premier à attaquer l'État en justice pour son inaction face au réchauffement climatique. “L’affaire du siècle”, autre action en justice lancée par 4 ONG, a aussi pour but de responsabiliser les Etats face aux problématiques climatiques et de dénoncer le non-respect des objectifs de limitation des gaz à effet de serre auxquels ils se sont engagés. 


Ce mouvement est parti des Pays-Bas où, suite à l’action en justice d’une ONG et de centaines de citoyens, les juges avaient décidé que l’Etat avait une obligation de protection des citoyens face au réchauffement climatique. Cette action en a inspiré d’autres un peu partout en Europe, de quoi mettre un peu de pression sur nos gouvernements et convaincre nos politiciens d’être plus ambitieux et de respecter leurs engagements. Car les conséquences du réchauffement climatique telles que la pollution de l’air, la hausse du niveau des mers, les catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes et violentes, font de nombreuses victimes chaque année, des victimes qui auraient peut-être pu être évitées avec une politique climatique plus ambitieuse.


Je trouve que le constat est assez dramatique : n’est-ce pas révoltant de réaliser que les citoyens sont obligés d’attaquer l’Etat en justice pour qu’il prenne ses responsabilités, se soucie de l’avenir de ses citoyens, pas seulement sur les quelques années qui vont venir mais sur le long terme, sur les décennies, sur les siècles qui sont devant nous ? C’est triste d’en arriver là… Heureusement, grâce à ces recours et à la mobilisation des citoyens pour une meilleure politique climatique, la pression monte auprès des politiciens : les enjeux environnementaux sont à présent au coeur des campagnes électorales et se retrouvent de plus en plus souvent dans les programmes des partis. Espérons que, suite à cette pression, des actions concrètes verront le jour pour limiter l’impact de l’homme sur le climat.


Antoine Zulewski