Des produits conçus pour tomber en panne

On en entend beaucoup parler dans les médias et c’est un thème qui revient souvent dans le débat politique. L’obsolescence programmée, selon les termes de la loi française, est “l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d'un produit pour en augmenter le taux de remplacement” ou “le fait de développer puis de commercialiser un produit en déterminant à l'avance le moment de sa péremption” selon le sénat belge. En clair, c’est un procédé employé par les industriels, surtout dans le domaine de l’électronique, pour nous forcer à consommer plus. La durée de vie des objets que l’on achète est délibérément raccourcie pour que l’appareil tombe plus vite en panne et que l’on doive le remplacer plus vite, ce qui augmente le nombre d’appareils vendus et accroît les bénéfices des entreprises. Selon la législation actuelle, l’obsolescence programmée est interdite mais dans les faits, il est souvent difficile de prouver une telle pratique.

Cependant, elle est bel et bien réelle, comme en témoigne, par exemple, une étude du professeur d’économie à l’université de Harvard Sendhil Mullainathan, qui rend compte d’une forte corrélation entre la sortie d’un nouvel IPhone et le nombre de recherches “iphone slow” sur Google, preuve qu’Apple rend ses anciens appareils moins performants lorsqu’il en met un nouveau sur le marché.


Un autre moyen de nous forcer à acheter sans cesse de nouveaux appareils est de les rendre difficiles voire impossibles à réparer. Ainsi, de nombreuses marques ne fournissent plus de pièces de rechange après quelques années, font payer les pièces de rechange presque aussi cher qu’un nouvel appareil ou vont même jusqu'à souder certains éléments électroniques entre eux pour être sûr que l’on ne puisse pas les réparer.

Pour éviter ce type de pratiques, l’Europe planche actuellement sur un projet de loi, le “droit à la réparation”, qui a pour but d’obliger les industriels à mettre des pièces de rechange à la disposition des consommateurs et que les éléments qui composent nos appareils électroniques soient remplaçables. Car, outre l’impact sur le portefeuille des consommateurs (acheter sans cesse de nouveaux appareils a un coup), l’obsolescence programmée a aussi un terrible impact environnemental et humain. Ce procédé augmente non seulement considérablement le nombre de nos déchets mais la production de nouveaux appareils demande aussi énormément d’énergie et de ressources. Pour produire nos appareils électroniques, il faut des métaux rares, souvent extraits dans des mines en Afrique (parfois contrôlées par des groupes terroristes armés) où les ouvriers travaillent dans des conditions déplorables.


Que ce soit dans l’électronique ou dans d’autres domaines, essayer de réparer nos objets avant de directement en acheter un neuf est un comportement qu’il faut essayer d’adopter le plus possible car non seulement nous réduisons ainsi notre empreinte carbone (moins d’objets produits, moins d’énergie nécessaire, moins de CO2 rejeté) mais aussi la masse de nos déchets.

Antoine Zulewski

Un manifeste... à signer !

On estime à 50 000 000 de tonnes la masse de déchets électroniques par an dans le monde. Que faire concrètement face à cela ?
Limiter nos achats de nouveaux produits, réparer ceux qui sont cassés...

A cette fin, Repair & Share1 lance avec test-chat un manifeste sur le droit de réparer. Le signer, c'est déjà faire un pas vers une société avec beaucoup moins de déchets.

Pour une réponse structurelle de la part des politiques, des fabricants et des commerçants
: garantir la qualité des objets et leur réparation en cas de problème : pièces de rechange, manuels de réparations, services de réparation.

Right to Repair :

La coalition européenne pour le droit à la réparation

Une coalition d'organisations demandent une législation européenne qui fixe des exigences minimales en matière de conception afin de garantir un démontage et un remplacement faciles des composants clés, à commencer par ceux des smartphones et des ordinateurs portables.

L'idée c'est aussi de créer un étiquetage qui permettra au consommateur de savoir si l'appareil est réparable, avant de l'acheter.