Colloque 2019

Thème : Tabous et (auto)censure

Les lundi 3 juin et mardi 4 juin 2019

Hôtel Palace Royal

à Québec

Quand les membres du Conseil d’administration se sont réunis en août dernier pour préparer le prochain colloque, le thème, « Tabous et (auto)censure », s’imposait à leur esprit au moins aussi fortement que la censure elle-même au cours de la dernière année. Aussi tristement pourrions-nous dire.

Nous n’avons pas cru opportun d’inscrire au programme ou de tenter de résoudre les controverses des dernières années impliquant humoristes, créateur(e)s, écrivain(e)s, dramaturges, croyant(e)s, laïcs ou toute autre victime de lèse-liberté dont, parfois, on éteint la voix avant même de l’avoir entendue. Ils seront certes la toile de fond de nos propos et de ceux de nos invité(e)s, mais notre rôle n’est pas de régler cette question. L’objectif du colloque annuel est plutôt de réfléchir à notre travail de professeur(e)s de littérature au quotidien. On ne peut toutefois ignorer que la censure, depuis quelques années, s’impose de façon insistante et pernicieuse dans notre vie. Serait-ce que de la délétère vertu en ébullition des mauvais purs émaneraient des vapeurs de médiocrité lessivant et javellisant au passage les esprits sensibles et honnêtes qui défendent la liberté et le droit fondamental de l’art à s’exprimer? Cette question pèse assez fort sur notre quotidien pour que nous prenions le temps d’y réfléchir quelques heures.

Ainsi, nous tenterons de comprendre, pendant deux jours, ce qu’est la censure. Si le censeur a été longtemps facile à cibler, il appert qu’il est aujourd’hui une créature plus éthérée qu’auparavant. Son omnipotence, émergeant désormais à la fois du centre et de la périphérie (Jacques DUFRESNE, Le Devoir, 25 janvier 2017), de la gauche et de la droite, est devenue une sorte de péril imprévisible oppressant notre liberté académique étant donné le caractère public de notre profession. Nous serons donc amenés à réfléchir à nos peurs et nos réserves dans nos pratiques professionnelles, à tout ce que nous mesurons de risques quand vient le temps de décider si tel sujet ou telle œuvre reçoivent la sanction morale légitimant leur droit ou non à être vus, étudiés ou simplement abordés en classe. Nous assisterons à la présentation d’expériences pédagogiques où des professeures ont osé amener des étudiant(e)s sur des terrains parfois délicats, voire minés. Des auteur(e)s nous entretiendront sur le droit ou non de prendre la parole au nom de la vérité d’autrui et sonderont avec nous les interdits que prescrit la notion d’appropriation culturelle où semblent se confronter l’imaginaire et le réel. Enfin, nous avons prévu deux performances, l’une théâtrale et l’autre musicale, où les artistes fouillent les limites de l’inconfort.

Il est de plus en plus difficile de savoir à quelles lois-fantômes doivent obéir les nombreux artistes invités à se taire. La culture est mise à mal dès lors qu’elle est forcée de s’assujettir aux caprices d’un tribunal obscur qui la dilue. Comme nous sommes entre autres porteurs et transmetteurs d’une part de cette culture, il importe que nous réfléchissions à ce qui lui fait perdre ses droits, dont celui d’élever l’esprit au-dessus des miasmes de l’odieuse ignorance.

Daniel LOISELLE

Président

Invités

Programme