Colloque 2016 APEFC

Littérature et métissages

Colloque annuel de l'APEFC

Les lundi 6 juin et mardi 7 juin 2016

Hôtel Delta de Trois-Rivières

Mot du président - Daniel Loiselle

« Il n’y a pas de frontières entre les disciplines que l’homme se propose pour comprendre et aimer. Elles s’interpénètrent et la même angoisse les confond. » (Camus, Le mythe de Sisyphe,1942, p. 132)

Bon nombre de participants, lors de l’évaluation du colloque de l’année dernière à Shawinigan, ont proposé que nous explorions les voies qui mettent en relation l’univers littéraire et la quotidienneté, les arts, l’histoire ou la musique. Voilà une excellente occasion de réfléchir à une façon d’enseigner la littérature en la présentant comme une porte ouverte sur tout ce qui peut paraître a priori menaçant par son étrangeté. Partant, l’amorce d’une réflexion sur le métissage entre la littérature, les arts, les genres et l’autre suivrait l’idée selon laquelle l’enseignement de la littérature, tel que l’avance Yvon Rivard dans ses Exercices d’amitié, est une invitation à s’enfoncer dans un mystère pour le résoudre (Rivard, 2015, p. 217).

Nous avons donc demandé à des créateurs de partager avec nous leur expérience de la littérature comme langage qui ouvre vers l’ailleurs pour démystifier le monde. Un peu comme St-Denys Garneau qui, s’inspirant de Katherine Mansfield pour qui il faut devenir une pomme pour la décrire, disait des mots qu’ils devaient être « racinés, saturés de l’être des choses » (St-Denys Garneau cité par Michel Biron, 2015, p. 232) pour que ces choses irradient à travers une parole économe et simple.

En explorant le métissage entre littérature et arts, nous avons vu comment la littérature et le cinéma, les arts visuels, la musique ou toute autre forme d’expression artistique interagissent et s’influencent mutuellement. Nous avons fait le point sur l’apport de cette mixité dans l’imaginaire qui se dégage des œuvres de celles et ceux pour qui divers langages sont en dialogue.

La littérature qui porte sur le métissage des genres s’inscrit dans la quête identitaire, notamment sexuelle, et jette un éclairage sur le rôle de la littérature dans l’abolition des préjugés. Entre Les fées ont soif et Nelly Arcand se pose la question de l’émancipation sexuelle, de la prostitution, de l’homosexualité, du transgendérisme qui brisent les tabous. Notre enseignement doit obéir au devoir de présenter la parole comme une sorte de maïeutique dont le but est de détruire les idées reçues sur la différence qui nous effraie, tout simplement parce qu’elle nous échappe.

Le métissage entre la littérature et l’autre fera la lumière sur le rôle de l’altérité, dans la vie réelle comme dans une œuvre, en tant que substrat au regard que nous jetons sur le monde et transcendance de notre propre réalité dans la communion avec l’autre.

Ainsi, si nous voulons que l’enseignement de la littérature serve de plongeon en dehors de soi pour les jeunes que nous côtoyons, il importe de leur montrer qu’il faut entretenir la foi devant l’inconnu et oser quitter le confort de notre chaise en cherchant délibérément « l’équilibre impondérable » au-dessus du vide.

Invités