Colloque 2015 APEFC

De l'(im)pertinence de la littérature au cégep

Colloque annuel de l'APEFC

Les 3, 4 et 5 juin 2015

Hôtel du Gouverneur, Shawinigan

Mot du président - Daniel Loiselle

« Toute personne est titulairedes libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d'opinion, la liberté d'expression […] » C’est ainsi que commence l’article 3 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Et c’est, en grande partie, au monde de l’éducation et à la famille que revient la lourde responsabilité de disposer l’esprit des jeunes, de manière à éviter certaines dérives, à assumer la liberté de conscience, de religion, d’opinion et d’expression.

Quand les membres du CA de l’APEFC ont dû préparer le programme du colloque 2015, plusieurs questions étaient sur la table. Nous appartient-il vraiment comme association, par exemple, de nous immiscer dans le débat sur la pertinence de maintenir ou non l’enseignement de la littérature dans tous les programmes d’études au cégep? Si le ministère de l’Éducation trouve légitime de croire que la formation générale au cégep devrait être redéfinie pour répondre aux impératifs du marché du travail et préparer les jeunes aux grands défis que leur réserve la société moderne, ne serait-il pas nécessaire qu’on y réfléchisse aussi? Mais, que reste-t-il vraiment du sens de la formation générale au cégep? Quel est le véritable apport et la place réelle qu’y occupe la littérature?

La question sur ce que devrait être la formation générale, telle qu’elle est posée dans le Rapport Demers, au Conseil supérieur de l’éducation et dans l’esprit du ministre de l’Éducation, part d’une mauvaise prémisse. Si un des rôles de l’éducation est de préparer la jeunesse à la vie professionnelle et aux défis de la société moderne, alors il y aurait tout lieu de suivre le conseil de Martha NAUSBAUM qui affirme dans Les émotions démocratiques, lorsqu’elle parle du marché du travail, que l’éducation libérale nourrit « des qualités d’imagination et de pensée indépendante qui sont cruciales pour maintenir une culture d’innovation féconde. » (NAUSBAUM, 2014, p. 70) Voilà des qualités qui, bien que souvent recherchées dans le milieu des affaires et du travail en général, semblent être oubliées dans la volonté réformiste du MELS.

Le problème en éducation auquel on fait face est extrêmement complexe et il ne faut surtout pas prendre pour acquis que l’enseignement de la littérature est en soi dans l’esprit de tout le monde une nécessité absolue.

Dans ses Chroniques des années molles, Normand Baillargeon rappelle « [qu’]une très longue et très ancienne tradition de pensée qui remonte à Platon et qui traverse ensuite toute notre culture jusqu’à aujourd’hui soutient que l’éducation consiste en l’acquisition de savoirs d’un certain genre qui ont sur ceux qui les possèdent un effet libérateur. » (Baillargeon, 2014, p. 82). Il entend par là que toute personne qui s’éduque par la pensée libérale s’affranchit de l’ignorance, des conventions et des préjugés. Dans ce sens, si nous défendons l’idée qu’il faut préserver sa place à la littérature au cégep sans prendre en compte le bénéfice qu’on tirerait à communiquer l’esprit de la littérature, qui sert à plonger les jeunes dans une réflexion en profondeur sur eux-mêmes et sur le monde qu’ils côtoient; si on ne peut ouvrir l’âme des jeunes adultes au respect, à l’abolition des préjugés, aux dangers du fanatisme, à l’empathie, à la compassion, par la littérature, on fait fausse route. On n’a pas à se demander si on doit enseigner la littérature, mais bien pourquoi et comment on devrait l’enseigner.

Nos invités au colloque ont été choisis dans la perspective de cette réflexion sur, non seulement la place que la littérature devrait occuper en éducation, mais surtout sur le rôle qu’elle devrait y assumer. Nous aurons le privilège d’entendre, aujourd’hui et demain, des propos variés sur l’éducation et sur la façon dont on devrait penser l’enseignement au Québec. Ceux de David GOUDREAULT, slammeur qui parle aux jeunes dans leur langue et les touche au cœur; de Georges DESMEULES ou de Jean-François CHASSAY pour qui sciences et fiction littéraire vont de pair; de Mark ZAFFRAN (Martin WINCKLER) qui oscille entre médecine et littérature; d’Anne-Marie OLIVIER pour qui le théâtre est un bassin d’eau bouillante où on se lance; ceux de Claire LEGENDRE et Claude PARADIS, des professeurs / créateurs qui réfléchissent à la place de la création dans l’enseignement; de Louise LAFORTUNE, pédagogue du socioconstructivisme pour qui la culture doit se penser dans une perspective interdisciplinaire et transversale; et enfin, les propos d’Éric BÉDARD, historien qui soulève la difficulté de parler vraiment d’éducation au Québec. Chaque invité sera appelé à exposer un point de vue sur l’importance de la culture en éducation et sur l’apport de la littérature dans leur vie personnelle et professionnelle.

À la fin des deux premières présentations, trois questions sont posées à la salle et aux invités :

1. Quelle place les connaissances devraient-elles occuper en éducation?

2. Quelles connaissances littéraires devraient être acquises grâce aux études collégiales?

3. Comment s’assurer de l’acquisition de ces connaissances?

Quelques documents du colloque