Colloque 2022
Le cœur au poing
de l'amour en littérature
Les 6 et 7 juin 2022
au Delta de Trois-Rivières
Mot des présidentes
Au printemps 2020, devant un écran, à présenter des œuvres à un troupeau d’écrans fermés, plusieurs ont senti un profond malaise voire un mal-être. Pourtant armé.e.s. de pédagogie, de bonne volonté, de motivation, d’outils informatiques, il manquait quelque chose. Il nous manquait quelque chose. Intangible, incongru, invisible. Devant ces écrans, à tenter de toucher l’autre, l’étudiant.e, l’importance du contexte humain, de l’affect, de l’émotion qui sous-tend la lecture, qui sous-tend la réflexion littéraire nous est apparue par son absence. La relation pédagogique a besoin d’une relation. Et la relation nous ramène fondamentalement à l’amour, sous toutes ses formes.
Voilà ce qui nous a marqué.e.s, voilà ce qui nous a manqué devant nos écrans. Enseigner, c’est aimer, comme l’a rappelé Yvon Rivard dans son essai : aimer la littérature, aimer la communication, aimer la rigueur, mais aimer l’Autre, qu’il soit fictif ou qu’il soit assis dans la classe. La bienveillance, le désir d’émouvoir, le désir de faire grandir, le désir de communiquer. D’aucuns seraient tentés de citer la boutade de Louise Latraverse.
Voilà donc ce qui nous a mené.e.s à ce thème si fécond, à cet élan de vie qui serait au fondement de toute œuvre, de toute démarche. Voilà donc l’amour qui nous mènera à réfléchir ensemble, dès le lundi, 6 juin 2022, aux nombreux et intarissables méandres de l’amour. Nous nous pencherons dans un premier temps sur ces diverses acceptions et incarnations au fil des ans : quelles formes prend l’amour? Et la relation amoureuse, comment l’a-t-on perçue avant, et aujourd’hui?
Mais des nouvelles perspectives, plus actuelles, nous ont aussi interpellé.e.s : narcissisme, amours toxiques, quête de compréhension de l’Autre. Les assises bien rappelées, explorées, nous serons à même de nous interroger sur des perspectives corollaires à l’amour : dans certaines œuvres contemporaines où le Moi cherche à naviguer dans cette mer de réseaux sociaux et de popularité éphémère, comment arriver à (s’)aimer véritablement? Nous discuterons aussi du fait que cette approche contemporaine ne fait que davantage mettre en lumière les failles des amours anciennes à l’heure de #moiaussi, quand Baudelaire parait à nos étudiant.e.s comme essentiellement misogyne, quand les personnages féminins meurent d’amour ou se rappellent ses impossibilités telle la Élisabeth de Kamouraska se répétant «oL'amour meurtrier. L'amour infâme. L'amour funeste. Amour. Amour. Unique vie en ce monde ». Et ce rapport à l’Autre, teinté d’attirance et de peur, peut-il être modulé par l’approche du théâtre documentaire, qui traite de ces difficultés et de ces laideurs en les présentant autrement au public? Le théâtre documentaire passe-t-il par la recherche documentaire pour arriver à aimer pleinement son sujet?
Cet élan vers l’Autre nous mènera ensuite à réfléchir à la dimension affective de notre pratique sous différents angles. Pour transmettre, il faut aimer. Comment conjuguer affect et enseignement, comment entrer en relation avec l’autre? Quatre écrivains professeurs nous proposeront des réflexions sur ce double métier et, surtout, sur le rapport à l’étudiant.e, teinté d’un désir profond de communiquer, d’édification, de faire aimer, qui se heurte parfois à un fossé générationnel. Toutes ces idées se cristallisent d’ailleurs dans l’autofiction de quelques romans contemporains qui explorent des relations invariablement ancrées dans l’amour et ses tiraillements : amour des patries (d’origine et d’immigration), amour romantique, amour familial, amour inconditionnel, et surtout, amour de soi, amours tour à tour laborieuses et bienfaisantes.
Enfin, nous ne pouvions envisager notre colloque se terminer sans une bouffée de douceur lumineuse, sans un élan nécessaire pour envisager la suite sereinement. Les mots et la musique nous permettront donc de repartir, nous l’espérons, le cœur toujours au poing mais peut-être un peu plus léger, réconcilié.e.s, car comme l’a écrit Miron, l’amour peut aussi être vu comme « violence de délices et d’aval et réconciliation batailleuse ».
Julie-Mélanie Michaud et Isabelle Tremblay, coprésidentes de l’APEFC
Isabelle Tremblay
Cégep Garneau
Julie-Mélanie Michaud
Cégep Garneau
Programme
Lundi 6 juin Délices de l'amour
9 h Mot des présidentes
9 h 10 Conférence d'ouverture
Lori SAINT-MARTIN, professeure, écrivaine et traductrice
10 h L'amour avant
Expériences pédagogiques
Amélie DESRUISSEAUX-TALBOT, Cégep Garneau
Annik-Corona OUELLETTE , cégep de Saint-Jérôme
11 h L'amour maintenant
Visions d'autrices
Fanny BRITT, écrivaine et traductrice
Corinne LAROCHELLE, enseignante, Collège de Maisonneuve, et écrivaine
Animé par Claudia LAROCHELLE
12 h Dîner libre
Délires pour l'amour
13 h 30 L'image de soi et l'amour de soi
Entretien entre Jean-Philippe BARIL GUÉRARD et Daphné B.
Animé par Claudia LAROCHELLE
14 h 30 Doit-on condamner les amours anciennes?
La nouvelle mythologie littéraire amoureuse
Animé par Claudia LAROCHELLE
15 h 45 Apéro festif
Entretien et performance avec la compagnie de théâtre documentaire
Porte Parole avec Annabel SOUTAR
Mardi 7 juin Dialogues sur l'amour
9 h 10 Conférence d'ouverture
Stéphane GIRARD, professeur
9 h 45 Comment aimer, partager et dialoguer
avec la nouvelle génération d'étudiant.e.s?
Entretien entre Thomas O. ST-PIERRE et Jean-Marc LIMOGES
Animé par Claudia LAROCHELLE
11 h Rapport à soi, rapport aux siens, rapport à l'Autre :
amours et autofiction
Entretien avec Alain FARAH
Animé par Claudia LAROCHELLE
12 h Assemblée générale et dîner
13 h 15 Les mots et la musique d'Émile PROULX-CLOUTIER
INVITÉ.E.S