Colloque 2017 APEFC

Littérature et filiations

Colloque annuel de l'APEFC

Les lundi 5 et mardi 6 juin 2017

Hôtel Delta Sherbrooke

Mot du président - Daniel Loiselle

« La brutalité est le recours de ceux qui n’ont plus de pouvoir intérieur. » (Anne HÉBERT, Le torrent)

Quiconque regarde en soi et découvre l’absence de toute vie hormis la sienne, que sa propre existence est à elle seule toute l’Histoire, vit un drame. Le vide identitaire peut causer une violence inquiétante. Le risque alors encouru est qu’une telle fêlure dans le cristal de l’âme effare et pousse parfois à la brutalité devant la menaçante étrangeté du monde. L’héritage culturel au cœur de la mission du professeur de litté­rature que nous sommes est porteur de filiation par laquelle on peut, en partie du moins, combler cette douloureuse fêlure.

C’est donc de filiations que nous discuterons au colloque de l’APEFC à Sherbrooke les 5 et 6 juin 2017. Tout d’abord le fil qui nous lie à nos ancêtres. La littérature de tout temps, du Québec ou d’ailleurs, foisonne d’œuvres où le protagoniste est habité par le passé. Hanté par le bien ou le mal qu’il a reçu en héritage, il ausculte son existence liée par le sang à des vies antérieures. C’est ce premier volet de la filia­tion que nous explorerons ensemble en juin.

Viendra ensuite la filiation intellectuelle. Nous verrons à quel point la pauvreté matérielle est considéra­blement moins dommageable à une société que la pauvreté intellectuelle. Les connaissances que nous transmettons aux jeunes à travers la littérature sont la vraie richesse que nous pouvons leur léguer. Le « noir analphabète », l’intelligence « humiliée », dont parle MIRON, agonise dès lors que nous levons le lourd rideau de l’ignorance sur l’esprit, pour peu que celui-ci veuille bien s’abandonner au ravissement devant l’universalité rayonnante qui s’offre à lui.

La filiation artistique ouvrira le troisième volet du colloque. Jusqu’où une œuvre d’art en appelle-t-elle une autre? Par où passent les ramifications frater­nelles qui font que telle œuvre donne naissance à telle autre? En quoi l’écrivain est-il habité par les mots qui ont précédé les siens, voire ceux qui s’écrivent en même temps que les siens? Jusqu’où une produc­tion est-elle l’écho d’une autre? Comment l’écrivain en arrive-t-il à être sûr que sa création n’est pas que « cryptomnésie » cette réminiscence issue d’une mémoire inconsciente que le sujet prend pour une idée originale?

Ainsi, parler de filiations, c’est parler de l’esprit humain qui s’abreuve à l’âme du monde par des voies ascendantes, descendantes ou collatérales et le prémunit contre le vertige assassin que peut causer le vide en lui-même.


Invités