Cleews Vellay 1964 - 1994 . La Radicalisation d'ACT UP PARIS 1992/1994

20 ans le 18 octobre 2014

Paradoxalement la peur que nous inspirions était un avantage, le seul peut être.

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Codéine sur ordonnance merci pour le biz

Cleews me connaissait assez pour savoir que je ne risque pas de satisfaire aux critères du politiquement correct façon communauté gay. Pire je pense avoir été un des seuls enculés d'hétéros qu'il supportait dans cette lutte à mort contre une épidémie de SIDA qui prospérait mais surtout était encore mortelle en ces années 1989/1994. Question de confiance, une denrée rare lorsque l'on porte en plus de sa maladie, celle de tous les autres par délégation.

Ancien pâtissier, employé au noir dans un chenil et viré prestement dès sa séropositivité connue en 1989, il habitait un studio HLM a deux pas du cimetière de Saint-Ouen. Philippe Labbey, avec qui commençait une histoire de cœur, l'avait rencontré a la toute première réunion d'ACT-UP Paris et avec Pierre il allait devenir un proche ami de notre groupe informel. Sans job et sans argent, c'est a scalpel que Philippe c'était adressé pour lui en trouver un. Une riche idée qui allait lui permettre de devenir le meilleur orateurs d'Act-Up Paris. Bien que Brûlé dans le milieu des "Sondages d'Opinion" scalpel lui proposa plusieurs Instituts de sondages dont IPSOS ou il apprendrait sur le dur la manipulation par téléphone. Une rude école de terrain qui lui permis de prendre confiance en lui et de maîtriser sa tchatche. C'est précisément cet aspect du personnage que Guy Debord choisi pour nous montrer Cleews dans son film testament "Guy Debord son art, son temps".

Pour qui combat en ces années de fin de civilisation cauchemardesque l'instant vaut tout et raconter cela après quinze années est fade. Nous n'étions qu'une poignée mais décidés. Beaucoup parmi ce petit nombre étaient condamnés a mort et le savaient.

20 ans le 18 octobre 2014

Le creuset d'ACT UP Paris c'était les A.G (appelées RH, réunion hebdomadaires) une distribution implacable de la parole dans une discipline de fer. C'était le seul moyen efficace de faire fonctionner la démocratie directe dans l'urgence.

C'est dans ce lieu de parole, de verbe, que se vivait la lutte, bien plus que dans les commissions qui n'étaient que des délégations révocables destinées à l'action.

D'abord hébergé chez APPART un louche appendice d'État drivé par les pseudo-socialistes, trop petit il fut vite remplacé par l'AGECA le loueur de salles de l'extrême-gauche. Plus tard même la grande salle de l'AGECA étant trop petite, une école d'informatique du 13e arrondissement nous proposa un espace plus grand tous les mardi soir.

La première RH après la mort de Cleews fut la dernière d'ACT UP. Il régnait une tristesse morbide si grande, le malheur du vide était si palpable, que je décidai de quitter la salle de réunion accompagné par une amie qui venait pour la première fois et qui sentit comme tous le monde le grand vide. La mort de Cleews signifiait la mort de l'organisation combattante que nous avions connu, plus tard un texte de Philippe Labbey qui s'intitulait Fin d'Act Up Paris synthétisa ce qu'il fallait dire et ce qu'il fallait faire. Ne reste plus qu'une officine d'État creuse et attrape mouches.

Nous le savions dès le départ car c'est le sort de toute organisation en ces temps du spectaculaire intégré. Philippe Labbey m'avait demandé des renseignements sur les statuts des Associations lois de 1901 en même temps que sur les salles possible pour quitter APPART et nous avions visité celle de l'OCL et de l'AGECA qui fut finalement choisie. Contrairement à Cleews et Philippe, Isabelle et Régine, je n'ai jamais été membre d'ACT UP, il s'agissait d'un accord tacite qui me convenait, entre le sympathisant et le sniper.

De haut en bas: Philippe Labbey, Scalpel, Régine Labbey

Isabelle Simon, Gilles Delcuse

Cleews Vellay est mort du sida.

Cleews Vellay est mort du sida à 30 ans le mardi 18 octobre 1994. Il était pédé, il était militant de la lutte contre le sida. Il fut le président d'Act Up-Paris de septembre 1992 à septembre 1994. Il avait adhéré à Act Up-Paris dès sa création, en 1989.

Pendant ces 5 années, il a combattu tout ce qui a rendu possible sa contamination et sa mort : le silence sur la maladie, l'homophobie et ses raisons d'être (l'Église, l'État, l'ordre des Pharmaciens, etc...), l'incurie et la lâcheté des hommes politiques en matière de prévention, d'accès aux soins et d'aide à la recherche, les médecins crapuleux et les laboratoires véreux, les fantasmes lepenistes de sidatorium et les délires de dépistage obligatoire. Cleews savait qu'il ne mourrait pas d'une simple maladie, qu'il avait été assassiné d'avance par tous ces salopards et toutes ces saloperies. De là sa lutte au jour le jour, de là aussi son sens de la solidarité.

Teigneux et agressif, il était doté d'une générosité rare:au sein d'Act Up-Paris, il avait fondé la commission Prison alors qu'il n'a jamais été prisonnier, il avait participé à la première commission Toxicomanie alors qu'il n'avait jamais été toxicomane, il avait soutenu de bout en bout les revendications des hémophiles alors qu'il avait été contaminé par voie sexuelle, il avait été l'un des premiers à combattre l'expulsion des malades étrangers. Il se disait avant tout femme, folle, beau black, pompon girl, minorité des minorités.

Pour tout cela, Cleews, tu garderas toujours tout notre amour et notre admiration, tous nos pleurs et notre douleur. Nous savons que tes gestes, tes regards, tes sourires, tes colères nous sont à jamais perdus. Ta force nous demeure. C'est elle qui nous porte encore, et nous portera plus que jamais, pour continuer cette lutte que tu avais engagée avec à peine quelques-uns.

Mais cette force n'est rien à côté de ta perte. Rien ne nous consolera.

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On achète que les vendus !

Dans la série des crapuleries du ACT UP d'État qui bureaucratise tranquillement quelques exemples choisis:

Parmi les mécènes de l'antenne parisienne d'Act Up figurent sans surprise le financier Pierre Bergé -qui signe aussi les chèques permettant au magazine Têtu de survivre malgré sa faible diffusion (30.000 exemplaires à peine) et son déficit chronique-, le styliste Jean-Paul Gaultier, le SNEG (syndicat nationale des entreprises gaies) et un paquet de restaurants parisiens arborant en vitrine le symbole du petit autocollant arc-en-ciel.

Le showbiz est aussi très bien représenté. On relève en effet sur cette liste la quasi-totalité des majors de l'industrie du disque (Universal, Mercury, Virgin, Sony Music...) ainsi qu'une brochette de chanteurs (Pascal Obispo, Jean-Louis Aubert, Etienne Daho, Manu Chao, Noir Désir...). Il y a même une contributrice d'outre-tombe puisque Barbara, qui avait cédé les droits de sa chanson Le couloir à l'association activiste, est toujours citée, sept ans après sa mort, parmi les soutiens des militants d'Act Up.

Malgré la disette culturelle qui frappe le monde du spectacle, de nombreux théâtres ont aussi tenu à apporter leur soutien à Act Up (La Comédie française, l’Opéra comique, le Théâtre Montparnasse, Les Folies Bergères...), tout comme les humoristes Smaïn, Anne Roumanoff et Laurent Ruquier.

Plus surprenante en revanche est la présence parmi les bailleurs de fonds d'Act Up de grands noms de l'industrie pharmaceutique : Schering-Plough, Glaxo Smith Kline, MSD Chibret, Gilead Sciences, Boehringer-Ingelheim... Il s'agit là d'un soutien inattendu pour quiconque a encore en mémoire les nombreuses actions coup de poing menées par Act Up pour dénoncer la politique de recherche des grands groupes sur le virus du sida et crier l'impatience des malades en attente de médicaments.

SUITE texte SIDA

Gerbons mes frères et sœurs à la santé de ces crevures !

Françoise Barré-Sinoussi: ''Le sida a changé la recherche''

".../...Le sida a changé notre façon de faire de la recherche. Il s'est en effet passé une chose exceptionnelle, presque inimaginable, avec cette maladie : pour la première fois dans l'histoire de la médecine, on a vu des patients s'imposer dans le champ thérapeutique et scientifique. J'ai vu arriver des séropositifs à l'Institut Pasteur, qui voulaient non pas voir un médecin, mais se faire expliquer ce qu'était ce virus et comment nous allions nous y prendre. Au début, nous étions plutôt décontenancés. Vous savez, quand on se retrouve devant des personnes en sursis et qu'on se dit que, s'il existe un jour un traitement, ils ne pourront probablement pas en bénéficier car le développement d'un médicament reste hypothétique et peut prendre des décennies, on se sent très mal... Peu à peu, les associations ont pris en main la lutte contre l'épidémie. Aides a eu un rôle essentiel dans la visibilité du sida, Act Up a forcé des compagnies pharmaceutiques à baisser leurs prix, le Sidaction s'est imposé comme complément à l'ANRS. Les chercheurs et les cliniciens ont découvert un monde qu'ils ignoraient, mais, au bout de quelques années, ils ont compris l'enrichissement qu'ils pouvaient tirer de ce travail en réseau multidisciplinaire. Par leurs expériences et les liens qu'ils ont constitués, les malades ont acquis une expertise de la maladie presque aussi pointue que celle des scientifiques eux-mêmes. Certains sont même devenus de véritables chercheurs! Cela nous a amenés à revoir complètement les orientations des programmes de recherche... Ça n'est pas rien!.../..."

Cleews était né le 5 février 1964 à Gonesse et non le 3 à Gousainville comme wikipedia l'écrit, voir CNI. Inspiré par les Situationnistes et non par une prétendu idéologie du Situationnisme comme le déconne wikipedia.

A Debord et Bounan pour nous avoir fourni les munitions !

Oui Clews Vellay avait raison de demander en 1993 si en France c'est le ministre de l'intérieur qui s'occupe de la santé publique, c'est bien le cas. La police pourvoie à tout, elle est universelle.

C'est la peur de voir se former une opinion publique qui détermine ces plans médiats préventifs. Pourtant les excès de bassesse du système tendent à produire des réactions comme cette fameuse affaire du sang contaminé qui brisa à jamais les derniers restes de confiance des populations en l'appareil d'État visiblement aux mains de trafiquants ni responsables ni coupables. Il ne fallut rien de moins qu'une influence post-situationniste occultée mais porteuse de Borsalino dans ACT-UP Paris pour faire remettre en place une simple politique de santé publique. L'incroyable conspiration contre le livre de Michel Bounan, le temps du SIDA, finalement n'aboutit qu'a brûler les désinformateurs les plus en vue.

SUITE SIDA1

Debord Toujours

http://www.situationniste.net http://debord-encore.blogspot.com

http://sites.google.com/site/lefinmotdelhistoire

http://survivreausida.net

http://www.asud.org

http://www.situationnist.net

http://www.notbored.org