Mon tour d'Auvergne 2018

Après mon dernier Tour d'Auvergne en 2012, je m'étais promis de revenir toujours avec ma 125 GIMA à moteur YDRAL. Je me suis donc revenu en compagnie de mon ami Francis lui au guidon de sa BSA 650 de 1951. Comme à chaque participation commune nous partageons nos frais et nos moyens. Nous sommes donc descendu de l'Essonne en Duster Essence et remorque 3 places motos réalisée par Francis il y a quelques années déjà, sur base de châssis de caravane.

Nous avions loué une nuit en gîte très près de Langogne. Nous y avons été très bien accueillis, logés et nourris. Là nous avons fait la connaissance de Christian venu de la Charité sur Loire avec Son Ariel 500 installée dans son Trafic.

Le lendemain matin nous étions donc sans difficulté à l'heure dite sur le parking de la piscine de Langogne. Comme tout le monde nous nous sommes affairés à descendre les motos, prendre notre package , faire les dernières vérifications de nos motos, pris des photos et saluer toutes nos connaissances.

Lors de ma précédente participation, j'avais réalisé à quel point ma 125 manquait de puissance dans les côtes et m'était donc promis de faire le nécessaire pour corriger cela. J'avais trouvé un jeu piston vs chemise excessif. J'avais donc monté un piston et des segments neuf et pris soin de régler l'avance en faisant différents essai entre 3 mm et 6,5 mm. C'est finalement 6,5 mm qui donnait en moyenne le meilleur rendement. J'avais aussi remplacer le joint en feutre de sélecteur par un joint spi. Malgré cela le moteur fuyait encore au sélecteur et aussi côté pignon. J'avais donc constitué 2 récupérateurs d'huile dans des barquettes alimentaires. Ils ont fait le boulot proprement si je puis dire. N'ayant pas résolu le problème de la prise de compteur à la roue arrière, j'avais monté un compteur électronique de vélo pour éviter tout excès de vitesse !

C'est donc ainsi que j'ai pris le départ. Ma GIMA se comportait mieux que l'édition précédente. Mais progressivement, en altitude le moteur ne tournait pas bien à plein gaz. Il se mettait à faire "le 4 temps". Ceci ne m'a pas empêché de profiter de cette première journée dans des paysages magnifiques. Mais je suis un éternel insatisfait. Aussi le soir à l'étape des Estables, j'ai vérifié le carburateur : rien d'anormal. J'ai fait des essais de moteur, plein gaz sur place. Le phénomène se confirmait, le régime se mettait à plafonner trop tôt. J'ai donc déposé le dispositif de filtre à air et starter qui est constitué d'un simple tamis métallique. Nouvel essai plein gaz et là, miracle, le régime n'était plus bridé du tout. C'était donc ce filtre à air qui bridait en enrichissant trop le mélange. Ma décision était prise : demain je roulerais ainsi ou avec un dispositif alternatif ne bridant pas mais protégeant l'intrusion d'insectes ou de graviers. Au cours de la soirée, l'idée d'utiliser une canette de Coca-Cola a germé.

Dès le lendemain matin, à la fraîche, j'ai découpé la canette et l'ai fixée en place avec 3 fils de fer. Après quelques essais d'accélération sur le parking, j'étais convaincu par le retour en forme du moteur YDRAL.

Je suis donc parti ainsi et ma GIMA était plus vaillante que jamais. J'ai pu enfin rivaliser avec pratiquement toutes les autres motos qui me décrochaient quand même dans les fortes côtes mais que je reprenais rapidement en descente.

Hélas à 2 km de la 1ére étape du second jour, après avoir du rentre la 1ère dans un raidillon, sur un faux plat où elle commençait à reprendre ses forces, dans un bruit sourd, le vaillant YDRAL a brutalement ralenti, j'ai coupé les gaz immédiatement, et le moteur s'est arrêté. Je savais alors qu'il avait au minimum fait une amorce de serrage et que la fin de mon tour au guidon de ma GIMA était compromise.

C'est donc résigné et surtout fâché contre moi-même que j'ai du accepter de charger la moto sur la remorque du Trafic de Damien. A l'étape toute proche, Damien m'a de suite proposé ses outils si je voulais vérifier. Je ne me suis pas fait prier et ensemble nous avons rapidement déculassé et retirer le cylindre. Pas de grosse rayure, pas de segment cassé ... Un petit éclat sur un transfert et aussi une légère rayure horizontale au niveau de la lumière d'admission, trace d'un avalement d'un grain se sable ? Damien ayant même apporté un rodoir avec tous ses outils, nous avons rôdé légèrement le cylindre puis remonté. Le moteur a redémarré mais je sentais qu'il était mou. On a remonté le filtre à air d'origine puis Damien a modifié la richesse pour que le moteur prenne ses tours à plein gaz. Peut-être aurait-il essayer ça d'abord avant de monter un filtre bitza ...

Damien m'a proposé de tenter repartir ainsi. Je suis reparti peu convaincu et effectivement à la première côte rencontrée le moteur s'est rapidement "assis" et nous l'avons remontée sur la remorque.

La messe était donc dite et il fallait bien prendre les choses avec philosophe. Nous avons discuté, de motos bien sûr, mais aussi du sifflement suspect émis à chaque accélération par le turbo du Trafic. Celui-ci était apparu sur l'autoroute quand Damien ralliait Langogne.

Le repas du midi aux Estables n'était pas des plus mémorables ...

Au départ c'est une dame, qui voudra bien me pardonner d'avoir oublié le prénom, qui s'est jointe à nous car sa 125 New Map l'avait aussi lâchée mais a priori sur un incident plus mineur. Nous sommes ainsi repartis, avons discuté et admiré les paysages jusqu'à ce que nous rattrapions un autre malchanceux, l'homme à la 250 Peugeot rouge, pour qui la veille au soir je n'avais pas hésité a prêté ma ceinture pour dévisser un bouchon de réservoir rebelle, ceinture qui a rendu l'âme provoquant l'hilarité générale dans la station service prise d'assaut par nos motos assoiffées. Hélas pour lui, nous n'avions plus de place. Il a donc du être pris en charge par un autre suiveur.

Au sifflement toujours présent s'est brutalement ajouté une bruit de crécelle ... Damien a tenté de continuer en souplesse mais il a du stopper ayant peur d'aggraver les dégâts. Nous étions donc plantés en pleine campagne avec 1 Trafic en panne, 1 remorque chargée de 3 motos en pannes et 3 personnes dépitées.

Damien a appelé son assistance qui a eu un peu de mal à comprendre le contexte de l'assistance.

Pendant ce temps là des "kékés" passaient plein gaz en se tirant la bourre sur des sportives. J'ai fini par me poster en leur faisant des signes les appelant à rendre la poignée au moins en passant près de notre équipage en panne. S'ils l'ont plus ou moins respecté, le dernier d'un groupe n'a pu s'empêcher de terminer sa montée en roue arrière à au moins 100 Km/h ! Comme les chasseurs, il y a les bons et les mauvais motards ...

Au final, grâce à la débrouillardise de l'assistance du tour, merci à tous et en particulier à Isabelle infatigable organisatrice et à Damien mon ange gardien du jour mal servi par l'infortune pour tous ses services rendus, nous sommes tous, hommes et motos, rentrés à Langogne où nous avons rechargé nos motos pour le retour.

Nous sommes rentrés à minuit passé avec de bons et moins bon souvenirs mais n'est-ce pas aussi ça la vie ?

Moralités : "Qui veut voyager loin, ménage sa monture" ou, pour les italiens "Chi va piano, va sano e lontano".

Galerie des photos

Et voici un lien pour bénéficier du remarquable reportage d'un des participants de ce sympathique évènement:

Le reportage