Derniers jours à Revelstoke

L'endurance d'un homme, fut-il un pisteur Haïda sur ses terres, a ses limites. Dad avait trouvé les siennes bien avant de prendre cette balle dans la cuisse. Il frôlait la mort pour la deuxième fois en une semaine et se demandait si cette fois-ci encore la providence le sortirait de ce faux pas. Il n'avait jamais connu pareil déconvenue dans sa vie précédente. Depuis qu'il avait pris cette décision de changer de chemin, de suivre les Français, tout semblait lui échapper. Mais cela ne faisait que renforcer sa volonté. Dad avait toujours été un homme libre et il en connaissait le prix. S'il survivait à cela il continuerait pour ne pas renier les sacrifices déjà réalisés et découvrir ce que cette nouvelle vie lui réservait. Il avait vidé la gourde du Shaman et sentait ses dernières forces l'abandonner lorsque celui-ci arriva enfin à la cabane. Constatant la gravité de la situation, Yagun qui n'avait pas son matériel de soin avec lui, préféra ramener le blessé à Revelstoke.

Il prit le temps de retrouver Enju, son cheval qui s'était éloigné sans doute pour boire. La route était longue et en chemin les deux hommes parvinrent tout de même a discuter un peu. Il parlèrent des différents mystères que les scientifiques avaient élucidés et notamment de la grotte de Fond-de-Coppe. Il fut convenu que les Français enseigneraient toutes leurs découvertes au maire de Revelstoke pour qu'il puisse par la suite les transmettre à Howkan au moment opportun. Décrivant les circonstances exactes du retour de Kaïganis, Yagun fit part à Dad de la toute nouvelle politique de ce dernier vis-à-vis de'Avranche. Il semble que le vieux chef avait décidé de mettre un terme a ses relations avec le propriétaire de Fond-de-Coppe dans l'objectif plus ou moins avoué de récupérer son territoire. C'est donc au détour de cette conversation que le Wekneeg appris que la femme qui l'avait renseigné au village l'avant-veille lui avait menti. En effet, L'histoire qu'elle lui avait raconté était a peu prés exact... elle avait juste pris soin d'inverser les rôles entre les deux protagonistes pour tenir les blancs à l'écart du village. Kaïganis était revenu et Huados avait disparu. C'est donc probablement elle qui avait donné l'alerte et provoqué l'embuscade ratée. Dad s'en voulait de n'avoir pas découvert le pot au roses mais cela n'aurait pas changé grand chose en définitive. Arrivant à proximité de Revelstoke, le pisteur remercia Yagun pour tout se qu'il avait fait pour lui. Il lui fit part de ses projets de voyage et le Shaman lui proposa de garder son cheval et de s'en occuper jusqu'à son retour. Les deux hommes se séparèrent et le Wekneeg s'en retourna se faire soigner au village de Thomasson.

Sur place il découvrit avec bonheur que ses compagnons avaient survécu et qu'Avranche était derrière les barreaux. Il fit brièvement connaissance avec l'équipe du Sergent-major Desmond Foster avant de découvrir, effaré, les sévices qu'avait subit l'ethnologue. Il se retrouva donc finalement dans le cabinet du Docteur avec Firmin et Hector. Tous reçurent de fortes doses de l'arpedine qu'il restait au naturaliste et que le médecin fut enchanté de trouver.. bien qu'il ne pu s'empêcher de remarquer que le conditionnement était étrangement similaire a celui des comprimés qui avait disparus de son bureau deux semaines plus tôt. En fait Thomasson était à cours de remèdes depuis qu'il avait eu a soigner les quatre hommes d'Avranche quelques jours plus tôt. Ils étaient arrivé ensembles, gravement brûlés par une explosion à la TNT. Heureusement le Major Foster était quelqu'un de très bien organisé. Il pu leur annoncer que le train qui était prévu pour ramener les Français dans leur pays lundi midi allait être chargé de médicaments et qu'une infirmière serait dépêchée pour leur délivrer les soins nécessaires. A cette occasion aussi il leur appris que comme un Canadien d'origine Française s'était greffé à l'expédition scientifique, la France avait demandé à se que l'homme soit rapatrié avec les deux mandataires de l'université. Comme rien ne semblait avoir été prévu pour Dad, ils demandèrent a ce qu'il soit du voyage en arguant du fait qu'il présentait un intérêt scientifique et culturel au même titre que les artéfacts Haïdas sujets de l'offre d'échange diplomatique. L'argument fit mouche et l'officier accepta de transmettre la demande. Emile avait été relogé au Shuswap's Creek et tout Revelstoke semblait en pleine effervescence. Le Sergent Major Foster avait bien pris les choses en mains depuis l'épisode de l'assaut à la cabane. Ses hommes veillait nuit et jours sur les investigateurs comme sur les gangsters. Il échangeait en permanence des messages télégraphiques avec Vancouver, Montréal et Québec. L'archéologue avait passé une bonne parti de l'aprés-midi a essayer de récupérer les affaires leurs appartenant mais il ne retrouva que les objets ne présentant aucune valeur marchande.. Tout le reste semblait avoir été subtilisé par les mercenaires. Dans la soirée, l'archéologue s'occupa de présenter les preuves de la mort de l'ethnologue américain à la police. Il obtint du Caporal Brown l'autorisation d'aller compulser les documents de la mallette d'Andrew Scott avant que celle-ci ne soit scellée et ajoutée au dossier qui venait d'être requalifié de disparition en décès. Il était tard, Emile qui s'était installé à la banque se servit un bon café bien serré et ouvrit la sacoche de cuir noire refermée six ans plus tôt par son propriétaire.

Il y trouva plusieurs feuilles volantes chargées de notes nerveusement griffonnées, un épais cahier et un agenda de l'année 1919. Le cahier semblait contenir toute ses études sur le Wendigo. Pour Scott cette chose était un organisme vivant s'apparentant a une plante. Il le définissait comme un endoparasite pluricellulaire de structure volatile composé de spores et l'avait baptisé "psychoplasme". Selon lui cette chose envahissait son hôte par les voies respiratoires, passait dans le sang avant de se fixer dans les cellules nerveuses du cerveau. Il expliquait que dés lors le psychoplasme utilisait son hôte pour se reproduire, se nourrir et même... commencer à exister. Il semblait en mesure d'investir plusieurs hôtes bien que selon les réflexions du scientifique il devait exister, concernant précisément ce spécimen, un hôte principal. Il émettait aussi l'hypothèse que la contrainte qu'exerça cette créature, probablement très vieille, sur les Kungahaï au cours du temps aurait amené leur vaste territoire à sa portion congrue actuelle, et que celui-ci se serait calqué sur la zone d'influence du Wendigo. Plus loin Scott décrivait différents état du psychoplasme et notamment un état léthargique engendré par une augmentation de la pression ambiante. Il avait remarqué qu'au sortir de cet état, le psychoplasme se comportait sans l'influence de l'individu d'origine et qu'il paraissait subsister dans un état de veille... attendant d'être aspiré par la première victime passant à travers lui. Il retira de cette découverte la perspective d'en prélever un échantillon pour opérer une "bouture" selon ses propres termes. Son idée était de piéger des spores dans un étui hermétique sous pression, puis de les relâcher progressivement à travers une machine à l'atmosphère pour pouvoir les inhaler hors de l'individu initiale. Il comptait opérer l'expérience sur lui-même dans l'espoir de domestiquer le parasite et de s'en servir. Emile reconnut ainsi les plan de l'étui qu'Hector avait retrouvé au fond de la grotte à Fond-de-Coppe. Il semblait y avoir une autre machine, plus volumineuse, qu'il n'avait en revanche jamais vu auparavant, et qui devait être destinée à décompresser le contenu de l'étui convenablement. Les notes de l'ethnologue sur son cahier se dégradaient dans le temps pour finir en véritable brouillon illisible dans lequel on discernait les craintes du scientifiques vis-à-vis de son expérience: allait-il apprivoiser cette chose ou bien lui succomber? Dans ses notes volante, Andrew décrivait sporadiquement les souvenirs qu'il conservait de ses différentes rencontre avec le psychoplasme. Il parlait de l'odeur induite par la nature fongique de l'organisme mais aussi des sensations de picotements, d'engourdissement et de froid qu'il avait éprouvé en les mettant sur le compte du degré d'exposition au parasite. Il y faisait aussi mention du fait que le Wendigo semblait, sans pouvoir l'expliquer, avoir une préférence pour les animaux nocturne. Ceci expliquait la période prépondérante de ses manifestations. En outre il apparaissait évident que la chose procédait a une sélection et qu'elle jetait plus volontiers son dévolu sur des cibles à l'acuité ou à l'intellect supérieur tel que les rapaces nocturne ou les humains. Comme si elle cherchait a améliorer ses propres aptitudes. Dans son agenda pour finir, Emile trouva des annotations concernant un rituel efficace du shaman Kungahaï permettant de retrouver des bribes de mémoire après une exposition au psychoplasme. Il faisait notamment mention du fait qu'il avait subtilisé un échantillon de la poudre qu'utilisait l'indien et qu'il l'avait envoyé pour analyse à une amie à Londres, le Professeur Helen MacShire. De manière assez régulière et surprenante, Scott faisait aussi référence a un certain ELias Block qui semblait avoir été en partie responsable de son expédition et qui lui prodiguait de toute évidence un assez généreux mécénat. De quoi, du moins, acheter l'indulgence d'Avranche avec qui il se montrait financièrement très coopératif. Il n'était d'ailleurs pas exclus à la lumière de ses nombreux échanges que le scientifique ait contribué malgré lui a parfaire la culture du gangster sur le Wendigo.

Au petit matin, avant l'heure de sa confrontation avec la police, Emile rendit une visite à Leo Qualwell, le chef de gare de Revelstoke. Il l'interrogea au sujet de la clef estampillée CNR trouvée sur le cadavre du capitaine Shaler. L'homme d'abords assez revêche sembla stupéfait par la découverte de l'archéologue. Il lui expliqua que ce genre de clef avait une grande valeur. Qu'elles étaient en général précieusement conservées par les responsables de la compagnie car elles permettaient de manipuler les sémaphores qui jalonnaient tout le tracé du Canadian Pacific. C'est probablement à l'aide d'une de ces clefs que les gangsters qui écumaient la région arrêtaient les trains sans effort avant d'en prendre le contrôle et d'en dépouiller tout leur passagers. Il fut convenue que la clef serait remise à la police et Emile alla au bureau du Caporal pour effectuer sa déposition auprès du Sergent Major Foster. En arrivant, il vit Avranche en train de signer sa propre déposition avec le stylo plume Parker d'Hector. Il revendiqua l'objet que Noël se fit un plaisir de lui rendre non sans l'avoir au préalable brisé. L'archéologue récupéra malgré tout le bien du naturaliste et lâcha une petite phrase au prisonnier:" On en a assez pour que tu passes le restant de ta vie à l'ombre". Noël, amer, rétorqua que le Français serait bien avisé de passer le restant de sa propre vie a ne dormir que d'un oeil. L'incident clos, Emile fit sa déposition au Sergent Major. Il lui révéla toute la vérité sans oublier les moindres détails, exception faites de l'argent dérobé au gangster et de l'attaque de sa cabane. Il signa le document et s'en alla rencontrer les Rippers puisque les policiers lui avait fait part du fait que le gouvernement avait débloqué un très généreux avenant au contrat initial de l'entreprise Fletcher pour qu'elle finisse sa mission. Martin se refusa a lui accorder la moindre poignée de main bien qu'il ai de toute évidence bénéficié d'une offre propre à lui faire oublier ses états d'âme. Devant tant de pragmatisme, l'archéologue alla droit au but et expliqua au chef des rippers qu'ils allaient devoir se trouver des vêtements chauds. Il attendait d'eux qu'il investissent le glacier au nord de Skung Gwaï à la recherche de reliques de la bataille décrite sur le plus ancien totem. Martin accepta la mission et précisa qu'il quitterait Revelstoke avec ses hommes lundi matin. D'ici là, tout aussi prosaïque que son interlocuteur, Emile avait décidé de lui trouver un ou deux accompagnateurs dignes de confiance pour s'assurer que le travail serait bien fait. Les deux hommes se séparèrent sans grands adieux et, l'heure de la messe approchant, le Français s’apprêtait à tenir une promesse faite au maire. Pour redorer son blason, terni par le sermon quelque peu équivoque du pasteur Clark au sujet des scientifiques, Thomasson, dont les accointances avec ces derniers ne faisaient désormais guère plus de mystères, avait en effet demandé à Emile de bien vouloir se montrer à l'office religieux. Ce geste s'avérerait d'autant plus avisé que Radd Cutteridge, le père des deux enfants tués par l'ours lors de l'attaque du Wendigo avait lui aussi finit par succomber à ses blessures et que cette messe lui serait consacrée avant l'enterrement. Il était juste regrettable que la perquisition chez Avranche eu lieu en même temps mais de toute façon l'archéologue n'avait pas obtenu l'autorisation de se joindre aux policiers.

L'office religieux débuta à onze heure précise. Comme à l'accoutumée, tout Revelstoke venait communier avec le pasteur Clark. L'homme officiait toujours sans bible et se contentait de livrer en pâture à ses ouailles la même litanie incompréhensible cousue de bribes de souvenirs plus ou moins conforme aux écrits. Ce qui sortait de l'ordinaire en revanche ce dimanche midi, c'était la présence du cadavre du père Cutteridge présenté dans son cercueil devant les fidèles. Le pasteur commença à parler du défunt qu'il semblait bien connaître. Emile craignait que son sermon ne s'achève à nouveau en une charge sans concession à l'encontre des scientifiques et de leur mission. Et ses craintes étaient fondés. Radd Cutteridge, un homme pieu et travailleur, un véritable pionnier, présent à Revelstoke depuis les début. Cet homme, selon l'ecclésiaste, qui incarnait l'essence même des vaillants bâtisseurs Canadien, avait perdu la vie et celle de ses deux enfants dans des circonstances, tel qu'il aimait à les rappeler, pour le moins troublantes. Mais le coeur des disciples de dieux ne sachant nourrir le sentiment de vengeance, le pasteur appela les habitants de sa paroisse à prier pour le salut des brebis égarés avant qu'elle ne rejoignent leur lointaine contrée. Il invita ensuite le Français a venir prononcer quelques mots en publique se qui s'avéra fort difficile pour l'archéologue plus habitué a la confidentialité des bibliothèques qu'a la foule des conférences. Emile parvint tout de même a bafouiller quelques mots au sujets des Kungahaïs et des liens qu'il entretiendraient à l'avenir avec les colons de Revelstoke. Il parla brièvement d'Avranche, surtout pour mettre en avant les nouvelles perspectives qu'offrait son départ, et conclu en bredouillant un inaudible remerciement avant de retourner précipitamment à sa chaise. Le messe touchait à sa fin et tout les convives s'agitaient pour retourner à leur activités dominical lorsque Valery Lovett, la femme du propriétaire du magasin général de Revelstoke, vint à la rencontre de l'archéologue. Elle semblait avoir été émue par les mots du scientifique qui avaient, de toute évidence, rétabli sa respectabilité aux yeux de la communauté, elle se risqua donc à lui parler en publique. Elle lui fit part du fait qu'un viel homme surnommé Michtar était arrivé chez elle dans la nuit. Qu'il avait fuit Illcillwaet, où il séjournait d'habitude, et qu'il avait des choses à dire aux étrangers... Autant curieux des résultat de la perquisition que du message du vieux trappeur fou, le Français opta pour suivre rapidement Valery jusqu'à l'arrière boutique où elle vivait avec son mari et ses enfants. Là-bas il reconnu sans peine Michtar attablé dans la cuisine, le regard perdu dans le vague, un verre à la main. L'ancien coureur des bois à l'élocution toujours aussi difficile lui expliqua que finger était revenu à Illcillwaet avec de nouveaux amis. A travers les descriptions pittoresques du vieillard, il lui sembla reconnaître Huados le renégat ambitieux, et Jarvis le mystérieux guide. A en croire Michtar, Finger et ses hommes avaient chassés le peu de résidents qui restaient encore au village de trappeur. Et ça, le pauvre bougre ne s'en était pas remis. Alors cherchant un moyen de rendre la monnaie de sa pièce à Finger, Michtar était venu ici prévenir les Français qu'il en avait aprés eux et qu'ils feraient bien d'être vigilant. L'archéologue le remercia et retourna auprés du sergent-major Foster pour prendre connaissance des fruits de la perquisition. en arrivant aux abords de la demeure de Noël, il vit l'officier en vive discussion avec un homme qu'il ne connaissait pas et qui s'avéra être l'avocat d'Avranche, un dénommé Anthony Lamarck fraichement débarqué de Vancouver. Le sergent pris le prétexte de l'arrivé d'Emile pour mettre un terme à une conversation qu'il n'avait pas souhaité. Des que les deux hommes furent à l'écart du magistrat, Desmond s'étonna de ce que le défenseur d'Avranche soit arrivé si vite. Il apparaissait en définitive probable qu'il n'ait été diligenté sur place pour d'autres motifs, tels que la rupture unilatérale du traité de paix entre les Kungahaï et le chef de la mine. Au sujet de la fouille des appartements de ce dernier d'ailleurs, le sergent concéda que la pêche avait été maigre. Des documents comptables sur le commerce de la coppe avaient bien été saisis, mais il allait falloir les faire expertiser. Des notes diverses faisaient état des relations commerciales entre Avranche et Finger, mais rien qui ne puis lui être directement reproché. Juste, pour finir, quelques traces de sang ayant échappées a un lavage méticuleux qui avait été découvertes dans le lupanar du gangster et qui pouvait s'avérer difficile à justifier. Mais rien de plus. Non le policier était anxieux car il avait appris de la bouche de maître Lamarck sa ligne de défense et il semblait évident que la partie n'était pas gagnées d'avance. Pour commencer, l'avocat comptait discréditer les témoins à charge. Pour lui, les scientifiques étaient malhonnêtes puisqu'ils avaient dérobé 30000 $ canadien à son client un jour seulement aprés leur arrivée à Revelstoke. et puis il y avait cette histoire de chevaux volés qu'il souhaitait utiliser pour faire la démonstration de l'immoralité des Français. En outre il postulait que la déposition de Magda Fraiville serait irrecevable compte tenue de son état mentale. Il semblait confiant en le fait que n'importe quelle confrontation avec un psychologue assermenté attesterait de sa théorie. En guise de conclusion, il avait l'intention de plaider non coupable pour les faits de tortures qui étaient retenus contre son client en prétendant que ce dernier aurait essayé sans succès d'intervenir pour sauver l'ethnologue. Tout cela ne présageait rien de bon pour l'issue de l'affaire. Foster avait la mine des mauvais jours. Il ne retrouva le sourire que lorsqu'Emile lui annonça qu'il savait où trouver Finger. Le sergent s'empressa d'ordonner à ses hommes en partance pour Fond-de-Coppe de changer d'itinéraire pour investir Illcillwaet et appréhender le dangereux braqueur de trains. Une fois ses directives énoncés, l'officier demanda au Français de l'accompagner auprès de ses compagnons d'infortunes pour obtenir d'eux des moyens de mettre à mal la défense que préparait Lamarck. Dans le cabinet du docteur Thomasson, les cinq hommes consacrèrent une bonne partie de l'après-midi à rédiger une nouvelle déposition. Il fut convenue que des photos seraient prisent des conséquences des sévices infligés à Firmin. Pour l'histoire de l'argent d'Avranche les scientifique décidèrent de maintenir leur version des faits et de nier en bloc ce qui devait probablement resté impossible à démontrer. En revanche ils contestèrent vigoureusement les accusations de vols sur les chevaux du maréchal-ferrant. Ils avaient loués les bêtes pour une paire d'heures et ce sont les hommes de mains de Noël qui les ont contraint à prendre la fuite sans pouvoir les rendre à temps. Le plus gros problème qui leur restait concernait la réfutation du témoignage de Magda. Ils savaient bien que la jeune mère n'avait plus toute sa tête. Ils savaient aussi que le même problème allait se poser pour les mineurs qui accepteraient de témoigner contre leur ancien patron. C'est finalement Dadjingits qui eu l'idée brillante de soigner les victimes du Wendigo avant l'éventuelle expertise. Le procès d'Avranche, de par sa nature et le nombre de protagonistes concernés, n'allait pas avoir lieu avant quelque semaines. Comme il était désormais dans l'intérêt du gouvernement Canadien, s'il souhaitait un jour reprendre les rennes de l'exploitation minière, de mettre l'homme en prison, il allait falloir repousser au plus loin la date des expertises psychiatriques. Cela devrait permettre de laissé le temps aux investigateurs de retrouver le contact d'Andrew Scott à Londres et son échantillon de poudre mystérieuse. Une fois identifié, le produit devrait pouvoir être produit en quantité suffisante pour espéré permettre une rémission rapide et l'obtention d'un avis positif des experts. La partie n'était certes pas gagnée, mais il était évident que si l'opération fonctionnait comme prévue, le gangster finirait au gibet. Dans la soirée, l'archéologue obtint de nouveau l'ultime autorisation de compulser les documents contenus dans la mallette de l'ethnologue Américain. Il n'y trouva rien de très neuf sinon que le mystérieux mentor d'Andrew, Elias Block semblait exercer à l'université de Yales, aux Etats-unis. Après une dernière nuit de sommeil à Revelstoke, les quatre hommes se préparèrent pour prendre le train en direction de Québec. Ils furent déçu d'apprendre que les hommes partis la veille pour Illcillwaet étaient revenus dans la nuit sans Finger. Ils n'avaient trouvé rien ni personne là-bas. Les quelques maisons du village paraissaient avoir été pillées. Manifestement les fugitifs avaient désertés les lieux très récemment et bien pris soin d'effacer leurs traces. La nouvelle n'étant pas de nature à les rassurer, les scientifiques demandèrent une escorte au sergent major Foster qui consenti, non sans se faire prier, à leur détacher deux hommes pour le voyage. Il était vrai, ceci étant, que la note du rapatriement devait commencer a s'alourdir au delà des prévisions les plus coûteuses.

Les dernières heures à Revelstoke furent consacrées aux adieux, des amabilités de circonstances, sincères bien qu'hâtives. Le caporal Brown et son supérieur le sergent-major Foster étaient en train de préparer les hommes pour la patrouille à Fond-de-Coppe. Le maire Thomasson, pour sa part, revenait du bureau du CPCT avec un télégramme en provenance de France à leur intention. C'était Lebillu qui leur disait en substance: "Heureux de vous savoir sain et sauf. - Rentrez vite et en forme, on a besoin de vous ici. - Les choses se sont compliquées."

Les rippers étaient en route pour le glacier. Le chef de gare, Leo Qualwell, organisait le ravitaillement du train. Andy et Valery Lovett réceptionnaient une commande de conserve pour le magasin général. Erwine Lowedge faisait nettoyer la chambre d'Emile au Shuswap's Creek. Le pasteur Clark donnait une leçon de géographie aux enfants du village. Anton et Mary Lovegod séchaient les cours en relevant quelques collets dans les bois. Le maréchal-ferrant, le vieux Stevenson, tapait encore et toujours sur son enclume. Le capitaine Adington profitait de l'interruption d'activité à Fond-de-cope pour mettre le "Trader" en cale sèche et goudronner la coque. Et le vieux Marvin dormait aprés avoir à nouveau passé une bonne partie de la nuit à chercher son chien. La vie suivait son cours au pied du mont Revelstoke lorsque le sifflet de la locomotive résonna.

Joué avec David, Arnaud, Louis et Gabriel les jeudi 20 et 27 janvier 2011.

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