L’avenir de la thérapie CRISPR



Par: Antonina Kosyakova, Anna-Maria Melnyk, Jennifer Tambo

4e secondaire École secondaire Dalbé-Viau


La thérapie CRISPR est une excellente technologie qui permet aux scientifiques d'éliminer les cellules cancéreuses et de modifier les gènes mal formés ayant provoqué le cancer ou une autre maladie génétique. Ce mécanisme de haute technologie devient de plus en plus populaire et il s'est encore amélioré à ce jour. Mais quels sont exactement les risques de la prise de CRISPR?



La CRISPR et l'ARN: Comment ça fonctionne


La thérapie produit deux types d'ARN courts, dont l'un contient une séquence qui correspond à celle du virus envahisseur (celui qui attaque l’organisme). Ces deux ARN (Acide ribonucléique) forment un complexe avec une protéine appelée Cas9. Cas9 est une nucléase, un type d'enzyme capable de couper l'ADN. Lorsque la séquence correspondante, appelée ARN guide, trouve sa cible dans le génome viral, le Cas9 coupe l'ADN cible, désactivant le virus (un virus est un agent infectieux submicroscopique qui se réplique uniquement à l'intérieur des cellules vivantes d'un organisme).


Les recherches autour et avec le système CRISPR avancent extrêmement rapidement et suscitent un engouement incroyable, et pour cause : ils ont l’espoir de pouvoir intervenir sur, voire de soigner de nombreuses maladies comme les troubles d’origine génétique, mais également le cancer ou certains virus, tel que le sida.



L'importance de la "p53" qui répare nos cellules


Les scientifiques de l’Institut Karolinska et de l'Université d'Helsinki ont observé que l'utilisation de CRISPR-Cas9 sur des cellules (humaines) épithéliales (celles qui recouvrent la paroi de tous les organes) de la rétine - stimule la production d'une protéine très particulière appelée "p53". Pour comprendre, il faut connaître le rôle de la p53. C'est elle qui active la réparation de l'ADN lorsque celui-ci est endommagé ou bien qui déclenche le suicide cellulaire (apoptose) lorsque le génome est irréparable. Comme l'action de CRISPR-Cas9 consiste à couper l'ADN, la p53 va venir contrecarrer son action et de ce fait en réduire l'efficacité. Aussi, les cellules ayant une p53 défectueuse seront de meilleures candidates pour une modification par CRISPR-Cas9.




Les risques de jouer dans le génome: des cellules qui peuvent mal se répliquer


Les thérapies basées sur les fameux ciseaux génétiques CRISPR-Cas9 pourraient augmenter le risque de cancer. Selon les chercheurs du Karolinska Institut et et de l’université de Cambridge, les cellules qui se laissent «éditer» sont celles où le mécanisme naturel de protection de l’ADN est moins puissant. Ce sont donc également celles qui ont le plus de risque de basculer dans un état cancéreux, puisqu'elles sont naturellement moins efficaces pour contrer les dommages pouvant mener au cancer. Il est possible que le CRISPR, par inadvertance, lors du ciblage d’une séquence d’ADN endommagée, puisse enlever des cellules de l’ADN utile. On connaissait le risque de mutation indésirable («off targets»), c'est-à-dire le fait que l’outil coupe des bouts d’ADN non ciblés et génère des mutations non voulues. On sait maintenant que Cas9 n’est pas à 100 % précise, car elle peut couper le génome à des endroits non souhaités. Selon les chercheurs de l'Institut Karolinska, les cellules qui manquent de p53, celles dont l'ADN n'est pas réparé, peuvent se mettre à croître de manière incontrôlée et devenir cancéreuses. Aussi, «En choisissant des cellules qui ont réparé avec succès le gène endommagé que nous avions l'intention de réparer, nous pourrions par inadvertance également choisir des cellules sans p53 fonctionnelles», explique Dr Emma Haapaniemi.




Finalement, il n’existe aucune preuve sur la manière dont le CRISPR peut être désactivé chez les personnes qui le reçoivent. Il se peut même qu’il soit dangereux de laisser le CRISPR agir et de le garder activé chez une personne vivante, car nous ne connaissons pas ses effets à long terme.