no 81 à 100

81.    20 novembre 1914 — Nécessité pour Luisa de parler des châtiments. La Divine Volonté et l'amour portent en l'âme la vie et la Passion de Jésus.

J'étais très affligée à cause de la privation de Jésus béni et, plus encore, à cause des châtiments qui sont actuellement déversés sur la terre et dont Jésus m'a souvent parlé par les années passées. Il me semble réellement que, durant toutes ces années où il m'a gardée au lit, nous avons partagé le poids du monde en souffrant et en travaillant ensemble pour le bien des créatures. Il me semble que mon état de victime place toutes les créatures entre Jésus et moi, et qu'il n'enverrait aucun châtiment sans me prévenir; ainsi, j'intercéderais tant auprès de lui qu'il couperait de moitié les châtiments, ou même qu'il n'en enverrait aucun.

Oh! comme je suis terrifiée par la pensée que Jésus aurait pris sur lui tout le poids des créatures en me laissant de côté, comme si j'étais indigne de travailler avec lui! Une affliction plus grande encore m'accable: dans les petites visites qu'il me fait, il me dit souvent que les guerres et les fléaux qui surviennent actuellement sont peu de choses comparativement à ce qui vient — bien qu'il me semble que ce soit beaucoup trop —, que d'autres nations se joindront à la guerre, et même qu'une guerre contre l'Église s'engagera, qu'on attaquera des personnes consacrées et qu'on les tuera, et que beaucoup d'églises seront profanées.

En réalité, depuis à peu près deux ans, j'ai omis d'écrire sur les châtiments que Jésus me montre, partiellement parce ce serait des répétitions et partiellement parce qu'aborder ce sujet me blesse tellement que je ne peux continuer. Une nuit, pendant que j'écrivais ce qu'il m'avait dit concernant sa très sainte Volonté, tout en omettant ce qu'il m'avait dit sur les châtiments, il me gronda doucement et me dit: «Pourquoi n'as-tu pas tout écrit?» Je répondis: «Mon Amour, ça ne me semblait pas nécessaire et, de plus, tu sais combien ce sujet me fait souffrir.» Il poursuivit: «Ma fille, si ce n'était pas nécessaire, je ne t'en parlerais pas. Puisque ton état de victime est rattaché aux événements que ma Providence aménage pour les créatures, et comme le lien qui existe entre toi, moi et les créatures, de même que tes souffrances pour prévenir les châtiments, sont mentionnés dans tes écrits, ces omissions seraient remarquées et tes écrits paraîtraient comme boiteux et incomplets, alors que je ne sais pas faire des choses boiteuses et incomplètes.»

Haussant les épaules, je dis: «C'est trop dur pour moi de faire cela; de plus, qui peut se souvenir de tout?» Il dit en souriant: «Et si, après ta mort, je mettais une plume dans tes mains, une plume de feu, qu'en dirais-tu au purgatoire?» C'est pourquoi j'ai décidé que, dorénavant, je parlerai des châtiments, et j'espère que Jésus me pardonnera mes omissions.

Et comme j'étais très affligée, Jésus me prit dans ses bras et me dit: «Ma fille, garde ta bonne humeur. L'âme qui vit dans ma Volonté n'est jamais séparée de moi, elle est avec moi dans mon travail, dans mes désirs, dans mon amour, elle est avec moi en tout et partout. Comme je veux tout des créatures — affections, désirs, etc. —, mais que je ne l'obtiens généralement pas, je reste quand même auprès d'elles dans l'espoir de faire des conquêtes. Ces désirs étant exaucés par les âmes qui vivent dans ma Volonté, je me repose auprès d'elles, mon amour se repose en leur amour.

Il ajouta: «Je t'ai donné deux très grandes choses qui, si l'on peut dire, constituent ma vie: ma Divine Volonté et mon amour. Ils furent le support de ma vie et de ma Passion. Je ne veux rien de toi sauf ceci: que ma Volonté soit ta vie, ta règle et que rien en toi, petit ou grand, ne lui échappe. Cela portera ma Passion en toi. Plus tu te tiendras près de ma Volonté, plus tu sentiras ma Passion en toi.

«Si tu laisses couler ma Volonté en toi, elle fera couler ma Passion en toi. Tu la sentiras couler dans tes pensées et dans ta bouche: ta langue sera imbibée d'elle et, réchauffées par mon sang, tes paroles raconteront éloquemment mes souffrances. Ton coeur sera rempli de mes souffrances, il imprimera la marque de ma Passion sur tout ton être, et je te répéterai sans cesse: "Voici ma vie, voici ma vie." J'aurai la joie de te faire des surprises en te parlant à un moment d'une souffrance, à un autre d'une autre souffrance, des souffrances dont tu n'avais jamais entendu parler ou que tu n'avais pas encore comprises. N'es-tu pas heureuse?»

82.    17 décembre 1914 — Comment l'âme peut devenir une hostie vivante pour Jésus.

Poursuivant dans mon état habituel, j'étais très affligée à cause de la privation de Jésus. Il vint finalement et se fit voir dans toute ma pauvre personne: il me sembla que je formais son vêtement. Brisant le silence, il me dit: «Ma fille, toi aussi tu peux être une hostie. Dans le sacrement de l'Eucharistie, l'accident du pain constitue mon vêtement et la vie qui se trouve dans l'hostie est constituée de mon Corps, mon Sang et ma Divinité. C'est par ma Volonté suprême que cette vie existe. Ma Volonté assume l'amour, la réparation, l'immolation et tout ce qui se trouve dans l'Eucharistie. Ce sacrement ne déroge jamais de ma Volonté. D'ailleurs, il n'est rien qui provienne de moi sans résulter de ma Volonté.

«Voici comment tu peux former une hostie. L'hostie est matérielle et totalement humaine. Pareillement, tu as un corps matériel et une volonté humaine. Ton corps et ta volonté — si tu les gardes purs, droits et loin de l'ombre même du péché — sont les accidents de cette hostie: ils me permettent de vivre caché en toi. Cela n'est cependant pas suffisant, car ce serait l'hostie sans la consécration: ma vie est nécessaire. Ma vie est constituée de sainteté, d'amour, de sagesse, de puissance, etc., mais le moteur de tout cela, c'est ma Volonté. Après avoir préparé l'hostie, tu dois faire mourir ta volonté en elle, laquelle tu dois bien cuisiner afin qu'elle ne renaisse pas. Ensuite, tu dois laisser ma Volonté pénétrer tout ton être: ma Volonté, qui contient toute ma vie, fera la vraie et parfaite consécration. Ainsi, la pensée humaine n'aura plus de vie en toi; il n'y aura que la pensée de ma Volonté.

«Cette consécration mettra ma sagesse dans ton esprit; il ne s'y trouvera plus de vie pour ce qui est humain, pour la faiblesse, pour l'inconstance. Elle mettra en toi la vie divine, la force d'âme, la fermeté et tout ce que je suis. Ainsi, chaque fois que tu laisseras ta volonté, tes désirs, tout ce que tu es et tout ce que tu dois faire couler dans ma Volonté, je renouvellerai ta consécration et continuerai de vivre en toi comme dans une hostie vivante, pas une hostie morte comme les hosties où je ne suis pas.

«Et ce n'est pas tout. Dans les hosties qui sont dans les ciboires, dans les tabernacles, tout est mort, muet; il ne s'y trouve pas la sensibilité d'un battement de coeur, d'un élan d'amour. Si ce n'était du fait que j'y attends les coeurs pour me donner à eux, j'y serais très malheureux: mon amour serait frustré, ma vie sacramentelle serait sans but. Si je tolère cela dans les tabernacles, je ne le tolère pas chez les hosties vivantes. La vie a besoin de nourriture et, dans l'Eucharistie, je veux être nourri de ma propre nourriture, c'est-à-dire que l'âme s'approprie ma Volonté, mon amour, mes prières, mes réparations, mes sacrifices et qu'elle me les donne comme si c'était ses propres choses. Je m'en nourrirai. L'âme s'unira à moi, tendant l'oreille pour entendre ce que je fais et pour agir avec moi. En répétant ainsi mes propres actions, elle me donnera sa nourriture et je serai heureux. C'est uniquement dans ces hosties vivantes que je trouverai compensation pour ma solitude, ma grande faim et tout ce que je souffre dans les tabernacles.»

83.    21 décembre 1914 — Être accompagné dans ses souffrances est un grand soulagement pour Jésus.

J'étais dans mon état habituel. Tout affligé, Jésus béni vint et me dit: «Ma fille, je ne peux plus tolérer le monde. Toi, soulage-moi pour tous, laisse-moi palpiter dans ton coeur, de sorte qu'en entendant dans ton coeur les battements de coeur de tous, les péchés ne m'atteignent pas directement, mais indirectement. Autrement, ma justice enverra des châtiments jamais vus auparavant.»

En disant cela, il mit son Coeur à la place du mien en me faisant ressentir les battements de son Coeur. Qui pourrait dire tout ce que je ressentis? Comme des flèches, les péchés blessaient son Coeur et, comme je partageais ses souffrances, il était soulagé. Je devins totalement identifiée à lui. Il me sembla que je portais en moi son intelligence, ses mains, ses pieds, etc., et que je partageais avec lui toutes les offenses que les créatures commettent par leurs sens. Qui pourrait dire de quelle manière cela se passait? Il ajouta: «Être accompagné dans ma souffrance est un grand soulagement pour moi. Il en fut ainsi concernant mon divin Père: il n'était pas inexorable¹ après mon Incarnation parce qu'il ne recevait pas les offenses directement, mais indirectement, à travers mon Humanité; mon Humanité était comme un bouclier pour lui [... mon Divin Père après mon Incarnation n'était pas si inexorable, mais plus doux, parce qu'il n'a pas reçu les offenses directement, mais indirectement, c'est-à-dire par mon Humanité, qui lui a donné un abri continu "texte Italien".] C'est ainsi que je recherche des âmes qui se placent entre moi et les créatures; autrement je ferai du monde un tas de ruines.»

¹  ce à quoi on ne peut se soustraire, inévitable, inéluctable, impitoyable, qu'on ne peut fléchir par des prières...

84.    8 février 1915 — Jésus ne veut pas que Luisa pense plus à ce qu'elle ressent qu'à ce qu'elle doit faire. La perfection des trois Personnes divines est cristallisée par l'union de leurs Volontés.

Je continue d'être très affligée à cause de la manière dont Jésus me traite; cependant, je me résigne à sa très sainte Volonté. Comme je me plaignais de ses privations et de son silence, il me dit: «Ce n'est pas le temps de penser à cela. Ce sont là des soucis d'enfants, d'âmes faibles, qui se préoccupent d'elles-mêmes plus que de moi, qui pensent plus à ce qu'elles ressentent qu'à ce qu'elles doivent faire. Ces âmes ont un comportement tout humain et je ne peux pas avoir confiance en elles.

«De toi, je n'attends pas cela; j'attends de toi l'héroïsme des âmes qui, s'oubliant elles-mêmes, ne s'occupent que de moi, et qui, unies à moi, se soucient du salut de mes enfants que le démon essaie de me ravir. Je veux que tu t'adaptes aux temps si pénibles que nous traversons et que tu pleures et pries avec moi face à l'aveuglement des créatures. Ta vie doit disparaître en laissant la mienne te pénétrer totalement. Si tu fais cela, je sentirai en toi le parfum de ma Divinité et je te ferai confiance en ces tristes temps qui ne laissent présager que des châtiments. Qu'arrivera-t-il quand les choses iront plus loin? Pauvres enfants, pauvres enfants!»

Jésus semblait tant souffrir qu'il en devint muet et se retira profondément dans son Coeur, au point de disparaître complètement. Quant à moi, lassée, je me remis à me plaindre en l'appelant encore et encore et en lui disant: «Jésus n'entends-tu pas parler des tragédies qui arrivent? Comment ton Coeur compatissant peut-il supporter tant de tourments chez tes enfants?» Il bougea en moi en feignant ne pas vouloir qu'on l'entende. Je sentis dans ma respiration une autre respiration, une respiration palpitante accompagnée de râlements. C'était la respiration de Jésus; j'en reconnaissais la douceur. Tout en me rafraîchissant, elle me faisait ressentir des douleurs mortelles, parce que je ressentais à travers elle la respiration de tous, spécialement des personnes en train de mourir, et dont Jésus partageait l'agonie. Parfois, il semblait souffrir tellement qu'il ne laissait entendre que de faibles gémissements; de quoi émouvoir de pitié les coeurs les plus endurcis.

Ce matin, comme je continuais de me plaindre, il vint et me dit: «Ma fille, l'union de nos Volontés est telle que la Volonté de l'un ne peut être distinguée de celle de l'autre. C'est l'union des Volontés qui forme la perfection des trois Personnes divines, parce que, étant égaux dans nos Volontés, nous sommes aussi égaux en sainteté, en sagesse, en beauté, en puissance, en amour, et en tous nos autres attributs. Nous nous contemplons l'un l'autre et notre satisfaction est si grande que nous en sommes pleinement heureux. Chacun se réfléchit sur l'autre et y déverse ses immenses mers des joies divines. S'il y avait la moindre dissemblance entre nous, nous ne pourrions être parfaits ni parfaitement heureux.

«Quand nous avons créé l'homme, nous lui avons infusé notre image et notre ressemblance pour le combler de notre bonheur et pour qu'il soit notre enchantement. Mais il a brisé le chaînon fondamental qui le reliait à son Créateur, la Divine Volonté, perdant ainsi le vrai bonheur et permettant au mal de l'envahir. En conséquence, nous ne pouvons plus nous délecter en lui. C'est seulement en les âmes qui font notre Volonté en toute chose que cela se produit; c'est en elles que nous pouvons pleinement jouir des fruits de la Création. Même chez les âmes qui pratiquent quelques vertus, qui prient et reçoivent les sacrements, si elles ne sont pas conformes à notre Volonté, nous ne pouvons nous reconnaître en elles. Comme leur volonté est coupée de la nôtre, tout en elles est sens dessus dessous. Donc, ma fille, accomplis ma Volonté toujours et en toute chose et ne te préoccupe de rien d'autre.»

Je lui dis: «Mon Amour et ma Vie, comment puis-je me conformer à ta Volonté en ce qui a trait aux nombreux châtiments que tu envoies. C'est beaucoup trop pour que je puisse te dire fiat. De plus, combien de fois m'as-tu dit que si je fais ta Volonté, tu feras la mienne? Qu'est-ce qui se passe? Aurais-tu changé?» Il me répondit: «Ce n'est pas moi qui ai changé, ce sont les créatures qui ont atteint le point d'être insupportables. Viens tout près et reçois de ma bouche les offenses que les créatures m'envoient. Si tu peux les avaler, je suspendrai les châtiments.»

Je m'approchai de sa bouche et bus avec avidité. J'essayai ensuite d'avaler, mais, à mon grand regret, j'en fus incapable: je suffoquais. Je m'essayai de nouveau, mais sans succès. D'une voix tendre et sanglotante, il me dit: «As-tu vu? Tu ne peux avaler. Rejette ça sur le sol et ça va tomber sur les créatures.» Je le fis et Jésus le fit aussi en disant: «Ce n'est encore rien, ce n'est encore rien!» Ensuite, il disparut.

85.    6 mars 1915 — Jésus suspend l'état de victime de Luisa afin de donner libre cours à sa justice.

Je me trouvais dans mon état habituel et mon toujours aimable Jésus vint brièvement. Comme mon confesseur n'allait pas bien et qu'il ne pouvait pas me faire revenir à l'état de veille à travers l'obéissance, je dis à Jésus: «Que veux-tu que je fasse? Dois-je rester dans cet état ou essayer de revenir par moi-même?» Il me répondit: «Ma fille, voudrais-tu que j'agisse comme je l'ai déjà fait, quand, non seulement je te commandais de rester dans cet état, mais que je m'arrangeais pour que tu ne puisses recouvrer tes sens qu'à travers l'obéissance? Si je faisais ainsi actuellement, mon amour serait lié et ma justice ne pourrait se déverser complètement sur les créatures. Et tu pourrais me dire: "Tout comme tu m'as attachée à l'état de victime par amour pour moi et par amour pour les créatures, je t'attache à mon tour pour que ta justice cesse de se déverser sur les créatures."

«Ainsi, la guerre et la préparation d'autres nations à la guerre s'envoleraient en fumée. Je ne peux pas, je ne peux pas! Au plus, si tu veux rester dans cet état, ou si le confesseur veut que tu y demeures, j'aurai quelque indulgence pour Corato et j'accorderai quelques adoucissements ailleurs. Les choses se corsent et ma justice ne te veut absolument pas dans cet état, afin que je puisse envoyer plus de châtiments et faire en sorte que d'autres nations entrent en guerre pour abaisser l'orgueil des créatures qui trouveront la défaite là où elles s'attendent à la victoire. Mon amour pleure, mais ma justice demande satisfaction. Ma fille, patience!» Puis il disparut.

Qui pourrait dire dans quel état je suis restée? Je me sentais mourir parce que je pensais que si j'avais quitté cet état par moi-même, j'aurais peut-être été la cause d'une augmentation des châtiments et de l'entrée en guerre d'autres nations, en particulier de l'Italie. Quelle douleur, quel déchirement! Je ressentais tout le poids de cette suspension de Jésus. Je me suis dit: «Qui sait si Jésus ne permet pas au confesseur de devenir bien afin de donner le coup final et de faire entrer l'Italie en guerre?» Que de doutes, que de peurs!

Après avoir quitté cet état par moi-même, j'ai passé une journée entière dans les pleurs et l'amertume.

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😇 Le confesseur est malade et ne peut venir libérer Luisa de sa "rigidité matinale". Elle demande à Jésus ce qu'elle doit faire: demeurer dans cet état ou le quitter par elle-même. Jésus lui dit qu'il ne peut lui commander de rester dans cet état car cela lierait Son Amour et Sa Justice ne pourrait se déverser sur les créatures — via des guerres et la préparation d'autres nations à la guerre. Il dit à Luisa, que tout au plus, si elle veux rester dans cet état, ou si le confesseur veut qu'elle y demeure, il aura quelque indulgence pour Corato et accordera quelques adoucissements ailleurs.

Il dit encore à Luisa que les choses se corsent et que Sa Justice ne la veut absolument pas dans cet état, afin qu'il puisse envoyer plus de châtiments et faire en sorte que d'autres nations entrent en guerre pour abaisser l'orgueil des créatures. Son Amour pleure, mais Sa Justice demande satisfaction. 

Luisa se sent déchirée en pensant qu'elle peut être la cause d'une augmentation des châtiments et de l'entrée en guerre d'autres nations, en particulier de l'Italie en quittant elle-même son état. 

86.    7 mars 1915 — L'amour et la prière lient le Coeur de Jésus. Les plus grands ennemis de l'Église seront ses propres enfants.

La pensée des châtiments et le fait que je pourrais en être la cause si je sortais de cet état par moi-même me transperçaient le coeur. Le confesseur n'était pas encore bien. Je priais et pleurais, ne pouvant me fixer. Jésus béni passa comme l'éclair et me libéra.

Plus tard, ému de compassion, il revint, me caressa et me dit: «Ma fille, ta constance me gagne, l'amour et la prière me lient et me font presque la guerre; c'est pourquoi je suis revenu, ne pouvant plus résister. Pauvre fille, ne pleure pas, je suis ici pour toi toute seule. Patience, ne te décourage pas. Si tu savais combien je souffre. L'ingratitude des créatures, leurs énormes fautes et leur incrédulité sont comme un défi pour moi.

«Le pire se trouve du côté religieux. Que de sacrilèges, que de rébellions! Combien se disent mes enfants alors qu'ils sont mes pires ennemis! Ces faux-enfants sont des usurpateurs, des profiteurs, des incroyants. Leurs coeurs sont remplis de vices. Ils seront les premiers à engager la guerre contre l'Église, prêts à tuer leur propre mère. Actuellement, il y a la guerre entre les gouvernements et les pays; bientôt il y aura la guerre contre l'Église. Ses plus grand ennemis seront ses propres enfants. Mon Coeur est lacéré de douleur.

Malgré tout, je vais laisser passer la tempête. La face de la terre sera lavée par le sang de ceux qui l'auront salie. Quant à toi, unis-toi à ma douleur, prie et sois patiente pendant que passe la tempête.»

Qui pourrait dire mon tourment? Je me sentais plus morte que vivante. Que Jésus soit toujours béni et sa sainte Volonté toujours accomplie!

87.    3 avril 1915 — La Divine Volonté est pour notre âme ce que le ciel et le soleil sont pour notre corps.

Mon toujours aimable Jésus continue de venir de temps à autre, mais sans changer d'avis au sujet des châtiments. Si, parfois, il tarde à venir, il se montre sous une apparence à faire pleurer de pitié. Alors, il m'attire vers lui et me transforme en lui-même, puis il entre en moi et se transforme en moi-même. Il me demande d'embrasser ses plaies une à une en les adorant et en faisant réparation. Après m'avoir ainsi amenée à soulager sa très sainte Humanité, il me dit: «Ma fille, ma fille, il est nécessaire que je vienne à toi de temps à autre pour me reposer, être soulagé, et m'épancher. Autrement, je ferais en sorte que le monde soit dévoré par le feu.» Et, sans me laisser le temps de dire un mot, il disparaît.

Ce matin, alors que je me trouvais dans mon état habituel et qu'il tardait à venir, une pensée me vint à l'esprit: «Qu'est-ce qu'il m'arriverait pendant ces privations de mon doux Jésus si ce n'était de sa sainte Divine Volonté? Qui me donnerait vie, force et aide? 🙏 Ô sainte Divine Volonté, en toi je m'enferme, à toi je m'abandonne, en toi je me repose. Ah! tout s'éloigne de moi, y compris la souffrance et ce Jésus qui m'a déjà semblé incapable d'être sans moi. Toi seule, ô sainte Volonté, tu ne me quittes jamais. Ah! je t'en supplie ô mon doux Jésus, quand tu vois que mes faibles forces sont à bout, montre-toi. Ô sainte Volonté, je t'adore, je t'embrasse et je te remercie, mais ne sois pas cruelle envers moi!»🔥

Comme je réfléchissais et priais de cette manière, je me suis sentie envahie par une très pure lumière et la sainte Volonté me dit: «Ma fille, sans ma Volonté, l'âme est comme la terre serait [l'âme aurait été comme la terre] sans le ciel, sans les étoiles, sans le soleil et sans la lune. Par elle-même, la terre n'est que précipices, hauteurs abruptes, eaux et ténèbres. Si la terre n'avait pas au-dessus d'elle un ciel pour montrer à l'homme les dangers qui le guettent, il serait exposé à tomber, à se noyer, etc. Mais il y a le ciel au-dessus de lui, particulièrement le soleil qui lui dit dans un langage muet: "Vois, je n'ai pas d'yeux, pas de mains et pas de pieds, mais je suis la lumière de tes yeux, le mouvement de tes mains et le pas de tes pieds; et quand je dois éclairer d'autres régions, je mets à ta disposition le scintillement des étoiles et la lumière de la lune pour continuer ma besogne."

«Tout comme j'ai donné le ciel à l'homme pour le bien de son corps, je lui ai donné le ciel de ma Volonté pour le bien de son âme — qui est plus noble que son corps —, car l'âme aussi connaît ses difficultés: passions, tendances, vertus à pratiquer, et ainsi de suite. Si l'âme se prive du ciel de ma Volonté, elle ne peut que tomber de péché en péché, les passions la noient et les hauteurs des vertus se changent en abîmes. Par conséquent, tout comme la terre serait en grand désordre sans le ciel au-dessus d'elle, l'âme est en grand désordre sans ma Volonté.» (1)


(1) Texte italien

 Or, ayant donné à l'homme un Ciel pour le bien de la nature, j'ai aussi donné à l'âme, étant plus noble, le Ciel de ma Volonté, car l'âme contient aussi — des précipices, des hauteurs et des [lieux] escarpés, qui sont les passions, les vertus, tendances et plus encore. Or, si l'âme s'éloigne de dessous le Ciel de ma Volonté, elle ne fera que tomber de culpabilité en culpabilité; les passions la noieront, et les hauteurs des vertus se changeront en abîmes. Ainsi, comme sur la terre sans le Ciel tout serait en désordre et stérile, ainsi serait l'âme sans ma Volonté.

88.    24 avril 1915 — Les douleurs que Jésus souffrit pendant son couronne- ment d'épines sont incompréhensibles pour un esprit créé.

Me trouvant dans mon état habituel, je pensais aux souffrances que Jésus endura pendant son couronnement d'épines. Se laissant voir, Jésus me dit: «Ma fille, les douleurs que j'ai souffertes pendant mon couronnement d'épines sont incompréhensibles pour un esprit créé; beaucoup plus douloureusement que par les épines sur ma tête, mon esprit fut transpercé par toutes les mauvaises pensées des créatures: aucune ne m'échappait, je les sentais toutes en dedans de moi. Non seulement je sentais les épines, mais aussi le dégoût du péché que ces épines suscitaient en moi.»

Je regardais mon aimable Jésus et je pouvais voir sa tête très sainte entourée d'épines, lesquelles pénétraient dans sa tête et en sortaient. Toutes les pensées des créatures étaient en Jésus, elles allaient de Jésus vers les créatures et des créatures vers Jésus. Elles semblaient liées ensemble. Oh! comme Jésus souffrait!

Il ajouta: «Ma fille, seulement les âmes qui vivent dans ma Volonté peuvent me faire de vraies réparations et me soulager d'épines aussi aiguës. En fait, vivant dans ma Volonté et ma Volonté se trouvant partout, ces âmes se trouvent en moi et en toutes les créatures. Elles descendent vers les créatures et s'élèvent vers moi, elles m'apportent toutes les réparations, elles me soulagent et, dans les esprits des créatures, elles changent les ténèbres en lumière.»

89.    2 mai 1915 — Les âmes qui vivent dans la Divine Volonté ont à leur disposition la très sainte humanité de Jésus. Ainsi, comme d'autres Jésus, elles peuvent se présenter devant la Divinité et intercéder pour tous.

Mes jours sont de plus en plus amers. Ce matin, mon doux Jésus se montra dans un état de souffrance indescriptible. En le voyant si souffrant, je voulus le soulager à tout prix. Ne sachant que faire, je le serrai sur mon coeur et, approchant ma bouche de la sienne, j'essayai d'aspirer une partie de son amertume intérieure, mais sans succès. Je recommençai, mais en vain. Jésus pleurait et, moi aussi, je pleurais, voyant que je ne pouvais soulager sa peine. Quel tourment! Jésus pleurait parce qu'il voulait déverser son amertume en moi alors que sa justice l'en empêchait, et moi [je pleurais] de le voir pleurer et de ne pouvoir l'aider. Il y a des souffrances qu'aucun mot ne peut décrire. Sanglotant, il me dit: «Ma fille, les péchés m'arrachent des mains les châtiments et les guerres: je suis forcé de les permettre et, en même temps, je pleure et je souffre avec les créatures.»

Je me sentais mourir de douleur. Voulant me distraire, Jésus me dit: «Ma fille, ne perds pas coeur. Cela aussi est dans ma Volonté. Seulement les âmes qui vivent dans ma Volonté peuvent confronter ma justice; elles seules ont accès aux décrets divins et peuvent supplier pour leurs frères, disposant de tous les fruits de mon Humanité. Bien que mon Humanité avait ses limites, ma Volonté n'en avait pas et mon Humanité vivait en elle.

«Les âmes qui vivent dans ma Volonté sont les plus près de mon Humanité. S'appropriant mon Humanité — parce que je la leur ai donnée —, elles peuvent se présenter devant la Divinité comme d'autres moi-même, et ainsi désarmer la justice divine et demander pardon pour les créatures perverties. Vivant dans ma Volonté, ces âmes vivent en moi, et comme je vis en chaque créature, elles vivent aussi en chaque créature pour le bien de tous. Elles planent dans les airs comme le soleil, et leurs prières, leurs actes, leurs réparations et tout ce qu'elles font sont comme des rayons descendant pour le bien de tous.»

90.    18 mai 1915 — Au milieu des calamités, Jésus aura égard [fera attention] aux âmes qui vivent dans sa Volonté et aux endroits où elles habitent.

Poursuivant dans mon pauvre état, je sens succomber ma pauvre nature. Je suis dans un état de violence continuelle. Je veux faire violence à mon aimable Jésus, mais il se cache pour que je ne le violente pas. Ensuite, quand il voit que je ne le violente pas, il se montre soudain et commence à pleurer à cause de tout ce que cette misérable humanité souffre et souffrira.

D'autres fois, sur un ton touchant et presque implorant, il me dit: «Fille, ne me fait pas violence. Je suis déjà en état de violence à cause des grands maux dont souffrent les créatures et dont elles souffriront; mais je dois accorder ses droits à la justice.» Pendant qu'il dit cela, il pleure et je pleure avec lui.

Souvent, se transformant complètement en moi, il pleure à travers mes yeux, et toutes les tragédies qu'il m'a montrées par le passécorps mutilés, flots de sang versé, villes détruites, églises profanées — défilent dans mon esprit. Mon pauvre coeur se tord de douleur. En écrivant cela, je ressens mon coeur tordu par la douleur ou bien froid comme de la glace. Pendant que je souffre ainsi, j'entends la voix de Jésus me dire: «Comme j'ai de la peine, comme j'ai de la peine!» et il éclate en sanglots. Mais qui peut tout dire?

Alors que je me trouvais dans un tel état, mon doux Jésus, pour calmer un peu mes frayeurs, me dit: «Ma fille, courage! C'est vrai que la tragédie sera grande, mais sache que j'aurai égard [je ferai attention] aux âmes qui vivent dans ma Volonté et aux lieux où elles habitent. Tout comme les rois de la terre ont leurs cours et leurs quartiers où ils sont en sécurité — leur force y étant si grande que leurs ennemis n'osent pas même s'approcher, même s'ils détruisent d'autres places —, de la même manière, moi, le Roi du Ciel, j'ai mes cours et mes quartiers sur la terre. Ce sont les âmes qui vivent dans ma Volonté et en qui je vis. Les cours célestes pullulent autour d'elles et la force de ma Volonté les garde en sécurité, ralentissant les tirs ennemis et faisant reculer les ennemis les plus féroces.

«Ma fille, pourquoi les bienheureux du Ciel restent-ils en sécurité et pleinement heureux, même quand ils voient les créatures souffrir et la terre flamber? Précisément parce qu'ils vivent complètement dans ma Volonté. Sache que je place les âmes qui vivent complètement de ma Volonté sur la terre dans la même condition que les bienheureux dans le Ciel. Donc, vis dans ma Volonté et ne crains rien. De plus, dans ces temps de carnage sur la terre, non seulement je veux que tu vives dans ma Volonté, mais que tu vives au milieu de tes frères, placée entre moi et eux. Tu me garderas bien serré en toi à l'abri des offenses que les créatures m'envoient. Et comme je te fais le cadeau de mon Humanité et de tout ce que j'ai souffert, pendant que tu me garderas à l'abri, tu donneras à tes frères, pour leur salut: mon Sang, mes plaies, mes épines et mes mérites.»

91.    25 mai 1915 — Malgré les châtiments et des guerres, les gens ne pensent pas à se convertir.

Me trouvant dans mon état habituel, mon aimable Jésus se montra brièvement et me dit: «Ma fille, bien que les châtiments soient grands, les gens ne bougent pas; ils sont presque indifférents, comme s'ils assistaient à une scène tragique, pas à des événements réels. Plutôt que de venir tous ensemble pleurer à mes pieds et demander pardon, ils se contentent de regarder ce qui se passe. Ah! ma fille, comme est grande la perfidie humaine! Les gens obéissent aux gouvernements — par la crainte —, mais à moi, qui procède par l'amour, ils tournent le dos. Ah! pour moi seul, il n'y a ni obéissance ni sacrifice. S'ils font quelque chose, c'est plus par intérêt personnel qu'autrement. Mon amour n'est pas apprécié par les créatures, comme si je ne méritais rien d'elles!» Et il éclata en sanglots. Quel cruel tourment que de voir Jésus pleurer!

Il poursuivit: «Le sang et le feu purifieront tout et je restaurerai l'homme repentant. Plus il tarde, plus il y aura de sang versé: le carnage dépassera tout ce que l'homme aura pu imaginer.» Pendant qu'il disait cela, il me montra le carnage humain. Quel tourment que de vivre en ces temps! Que la Volonté Divine soit toujours faite.

92.    6 juin 1915 — Dans la Divine Volonté, tout tourne autour de l'amour pour Dieu et pour les autres [tout se résout en amour de Dieu et du prochain].

Pendant que je suis dans mon état habituel, mon toujours aimable Jésus, tout en restant caché, veut que je le supplie continuellement pour mes frères. Aussi, pendant que je priais et que je pleurais pour le salut des pauvres militants, et voulant adhérer [m'accrocher] à Jésus de manière qu'aucun ne soit perdu, j'en vins à dire des non-sens. Bien que silencieux, Jésus semblait content de mes instances et prêt à m'accorder ce que je voulais.

Il me vint à l'esprit que je devrais aussi penser à mon propre salut. Jésus me dit: «Ma fille, pendant que tu pensais à toi-même, tu as produit en moi une sensation humaine et ma Volonté, pleinement divine, l'a remarqué. Dans ma Volonté, tout tourne autour de l'amour pour moi et pour les autres; on n'y trouve pas de choses personnelles [Dans ma Volonté tout se résout en amour pour moi et pour le prochain, il n'y a rien à soi], car l'âme qui contient ma Volonté contient tous les biens possibles pour elle; et si elle les contient tous, pourquoi me les demander. Ne serait-il pas plus correct qu'elle s'occupe plutôt de prier pour ceux qui n'ont pas ces avantages? Ah! si tu savais vers quelles calamités cette misérable humanité se dirige, tu serais, dans ma Volonté, plus active en sa faveur!» Pendant qu'il disait cela, il me montra ce que les francs-maçons manigancent [il m'a fait ressentir tous les maux que les maçons complotent contre l'humanité].

93.    17 juin 1915 — Tout doit se terminer dans la Divine Volonté.

Me trouvant dans mon état habituel, je me plaignais à Jésus en lui disant: «Jésus, ma Vie, tout est terminé; tout au plus, il me reste quelques éclairs et quelques ombres. Me coupant la parole, il me dit: «Ma fille, tout doit se terminer dans ma Volonté. Quand l'âme a atteint cela, elle a tout accompli. Par contre, si elle a fait beaucoup sans l'enclore dans ma Volonté, on peut dire qu'elle n'a rien fait.

«Je prends en compte tout ce qui aboutit à ma Volonté, parce qu'en elle seule se trouve ma vie réelle. Il est juste que je considère les plus petites choses, voire les bagatelles, comme mes propres choses, parce que, pour chaque petite chose que la créature fait en union avec ma Volonté, je sens que cela provient de moi et qu'ensuite la créature agit. Chacune de ces petites choses comprend la totalité de ma sainteté, de ma puissance, de ma sagesse, de mon amour et de tout ce que je suis et, ainsi, en ces choses, je sens ma vie, mes travaux, mes paroles, mes pensées, etc. Donc, si tes choses se terminent dans ma Volonté, que veux-tu de plus?

Chaque chose a un objectif ultime. Le soleil a celui d'envahir toute la terre de sa lumière. Le fermier sème, herse et travaille la terre, il souffre du froid et de la chaleur, mais son objectif ultime est de récolter les fruits et d'en faire sa nourriture. Il en va de même pour beaucoup d'autres choses qui, aussi variées qu'elles soient, ont comme objectif ultime la vie de l'homme. Pour ce qui est de l'âme, elle doit veiller à ce que tout ce qu'elle fait se termine dans ma Volonté: ma Volonté constituera sa vie et je ferai de sa vie ma nourriture.»

Il ajouta: «Dans ces tristes temps, toi et moi, nous allons traverser une période très douloureuse: les choses se bousculeront davantage. Cependant, sache que si j'éloigne de toi ma croix de bois, je te donne la croix de ma Volonté qui n'a ni longueur ni largeur: elle est sans limites. Je ne peux te donner une croix plus noble. Elle n'est pas faite de bois, mais de lumière et, dans cette lumière qui est plus brûlante que le feu, nous souffrirons ensemble dans chaque créature et dans leurs agonies et leurs tortures, et nous essayerons d'être la vie de tous

94.    9 juillet 1915 — L'âme qui vit réellement dans la Divine Volonté est dans la même condition que l'humanité de Jésus.

Me trouvant dans mon état habituel, je me sentais très mal. Ému de compassion, mon toujours aimable Jésus vint brièvement et, m'embrassant, il me dit: «Pauvre fille, n'aie pas peur, je ne te laisse pas, je ne peux pas te laisser. En fait, l'âme qui vit dans ma Volonté est un aimant puissant qui m'attire avec une telle violence que je ne peux résister. Il me serait trop difficile de me départir de cette âme: je devrais me départir de moi-même, ce qui est impossible.»

Il ajouta: «Fille, l'âme qui vit vraiment dans ma Volonté est dans la même condition que mon Humanité. J'étais homme et Dieu. En tant que Dieu, je possédais la totalité du bonheur, des béatitudes, de la beauté et de tous les biens divins. Pour ce qui est de mon Humanité, d'une part, je participais à la Divinité et, par conséquent, je vivais le parfait bonheur et la vision béatifique ne me quittait jamais; d'autre part, ayant pris sur mon Humanité tous les péchés des créatures dans le but de satisfaire pour elles devant la justice divine, mon Humanité était tourmentée par la vision claire de tous les péchés, je sentais l'horreur de chaque péché avec son tourment particulier. Donc, je sentais la joie et la douleur en même temps: l'amour du côté de ma Divinité et le froid de la part des créatures, la sainteté d'un côté, le péché de l'autre. Rien de ce que font les créatures ne m'échappait.

«Cela dit, étant donné que mon Humanité ne peut plus souffrir, ce sont les âmes qui vivent dans ma Volonté qui me servent d'Humanité. D'un côté, elles ressentent l'amour, la paix, la fermeté, la force, etc., et, de l'autre, la froideur, les soucis, la fatigue, etc. Si elles restent complètement dans ma Volonté et qu'elles acceptent ces choses, non pas comme leurs propres choses, mais comme celles qui me font souffrir, elles ne perdent pas coeur et elles compatissent avec moi. Ces âmes ont l'honneur de partager mes souffrances, puisqu'elles ne sont rien d'autre qu'un voile qui me recouvre. Elles ressentent l'agacement des piqûres et du froid, mais c'est vers moi, vers mon Coeur qu'elles se dirigent.»

95.    25 juillet 1915 — Les malheurs qui assaillent les créatures font souffrir Jésus. Il veut être soulagé par les âmes qui l'aiment.

Me trouvant dans mon état habituel, je me plaignais à Jésus de ses privations. Sur un ton bienveillant, il me dit: «Ma fille, reste à mes côtés en ces temps de si grande amertume pour mon Coeur.» Sanglotant, il poursuivit: «Ma fille, je me sens comme un pauvre malheureux: malheureux de voir ceux qui sont blessés sur les champs de bataille, ceux qui meurent au bout de leur sang et abandonnés de tous, ceux qui meurent de faim. Je sens la souffrance des mères dont les enfants se trouvent sur le champ de bataille. Ah! tous ces malheurs transpercent mon Coeur. De plus, je peux voir la divine justice excitant sa furie contre les créatures rebelles et ingrates. Ajoute à cela mes malheurs en amour: ah! les créatures ne m'aiment pas et mon grand amour ne reçoit en retour que des offenses.

«Ma fille, au milieu de tant de malheurs, je cherche du réconfort. Je veux que les âmes qui m'aiment m'entourent, qu'elles offrent leurs souffrances pour me soulager et qu'elles intercèdent pour les pauvres malheureux. Je les récompenserai quand la justice divine sera apaisée.»

96.    28 juillet 1915 — Les coeurs des personnes qui vivent dans la Divine Volonté ne font qu'un avec le Coeur de Jésus.

Je continuais de me plaindre à Jésus en lui disant: «Pourquoi m'as-tu laissée? Tu m'avais promis que tu viendrais au moins une fois par jour et, aujourd'hui, l'avant-midi a passé, le jour s'achève et tu n'es pas encore venu. Jésus, quel tourment cette privation me fait vivre, quelle mort continuelle! Pourtant, je suis tout abandonnée à ta Volonté et, comme tu me l'as enseigné, je t'offre cette privation pour que soient sauvées autant d'âmes que je vis d'instants privée de toi. 🙏 Je place cette terrible souffrance comme une couronne autour de ton Coeur afin que les offenses des créatures ne l'atteignent pas et qu'aucune âme ne soit condamnée à l'enfer. Mais, avec tout cela, ô mon Jésus, je continue de me sentir sens dessus-dessous [toute retournée] et, sans cesse, je t'appelle, je te cherche, je languis de toi.»🔥

À ce moment, mon aimable Jésus passa son bras autour de mon cou et, m'étreignant, me dit: «Ma fille, dis-moi, que désires-tu, que veux-tu faire, qu'est-ce que tu aimes?» Je lui répondis: «C'est toi que je désire, je veux que toutes les âmes soient sauvées, je veux faire ta Volonté et n'aimer que toi.» Il reprit: «Donc, tu désires ce que je veux; avec cela, tu me tiens en ton pouvoir et je te tiens; tu ne peux pas te détacher de moi et je ne peux pas me détacher de toi. Comment donc peux-tu dire que je t'ai laissée?»

Avec tendresse, il ajouta: «Ma fille, celui qui vit dans ma Volonté est tellement identifié à moi que son coeur et mon Coeur ne font qu'un. Comme toutes les âmes qui sont sauvées le sont par ce Coeur, ces âmes sauvées s'envolent vers leur salut à travers les battements de ce. Coeur. Et je donnerai à l'âme ainsi associée à moi le mérite de toutes ces âmes sauvées, puisqu'elle a désiré leur salut avec moi et que je l'ai utilisée comme la vie de mon Coeur.»

97.    12 août 1915 — La guerre et la grande misère ne suffisent pas pour que les gens capitulent, ils ont besoin d'être atteints dans leur propre chair.

J'étais dans mon état habituel et, se montrant brièvement, mon toujours aimable Jésus me dit: «Ma fille, que les gens sont durs! Le fléau de la guerre ne suffit pas, la misère n'est pas assez grande pour qu'ils capitulent; ils ont besoin d'être atteints dans leur propre chair. Autrement, on n'arrive à rien. Ne vois-tu pas que la pratique religieuse va bien sur les champs de bataille? Pourquoi? Parce que les gens sont atteints dans leur chair. Ainsi, il est nécessaire qu'il n'y ait aucun pays qui ne soit touché [que tous les pays soient touchés] d'une manière ou d'une autre, que tous [et que la quasi-totalité d'entre eux] soient atteints dans leur propre chair. Ce n'est pas là une chose que je désire, mais leur dureté m'y force.»

En disant cela, il pleurait. Je pleurais moi aussi, et je priais pour que les peuples se rendent sans qu'il y ait besoin de tueries et pour que tous soient sauvés. Il me dit: «Ma fille, tout se trouvera [tout sera enfermé] dans l'union de nos volontés. Ta volonté s'unira à ma Volonté et nous implorerons pour qu'il y ait suffisamment de grâces pour le salut des âmes. Ton amour s'unira au mien, tes désirs et tes battements de coeur s'uniront aux miens: nous réclamerons des âmes par un battement de coeur éternel. Il se formera ainsi un filet autour de toi et moi dans lequel nous serons comme tissés [protégés]. Ce filet servira de rempart qui nous protégera de tout danger. Comme il m'est doux d'entendre à l'intérieur de mon battement de coeur, le battement de coeur d'une créature qui dise avec le mien: "Âmes, âmes!" Je me sens comme lié et conquis, et je capitule.» (1)

(1) Texte italien
Ta volonté se confondra avec la mienne et "engendrera" assez de grâce pour sauver les âmes, ton amour se heurtera au mien, tes désirs, ton battement de cœur se heurtera au mien et demandera dans un battement de cœur éternel: «Âmes!». Tout cela formera un réseau autour de toi et moi, qui restera comme tissé à l'intérieur, et cela servira de rempart qui tout en me défendant, te défendras de tout danger. Qu'il m'est doux de sentir battre dans mon cœur, un battement de cœur d'une créature qui dit dans le mien: "Âmes, Âmes!" Je me sens comme enchaîné et conquis, et je me rends.

98.    14 août 1915 — La Passion de Jésus, ses plaies, son sang, et tout ce qu'il a fait et souffert opèrent sans cesse. [Tout ce que Jésus a fait et souffert est en place et sert d'appui aux âmes pour se sauver.]

Je poursuivais dans mon état habituel et Jésus vint brièvement. Il était exténué. Il me demanda de baiser ses plaies et de sécher le sang qui s'échappait [coulait] de toutes les parties de sa très sainte Humanité. Je parcourus chacun de ses membres en les adorant et en faisant réparation. Ensuite, il se pencha sur moi et me dit

«Ma fille, ma Passion, mes plaies, mon sang, et tout ce que j'ai fait et souffert opèrent sans cesse comme si tout se passait actuellement. Ils servent de supports sur lesquels je peux m'appuyer et sur lesquels les âmes peuvent s'appuyer pour ne pas tomber dans le péché et pour être sauvées. [«... tout ce que j'ai fait et souffert est au milieu des âmes dans un acte continu comme si j'opérais et souffrais, et elles — les âmes dans ma Volonté — me servent "d'appuis" sur lesquels m'appuyer et "d'appuis accessoires" pour les âmes tombées dans le péché afin qu'elles ne tombent pas dans la culpabilité, se relèvent et se sauvent.» "Texte italien"]

«En ces temps de châtiments, je suis comme une personne suspendue dans les airs et qui reçoit des coups continuellement: la justice me frappe à partir du Ciel et les créatures, par le péché, me frappent à partir de la terre. Plus l'âme reste auprès de moi, baisant mes plaies, faisant réparation et offrant mon Sang, en un mot, refaisant tout ce que j'ai fait durant ma vie et ma Passion, plus elle forme des supports sur lesquels je peux m'appuyer pour ne pas tomber, et plus le cercle s'agrandit où les âmes peuvent trouver appui pour ne pas tomber dans le péché et pour être sauvées.

«Ne te lasse pas, ma fille, de te tenir auprès de moi et de parcourir mes plaies encore et encore. Je te donnerai les pensées, les affections et les mots pour que tu puisses rester auprès de moi. Sois-moi fidèle, parce que le temps est court et que, irritée par les créatures, la justice veut déployer sa fureur. Il est nécessaire que les supports se multiplient. Ne cesse pas de travailler.»

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😇 Jésus demande à Luisa de baiser ses plaies, de sécher son Sang. Luisa s'exécute. Elle parcourt les membres de Jésus en les «adorant et en faisant réparation». Jésus lui explique que Sa Passion s'opère «comme si tout se passe actuellement», dans un acte continu. Il lui dit aussi que les âmes qui restent près de Lui — faisant réparation et offrant Son Sang, forment des supports sur lesquels il s'appuie pour ne pas tomber. En effet Jésus explique qu'il est comme suspendu en l'air, entre Ciel et terre, entre la Justice Divine et les péchés des hommes; il a donc besoin de s'appuyer. Non seulement les âmes près de Lui lui servent d'appui mais ces âmes servent également d'appui pour les autres âmes qui sont tombées dans le péché, se relèvent et se sauvent. Jésus dit à Luisa: «Il est nécessaire que les supports se multiplient. Ne cesse pas de travailler.»; donc il faut d'autres âmes qui réparent et offrent le Sang de Jésus, tout comme Luisa, d'autres âmes dans la divine Volonté. De fil en aiguille, le cercle des âmes autour de Jésus s'agrandit.

99.    24 août 1915 — Seulement des créatures qui vivent dans la Divine Volonté on peut dire qu'elles sont "à l'image et à la ressemblance de Dieu".

J'étais dans mon état habituel et mon adorable Jésus se montra brièvement. Je l'embrassai et lui dis: «Mon Jésus, si c'était possible, je te donnerais le baiser de toutes les créatures; ainsi, je satisferais ton amour et t'amènerais toutes les créatures.» Il me répondit: «Si tu veux me donner le baiser de tous, embrasse-moi dans ma Volonté, car par son pouvoir créateur ma Volonté peut multiplier un acte simple en autant d'actes que l'on veut. Ainsi, tu me donneras un contentement comme si tous m'embrassaient et tu auras le même mérite que si tu amenais tout le monde à m'embrasser. Les créatures, quant à elles, en recevront les effets selon leurs dispositions personnelles.

«Un acte dans ma Volonté comporte tous les biens possibles et imaginables. Le soleil nous fournit une belle image de cela. Sa lumière est une, mais elle se multiplie dans tous les regards des créatures. Les créatures, quant à elles, n'en jouissent pas toutes également: quelques-unes, de faible vision, doivent mettre leurs mains devant leurs yeux pour ne pas en être aveuglées; d'autres, aveugles, n'en jouissent pas du tout, bien que cela ne soit pas un défaut de la lumière, mais un défaut de la personne à qui la lumière parvient. Ainsi, ma fille, si tu désires m'aimer pour tous et que tu le fais dans ma Volonté, ton amour coulera dans ma Volonté et, comme ma Volonté remplit le Ciel et la terre, j'entendrai ton "je t'aime" dans le Ciel, autour de moi, en moi, de même que sur la terre: il se multipliera de partout et il me donnera la satisfaction de l'amour de tous, car la créature est limitée et finie alors que ma Volonté est immense et infinie.

«Comment les paroles "faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance" que j'ai prononcées en créant l'homme peuvent-elles être expliquées? Comment la créature, si incapable, peut-elle être à mon image et à ma ressemblance? C'est seulement en passant par ma Volonté qu'elle peut arriver à cela, car, en faisant sienne ma Volonté, elle en vient à agir d'une manière divine. Par la répétition d'actes divins, elle en vient à me ressembler, à être une image parfaite de moi. C'est comme pour un enfant qui, en répétant les actes qu'il observe chez son professeur, devient comme lui. La seule chose qui puisse amener la créature à devenir comme moi, c'est ma Volonté. Voilà pourquoi j'ai tant d'intérêt à ce que la créature fasse sienne ma Volonté, puisque c'est seulement ainsi qu'elle pourra répondre au but que j'avais en la créant.»

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😇 Luisa dit à Jésus qu'elle aimerait lui donner le baiser de toutes les créatures pour satisfaire Son Amour et lui amener toutes les créatures. Jésus lui dit que c'est possible de le faire. Il lui suffit d'entrer dans Sa Volonté, et de l'embrasser au nom de tous. Jésus explique que le pouvoir créateur de Sa Volonté multiplie «un acte simple en autant d'actes que l'on veut.» Qui plus est, les créatures en reçoivent les bons effets, en proportion de leur plus ou moins bonnes dispositions. 

Voyons cet autre exemple. Luisa désire aimer Jésus au nom de tous. Il lui suffit de se tenir dans Sa Volonté et de Lui dire "je t'aime" au nom de tous. Comme la divine Volonté emplit le Ciel et la terre, Jésus entend son "je t'aime" dans le Ciel, autour et en Lui, ainsi que sur la terre. Le "je t'aime" est multiplié et il donne la satisfaction à Jésus de recevoir l'amour de tous.

Ce procédé — se fondre dans la Volonté divine et commettre un acte d'amour au nom de tous pour la satisfaction de Jésus et pour le bien des âmes —, transforme la créature humaine, si incapable, si petite, si limitée qu'elle soit, en une créature divine. C'est par la répétition de ces actes divins qu'elle devient, graduellement, une image parfaite de Son Créateur, expliquant ainsi ces paroles «faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance» (Genèse 1, 26-27). «C'est seulement en passant par ma Volonté qu'elle peut arriver à cela, car, en faisant sienne ma Volonté, elle en vient à agir d'une manière divine.»

100.    27 août 1915 — Quand l'âme se fond dans la Divine Volonté, elle devient remplie de Jésus et Jésus devient rempli d'elle.

Je me fondais dans la très sainte Volonté de Jésus béni et, ce faisant, je me suis retrouvée en Jésus. Il me dit: «Ma fille, quand une âme se fond dans ma Volonté, il lui arrive comme à deux récipients qui contiennent des liquides différents et qui sont déversés l'un dans l'autre. Alors le premier devient rempli avec ce que le second contenait et le second avec ce que le premier contenait. De la même manière, la créature devient remplie de moi et moi d'elle. 

Et comme ma Volonté contient la sainteté, la beauté, la puissance, l'amour, etc., en se déversant en Moi, en se fondant dans ma Volonté et en s'abandonnant à Elle, l'âme en vient à être remplie de Ma sainteté, de Mon amour, de Ma beauté, etc., et cela de la manière la plus parfaite qu'il soit possible pour une créature. De mon côté, je me sens rempli de l'âme et, trouvant en elle Ma sainteté, Ma beauté, Mon amour, etc., je regarde toutes ces qualités comme si elles lui étaient propres [comme si elles appartenaient à l'âme]. 

Elle [l'âme] me plaît tellement que je tombe en amour avec elle et que je la garde jalousement au plus intime de mon Coeur, l'enrichissant et l'embellissant continuellement de mes qualités divines, de sorte que ma joie et mon amour pour elle vont toujours en augmentant.»