Il y a des milliers d'années dans l'ancienne Stygie, bien avant l'Âge Hyborien et bien avant l'arrivée des Kharis, à l'Âge Thurien, les Rois-Géants régnaient.
Épargnés par le Grand Cataclysme, ils profitaient de la chute des Sept Empires Thuriens pour explorer et coloniser une partie du territoire occidental du continent. Ainsi une partie d'entre eux ont traversé le fleuve Nilus et ont établi un avant-poste à l'embouchure d'une grande rivière du nord, qu'ils nommèrent la rivière Achéron (que les Aquiloniens nommeront plus tard la rivière Khorotas), ce que les Chroniques Némédiennes ne mentionnent pas, et ce que Thoth Amon découvrit des milliers d'années plus tard, c'est qu'un autre groupe de Rois-Géants, moins nombreux, s'établit dans un endroit inhabité, quelque part dans le désert de Kharamun.
Quelques centaines d'années après le Second Cataclysme, dans la région la plus orientale du continent (que nous connaissons sous le nom de Khitaï), le peuple Lémurien réduit en esclavage par les Kharis se révolte. Ayant récupéré leur liberté dans le sang, les Lémuriens partirent vers l'Ouest. Ils firent alors face à la grande mer Vilayet, creusée par le second cataclysme, et renouèrent avec leur vieux mode de vie marin. Certains colonisèrent une île, Dagonia, et y adorèrent leur Dieu originel, vivant de ses offrandes maritimes. D’autres décidèrent avoir assez souffert des caprices du Prince des fonds marins, et poursuivirent leur exode vers le couchant.
Ce dernier groupe, alors mené par une sorcière, gardienne des antiques secrets de Lémurie, finit par accoster et trouver une région commode pour y développer la vie. Non loin de la mer, malgré tout chère à leur coeur, et offrant de la terre riche, des plaines verdoyantes qui au Sud se changeaient en un désert et au Nord s’escarpaient en montagnes rocheuses. Mais il était clair que cette terre était habitée. Partout, il y avait des pierres dressées couvertes de gravures, et, au nord, l'eau d'un lac cristallin était véhiculée par un grand aqueduc. C’est en suivant ces marques de civilisation que les Lémuriens ont pu rencontrer pour la toute première fois les Rois-Géants.
Comment s’est déroulée cette rencontre et que s’est-il passé ensuite ? Il vous appartient de le découvrir.
Thoth Amon, Grand Maître des Sorciers du Cercle Noir, Grand Prêtre, Voix de Set en Stygie, et conseiller personnel du Pharaon-roi Ctesphon, est l'homme qui a redonné vie aux Terres d'exil, alors abandonnées et oubliées..
Il y a 20 ans, au cours de l'un de ses voyages à la recherche de connaissances obscures, alors qu’il suivait la piste des vestiges du pouvoir de l’ancienne Achéron, il trouva la Cité Sans-Nom, vestige du royaume des Rois-Géants dans ce qui deviendra les Terres d'Exil. Dans la Cité Sans-Nom il rencontra un des derniers survivants des Rois-Géants, le Faiseur de Guerre Klael, auquel il se présenta, lui parlant dans sa langue qu’il avait eu le loisir d’étudier dans des livres interdits. Klael n’avait pas eu le plaisir d’une conversation depuis des siècles, lui qui errait seul dans les ruines maudites d’une Cité perdue. Il lui raconta alors l'histoire de ces terres, de la construction de la cité, à la guerre qui avait causé sa perte. Il lui apprit également que de puissants artefacts, servant jadis à leurs rituels, se trouvaient encore parmi les ruines de ces tours fracassées.
En explorant les environs, Thoth Amon trouva dans les tréfonds des tombeaux de la vieille Nebthu un objet qui allait changer le cours de son existence : L’Anneau de Set.
Cet artefact millénaire forgé par des noirs secrets que l’esprit humain ne saurait contenir gava le Sorcier d’une toute puissance qu’il commença à utiliser sur le champs. Thoth Amon mis la main sur des bracelets ayant appartenu aux Rois-Géants, ayant le pouvoir d’asservir le corps et l’esprit de leurs esclaves, les condamnant à demeurer serviles au sein de leur royaume, dont les frontières devenaient alors infranchissables et mortelles.
Avec cet anneau ophidien et sa nouvelle puissance, Thoth Amon eu tôt fait d’éliminer tout ses ennemis à commencer par ses rivaux de toujours du culte d’Ibis, et mis en déroute leur meneur Kalanthès. Le Sorcier sétite se hissa à la tête des plus hautes sphères, aussi bien arcaniques que politiques. Grâce au pouvoir que sa place de choix lui accordait, il pu passer à la deuxième phase de son plan concernant les Terres d’Exil dont il n’avait encore parlé à aucune âme qui vive.
Thoth Amon conclu un accord avec le Pharaon-roi Cstephon de Stygie, il fournirait les bracelets et un endroit où les ennemis politiques et idéologiques du Pharaon-roi pourraient être exilés pour toujours (mais maintenus en vie comme une éventualité pour l'avenir) et, en retour, le roi Cstephon fournirait des troupes pour traverser occasionnellement les terres exilées et collecter tous les artefacts que les pauvres malheureux auraient obtenus. C’était alors la fondation des Terres d'Exil et de la Purge, bien que l’accord ait été modifié au fil des ans et que Thoth Amon ait étendu son offre à d’autres souverains du monde entier (ce que le roi Cstephon ignorait naturellement).
Thoth Amon s'est éloigné de plus en plus des préoccupations du monde - il ne traite plus personnellement les affaires des terres exilées. Au lieu de cela, il envoie son agent d'exécution, le Serviteur de l'Anneau, pour régler tout problème majeur.
Alors que Thoth Amon jouissait d’une influence notable à Khemi, il se permit d’utiliser le héraut royal pour engager un groupe de pilleurs de tombes, mercenaires et chasseurs de trésors, afin qu’ils soient envoyés fouiller les ruines où il avait lui même trouvé son Anneau de Set, et d’en tirer d’éventuelles autres reliques qui pourraient peut-être accroître ses pouvoirs.
Les hommes enrôlés étaient pour la plupart des Shémites et des Stygiens, mais certains mercenaires du Nord étaient venus aussi, répondant à l’appel de la richesse puisque le héraut avait parlé d’un solde défiant toute concurrence
Thoth Amon leur offrit en sus ces beaux bracelets d’or sertis de gemmes dont la valeur seule valait bien plusieurs mois de labeur. Il mentait aux hommes en leur assurant que le bracelet les protégerait de la corruption qui planait sur les ruines. Aussi quand ces derniers eurent ceint les bijoux à leurs poignets, ils se condamnèrent malgré eux à ne plus jamais revenir de cette mission.
Quand les mercenaires - nommés pour l’occasion les Chasseurs de Reliques - arrivèrent sur les Terres d'exil ils s’aperçurent vite que ces bracelets les empêchaient en fait de rentrer chez eux et que les enlever était synonyme de mort. Thoth Amon leur fit alors parvenir un message, ceux d'entre eux qui trouveraient un artefact intéressant pourraient ressortir.
Ainsi les Chasseurs de Reliques, trahis, se retrouvèrent bloqués sur ces terres hostiles, ils s’adaptèrent, construisirent une grande cité proche de la Cité Sans-Nom qu'ils baptisèrent Sepermeru, et entreprirent leurs recherches de reliques, nourrissant une haine tenace envers celui qui les avait piégé, mais n'ayant aucun autre moyen de sortir.
Cela fait maintenant 20 ans que les Chasseurs de Reliques sont coincés sur ces terres hostiles, beaucoup d'entre eux sont morts, on dit que certains auraient réussi à quitter ces terres en marchandant une de leurs découvertes avec Thoth Amon ou un des ses envoyés, ce qui est sûr, c'est que personnes ne les a revus. Les premières années, des groupes de mercenaires soi-disant envoyés par Ctesphon, stygiens pour la plupart, débarquèrent sur les terres. Après quelques tensions avec les Chasseurs de Reliques, ils comprirent vite qu'ils s'étaient fait avoir tout comme eux et les rejoignirent, comblant ainsi les pertes des Chasseurs de reliques.
Mais depuis une quinzaine d'années de nouveaux arrivants ont fait leur apparition sur les Terres d'exil, les Exilés. Au début essentiellement des criminels Stygiens ou Shémites qui ont rapidement rejoint Sepermeru et les Chasseurs de Reliques.
Ensuite arrivèrent des hommes noirs venus du Darfar, puis de Kush, Keshan et Punt. Déportés certainement à cause des manigances de Thoth Amon. Ils furent les premiers à se rendre compte que les Terres d’Exil n’étaient pas si désertes que ça. Leur proximité avec les forces spirituelles et le chamanisme les alerta. Certains suivirent une sorte d’instinct de préservation et s’éloignèrent de la Jungle orientale, où semblait régner un mal invisible. Ceux là firent la découverte d’un Arbre-Esprit, vestige vivant d’une époque où les hommes et les Esprits de la nature ne faisaient qu’un.
Rejoint par des pictes qui accordaient la même importance aux mises en garde des Esprits Totémiques, qu’eux nommaient les Enfants de Jhebbal Sag, ils fondèrent la première communauté établie à l’extérieur des murs de Sepermeru, néanmoins située dans sa périphérie : La Harde sauvage.
Puis apparurent toutes sortes d'exilés, venant de tous les horizons, nobles hyboriens déchus, barbares capturés de Cimmérie ou du Nordheim, pilleurs Hyrkanien, pirates des îles Barachéennes et même des Khitans exilés de leur mystérieux et lointain pays.
Immanquablement le même schéma se reproduisait. Peu importe l’origine des exilés, ils étaient tôt ou tard confrontés au Mal que les noirs avaient fuit en premier. Certains refusaient de se mélanger à des étrangers, et peu à peu le mal qui fut communément nommé l’Ombre, les marquait. Ceux qui avaient l’intelligence de s’éloigner le plus possible de son influence finissaient par arriver aux abords de Sepermeru. C’est suite à cette série d’exodes survivalistes que les Guildes furent fondées.
L’Arbre-Esprit et les Chasseurs de Reliques déjà implantés purent voir arriver des hommes du Nord, qui restèrent à l’écart, dans les montagnes et protégeaient la frontière, dans un sens des pillages sudistes des ressources qu’ils estiment leur appartenir, mais de l’autre de la menace spectrale qui semblait proliférer par delà les monts escarpés sur lesquels ils bâtirent leur Fort Dragon, et prirent le nom de Veilleurs.
Des hommes de l’extrême orient vinrent aussi. Plus enclin à se rapprocher de Sepermeru, ils s’installèrent sur ses hauteurs. Ils prêtaient main forte à qui avait besoin de mercenaires à la morale pugnace et se taillèrent une réputation de farouche combattants à la fiabilité sans faille. On appelait leur communauté la Bague.
Même les hommes des royaumes hyboriens tels que l’Aquilonie, la Némédie ou Ophir trouvèrent l’Exil. Porteur des préceptes de leur Dieu, Mitra, ils se positionnèrent en soutien médical et moral pour les blessés et les nécessiteux. Ils se qualifiaient d’eux même “d’onguent sur les plaies de ce Monde” et leur secteur fut nommé le Sanctuaire.
Et alors que tous ces groupuscules fourmillaient autour de Sepermeru, un nouveau se forma, rassemblant les hommes du Zamora, du Zingara, des Barachas et toutes les régions du monde qui abritent les pires forbans capables de flairer l’odeur de l’or à des lieues à la ronde. Ils fondèrent le Souk, dont les caravanes commerciales furent bien utiles pour retrouver un semblant de civilisation et de confort autour de Sepermeru, mais plus secrètement, ils s’enrichissaient également de larcins et autres rapines.
Les guildes eurent à se jauger, plusieurs échauffourées éclatatèrent dûes aux différences culturelles entre chaque communauté. Mais les choses se tassèrent avec les années, en parti grâce à un pouvoir central maintenu à Sepermeru par les Chasseurs de Reliques, prônant l’unité, et ils purent survivre ensemble.
Si les Guildes ont pu trouver leur équilibre, elles sont toutes nées d’une scission entre ceux qui ont choisi de migrer vers l’Ouest et donc Sepermeru, et les Autres. Ceux qui ont délibérément choisi de faire face aux différents dangers qui sévissent sur les Terres d’Exil.
Au Nord, les Nordheimers rassemblés sous la bannière des “Héritiers du Nord” sombrèrent dans une barbarie plus violente que jamais. Déchaînant leur nature belliqueuse, ils attaquent et tuent tout ce qui se présente à eux. Ils représentent sans doutes la deuxième plus grande menace du Nord, après les spectres. Des âmes qui hantent la région, tourmentés et tourmenteurs, ils ont brisé la logique du cycle et sont revenus d’entre les morts pour détruire la vie.
Les cimmériens, unifiés sous le nom de “clan oublié” ont fini par perdre la raison à force de subir leurs incessants assauts emprunts de la plus sombre des magies. Le clan oublié, marqué par la folie, a sombré peu à peu dans la paranoïa, attaquant tout ce qui se tient sur deux jambes, en s’étant persuadé que même les êtres de chair étaient des spectres et qu’ils se trouvaient de toutes manières parmi les enfers.
Au Sud, les hommes noirs et les pictes qui n’ont pas suivi la Harde sauvage ont également été marqué par le Noir Stigmate perpétré par l’Ombre, et ont perdu peu à peu toute trace d’humanité, des êtres instinctifs, à peine plus évolués que des bêtes, parmi lesquels le culte du Seigneur des Demeures Vides est devenu peu à peu un exutoir à la sauvagerie la plus primaire. De l’autre côté la Meute des chiens du désert embrassait la sauvagerie des hyènes, hurlant et chassant comme elles. Allant même jusqu’à copuler avec les bêtes, produisant une race bâtarde et contre nature.
A l’Est, les forbans que les fondateurs du Souk ont quitté répondant au nom de “Main Noire” sont devenus fous eux aussi. Entassés sur un rocher plat, qu’ils ont appareillé comme un navire, ils imaginent qu’ils voguent sur les flots et que quiconque met le pied sur leur territoire est en train de les aborder. Pirates sanguinaires complètement déraisonnés, ils semblent tout autant touchés par le noir stigmate que les autres.
Sepermeru, pendant ce temps, a prospéré. Les quartiers se sont organisés, des commerces et tavernes sont apparus, un grand marché aux esclaves également. Connaissant les différents passages pour rejoindre les terres au delà de la Cité Sans-Nom, les Chasseurs de reliques mènent régulièrement des raids chez les Darfaris, les Chiens du Désert et la Main Noire pour alimenter leur marché d'esclaves. La liberté de culte étant autorisée, divers temples dédiés aux dieux sont apparus, mais Set restait le culte le plus répandu.
La cité était dirigée par un conseil, mais il y a 4 ans un jeune noble Stygien, Diyaeddine, et plusieurs dirigeants religieux, exilés suite à une tentative de prise de pouvoir ratée, se présentèrent à Sepermeru. Diyaeddine et les prêtres de Set mirent en place une autorité religieuse sur les lieux alors que le jeune homme prit le pouvoir sans réelle difficulté, son teint pâle ne laissant aucun doute sur son origine noble et son ascendance Khari. Un groupe d'Exilés Hyboriens tenta de se rebeller, mais ils furent dénoncés par d'autres Hyboriens du Sanctuaire qui estimaient la menace de l'est bien plus importante que l'arrivée d'un noble Stygien au pouvoir. la rébellion fut matée, une partie des rebelles réussit à s'enfuir, créant la Confrérie des Bois, un groupe de bandits, les autres rebelles furent exécutés. Les Hyboriens restants, n'ayant pas pris part à la rébellion et la condamnant, gardèrent la confiance de Sepermeru, et aucun autres actes de rébellion n’eut lieu depuis.
À ce jour, les guildes ont trouvé un équilibre. Les Veilleurs s’occupent de maintenir les menaces du Nord dans le Nord. La Bague combat les créatures du désert et loue ses lames. Le Souk fait fructifier le commerce et ouvre des routes aux caravanes. Le Sanctuaire vient en aide aux blessés et aux malheureux touchés par le Noir Stigmate. La Harde sauvage tient en respect les cannibales et les chiens du désert tout en tentant de déchiffrer la cosmologie de l’Arbre-Esprit. Et les Chasseurs de Reliques continuent de mener leurs fouilles à la recherches de nouveaux éléments porteurs de réponses tout en préservant ce grand conglomérat de conflits internes. En somme, tous les exilés ayant migrés vers Sepermeru et sa région se portent bien.
Néanmoins l’Ombre grandit. Des éclaireurs de la Bague rapportent que certains animaux seraient touchés par les noirs stigmates, les faisant muter. Leur peau devenant sombre et leurs yeux éclairés par une lueur sans éclat. Les chamanes de l’Arbre-Esprit parlent de tentacules invisibles qui ligotent et entravent l’énergie d’autres Arbres de pouvoir. Quant aux Veilleurs, ils ont dû abandonner leur avant poste septentrional à toute vitesse alors qu’une éruption volcanique d’une intensité surnaturelle éclata et qu’une coulée de lave emporta le bâtiment.
Une chose est sûre : Cette prison n’est pas qu’une prison pour les Hommes. Elle enferme une force malfaisante et redoutable. Jusque là tous se contentaient de l’éviter. Laissant ceux qui n’avaient pas cette clairvoyance sombrer dans la démence. Mais son pouvoir semble s’intensifier et sa menace se faire pressante. Le temps, lui même, semble se moquer des exilés. Parfois les journées sont longues, parfois courtes ... Est ce l'ancienne magie des Rois-Géants ou l'influence de l'Ombre, nul ne le sait. Mais, sur les terres d'exil, le temps s'écoule différemment.