Humain, animal, végétal et minéral

Réflexion sur les liens entre l’être humain, l’animal, le végétal et le minéral

La naïveté de la biologie moderne : "humaine, trop humaine".

On y pense rarement mais l’utilisation et l’efficacité des souches homéopathiques témoignent d’une très grande intimité entre être humain, animaux, végétaux et minéraux.

Certains auteurs modernes relient d’ailleurs, explicitement leurs avancées cliniques sur cette proximité. Cependant, le lien qu’ils évoquent entre le patient et la souche (ou substance à l’origine du médicament homéopathique) reste, selon moi, trop allusif et intuitif. Trop simplement analogique pour tout dire.

Je voudrais souligner, ici, qu’il est possible de dessiner des liens plus objectifs et de proposer un premier étayage scientifique à ces relations entre patient et souche. Ce qui ouvre la voie à un incroyable, passionnant et très vaste champ de recherche sur les liens que l’être humain entretient, du point de vue scientifique, avec les éléments des trois règnes.

L'homéopathie pourrait ainsi contribuer à bouleverser la conception scientifique de l’être humain. D’une manière radicale et révolutionnaire.

Un fait mérite toute notre attention. C’est que, malgré toute la connaissance de la généalogie humaine, de cette longue évolution qui se compte en milliards d’années, les sciences de l’homme considèrent toujours celui-ci comme totalement humain, comme essentiellement indépendant du fonctionnement de la plupart des espèces animales, sans lien avec celui des espèces végétales et d’une nature radicalement étrangère au monde minéral.

Ainsi, force est de constater que jamais nos sciences n’ont véritablement considéré la possibilité que des structures pré-humaines présentes chez l’humain puissent jouer un rôle considérable dans son fonctionnement quotidien. Et, plus encore, la médecine moderne ignore et néglige, à la différence de l'homéopathie, le fait qu’il soit possible de prendre en compte ces éléments pré humains pour soigner les êtres humains.

Bien sur, on objectera la connaissance des trois couches constitutives du système nerveux central humain avec, notamment, l’importance accordée au cerveau reptilien. Mais celui-ci ne se voit attribué qu’un rôle basique, archaïque. Il ne s’agit pas seulement de reconnaître la persistance de quelques fonctions « animales » basiques. Surtout, cette description ne débouche sur aucune proposition thérapeutique efficace et facile d’utilisation.

Or, une homéopathie bien comprise, clairement conceptualisée et résolument ancrée dans le champ de la biologie et des sciences modernes, loin de tout ésotérisme et de toute facilité de vagues rapprochements analogiques, est capable de montrer que des fonctions basiques sont présentes partout, et tout le temps chez l’être humain, et qu’elles ne sont pas que reptiliennes, mais renvoient aux poissons, aux oiseaux, aux insectes, aux araignées, etc. donc à tout le règne animal. Mais aussi, ce qui est encore plus surprenant, à l’univers végétal et minéral.

Mais voyons, pour commencer, comment un bref survol de l’histoire de notre univers et de l’apparition et du développement de la vie vient étayer mon propos.

Big Bang et premiers éléments minéraux

Les astrophysiciens supposent que l’Univers actuel date d’il y a une quinzaine de milliards d’années. A l’instant inaugural du Big Bang, «la température atteint des milliards de milliards de degrés …et dans ce bain incandescent, se forment d’imperceptibles grains d’énergie : les quarks. Uneseconde après l’immense explosion, la force nucléaire forme les noyaux d’atomes». Il faudra ensuite attendre un million d’années pour que la force électromagnétique crée les atomes. Ces premiers atomes seront constitués à 90 % d’atomes d’hydrogène et de 8 à 9 % d’atomes d’hélium (ce sont les deux atomes les plus simples, fait de seulement un noyau à un ou deux protons et un et deux électrons périphériques respectivement). Les 1 à 2 % restants, se répartissent en une centaine d’atomes différents, tous en très infime quantité.

Parmi les milliards de galaxie crées, la notre, la Voie Lactée. Notre soleil se forme, lui, il y a 5 milliards d’années, soit près de dix milliards d’années plus tard ! Puis, il y a 4,6 milliards d’années, se forme notre planète. En fonction de leur proximité ou de leur éloignement du soleil, les planètes se refroidissent peu à peu. Sur Terre, les vapeurs d’eau se condensent en pluie et tombent au sol. Ceci aboutit, il y a environ 4 milliards d’années, à ce que notre planète soit recouverte à 70 % d’eau.

Premières structures cellulaires végétales puis animales

A -3 milliards 500 millions d’années, les premières cellules (sans noyau) se forment à partir des atomes de minéraux. L’essentiel est de savoir que la formation des premières cellules organiques s’est effectuée à partir des molécules inorganiques disponibles alors. Que les prémisses de ce que nous appelons la vie émergent d’une organisation lente et complexe de l’inanimé, de l’inerte.

Il y a 2 milliards d’années, le développement d’êtres unicellulaires s’établit en milieu aquatique (océans et lacs). Au bout d’ 1 milliard 500 millions d’années apparaissent les premières cellules à noyaux (ou eucaryotes). On remarquera, au passage, que l’acquisition capitale de la membrane nucléaire a demandé deux fois plus de temps (deux milliards d’années) que le passage de l’inanimé à l’animé. (un milliard d’années). Ceci est très important car l’invention de la membrane cellulaire va permettre une large autonomisation des structures vivantes suivantes et une spécialisation plus grande de leurs fonctions et capacités.

On appelle protiste, les premières cellules uniques à un noyau. 70 000 "espèces" différentes de protistes sont identifiées à ce jour. Elles constituent l’élément de base, la fondation de toutes les lignées végétales et animales à venir, l’origine de tous les animaux et tous les végétaux. On aperçoit, ici, la parenté intime entre l’animal et le végétal.

Il y a 700 millions d’années, se produit l’apparition des premiers pluri-cellulaires. L’éponge, par exemple, qu’on ne peut classer ni comme animal ou végétal puisqu’elle possède des propriétés des deux règnes. En fait, c’est l’apparition de la mobilité qui constitue la caractéristique principale des animaux. Et c’est cette propriété de se mouvoir qui va entraîner la différenciation apparente extrême entre animal et végétal même si un regard plus nuancé et subtil permet, aujourd’hui encore, de discerner leur intime proximité. Leur naissance se fait dans le fond des océans sous formes d’animaux sans coquilles : vers, calmars, poulpes, seiche. D’autres apparaissent, ensuite, avec coquille, les arthropodes : ce sont des animaux minuscules, sans colonne vertébrale mais avec carapace et pieds articulés. Ce sont les ancêtres aquatiques des crabes, des crevettes et des écrevisses. D’autres animaux, résolument terrestres, apparaissent, les ancêtres des scorpions, des araignées, des milles pattes et de tous les insectes. Insectes qui, on l’ignore trop, représentent, encore de nos jours, les trois quarts des espèces animales de la planète puisque l’on en dénombre 800 000 espèces différentes !

Cette évolution s’accompagne du développement de l’appareil respiratoire avec trachée et bronches. A noter que celui-ci constitue une sorte d’arbre et que les alvéoles pulmonaires exercent une fonction très semblable aux feuilles d’un végétal pour les échanges gazeux (avec, juste, inversion entre les échanges, O2 contre CO2).

Puis survint la formation des vertébrés, dont on dénombre, aujourd’hui, 50 000 espèces différentes. Pas moins.

L’apparition des animaux terrestres se produit à partir des animaux aquatiques. Ceux-ci tentant une sortie sur terre. Peu à peu leurs nageoires se transformeront en pattes, des poumons apparaîtront.

Vers – 430 millions d’années, s’effectue le passage de la flore aquatique à la flore terrestre. Des structures avec racines et feuilles se développent afin de "puiser" dans la terre et le ciel les ressources indispensables à leur développement. Les racines puisent les sels minéraux nécessaires à la vie. Par les feuilles se produit la réception de l’énergie lumineuse du soleil, énergie nécessaire aux processus d’assimilation des sels minéraux, de production de matière organique et d’oxygène. La vie terrestre, telle que nous la concevons aujourd’hui, est donc complètement issue de la mer.

Il y a 360 millions d’années, donc, des vertébrés passent de la vie aquatique à la vie terrestre. Apparaissent amphibiens, batraciens, reptiles, oiseaux puis, plus tard, les mammifères au sein desquels, beaucoup plus tard encore, apparaîtra, enfin, l’homme. Notons, qu’il a fallu plus de 100 millions d’années pour qu’aboutisse l’adaptation de la vie aquatique à la vie aérienne, adaptation qu’une larve de grenouille effectue, aujourd’hui, en trois semaines !

Il y a 7 à 8 millions d’années apparaît, parmi les primates, l’ancêtre commun aux trois espèces suivantes : gorille, chimpanzé et australopithèque. L’ancêtre de l’homme est âgé de 2 millions d’années : homo habilis. De 2 millions d’années à il y a 35 000 ans, se produit l’évolution des hominiens (homo habilis, erectus, sapiens neandertalis, et enfin sapiens sapiens). Il y a 30 000 ans, apparaît l’homme de Cro magnon. Les grottes de Lascaux sont peintes il y a 17 000 ans. La sédentarisation de l’espèce se produit il y a 10 000 ans.

L’être humain peut il être totalement indépendant de son évolution et de la génétique du développement ?

L’essentiel à retenir de ce bref survol de l’évolution est que la nature toute entière présente une remarquable continuité. Et cette formidable continuité ne concerne pas seulement les espèces animales, entre elles, et les espèces végétales, entre elles,… mais concerne la parenté intime entre espèces animales et végétales et leur filiation à partir du monde minéral !

Comment ne pas comprendre, à la lecture de ce bref survol, qu’imaginer une biologie et un fonctionnement de l’être humain indépendants des autres règnes relève d’une naïveté invraisemblable et d’un anthropocentrisme ahurissant ?

L’espèce humaine n’est vieille (en fait incroyablement jeune) que de quelques dizaines de milliers d’années sur une évolution de quinze milliards d’années. Comment imaginer qu’elle se soit complètement émancipée de tout ce qui l’a précédé ?

La question à se poser est donc de savoir si les structures pré-humaines présentes en l’être humain ne sont que de simples fossiles, de simples vestiges, des archives, témoins d’une évolution qui les a rendus totalement obsolètes ou si elles sont fondamentales et actives chez l’être humain, d’une importance actuelle primordiale ?

Et il faut bien voir, ici, que l’utilisation par l'homéopathie de substances minérales, végétales et animales, surtout avec la grande profondeur d’action que celles-ci démontrent, fait signe vers une actualité et une effectivité très grandes de ces éléments pré-humains dans le fonctionnement biologique et psychologique de l’être humain.

C’est d’ailleurs ce que la pratique médicale homéopathique contemporaine amplifie et développe davantage encore que l'homéopathie plus "traditionnelle". Ainsi, l'homéopathie témoigne en faveur du fait scientifique et biologique majeur que les comportements humains et l’apparition de nombreuses pathologies s’enracinent dans une proximité étonnante de l’être humain aux animaux, végétaux et minéraux.

Mais cela est-il si étonnant puisque l’on sait …

En réalité, le nouveau s’est toujours fait par intégration/dépassement de l’ancien

C’est le moment de rappeler que, d’une certaine façon, durant son développement intra-utérin, l’embryon humain refait, "en accéléré", l’extraordinairement lent processus d’hominisation en passant par des phases de développements dans lesquelles il présente des branchies, des mains et des pieds palmés, vieux "souvenirs", vieilles traces, vieux "restes" de ses ancêtres aquatiques.

Mais le plus capital à garder à l’esprit est indiscutablement le fait que le nouveau s’est toujours structuré sur l’ancien, élaboré à partir de celui-ci, qu’il n’a jamais complètement rompu avec lui. Qu’il s’est fait, comme disait le Prix Nobel de physiologie et médecine 1965 François Jacob, par "bricolage" à partir de l’ancien.

Structurellement, c’est, aujourd’hui, largement admis scientifiquement. Mais, fonctionnellement ?

La présence de structures pré-humaines actives chez l’être humain

Le saut que la clinique et l’arsenal thérapeutique homéopathiques invitent à franchir est d’adhérer à la thèse que l’être humain n’a jamais rompu fonctionnellement avec sa généalogie évolutive. Que le fonctionnement le plus humain, le plus évolué, s’est constamment élaboré à partir de fonctionnements pré humains toujours à l’œuvre.

En effet, tout le savoir scientifique moderne témoigne du fait que l’être humain n’est qu’un des éléments de « l’immense chaîne de solidarité des mondes animal et végétal » et que nous sommes, nous aussi, « tributaires des cycles de l’azote, du carbone et de l’oxygène, donc de la providentielle photosynthèse placée sous la tutelle du soleil ».

Tout indique donc que rien dans l’homme n’est si original, ni si spécifique en soi. Que la spécificité humaine n’est pas ce que l’on croit. Surtout, que l’apparentement de l’être humain à la totalité de l’univers est un fait marquant et essentiel. Comme l’ont toujours évoqué et pensé nombre de grandes traditions de pensées. Seul le degré de complexité de l’organisation de ses éléments et structures diffère.

Il semble donc que le très lent processus de l’évolution a, certes, mis en silence, chez l’être humain, certaines structures archaïques mais qu’il en a « intégré» d’autres à son fonctionnement "humain".

Le nouveau n’a jamais effacé l’ancien mais s’est toujours appuyé, voire "greffé", sur lui. L’humain n’a donc jamais complètement effacé l’animal, le végétal et le minéral puisque, par exemple, le mammifère n’a pas totalement rompu avec le reptile ou le poisson. L’animal, lui même, n’a pas rompu avec le végétal et animaux et végétaux, tous deux issus d’ancêtres unicellulaires communs, ne sont, en dernière analyse, constitués que de matière inorganique qui constitue la base de la matière organique.

L'homéopathie témoigne donc de l’actualité des structures et fonctions pré humaines chez l’homme

Les liens que l'homéopathie souligne entre être humain et animaux, entre êtres humains et végétaux et entre êtres humains et minéraux, liens sur lesquels elle fonde une pratique de plus en plus efficace, témoignent donc en faveur, de l’existence d’un fonctionnement humain largement basé sur des structures pré humaines présentes en l’homme.

D’ailleurs, à bien y réfléchir, c’est le contraire qui serait étonnant. L’étonnant, l’illogique, serait que tant de proximité, tant d’intimité ne s’exprime jamais, ne se manifeste, au plan fonctionnel et comportemental, d’aucune façon « visible ». L’étonnant, l’incroyable, serait qu’un étayage aussi intime de l’humain sur le pré-humain ait abouti à un fonctionnement « purement » humain ne laissant aucune « trace » de fonctionnement pré-humain.

Et l'homéopathie témoigne donc d’une permanence du fonctionnement de ces structures et fonctions au sein même des fonctions et comportements les plus « humains ».

Plusieurs milliards d’années d’évolution biologique ont donc laissé leurs traces et fondations en l’homme. Et l’être humain est le fruit d’une évolution très largement pré-humaine ou non-humaine. Il constitue donc une sorte de patchwork génétique et s’est construit sur des éléments reptiliens, est apparenté aux oiseaux et aux poissons (puisque c’est à partir de poissons sortis de l’eau au long des millions d’années que les animaux terrestres sont apparus), etc. Mais ces animaux sont, eux mêmes, issus d’algues, elles mêmes issues de molécules anorganiques, etc.

Cette proximité génétique, ce partage, en plus, de tant de molécules homothétiques, de tant de protéines communes, d’enzymes partagés, etc. est tel qu’il faudrait être bien naïf pour imaginer que toute cette partie immergée de l’iceberg humain ait abouti à un comportement, des sensations, des relations environnementales et inter-subjectives "purement" humaines, sans aucun lien ni proximité repérable avec les comportements, sensations, relations, etc. animales ou végétales.

Enjeux et problématiques vitales pré humaines de l’être humain : éclairage sur l'homéopathie contemporaine :

Il est donc logique que l’être humain soit traversé par des enjeux pré-humains. Et si l’on ne peut que souligner le travail clinique fantastique opéré par les grands homéopathes contemporains, il est essentiel de ne pas laisser ces avancées être reliées soit à de vieux concepts plus ou moins anachroniques, voire "ésotériques", pour "justifier" leur travail, soit de se contenter de simples rapprochements analogiques entre le patient et telle ou telle souche, non que de tels rapprochements soient forcément sans intérêt ou faux mais parce qu’ils sont trop pauvres et parce qu’ils ouvrent à des risques de dérive importants.

Ce que je propose et à quoi j’invite l'homéopathie est de puiser dans la généalogie biologique de l’être humain pour fonder de tels rapprochements.

Enjeux scientifiques et épistémologiques

Disons-le d’emblée. La dimension pré-humaine présente en chaque être humain n’a rien de magique ni d’ésotérique. Elle ne relève pas de la simple analogie mais s’ancre dans la génétique de l’évolution et le "bricolage" biologique dont a usé l’évolution pour aboutir à l’être humain.

L'homéopathie montre donc que la présence de certains traits animaux, végétaux ou minéraux dans le comportement humain n’a rien d’ésotérique et ne relève pas, non plus, d’une vision "poétique" des choses mais qu’elle se fonde sur la présence actuelle et vivante, en chaque être humain, de structures fondamentales héritées de l’évolution du vivant.

Un vécu fondamental, archaïque, pré-humain est, ainsi, au fondement même de l’humain. Mieux, il est constitutif de l’humain. Il est la part, immense, la plus grande, que nous partageons avec le reste de l’univers. Par où l’on peut prendre conscience…

De la grande valeur heuristique de l'homéopathie

La clinique homéopathique et une réflexion (à approfondir encore bien sur) sur ses relations à son arsenal thérapeutique enseignent donc clairement que les structures pré humaines dans l’être humain ne se limitent pas aux structures animales des espèces les plus proches. Elles incluent tout le spectre du règne animal. Elles incluent également de très nombreux aspects végétaux (relation à l’écosystème sous le registre des modalités générales notamment). Et également des caractéristiques, des lignes de force, des orientations largement issues des propriétés et caractéristiques des éléments du monde minéral.

Voilà, donc, me semble-t-il, une autre contribution extraordinaire que l'homéopathie pourrait apporter à la connaissance de l’être humain, à la biologie et au renouvellement de l’horizon scientifique des sciences de la vie en général.

Février 2020