Col et lac de la Bernatoire

J5 : Jeudi 16 juillet 2020


Comme les matins précédents, ce n’est pas le grand bleu mais par la fenêtre côté sud se dessine déjà une nette amélioration. Alors pas de temps à perdre, cap vers Gavarnie, une nouvelle fois. De là, nous poursuivons sur la D128 qui, au bout de quelques kilomètres, se transforme en piste en plus ou moins bon état. Pas de problème pour notre SUV mais attention si votre véhicule a une faible garde au sol.

La piste conduit jusqu’au barrage d’Ossoue mais il est recommandé de s’arrêter sur le parking juste avant, la piste se dégradant encore davantage au-delà de ce point (1716 m).

Sur place, nous ne sommes pas les seuls, il y a déjà pas mal de monde prêt à s’élancer, comme nous, vers le lac de la Bernatoire. Dans le guide Rother, la randonnée de difficulté moyenne est décrite sous le numéro 18.

A 9 h 30, le pique-nique rangé dans le sac à dos, nous nous préparons à une marche de près de cinq heures aller/retour.

Il fait très beau, bien que frais mais nous allons vite nous réchauffer au cours de cette première grimpette sur une sente joliment fleurie.

Des iris au port élégant nous font une véritable haie d’honneur tandis que les crocus se cachent plus discrètement au milieu des herbes foisonnantes.

Iris

Crocus

Tout en continuant à prendre de la hauteur, nous contemplons le tableau composé de collines herbeuses qui ondulent en douceur au pied de massifs aux aspérités plus saillantes scintillant au soleil.

A l’intersection avec la branche du GR10 en provenance du barrage d’Ossoue, nous voilà définitivement réchauffés après ces 200 premiers mètres de dénivelé. Est-ce pour cette raison que je me retrouve vautrée dans le ruisseau qui suit ? En tout cas, me voilà quitte pour garder les fesses au frais une partie de la journée.

Nous continuons à remonter la belle vallée de Canau alors que se profilent déjà au loin (de gauche à droite sur la photo) les contours du col de la Bernatoire (2336 m), du pic de la Bernatoire (2516 m) ainsi que du pic Crabère (2590 m).

Au fur et à mesure que nous approchons, la montée devient de plus en plus vigoureuse.

Au bout de deux heures, à l’issue d’une ultime ascension dans les éboulis, ça y est, le lac est en vue, juste à nos pieds.

D’un bleu profond, lové comme dans un cratère rocheux, c’est un véritable joyau !

Il ne reste plus qu’à y descendre.

Vue sur le col côté français

Que ce soit comme nous depuis ce côté-ci ou depuis le côté opposé (espagnol), les randonneurs des deux nationalités convergent vers le lac à cette heure (bientôt midi) pour faire une pause et/ou casser la croûte.

Car oui, le lac de la Bernatoire, appelé Ibόn de la Bernatuara en espagnol, se trouve lui aussi à la frontière entre les deux pays tout comme le lac des Espécières que nous avions visité il y a quelques jours. A vol d’oiseau nous sommes à quelques kilomètres seulement du précédent, dans une vallée parallèle.

C’est d’ailleurs amusant de constater que les randonneurs espagnols vont systématiquement jeter un œil au côté opposé et vice versa pour les Français.

Nous sacrifions nous aussi à ce rituel, curieux de voir à quoi ressemblent les paysages aragonais. Côté espagnol, le lac de la Bernatoire est accessible à pied en deux heures depuis San Nicolas de Bujaruelo, un hameau niché quelque part au fond de cette vallée qui a, en effet, l’air plus aride et plus rocheuse que la vallée française de Canau par laquelle nous sommes arrivés.

D’ailleurs les éleveurs espagnols le savent bien, les estives dans les vallées d’Ossoue et de Gavarnie sont bien plus vertes que chez eux. C’est pourquoi, tous les ans, autour du 25 juillet, ils mènent leurs troupeaux de plus de mille vaches depuis les vallées aragonaises paître dans celles d’Ossoue et de Gavarnie en passant par le col de la Bernatoire. Les bêtes restent dans les pâturages français jusqu’en septembre en vertu d’accords datant du XIVe siècle.

Allez, dernière photo-souvenir depuis le côté espagnol avant d’enchaîner le retour.

C’est l’occasion de traverser une nouvelle fois ce beau vallon suspendu, de fouler ses parterres herbeux aux cinquante nuances de vert, attirés par une rangée de sommets prestigieux allant du pic de la Sède au soum de Male, en passant par le pic de Labas et le pic sud d’Aspé, flirtant tous avec les 3000. Nous sommes impressionnés !

Les yeux rivés sur les cimes, nous avons failli louper les marmottes si nous n’avions pas été alertés par leur cri strident.

C’est avec cette charmante rencontre que se termine ce magnifique parcours dans une vallée de toute beauté. En tout, il représente 10 kilomètres effectués en près de 5 heures (pause comprise) avec un dénivelé 521 mètres

Il nous reste à rejoindre notre gîte et parfaire notre bronzage sur la terrasse.