J7 : dimanche 22 mai 2021
Nous avons réfléchi tout au long de la semaine sur l’opportunité d’effectuer ou pas une descente de l’Ardèche en canoë-kayak. Jusqu’à présent les températures plafonnant autour de 20/22 degrés au meilleur de la semaine ne nous ont pas encouragés à franchir le pas. Alors c’est aujourd’hui ou jamais, car c’est notre dernier jour.
Après avoir écarté la descente des 25 kilomètres dans la partie réserve naturelle des gorges, jugée trop longue (5 heures minimum), nous avons fini par nous décider pour celle partant de Balazuc.
Notre propriétaire nous a recommandé, entre autres prestataires, « Balazuc Loisirs Céline » qui a l’avantage de se situer dans le hameau des Salles, 1,5 km à l’amont du village de Balazuc, ce qui nous aurait permis de passer sous le beau pont à anse de panier datant de 1884. Malheureusement cette base nautique est encore fermée à nos dates. Nous nous rabattons alors, à défaut, sur « Le Fazao », situé légèrement en aval du pont et référencé par le Routard.
Vue sur Balazuc avec le Fazao au premier plan
C’est maintenant le moment de… se jeter à l’eau. J’espère néanmoins qu’on ne s'y retrouvera pas. Je reste effectivement traumatisée au souvenir d’une descente en rafting en Equateur, où j’ai été projetée à l’eau à deux reprises, emportée par le courant et persuadée que ma dernière heure était arrivée. Le responsable du Fazao m’assure que ce sera nettement plus calme sur l’Ardèche.
Après avoir vu le cirque de Gens en randonnée, nous souhaitions le revoir depuis la rivière, donc faire la descente classique de 14 km /3 h 30 entre Balazuc et Ruoms, mais le prestataire nous avertit qu’en raison de la crue récente de l’Ardèche, seule la partie entre Balazuc et Pradons (8 km/2 heures) est possible. Soit !
A posteriori, quelques semaines seulement après notre retour, nous avons appris qu’un sexagénaire avait trouvé la mort au cours d’une telle descente en kayak, à proximité de Ruoms, après être resté coincé sous un rocher lors d’un chavirage.
Preuve que cette activité n’est pas à prendre à la légère, la rivière étant classée II/III sur cette partie, c'est-à-dire qu'en principe la navigation est facile, le courant régulier et les rapides non dangereux, mais dans certaines conditions, le courant peut être plus fort et des manœuvres nécessaires pour éviter les obstacles.
Pour l’heure, c’est parti pour nous, vaille que vaille, car en dehors de la précision de rester impérativement à droite à l’endroit où le cours d’eau se sépare en deux, aucun autre conseil !
Ça pourrait être nous !
Heureusement que nous avons un minimum de connaissances, ayant déjà un peu pratiqué le kayak en mer, ce qui ne nous a pas empêchés de nous retourner à l’issue du premier rapide. Non, rassurez-vous, nous n’avons heureusement pas chaviré, juste fait un tête-à-queue, ouf !
C’est que l’esquif (un kayak double) n’est pas vraiment facile à manœuvrer. Il faut un peu de temps, de synchronisation et encore quelques tête-à-queue dans les rapides suivants, avant de l’avoir mieux en main. A chaque nouveau rapide, c’est un peu le stress, car mine de rien ça secoue pas mal. En outre, on embarque des paquets d’eau à chaque fois, ce qui oblige à faire un arrêt à mi-parcours pour vider. En plus, il ne fait pas très chaud, surtout que nous avons la moitié du corps qui baigne dans l’eau accumulée au fond du canot.
Les parties calmes, en revanche, sont appréciables car elles permettent de profiter du paysage et de répondre, au passage, aux quelques enfants qui agitent leurs mains sur la berge.
Alors, quand au bout d’un peu plus d’une heure se profile la plage de galets de Pradons, je suis soulagée d’être arrivée et contente de ne pas avoir à poursuivre 6 kilomètres de plus jusqu’à Ruoms comme initialement prévu.
Bref, c’était une expérience sympa et incontournable lors d’un séjour dans la région. Avec des températures plus élevées elle aurait certainement été parfaite.
Retour à Balazuc pour déjeuner sur la terrasse de notre gîte, depuis laquelle nous observons avec amusement le défilé des canoës maintenant nombreux sur la rivière en contrebas et celui des promeneurs tout aussi nombreux sur le sentier du Viel Audon sur la rive opposée.
Nous ne souhaitons pas grossir les rangs des randonneurs vers le petit hameau, alors nous partons, en cours d’après-midi, dans la direction opposée, toujours le long de l’Ardèche mais vers l’amont.
Ma documentation fait état d’une grotte, celle des Estinettes, que nous apercevons en passant sans s’en approcher car l’endroit est occupé par une famille en train d’y pique-niquer. C'est davantage un joli prétexte de balade à partir du pont de Balazuc vers le hameau de Servière et jusqu’à la lisière du village de Lanas avant un retour par le plateau entre forêt, murets de pierre et fleurs des champs.
Comme dans une randonnée précédente, nous trouvons un tuf calcaire sur une paroi rocheuse.
Bref, voilà une petite balade tranquille (7 km/2 h 30/+150 m) qui clôt en douceur notre excellent séjour. Demain retour à la maison.
Pour l’heure une glace serait bienvenue, les glaces ardéchoises sont paraît-il délicieuses. Mais en voyant la queue devant la boutique, nous décidons de revenir plus tard, une fois que le village aura été vidé de ses visiteurs de la journée, pour une dégustation bien méritée.
Et alors que le ciel s’est peu à peu couvert au fil de la soirée, rien ne laissait présager d’un coucher de soleil d’une telle intensité !
C’est le « pompon sur la Garonne », ou plutôt ici le pompon sur… l’Ardèche 😉