Le nom rotifère provient du latin Rota = roue et ferre = porter.
Les rotifères sont des organismes pluricellulaires qui mesurent de 50 microns à 2 mm (le plus souvent entre 100 et 600 microns). Environ 2000 espèces ont été identifiées et la plupart vivent en eau douce. On les retrouve dans tous les milieux à des densités allant jusqu’à 5000 individus/L (jusqu’à 12 000/L dans les fosses septiques).
Il est possible de compter de 150 à 160 espèces dans un lac tempéré.
On retrouve des rotifères dans d’autre milieux comme dans les mousses et les lichens terrestres. Il y en a aussi dans le sol à des concentrations allant de 32 000 à 2 000 000/mètre carré, si celui-ci contient de l’eau.
Le corps est divisé en trois parties : la tête, le tronc et le pied. Le pied est souvent absent chez les espèces planctoniques. Le devant de l’animal est muni de 2 couronnes de cils qui semblent toujours en rotation. Ces couronnes servent à la locomotion et à attraper la nourriture.
Il existe une famille qui ne possède pas de couronne de cil les Atricidea (Cupelopagis vorax)
Les systèmes circulatoire et respiratoire sont absents.
Le système nerveux est très simple. Il est constitué d’un ganglion cérébral. Il y a aussi quelques ganglions dans le mastax et au pied. Les rotifères possèdent aussi des mécanos, des photos et des chémorécepteurs.
Une paire de reins primitifs, les protonéphridies permettent d’excréter l'azote et sont nécessaires à l'osmorégulation.
Le pharynx est muni de muscles actionnant un machoire spécialisée : le mastax, qui sert à broyer la nourriture.
Certaines espèces planctoniques possèdent des projections (épines) fixes ou mobiles qui les protègent des prédateurs. Les prédateurs induisent un polymorphisme dans l’espèce ce qui rend l’identification plus difficile. Il existe aussi des changements cycliques dans la grosseur et la longueur des épines, la pigmentation et l’ornementation.
La plupart des espèces sont mobiles. Ils nagent parmi le plancton ou rampe à travers les sédiments. La majorité sont solitaires mais il existe 25 espèces qui vivent en colonie.
La photo ci-contre montre deux colonies de Conochilus unicornis, un rotifère commun dans le plancton des lacs dans les Laurentides.
Une autre colonie. Celle-ci vit fixé à une plante ou un autre substrat.
Les différents individus ne partagent pas les ressources. Le fait de vivre en colonie apporte sûrement un avantage pour éviter la prédation.
Chez l'espèce représentée ici, chaque individu se construit un fourreau à partir de ses propres déjections.
Quelques-uns sécrètent une gélatine dans laquelle plusieurs choses s’accumulent (débris, bactéries, algues, matières fécales). Cette sécrétion peut durcir et devenir un tube.
Les rotifères sont des organismes eutéliques c'est à dire qu'ils conservent un nombre de cellules constant après leur naissance. Chaque individu possède de 900 à 1000 cellules. La croissance se fait pas une augmentation de la taille des cellules. Si un rotifère se blesse, il ne peut se régénérer par division cellulaire.
Certaines espèces se reproduisent sexuellement par intermittence c’est-à-dire que les mâles apparaissent pour une courte période de temps. Le mâle est un organisme très simple et beaucoup plus petit que la femelle. La fécondation est interne. Le mâle s’accroche à la femelle et laisse 2-3 spermatozoides à la fois.
La reproduction sexué produit un embryon en diapause. Après une période de dormance, le réveil est induit par les facteurs du milieu (lumière, oxygène, température, salinité) dépendant de l’espèce.
On peut retrouver 100 à 600 oeufs en dormance/cm2 de fond et jusqu’à 3000-4000 dans les étangs.
Les rotifères sont influencés par les conditions de leur milieu. En général, il y en a plus parmi le zooplancton lorsque l’acidité du lac augmente. Certaines espèces comme celles du genre keratella sont très présentes lorsque le pH diminue.
L’abondance des rotifères est reliée à la quantité de chlorophylle a (donc de phytoplancton) et à la quantité de phosphore.
L’augmentation de la population se fait rapidement à cause de leur capacité à se reproduire par parthénogénèse (sans la participation d'un mâle). Une augmentation rapide de nourriture favorise les populations de rotifères parce qu'ils ont la possibilité de se reproduire rapidement. Ils peuvent représenter 50% du zooplancton à cause de cette caractéristique.
Anhydrobiose : Certains rotifères ont la capacité de reprendre vie après avoir été desséchés à condition que la perte d’eau se fasse lentement. Le rotifère perd alors 70 à 75% de son volume. Son corps contient alors 10% seulement d'humidité. Le retour à la vie prend entre 10 minutes et 2 heures et peut survenir même après plus de 20 ans. Ce phénomène leur permet de survivre à l'assèchement du sol ou des sédiments d'une mare éphémère mais il rend aussi possible le transport par l’air et les animaux.
La durée de vie d'un rotifère est en moyenne de 8 jours à 20°C. Elle varie entre 5 et 24 jours.
La plupart sont omnivores mais certains ont un régime alimentaire plus spécialisé.
Par exemple les espèces du genre Asplancha sont très grosses et avalent leur proies. Ces rotifères sont plutôt carnivores mais peuvent aussi manger de grosses algues.
D’autres sont plutôt filtreurs et capturent de petites proies en créant un vortex à l'aide de leur couronnes de cils.
Un rotifère peut filtrer 1000 fois son volume d’eau par heure et peut consommer 10 fois son poids à sec par jour. Ils sont très efficaces pour transformer leur nourriture. 20 à 80% de leurs proies sont transformées en biomasse.
Les rotifères peuvent être en compétition avec les microcrustacés filtreurs et changer la composition des microalgues d'un lac. Par exemple, ils sont moins sensibles à la cyanobactérie anabaena que les cladocères car plus tolérants aux toxines. Par contre, ils sont moins flexibles que les cladocères quant à la grosseur des particules qu’ils peuvent ingérer (4-17 microns).
Les cladocères mangent des particules plus petites, plus grosses et plus rapidement. Les cladocères peuvent réduire de cette façon les populations de rotifères. Keratella par exemple peut être mangé par des cladocères de plus de 2 mm. Leurs épines peuvent pousser en réponses à des messages chimiques relâchés par des invertébrés prédateurs (asplancha, copépodes).
Les rotifères représentent une source importante de nourriture pour d’autres rotifères comme Asplancha, pour les copépodes cyclo et calanoides, les malacostracés, les moules zébrés, les acariens, chaoborus et certaines larves de poissons.
Certaines espèces sont indicatrices d’eutrophisation. Leur densité augmente avec l’enrichissement de l’eau du lac.
Des virus parasites peuvent avoir une influence importante sur les populations de rotifères.
Certaines espèces de rotifères peuvent aussi parasiter des algues, des éponges, d’autres rotifères, des oligochètes, des oeufs d’escargots, de crustacés et de poissons. Ils s’y attachent mais sont-ils vraiment parasite ?