CGT -- Groupe Hospitalier Saintes - Saint Jean d'Angely
CGT -- Groupe Hospitalier Saintes - Saint Jean d'Angely
Une collègue a souhaité nous faire partager un petit résumé de sa longue carrière
à l’Hôpital de Saint Jean d’Angely.
Nous la remercions pour ce partage et ce témoignage.
Elle part à la retraite prochainement. Nous lui souhaitons une bonne retraite.
« Depuis le jour où j’ai vraiment choisi de suivre cette voie professionnelle, je me suis entièrement consacrée à mon métier d’IDE, et ce le plus souvent au détriment de ma propre famille.
L’hôpital de St Jean d’Angély, c’est l’histoire de toute ma vie puisque je lui ai dédié toute ma carrière. Lorsque, fraichement diplômée, je suis arrivée sur mon tout 1er poste, le 1er juillet 1987, je fus agréablement surprise et séduite par l’ambiance conviviale de ce petit hôpital de proximité, tout à fait autonome et indépendant, très moderne et évolué aussi bien en terme de matériel, qu’en terme de conception des soins et de prise en charge des hospitalisés… où il faisait bon aussi bien d’y travailler que d’y être soigné.
Certes, ça n’a pas été facile tous les jours, et avec mes collègues, nous avons traversé des périodes de crise particulièrement difficiles ; mais avec l’écoute et le soutien de la direction, tous ensemble, tous solidaires et concernés, nous avons toujours réussi à les surmonter, tant pour défendre les intérêts et les projets de l’établissement, que ceux de notre propre service. Très investie dans la vie de cet hôpital, j’ai participé à divers et nombreux groupes de travail et de réflexion ; j’ai également suivi multiples formations dans le but d’améliorer toujours la qualité des soins, le confort, et la bonne prise en charge des hospitalisés.
Déjà bien ancrée dans le service, avant même sa reconversion en tant que service de MPR , en mars 1990, j’ai participé activement à l’élaboration du projet et à son développement, et j’en ai suivi toutes les étapes et l’évolution . Si j’ai choisi au final de lui consacrer toute ma carrière, c’est d’une part parce qu’il correspondait parfaitement à ma personnalité, et à ma propre conception des soins, au sein même de toute une équipe pluridisciplinaire ; d’autre part, parce que c’était un service en constante évolution, qui a su faire sa renommée, en tant que pôle de référence, de par la diversité des pathologies accueillies, la qualité des soins prodigués, et le développement progressif de ses nouvelles structures d’accueil que sont l’HDJ et l’ENVC .
C’est ainsi qu’à partir de 1994, j’ai eu l’opportunité de pouvoir aussi m’investir autrement et pleinement sur le projet de la structure d’HDJ, et de contribuer à son bon fonctionnement et à son développement.
Parallèlement à cela, en 1998, j’ai aussi repris en mains l’association SURF, « Soigner Unis en Rééducation Fonctionnelle », créée en 1988 et siégeant au sein même du service ; cette association que j’ai présidée activement et bénévolement pendant plus de 17 ans, a largement contribué à la renommée du service, et de l’établissement, par le biais des diverses actions menées par le personnel bénévole de MPR, au profit des hospitalisés et des personnes souffrant d’handicap ; à noter ma démission de ce poste de présidence, il y a seulement quelques mois de cela.
Malheureusement, depuis que le centre hospitalier de ST Jean a perdu sa totale autonomie en terme de direction, les conditions de travail se sont indéniablement fortement dégradées d’année en année. Aujourd’hui, comme beaucoup de mes collègues, je ne suis plus du tout en adéquation avec la gestion et la politique de soins qui sont menées au sein de l’établissement depuis une bonne dizaine d’années.
Fatiguée et aigrie par le système, je ne me trouve plus la vocation de poursuivre mon métier dans les conditions de travail telles que nous les subissons désormais ; c’est la raison pour laquelle je choisis de me retirer, et que j’ai donc fait ma demande de départ retraite, alors même que j’ai encore la chance de pouvoir bénéficier de ce choix et de ce « privilège ».
Certains verront peut être en cela une démarche quelque peu égoïste ; cependant, au terme d’une carrière menée activement et à temps plein pendant 35 ans, je pense aujourd’hui avoir rempli une bonne part de mon contrat et de mon engagement au sein de la fonction publique hospitalière.
Je tiens à exprimer le fait que je déplore fortement cette déshumanisation qui ne cesse de croitre au sein des hôpitaux, ce manque de considération, de respect, de soutien, d’écoute, et de communication, dont font preuve les personnels de direction et d’encadrement vis-à-vis du personnel soignant, mais également des hospitalisés, puisque, pour nous autres soignants, l'impact soignant-soigné est indissociable…
Et pendant toute cette longue période de crise sanitaire, où se trouvaient donc les membres de la direction et de l'encadrement ? et lors du grand déménagement de la MPR, imposé en pleine période critique, et que les équipes de soins et d'entretien ont su malgré tout mener sans incident, avec professionnalisme et dévouement ?
Au final, pas une seule petite visite de courtoisie, pas même le moindre petit geste d'encouragement, de sympathie et de soutien auprès des soignants ; même notre cadre de pole SSR volatilisé en pleine crise sanitaire !!??…
Je dénonce la mauvaise et l’incompréhensible gestion du personnel hospitalier, et des remplacements, dans les services de soins ...des intérimaires qui nous sont attribués lorsque le service n’en nécessite pas forcément, comme au plus fort de la crise sanitaire ; à coté de quoi, il nous faut enchainer de longues séries de travail, dans les moments les plus critiques, où nous aurions le plus besoin d’aide face au manque de personnel….
Je souligne les retards et les nombreuses erreurs de planning, le défaut de suivi et de mise à jour des compteurs, que les cadres, trop sollicités de part et autre, ne sont plus en capacité d’assumer correctement et de façon régulière ...
Je déplore également les nombreux oublis et erreurs commises par les services administratifs, auxquels nous sommes de plus en plus souvent confrontés, et vis-à-vis desquels nous avons tout intérêt à être vigilants (bulletins et paies erronés, défaut de suivi des courriers et dossiers…)…conséquence probable, là encore, du travail multitâche engendré par la compression de personnel ; en 2017, on a même oublié d’honorer ma demande et de me citer lors de la cérémonie de remise des médailles, à l’occasion de mes 30 ans de carrière !! Inutile de préciser que je n’ai pas fait de démarche pour que me soit remise ma médaille d’honneur pour mes 35 ans de carrière !! Qui, en effet, oserait prendre le risque de revivre pareille « humiliation » ? ...
Pour réparation, et par respect, je pourrais peut-être espérer que la surprise m’en soit faite prochainement à l’occasion de mon départ !!??... Mais en ce geste de reconnaissance, j’y crois d’autant moins que, depuis une bonne dizaine d’années, elle ne nous est même plus proposée si nous n’en faisons pas nous même la demande.
Je souhaite, à ce jour, que tous mes compteurs soient rapidement mis à jour, par validation notamment des heures de récupération qui me sont dues, afin que je puisse obtenir une date approximative de cessation d’activité, et préparer sereinement mon départ, dont la date butoir est fixée au 1er février 2022.
Avant de quitter l’établissement, j’ai toutefois une doléance à formuler, celle de pouvoir enfin suivre ma formation aux gestes d’urgence qui, sollicitée depuis plusieurs années, a été annulée et repoussée à maintes reprises, et qui m’avait donc été « promise » pour la session de décembre 2021…une demande, et un droit, que je souhaite fortement voire enfin honorée. »
Avant de partir en retraite, et de quitter l’établissement, cette IDE a été à 2 doigts de faire enfin la Formation tant attendue sur les « Gestes Urgences et secours».
Mais surtout elle se débat dans des méandres « administrativo-encadrementalo» pour faire respecter ses droits : elle se voit donc imposer de travailler 3j à Noel alors qu’il était prévu qu’elle cesse son activité avant ; elle subit une pression supplémentaire concernant les heures de ses compteurs GESTOR, soit pour les récupérer, soit pour se les faire payer.
Son histoire en devient un véritable feuilleton où manque de reconnaissance et non respect des droits entachent l’achèvement de cette belle et longue carrière.
« Reconnaitre et être reconnu au travail, c’est injecter de l’Humain dans le travail »
Lucie Legault