Sept maisons préhistoriques
Où vivaient vraiment les Hommes du Paléolithique?
Raconté pour vous par Cécile, le 25 janvier 2022 - temps de lecture : 3 mn
Quand ? Paléolithique inférieur et supérieur, Néolithique
Où ? France, Ukraine, Espagne, Israël
« Les Hommes préhistoriques habitaient dans des grottes ». Cette affirmation, que l'on retrouve dans les manuels scolaires du début du XXe s., est évidemment largement dépassée.
Les populations préhistoriques se déplaçaient beaucoup, et utilisaient de ce fait une grande diversité d’abris, soit naturels (abris sous roche en particulier), soit construits de leurs mains (tentes et huttes).
L’architecture des habitations et la nature des matériaux utilisés dépendaient des ressources disponibles, du climat ambiant, ainsi que du nombre de personnes à abriter et de la durée d’usage de ces maisons.
Voici un petit tour d’horizon des principaux habitats préhistoriques restitués et visitables en France.
1. La protection d'une grotte : à Tautavel, il y a 400 000 ans
Si aucune grotte n’a servi d’immeuble d’habitation à nos ancêtres, beaucoup ont tout de même été utilisées. Pourquoi se priver d’un toit et de murs tous faits et solides ? Simplement, ce n’est pas la profondeur des grottes qui était fréquentée, mais l’entrée, à proximité de la lumière et de l’air, évidemment.
L’une des plus anciennes connue est celle de la Caune de l’Arago, à Tautavel, dans les Pyrénées-Orientales, occupée il y a environ 400 000 ans, à la fin du Paléolithique inférieur. Cette grotte large, très haute et peu profonde a servi d’abri saisonnier, pendant plusieurs dizaines de milliers d’années, à des groupes d’Homo Erectus. Ils y ont allumé les premiers feux de l’Humanité et y ont même été inhumés.
2. Autour des premiers feux : les huttes de Terra Amata
Quasiment contemporain de celui de la grotte de Tautavel, le site de Terra Amata (Nice) est l’un des plus anciens campements de plein air aménagé découvert dans le monde. Il est d’abord célèbre parce qu’il abrite ce qui a longtemps été considéré comme le plus vieux feu domestiqué et entretenu par l’être humain.
Mais ce foyer était aussi au centre d’un campement d’une vingtaine de cabanes, matérialisées au sol par des alignements de gros blocs, qui devaient caler deux parois en pente, faites de branchages.
3. Une chambre bien isolée : la tente de la grotte du Lazaret
Quand on voulait vraiment s’isoler du reste du monde, quoi de mieux que de construire sa maison dans une grotte ? C’est ce qu’ont fait les habitants de la grotte du Lazaret (Nice), il y a quelques 150 000 ans.
Ces Homo Erectus, frileux peut-être, ne se sont pas contentés d’habiter l’entrée de la caverne : ils ont adossé, contre l’une des parois intérieures, une vaste hutte quadrangulaire.
Il en restait, au sol, les rangs de pierres retenant probablement une structure en branches couverte de peaux. On pense qu’il pouvait s’agir l’espace de repos (la chambre, en somme) du groupe vivant là, notamment parce que des litières d’algues (leurs lits ?) ont été retrouvées à l’intérieur.
4. Solides comme des mammouths : les cabanes à armatures en os
Ce sont certainement les plus impressionnantes des habitations préhistoriques : les huttes en ossements de mammouths recouverts de peaux, avec la porte constituée des grandes défenses de l’animal. Ces étonnantes maisons rondes d’environ 5-8 m de diamètre, sont l’œuvre de populations d’Europe centrale d’il y a 18 000 ans, vivant essentiellement en Ukraine, dans la vallée du Dniepr, et en Russie.
On espère qu’elles étaient bien isolées, car ces Hommes de la culture de Mezine vivaient sous un climat glaciaire ! Détail insolite : ils semblent avoir été quasi-sédentaires, ne s’éloignant de leur village de huttes que pour de courtes périodes.
En France, vous pouvez voir de très belles reconstitutions de ces habitations au paléosite de Saint-Césaire, en Charente-Maritime.
5. Étiolles, un campement de tentes rondes
Il y a 15 000 ans, à Étiolles, dans l’Essonne, des groupes d’hommes et de femmes du Magdalénien ont dressé leur camp de tentes sur le bord de la Seine. Ils y restaient le temps d’une saison, probablement, puis démontaient les tentes, de peau et de bois, et s’en allaient. Le site présentait toutefois un attrait majeur, car ils y sont revenus de très nombreuses fois : on a compté au moins 8 campements superposés !
L’intérieur des petites maisons rondes a été très bien compris : il y avait un foyer au centre, un bord consacré à la préparation des repas, un autre à la finition des outils de silex. A l’extérieur se trouvaient les zones de travail de boucherie et de traitement des peaux des animaux tués à la chasse et pour les premières étapes du façonnage du silex.
6. Des maisons vues par leurs habitants
Découvertes rarissimes, il existe deux cas, jusqu’ici répertoriés, d’art pariétal semblant représenter des habitats paléolithiques. Le premier est celui de la grotte de la Mouthe (Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne) ; le second, celui de la grotte de Moli del Salt, en Espagne, près de Barcelone.
A Moli del Salt, c’est une petite plaquette de 18 cm sur 8,5 qui sert de support à l’œuvre. Il s’agit de 7 formes gravées, en demi-sphères, évoquant un campement de huttes rondes, comme on en connaît par ailleurs.
A vous de juger s’il s’agit bien d’habitations dans les deux cas… C’est une hypothèse séduisante et probable, mais de toute façon, personne ne reviendra jamais dire si l’intuition était bonne ! Attendons de nouvelles découvertes, peut-être plus explicites.
7. Les premières maisons fixes
L’architecture des maisons de la zone méditerranéenne, à la fin de la Préhistoire, est un peu différente. Le site d’Eynan (Ain-Mallaha) en Israël, est représentatif de la fin de la période natoufienne, vers 12 000 - 10 000 av. J.-C. Il regroupe plusieurs maisons circulaires ou semi circulaires construites sur poteaux porteurs.
Leur particularité est d’avoir été habitées à l’année : ce sont les premières traces effectives de sédentarité. L’agriculture ne s’était pas encore vraiment développée, mais les habitants devaient trouver sur place de quoi subsister en toutes saisons.
Ces hameaux de cabanes de bois sont les ancêtres des premiers villages de pierre et torchis, qui apparaissent dans la région très peu de temps après.
En dehors des sites français cités au-dessus (Tautavel, Terra Amata et Le Lazaret), vous pourrez aussi admirer de nombreuses reconstitutions d’habitations variées du Paléolithique dans différents musées et archéosparcs consacrés à la Préhistoire, dont Brassempouy (Landes), Quinson (Alpes de Haute-Provence), Samara (Somme), Saint-Césaire (Charente-Maritime), Tarascon-sur-Ariège (Ariège), Tursac (Dordogne) ou Malansac (Morbihan).
Et notre bonus ? Notre vidéo consacrée au site du Roc-de-Sers (Charente), qui vous montrera un autre abri-sous-roche habité durant le Solutréen, durant la dernière glaciation.