La Belgique en 7 invitations au voyage...dans le temps
Raconté pour vous par Cécile, le 27 août 2021 - temps de lecture : 4 mn
Quand ? de 15 000 avant notre ère au XVIIe siècle - Où ? Partout en Belgique
1. Les grottes de Han : 15 000 ans d'histoire
Gros coup de cœur pour ce site géologique et archéologique exceptionnel, qui illustre bien toute la magie et l’attraction qu’ont exercé les cavernes sur nos ancêtres !
Les grottes de Han (Han-sur-Lesse, commune de Rochefort) sont d’abord une merveille naturelle : un réseau visitables de salles souterraines creusées par la rivière Lesse, qui coule toujours à l’intérieur, toutes plus magnifiques les unes que les autres.
C’est ainsi que la visite associe un musée archéologique et une féérique mise en scène des formations naturelles.
Mais c’est aussi un gisement archéologique riche et très particulier : la quasi-totalité des découvertes effectuées proviennent d’explorations subaquatiques du cours souterrain de la Lesse.
La grotte a ainsi été fréquentée depuis le Paléolithique supérieur récent (vers 15 000 / vers 11 500 ans avant le présent).
Des communautés ont ensuite investi certaines salles de manière plus régulière à partir de la fin du Néolithique, mais surtout à partir de à l’Âge du Bronze final, il y a environ 3 000 ans, puis durant tout l’Âge du Fer et même une partie de l’époque gallo-romaine.
La très grande quantité d’objets de ces époques protohistoriques et antiques montrent que les salles et trous d’eau étaient utilisés comme des sanctuaires où des offrandes étaient déposées.
2. Les mines néolithiques de Spiennes
Voici vraiment un site d’exception, classé au patrimoine mondial de l’Unesco : les mines de silex néolithiques de Spiennes !
D’abord, les vestiges sont spectaculaires, mais c’est aussi l’une des exploitations minières de grande envergure parmi les plus anciennes et les plus étendues d’Europe.
Les gisements ont en effet été exploités pendant 1 000 ans, entre 6350 et 4300 ans avant le présent.
Après tout, c’est vrai qu’on sait que les Hommes de la Préhistoire, partout en Europe, faisaient du feu et façonnaient des outils en utilisant du silex, mais on se demande rarement comment ils se le procuraient, car ça ne se trouve pas partout, le silex !
A Spiennes, les communautés de mineurs exploitaient des filons espacés de plusieurs kilomètres. Les bancs de silex étaient atteints par des puits verticaux prolongés par des galeries horizontales.
Mais les vestiges de ces grandes entreprises ne se limitent pas au travail souterrain : en surface, les champs autour de Spiennes sont recouverts de millions de fragments de silex. Ce sont les déchets des ateliers de taille associés !
Les artisans étaient spécialisés dans la production de grandes haches et de lames, un outillage caractéristique de l’évolution des sociétés agricoles en formation du Néolithique.
En France, un très beau site ressemble à Spiennes : celui du Grand Pressigny, à retrouver dans "Nos coups de cœur".
3. Les mégalithes de Wéris
Le Néolithique est aussi représenté en Belgique par quelques très beaux mégalithes, dont le grand site de Wéris, à Durbuy. Dans une bande d’environ 8 km de long et 300 m de large, on retrouve tout autour du musée (la Maison des Mégalithes), des menhirs isolés ou regroupés, des alignements et deux belles allées couvertes.
La pierre dont sont faits les blocs est étonnante : c’est un poudingue très grossier, c'est-à-dire une sorte de béton naturel cimentant entre eux de gros galets. De ce fait, les constructions ne sont pas lisses et ont un aspect massif et irrégulier, ce qui leur donne une étrange apparence torturée.
4. L'Âge du Fer, des vivants aux défunts : Peer et Aubechies
« De tous les peuples de la Gaule, ce sont les Belges les plus braves ». Cette citation célèbre de Jules César, connue aussi bien des érudits que des amateurs d’Astérix, témoigne de l’importance et de l’organisation des peuples celtes qui occupaient l’actuelle Belgique. Pour découvrir leurs modes de vie et suivre leur évolution sur quelques 700 ans, d’environ 750 av. J.-C. à la conquête romaine, nous vous proposons deux sites différents.
Les tombes sous tumulus des élites celtes pourront d’abord être admirées sur site à Peer, en parcourant la jolie balade de Hoksent-Molhem, qui fait découvrir dans la forêt 5 tertres funéraires élevés entre 800 et 500 av. J.-C., dont le mobilier est au musée de Tongres.
Mais nous vous recommandons surtout de visiter l’archéosite d’Aubechies-Beloeil, qui présente de remarquables reconstitutions grandeur nature (avec animations !) de différents bâtiments celtes et romains, faisant le lien entre les deux périodes.
Avec le musée des Celtes de Libramont (actuellement fermé pour rénovation), ce sont sans doute les espaces où la vie des Belges pré-romains est la mieux mise en valeur pour le grand public.
5. Petit tour en Gaule Belgique
Les Romains ont eu fort à faire contre les Belges, en particulier le peuple des Eburons, dont la capitale est devenue Tongres (Atuatuca Tongrorum), après la conquête.
Il reste de la ville romaine un très bel aqueduc, de grands pans de l’enceinte, mais surtout la reconstitution partielle du grand temple du forum de la ville. Le très riche mobilier mis au jour dans la ville est exposé au musée de Tongres.
A côté de ces vestiges très classiques, les alentours de Tongres permettent de découvrir un trait culturel belge original : l’inhumation sous tumulus. En effet en Belgique, la majorité des grands tertres funéraires encore en élévation ne sont ni du Néolithique, ni de l’Âge du Fer. Ce sont les tombeaux monumentaux des élites rurales belgo-romaines, qui ont prolongés jusqu’au IIe s. cette coutume vieilles de plusieurs siècles.
Quelques kilomètres à l’ouest, sur la commune de Gigelhom, le groupe des 6 tumulus de l’Avernassetom (dit aussi Tom van Montenaken ou Tumulus de Cortis), les Twee Tommen et les Drie Tommen donnent encore de beaux exemples de ces sépultures hors-norme.
Sur chaque site, de belles explications complètent la découverte.
6. Les vicissitudes de l'abbaye Saint-Bavon
Gand/Gent est une très belle ville, connue pour ses canaux, son centre historique et son impressionnant château, qui domine la cité marchande.
Au cœur de la ville et au confluent de la Lys et de l’Escaut, n’oubliez pas non plus l’abbaye Saint-Bavon, havre de calme et de verdure, à côté de la cathédrale. C’est l’occasion de découvrir l’un des plus vieux monastères de Belgique : il date en effet du VIIe s., c'est-à-dire de l’époque mérovingienne !
Les vestiges que l’on visite sont cependant plus tardifs : le très épuré réfectoire date des époques romane et gothique (XI-XIIIe s.), tandis que le paisible cloître apparaît dans son état du XVe s.
Après des siècles de prospérité, l’abbaye a été démantelée en 1540 par l’empereur Charles Quint durant l’occupation espagnole des Flandres, pour faire place à une citadelle.
Les superbes parties qui subsistent de nos jours sont réapparues lors de la destruction de la forteresse, au XIXe s.
Ces vestiges ne sont qu’un pâle reflet de la splendeur ancienne de l’abbaye, mais possèdent un charme insoupçonnés.
7. Un château souterrain en plein Bruxelles : le Coudenberg
Nous vous parlons pour finir d’un monument fantôme : le château des ducs de Brabant, établi au XIIe s. L’édifice a fait l’objet de somptueux embellissements sous la domination des Ducs de Bourgogne au XIVe s., et il deviendra ensuite le palais de Charles Quint, au XVIe s.
Pourtant, vous ne le trouverez nulle part dans la ville.
Où est passé le Coudenberg ?
Après avoir entièrement brûlé en 1731, ses vestiges ont été abandonnés puis rasés pour faire place à la fin du XVIIIe s. à un nouveau programme d’urbanisme : celui de la Place Royale, telle qu’on la voit aujourd’hui.
Pourtant, une partie du château est encore visitable… Dans les sous-sols des bâtiments néo-classiques, sous les remblais apportés pour niveler le terrain dans les années 1770, se trouvent encore des portions entières du palais de Charles Quint !
On déambule donc dans ce qui semble être des caves, mais qui sont en réalité la chapelle royale, le corps de logis ou les sous-sols de la grande salle d’apparat. On découvre même une rue, qui était à l’origine en plein air et qui est maintenant souterraine.
L’effet est très impressionnant !