Je viens vous dire ici l'amour de ma maison
Avec sa large cour, sa vieille bergerie,
Et son fenil rempli des parfums de prairie
Qui changent tous les ans à chaque fenaison.
On survole le temps saison après saison,
Bétail à l'étable, chevaux à l'écurie,
Au terrain caillouteux la maison se marie
Couronnée de son toit vieilli sous l'horizon.
Maison tendre à l'accueil, avec un cœur en or
Avec son vaisselier et sa riche crédence,
Les murs en garderont la pieuse souvenance.
Avec un petit bois qui l'abrite du nord,
Son allée de noyers, son jardin et sa treille,
Elle a le charme exquis d'une petite vieille.
MA VIEILLE EGLISE
Elle n'est qu'une église, une église rurale
Bâtie avec l'amour et la ferveur mystique
Vers le ciel élevée par des voutes gothiques
L'architecte en fait une humble cathédrale.
Témoignage puissant d'une foi ancestrale
Sanctuaire empli de paroles bibliques
De chants grégoriens, de motets, de cantiques,
Elle rêve aujourd'hui de missions pastorales.
Combien elle a connu des hommes le baptême,
Mariage, Communion, et puis départ extrême
Et les jours de missions par le culte ordonnés !
Et pour qu'on n'oublie pas la foi évangélique,
Les angélus de paix à la cloche électrique,
Matin, midi et soir sont encore sonnés.
JEU DE GLACE
Qui est-il ce vieillard, ce vieux qui me fait face
Avec des cheveux blancs, un visage ridé
Et des yeux sans regard que la vie a vidés
Une bouche édentée, un menton qui s'efface ?
Qui es-tu homme usé à la triste grimace
A me fixer des yeux ainsi qu'un bovidé ?
Et quel est ce hasard qui vers toi ma guidé
Pour venir me narguer en occupant ma place ?
Je ne te connais pas et ne veux te connaître
Va-t-en, éloigne toi, va rejoindre ton maître !
Car tu n'es pas mon frère, je ne te connais pas.
Cet immonde vieillard que je vois dans ma glace,
Est ce moi qui attends que le présent s'efface
Ou la mort qui m'attend sur la route là-bas ?