Henri Astruc, dans son livre « Les pigeonniers tarnais ›› publié en 1969 avait répertorié quinze pigeonniers sur la commune de Labastide Gabausse. Une dizaine d'entre eux n’avaient pas été mentionnés car ils étaient inclus dans les bâtiments des fermes ou situés à la périphérie de la commune «Grand chemin», le "Pouzat",... Les photos de nos pigeonniers prises à cette époque révélaient que beaucoup présentaient des toitures en mauvais état mettant en danger les charpentes et les bâtisses.
Trente ans se sont écoulés depuis, et en 1999 beaucoup de ces bâtiments ont été restaurés. Si certains d'entre eux ont retrouvé leur apparence primitive, d’autres ont subi des transformations au cours des réparations. Des pigeonniers ont vu leur toiture, qui était autrefois un clocheton ou un plan incliné, ramenée en un simple toit à une ou deux pentes, soit parce que le coût des réparations s'avérait trop onéreux pour le propriétaire, soit pour des mesures de protection du bâtiment : la pluie rentrait dans les combles lors des orages, pour les façades orientées à l'ouest. Quelques pigeonniers auraient besoin encore de réparations de nos jours : il serait dommage qu'ils disparaissent à jamais du paysage de Labastide.
Nous pouvons dire que chaque hameau de la commune a «son ›› ou << ses ›> pigeonniers : type toulousain, type gaillacois, tours cylindriques. Beaucoup ont été construits au siècle dernier ou au début du XXème siècle mais celui du << Colombié» doit être l’un des plus anciens. Dans le cadastre du château de << la Feuillée >› de l673 on relève la métairie du << Colombié ›› qui appartenait alors à Marie-Anne d’Urfé «seigneuresse» de Labastide et un pigeonnier de maître Cransac, maître mâcon de << la Tréminié ››. Sur le cadastre Napoléon de 1812 sont mentionnés des pigeonniers aux lieux-dits suivants «château de la feuillée . << le Pouzat ››, Lafon ›› et « la Garriguié »
L’élevage des pigeons est très ancien. Le pigeon animal domestique était non seulement prisé pour sa chair, mais aussi pour la << colombine >›, engrais naturel utilisé pour la culture de la vigne et du chanvre. Les hommes ont remarqué que ces oiseaux fiers et nobles préfèrent habiter des lieux élevés. Les artisans locaux ont construit pour eux des pigeonniers, en rivalisant d'ingéniosité et en exprimant tout leur savoir-faire. Ces maçons et ces charpentiers se sont distingués en bâtissant des ouvrages remarquables, édifiant clochetons, tours carrées, tours cylindriques, utilisant des matériaux différents et inusités dans la région, comme la brique, le grès ou l'ardoise.
Les pigeonniers qui émergent au-dessus des hameaux et des fermes confèrent au paysage de Labastide Gabausse un panorama admirable. Beaucoup, aujourd'hui ne sont plus habités. Comme par le passé, il existe des gens qui aiment la présence des pigeons, et d’autres qui la contestent pour des raisons diverses. Autrefois, les pigeonneaux, appréciés pour leur chair fine, étaient vendus sur les marchés de Carmaux le vendredi et représentaient un revenu supplémentaire pour les propriétaires. De nos Jours, ils ne sont plus rentables et l’agriculture moderne ne favorise pas leur reproduction.
Dans la commune, beaucoup de façades de maisons, de pignons de granges, d 'angles de bâtiments, construits au siècle dernier ou au début de celui-ci, sont aussi ornés de larmiers et de lucarnes remarquables. Les pigeons nichent encore dans les boulins, petites cases aménagées dans les murs à l’intérieur des combles des maisons et des granges. Ils restent fidèles aux endroits ou ils naissent et se sentent protégés.
La présence d'un vol de pigeons reste toujours une image merveilleuse dans le ciel de Labastide. A la belle saison, en fin d`après-midi, les oiseaux se regroupent souvent sur une toiture orientée au sud et offrent un spectacle charmant .On peut entendre leur roucoulement et admirer leur beau plumage. Les colombins sont gris bleu, au Jabot mordoré, certains sont roux, d’autres blancs et noirs ou encore roux et blancs. Quelques uns entièrement blancs, sont de véritables colombes. Au crépuscule, les pigeons s’envolent vers leur abri. Ils se posent avec habileté sur les rebords étroits des larmiers, puis se faufilent par les trous des lucarnes pour passer paisiblement la nuit entière dans leur pigeonnier.