C'est en 1989 qu'il a contribué à la création de notre association de défense du patrimoine "Bastidols" dont il fut l'un des piliers. Jacques PORTES autodidacte, s'adonnait à la peinture mais aussi à la poésie. Toute sa vie fut marquée par l'engagement social : création et participation à la construction de la M.J.C dans les années 1950, création de l'association Protection du Patrimoine en 1989.
Robert Fabre rédacteur de la Revue du Tarn a écrit la préface de son second recueil "L'herbier". Il décrit bien l'homme que fut Jacques PORTES qui nous a quitté en septembre 2006.
PAYSAN-ARTISTE, MON AMI
Durant trente ans, j'ai côtoyé Jacques, depuis mon installation à Labastide-Gabausse Haute, à deux pas de la ferme natale qui fut le cadre de toute sa vie. Il m'a donné de son amitié.
J'ai connu Jacques Portes, Directeur de la Maison des Jeunes et de la Culture, dont il avait été avec d'autres jeunes du village, fondateur et constructeur (de leurs mains) dans les années 50.
J'ai connu Jacques, sportif pratiquant puis entraîneur de l'équipe de basket locale.
J'ai connu Jacques, galvaniseur des énergies, donnant de sa personne et entraînant pour entreprendre et réussir quelque chose, pour la commune. Dans les années 90, il fut un peu le père de l'association de défense du patrimoine "Bastidols". Cette dernière sait ce qu'elle lui doit, en l'éditant pour la deuxième fois.
Jacques Portes fut tout cela mais d'abord jusqu'à sa retraite professionnelle un paysan. Fils de paysan, il est resté paysan à la tête de la petite exploitation familiale du causse, où l'on faisait un peu de tout, blé, vigne, élevage, à deux pas des carrières de chaux qui rongent peu à peu l'espace.
Ici, sur cette terre calcaire rocailleuse tout est blanc, sauf les verdoyantes vallées argileuses creusées par les ruisseaux, tel la Zère.
Vie professionnelle ingrate (Jacques a-t-il choisi ce métier qu'il a pourtant aimé ?) et vie prenante ; engagement culturel au service de la communauté, telles furent les conditions de maturation et d'accomplissement de l’œuvre.... car Jacques Portes est un artiste, un dessinateur, un peintre et aussi un poète. Autodidacte complet il a su lire et regarder avant d'entrer en création.Pour le dessin et la peinture, les rudiments lui furent donnés par un artiste peintre réfugié juif avec sa famille, dans la ferme de Labastide, durant les années noires. Jacques a travaillé ensuite tout seul, puis avec les Amis des Arts de Carmaux, avec lesquels il a noué des amitiés fortes. Pendant longtemps il n'a pas montré ses œuvres (fusains, sanguines, pastels, aquarelles). Lorsque ont commencé les expositions de peintures de la MJC, les fameuses "Cimaises libres" dont il fut un des créateurs et l'âme jusqu'au bout (elles ont duré 23 ans et furent la première des expositions de village, dont la qualité n'a jamais baissé) il présentait timidement quelques tableaux. Quelques uns ont figuré aussi dans les expositions du Carmausin et de l'Albgeois, le reste était chez lui dans ses cartons ou suspendu au mur de la cuisine qui était sa pièce à vivre et galerie personnelle. Précision du dessin ! un beau coup de crayon qui lui a fait essayer le portrait ou le dessin animalier, mais aussi les maisons de pierre, les paysages de Labastide. Le chromatisme est léger comme pour souligner le trait.
Dans le recueil de poésies "L'herbier", quelques dessins accompagnent la poésie, qui avait pour lui autant d'importance que l'art graphique.
"Vertes Vendanges", le premier recueil avait été remarqué dès sa parution. Jean ROQUES dans la "Dépêche" en avait souligné les qualités poétiques, un lyrisme souriant qui faisait entrer directement dans l’œuvre.
L'académie des Jeux Floraux de Toulouse a honoré de récompenses et distinctions plusieurs poésies et la "Revue du Tarn" en a aussi publié une demi douzaine.
Jacques nous a quitté fin septembre 2006. Ses amis, les "Bastidols", ont rassemblé croquis, peintures et poèmes pour un deuxième recueil intitulé "L'Herbier".
C'est Claudine VILLOT, qui en collaboration avec Jacques a fait le premier travail de tri et de mise en forme ; les autres membres de l'association, autour du Président André NASSIVET et de Reine TOURNIER, ont œuvré à la réalisation de ce projet et bouclé ce chantier, pas toujours terminé par l'artiste, ce qui démontre à qui l'ignorerait que la création n'est pas un jet définitif mais qu'il faut polir et repolir, "cent fois sur le métier remettez votre ouvrage ! ". Enfin sa nièce a apporté une dernière touche à l’œuvre.
C'est l'homme seul qu'on trouve dans les poèmes, celui qui cherche, qui rêve d'un monde meilleurs, celui qui vit le spleen et la solitude souvent profonde, dans la "Boutiguière", l'ostal trop grand, une fois les parents disparus.
Les saisons se succèdent, le vent accentue la mélancolie, mais les travaux de la ferme accaparent et l’œuvre de Jacques glorifie le travail paysan.
Il y a la famille, la figure forte du père et la douceur de la mère. Eux partis, reste la liberté chère à payer souvent, parce qu’elle se vit seul...
Ci-dessous quelques poèmes illustrant les talents de notre ami Jacques