Les « choses » changent .…

Date de publication : Jun 25, 2014 1:40:57 PM

C’était il y a tout juste un an. Je reçois un mail de mon fils qui était en Thaïlande. Il faut d’abord que je vous dise. Mon fils a 25 ans et il est moine dans la communauté de notre maître Thich Nhat Hanh. La pleine conscience, c’est son “job”.

A ce moment-là, il était facilitateur dans un groupe d’enseignants thaï venus pour une retraite sur le thème de la pleine conscience dans l’éducation. Et il m’explique qu’il regrettait que leurs échanges restent très théoriques et que les enseignants avaient du mal à voir comment ils pouvaient mettre tout ça en pratique concrètement dans leur classe. Il regrettait de n’avoir aucune expérience dans ce domaine à partager. Il me demandait que je lui raconte des anecdotes. Des anecdotes qui racontait ma pratique de la pleine conscience avec mes élèves dans les écoles où j’avais travaillé; des anecdotes qui parlaient de mes réussites et de mes difficultés. Et tout ça, là maintenant, parce que la retraite se terminait dans deux jours !

Dans un réflexe complètement archaïque, j’ai sorti ma cape de “super maman” pour voler à son secours et j’ai écrit. J’ai écrit 3 petites anecdotes dans un mail que je lui ai très vite adressé. Et j’ai oublié. Plusieurs jours plus tard, je reçois un nouveau mail : “maman, merci merci!!! ça nous a beaucoup aidés, moi comme les enseignants ! Il faut que tu écrives tout ça, stp. Il faut que tu témoignes. Fais un livre !”.

Euh ….. !!! C’est une chose que de répondre à un mail. C’était tout autre chose d’écrire “un livre” sur un tel sujet !

Et puis, il faut bien le dire, je touchais là quelque chose qui restait malgré tout bien douloureux : mon expérience dans l’éducation nationale. Et mon premier réflexe fut la fuite!

J’avais mené ces expériences de pleine conscience à l’école très discrètement. Je suivais à l’époque un chemin et je ne pouvais plus faire autrement. C’était devenu une question de survie personnelle : “être en accord avec moi-même” plus que de faire plaisir aux autres pour être comprise et acceptée. Je mesurais mon décalage quotidiennement et ce n’était pas toujours confortable.

Ecrire mes expériences de pleine conscience à l’école, c’était aussi re-visiter tout ça. Il allait me falloir beaucoup de courage pour replonger dans ces souvenirs.

Je me suis lancée avec le support de mon fan club préféré : mes 3 enfants et quelques amis. Sans leurs encouragements, sans leur enthousiasme, je n’aurais jamais rien écrit.

Je me suis alors rendue compte en écrivant à quel point l’écriture pouvait être guérissante.

C’était une façon pour moi de donner un sens plus positif à ce que j’avais vécu.

Ainsi, j’étais toute surprise de me re-lire avec ma compréhension d’aujourd’hui et de me dire “Mais c’était pas si mal vu les conditions du moment !!!”.

Parce que c’était bien ça, le fond de l’histoire : les conditions du moment.

Il me fallait bien reconsidérer la situation aujourd’hui. Quelque chose était en train de changer. Aucun feu d’artifice n’accompagnait ce changement, pas de fanfare; la pleine conscience ne faisait pas non plus la Une du journal de 20h mais quelque chose était en train de changer :

Je rencontrai de plus en plus d’enseignants ayant expérimenté ces pratiques et surtout de plus en plus d’enseignants demandeurs et “prêts” à expérimenter, des jeunes enseignants différents et enthousiastes qui n’attendaient que ça.

Et puis, des vidéos d’expériences sont venues à moi. Des vidéos où l’on voit des enfants méditer en classe ou faire du taï chi le matin en arrivant à l’école; des vidéos, des articles, de nouveaux sites internet parlant de pleine conscience dans l’éducation. Et même des personnes du monde politique, comme Jacques Attali, qui encourageait ces pratiques en classe; des expériences un peu partout en France qui s’exposaient de plus en plus.

Les choses étaient en train de changer. Pour certains, la pleine conscience étaient même devenue très “tendance”! Tout ça cohabitait avec d’autres réalités plus « traditionnelles »; autant de réalités différentes qui se juxtaposaient.

C’était en train de changer. C’était subtil et profond.

Finalement, le message est arrivé très clairement par la voix de soeur Giac Nghiem dimanche dernier pendant son enseignement à la maison de l’inspir : Ne pas lâcher nos projets, ceux qui sont là au fond de nos coeurs. Il se peut que les conditions ne soient pas réunies et puis un jour, on ne sait pas trop pourquoi, elles sont toutes là! Et c’est la manifestation!

Message bien reçu, chère soeur.

Pascale.