Tai Ji Quan
Rien n'est plus souple et plus faible que l'eau,
mais pour enlever le dur et le fort, rien ne la surpasse
et rien ne saurait la remplacer.
La faiblesse a raison de la force, la souplesse a raison de la dureté.
Tout le monde le sait mais personne ne peut le mettre en pratique.
LAO ZI
Le Tai Ji Quan (anciennement orthographié Tai Chi Chuan) est un art martial chinois interne qui privilégie l'utilisation d'une force "souple".
Le nom se traduit par "boxe du faîte suprême" et son origine est très ancienne, comme celle de la plupart des arts martiaux.
Loin d'être une simple gymnastique, le Tai Ji, en plus d'être un art martial, est aussi un art de vivre en bonne santé, dans l'équilibre du corps et de l'esprit.
L'histoire
Selon une légende, le Tai Ji serait né au 12ème siècle.
Un moine taoïste, ZHANG Sanfeng était en méditation sur le mont Wudang. Il fut dérangé par des bruits provenant du combat entre un serpent et un oiseau (pie ou grue suivant les versions). C'est en observant les mouvements du serpent, souples et sinueux, combinant attaques et esquives rapides, que lui serait venue l'idée d'utiliser ces principes dans un art martial qui serait devenu le Tai Ji.
Mais beaucoup d'historiens s'accordent sur le fait que le Tai Ji serait né dans le village de Chenjiagou, province du Henan, près de Wenxian.
En 1372, CHEN Bu , expert en arts martiaux, s'y installa comme commandant de la garnison locale. Ses connaissances dans l'art du combat furent transmises au fil des générations.
Au début du 17ème siècle, un de ses descendants, CHEN Wangting (1600 – 1680), va faire évoluer la pratique. Il associe un enchaînement de 108 formes de Chang Quan (un des nombreux styles de Gong Fu) à des principes tirés du Yi Jing (théories du Yin et du Yang et des 5 éléments), de la théorie des méridiens d'acupuncture, du Dao Yin (travail sur la circulation de l'énergie interne) et du Tu Na (techniques respiratoires).
Le résultat est un ensemble comprenant 6 enchaînements de base à mains nues, 5 techniques de ''mains collantes'' (Tui Shou), une technique de ''lances collantes'' et des enchaînements avec armes: épée, sabre, lance, bâton.
C'est une alliance du Yin et du Yang, de la souplesse et de la force, conduisant à une conception globalisante et dynamique du corps humain, considéré comme un tout en perpétuel mouvement: ''dans le Yang, il y a du Yin; dans le Yin il y a du Yang'' ou encore, ''le Yang poussé à son extrême devient Yin; le Yin poussé à son extrême devient Yang''.
L'évolution
Pendant longtemps, les techniques de combat ont fait partie des secrets de famille.
Au 19ème siècle, un descendant de la famille Chen, CHEN Changxing (1771 – 1853) a eu un domestique, YANG Luchan (1799 – 1872), qui, dit-on, apprit la technique en espionnant la famille Chen pendant ses séances d'entraînement.
Vers 1850, il quitte la famille Chen pour s'installer à Pékin où il enseigne son art.
Le Tai Ji a eu très rapidement du succès auprès de l'aristocratie mais ne s'est diffusé dans le public qu'après la chute de l'empire Qing en 1911.
Au fil du temps, le Tai Ji est devenu un art de santé. Certains expliquent cette évolution par la perte de techniques telles que ''saisir les tendons (Zhua Jin)'', ''presser les méridiens (An Mai)'' ou ''obturer les points vitaux (Bi Xue)'' ou d'enchaînements tels que le poing cannon (Pao Chui), les formes basses ou rapides.
En fait les raisons les plus probables sont:
- l'évolution de la société faisant que les individus cherchent plus à améliorer leur santé qu'à combattre
- le changement du mode de transmission du Tai Ji: autrefois, de ''maître à disciple'' puis ensuite, de ''professeur à élève'' ce qui a contribué à la popularisation de l'enseignement et à sa codification au sein d'écoles calquant leurs méthodes d'entrainement sur celles des écoles de gymnastique.
Les différents styles
Les principaux styles de Tai Ji sont:
CHEN de CHEN Wangting (1600 – 1680)
YANG de YANG Luchan (1799 – 1872)
WU de WU Yuxiang (1812 – 1880), appelé aussi WU Hao
WU de WU Jianquan (1870 – 1942)
SUN de SUN Lutang (1861 – 1932)
LI de LI Ruidong (1851 – 1917)