Histoire

L’histoire d’une paroisse fait partie de celle de toutes les familles qui y ont appartenu. Pour se renseigner sur les débuts de Ste-Elizabeth, on a dû feuilleter les anciennes publications, comme La Liberté et Les Cloches de St-Boniface, ainsi que puiser dans les souvenirs des anciens, principalement de Mme. Clarinda Désaulniers qui vit bien ses quatre-vingt-quinze ans, et qui est en résidence chez les religieuses Oblates à Ile-des- Chênes. Un document de travail accompli en 1970 par deux enfants de la paroisse, Doris et René Dupuis, nous a fourni beaucoup d’informations.

La paroisse de Ste-Elizabeth, telle que constituée au début, formait un rectangle de douze sections de longueur par huit sections de largeur et au point central, entre les deux municipalités Montcalm et De Salaberry, on fixa un petit village. C’est vers 1898, que cette paroisse a vu le jour, alors que M. l’Abbé Adélard Fournier, venait célébrer la messe dans la résidence de M. et Mme. Adolphe Lacharité. Cette famille mérite bien notre reconaissance pour son hospitalité et son dévouement envers le missionnaire et les premiers colons de la région.

Vers 1901, Ste-Elizabeth était officiellement érigée en paroisse par son fondateur, M. l’Abbé David Fillion, curé de Saint-Jean-Baptiste. Un presbytère, avec une chapelle dans le haut fut construit et Mgr. Adélard Langevin nomma comme premier curé résident, M. l’Abbé Elie Rocan, natif de Montréal, et le premier prêtre sorti du Collège de St-Boniface. Le curé de Saint-Pierre montra son intérêt pour cette nouvelle paroisse en faisant don de la statue de Ste-Elizabeth, d’un vestiaire, de deux tableaux en peinture, etc, ..

L’Abbé David Fillion a donné la lampe du sanctuaire et l’Abbé Martin de St. Joseph a donné le premier autel.

Aux Archives de St-Boniface, on rapporte une assemblée, en août 1901, pour discuter de la construction d’un bâtiment de soixanate-six pieds sur vingt pieds, qui devait servir de grainerie, d’écurie et de remise. Le coût total ne devait pas excéder six cent dollars. Chaque paroissien devait payer, en novembre, la somme de cinq dollars pour écouler cette dette. Cette construction est devenue plus tard notre salle paroissiale.

En 1902, c’est la première visite pastorale de l’évêque. Vingt-neuf paroissiens, dont plusieurs adultes, sont confirmés. La dette de la paroise s’élève à treize cent dollars pour la maison-chapelle et pour les bâtiments. À cette occasion, c’est la bénédiction de la première cloche en acier au coût de $125,00 et pesant 1400 livres. La grande messe fut chantée par les Trappistes de St-Norbert. M. l’Abbé Sauvé a joué de l’harmonium et M. Audet a lu l’adresse des paroissiens.

C’est durant l’été 1903, qu’on entreprit de construire la première église que mesurait soixante-dix pied sur quarante. L’Eglise nouvelle a coûté plus de $3,500. Son intérieur et son clocher ne sont pas encore terminés en 1905 quand l’évêque revint pour administrer la confirmation à vingt-cinq paroissiens. Cette paroisse compte alors 47 familles et 324 âmes. L’année suivante, on célèbre la bénédiction d’une nouvelle cloche de bronze, pesant 600 livres et sortie des ateliers de Mans, France. Les noms de la cloche sont : Adélard, Elisabeth, Marie, Joseph, Elie, et Maxime. On signale la présence de neuf prêtres à cette cérémonie. M. Maxime Rocan, père de notre curé, et d’autres dignitaires sont aussi présents.

En décembre 1909, on souligne le dixième anniversaire de la paroisse en inaugurant un autel neuf au coût de $175, fabriqué à Ste. Hyacinthe, P. Q. payé par les Dames de Ste-Anne et les Enfants de Marie de la paroisse. Du fait que cette paroisse tire ses origines des paroisses de St-Pierre et de St-Jean-Baptiste, et aussi pour conserver la mémoire de leurs curés bienfaiteurs, on consacra trois statues qui ornaient cette première église. La statue de Saint-Pierre, Odilon et Joséphat Desaulniers, celle de Saint-Pierre fut données par deux frères, anciens de St-Pierre, Odilon et Joséphat Desaulniers, celle de Saint-Jean-Baptiste, Octavien et Gaspard Bérard; et celle de Sainte-Elizabeth fut payée par la collecte du jour, $ 35.

On remarque la solennité qu’on accordait à ce temps-là, à la visite de l’évêque. Souvent des arcs de triomphe étaient installés pour l’occasion et on se devait d’aller en groupe à sa rencontre et de l’accompagner à son départ. Une ancienne se rappelle l’arrivée de l’évêque accompagné de M. l’Abbé Desrosiers, venant d’Aubigny avec deux beaux petits chevaux fringants. Un homme sonnait la cloche de l’église dès qu’il apercevait l’approche du visiteur distingué. Voilà que, cette fois, la corde se cassa. Alors, cet homme monta dans le clocher pour sonner la cloche, à la main.

Le journal La Liberté, nous rapporte qu’en 1913, le clocher de l’église est terminé. Pour ce travail difficile, on a eu recours à M. Pierre Gagné de St-Pierre-Jolys. Cet homme était reconnu pour son habilité et sa hardiesse à travailler dans les hauteurs.

Nous aimons nous souvenir de tous les curés que se sont succédés à la direction de notre paroisse. Le premier prêtre, l’Abbé Elie Rocan partageait la vie de ces premiers colons. Il avait acheté quatre vaches, quatre chevaux, ainsi qu’un quart de section, situé au coin des routes 200 et 23, et qu’il entoura de clôture pour le transformer en pacage. Il travaillait lui-même à défricher ce terrain. On raconte qu’un jour d’été, alors qu’il revenait des foins, il répondit à l’un qui lui demandait, « Comment ça va M. le Curé? » «Oh! Je crois bien qu’après le diable, ça doit bien être les maringouins! ». En 1915, il quitte notre paroisse pour être remplacé par l’Abbé Eugène Chamberland, natif lui aussi de Québec. Ce dernier fut reconnu pour ses qualités d’administrateur. Il s’appliqua à organiser une corvée pour embellir le village et le terrain de l’église. Un grand nombre ont répondu à son appel. Le premier perron de l’église fut fait en 1916, gratuitement, par M. Thédule Miron et en 1917, tous sont venus aider à faire le trottoirs. La Liberté rapporte qu’en 1918, deux peintres de St-Boniface son embauchés pour peinturer l’église. Aussi, une collecte de $225 a été faite pour l’achat d’un harmonium venant de Montréal. M. Edouard Lussier a fait don à l’église de deux bénitiers en marbre, en reconnaissance pour avoir été protégé, alors que ses chevaux avaient pris l’épouvante.

C’est en 1918, que l’Abbé Mastaï Mireault prit charge de notre paroisse. Il était natif de Montréal. Il s’est fait remarquer par ses aptitudes pour la mécanique. Il aimait inventer des commodités nouvelles, telles qu’une auto ski, paraît-il, lumières pour l’église, etc…. Favorisé d’héritage, il put assister en 1921, au Congrès Eucharistiques de Rome, et peut-être aussi se procurer sa manifique automobile Chrysler, qui faisait l’admiration de tous. Que dire de son esprit taquin qui a impressionné certains d’entre nous? On se rappelle aussi de Mlle Parmélia Leblanc, sa ménagère, qui nous accueillait bien dans sa cuisine lorsque nous attendions pour notre voiture.

L’Abbé Evariste Halde arriva comme pasteur en 1930. C’était un homme doux, comme personne. Plusieurs se rappelleront de la bibliothèque bien considérable qu’il possédait et des livres de lectures qu’il prêtait volontiers à ses paroissiens. Mlle Marie-Anne Laferrière était sa ménagère dévouée, tant pour la sacristie, que pour le presbytère. En 1938, l’Abbé Armand Hébert vint œuvrer dans notre milieu. Son nom figure parmi les premiers élus au comité de surveillance lors de la fondation de notre Caissse Populaire en octobre, 1939. On dit qu’il se craignait pas de se vêtir en travailleur avec bottes et tout. On se souvient de son gros chien qui lui était cher.

M. l’Abbé Pierre Picton, né en France devint notre prochain curé, en 1941. Malgré son état maladif il demeura avec nous jusqu’en 1945. Durant les dernières années de sa vie, il rendit de précieux services à ceux qui faisaient des recherches historiques pour l’histoire manitobaine et pour les familles françaises de l’Ouest canadien. Mgr. Beaudry, le prêtre le plus âgé du diocèse et ancien curé d’Aubigny, vint le remplacer pour une année.

En 1946, l’Abbé Décosse devint notre curé. On reconnaisait en lui un homme sérieux, appelé à un rôle tout spécial. De fait, en 1948, il fut nommé évêque de Gravelbourg et fut remplacé dans notre paroisse par M. l’Abbé Morin, maintenant curé de St. Joseph. Le premier jour de mai, en 1951, la paroisse a eu le malheur de perdre par un incendie l’église et le presbytère. Très bientôt, on songea à reconstruire. Mgr. Beaudoux n’hésita pas à appuyer ce projet et dit : nous bâtirons sur les cendres! » En plus des assurances, une collecte par la paroissiens dans les paroisses avoisinantes a apporté en montant additionel pour entreprendre la construction. Ce nouvel édifice, dont le plan et le contrat ont été confiés à Hormidas Roy, comprenait l’église et le presbytère attenant. Le tout fut fait de ciment et de blocs de ciment, sauf pour le toit et la pointe du clocher qui furent faits de bois. Les paroissiens ont fourni chacun un certain nombre d’heures gratuitement. Tous ce donnèrent la main et l’année suivante, le projet était terminé. Le 3 août 1952, l’église et le presbytère sont bénis solennellement alors d’une messe chantée par l’Abbé Morin, dans la nouvelle église.

En 1952, l’Abbé Jolicoeur, déjà connu comme visiteur des écoles françaises est envoyé comme curé de notre paroisse. Il avait le souci de bien entraîner ses servants de messe et il se préoccupait d’une excursion à l’occasion. Il est décédé en 1980, et ses funérailles eurent lieu à La Broquerie, sa place natale. Il constata durant son séjour que la constuction du presbytère n’était pas stable et que ce logis menaçait de se séparer de l’église. On dût par la suite démolir cette résidence.

M. L’Abbé Paul Deschênes, jeune prêtre, a fait un court séjour dans notre paroisse de 1957 à 1958 et tenta d’organiser des équipes de parents qui se réunissaient pour discuter et partager des idées. Ensuite, nous arrivait l’Abbé Philippe Brunet en juillet, 1958, originaire de St-Boniface, qui fut victime d’un accident d’automobile le 13 octobre, 1958. Dans le journal, La Liberté, voici les détails qui sont donnés à ce sujet :

« C’est à la traverse de la voie ferrée de C.P.R. à Whitemouth, Manitoba, qu’est arrivé l’accident. Il revenait de son ancienne paroisse de Sioux Lookout, Ontario, en compagnie de quatre personnes. Lui-même conduisait la voiture. Par la suite de l’obscurité rendue encore plus impénétrable par une brume épaisse et tout en avançant à une allure très modérée, selon le témoignage des survivants, il donna sur une convoi en marche du C.P.R. La mort de l’Abbé Brunet et d’une dame assise à l’arrière de la voiture fut instantanée. Une ambulance accourue de Beauséjour, transporta les blessés à l’hôpital, mais, le jeune frère de M. l’Abbé mourut avant d’atteindre l’hôpital. »

Par la suite, M. l’Abbé Robert Nadeau, actuellement curé de St-Malo desservit notre paroisse en même temps que celle d’Aubigniy, jusqu’en 1965. En 1963, la Ligue des Femmes Catholiques est établie dans la paroisse avec Mme. (Marie) Noël Alarie comme première présidente et Mme (Denise) Arthur Désaulniers, comme secrétaire. L’Abbé Nadeau est bien l’un de ceux qui savent transmettre le message évangélique avec simplicité et souvent en employant un peu d’humour qui réchauffe le cœur de ses auditeurs. L’Abbé Jean-Louis Caron lui succéda. Ce dernier est un musicien, un chanteur qui ne manquait pas de montrer son appréciation pour du chant bien exécuté. Puis ce fut l’Abbé Paul E. Boisjoli, ce prêre qui a manifesté un attachement spécial pour les jeunes.

Depuis 1974, c’est l’Abbé Lionel Thibeault, originaire du Nouveau-Brunswick qui exerce son ministère à Ste-Elisabeth. Il a sa résidence à Aubigny où il est curé présentement. Les quinze foyers qui forment cette petite communauté de Ste-Elisabeth ne cachent pas leur gratitude envers ce pasteur dévoué à qui ils doivent leur survivance, comme paroisse ayant encore le privilège de célébrer leur messe dominicale dans leur propre paroisse.

Le petit village de Ste-Elisabeth a toujours eu un aspect très modeste mais, dès ses débuts, il offrait des services indispensables. Pour quelques temps on y trouvait en face de l’église une banque d’Hochelaga, qui était une branche de la banque à St-Pierre-Jolys. Son gérant était M. Louis Leblanc. Beaucoup plus tard, on installa une petite bâtisse pour loger le bureau de notre Caisse Populaire qui fut fondée en 1939. M. Léo Péloquin fut son premier président et son épouse Yvonne, la première secrétaire. En 1940, La Caisse de Ste-Elisabeth comptait déjà 55 membres. Parmi les personnes qui ont rempli la tâche de secrétaire par la suite, on lit les noms suivants : Roland Lussier, Albert Bérard, Rosaire Dupuis et Lionel Lussier. En 1953, le bureau de notre Caisse Populaire fut transféré à St-Malo.

Dès 1901, M. Henri Fontaine avait un magasin général à Ste-Elisabeth. M. Odilon Désaulniers en devint le gérant en 1905 et, plus tard, il l’acheta de compagnie avec son frère Josaphat. Ils gardèrent, ensemble, ce magasin pendant neuf ans. C’est en 1923 que M. Odilon Désaulniers a construit le magasin général que nous avons connu au sud de la rue principale et l’a maintenu jusqu’en 1937. En plus de son magasin, M. Odilon offrait le service de transport par camion qu’il inaugura dès 1917 pour les produits agricoles et toute autre marchandise. Notons ici les noms des plus anciens chauffeurs de ce camion : M. Léo Gélinas et M. Adrien Désaulniers. Voici la liste des marchands qui ont géré cette entreprise par la suite; Léo Péloquin, M. Labossière, Roméo Marion de société avec Armand Ayotte, Aurèle Désaulniers et finalement Arthur Désaulniers jusqu’en 1963.

En face du magasin général, la maison de M. Henri Fontaine avait plusieurs fonctions. M. Fontaine s’occupait du bureau de poste en même temps que l’un petit magasin. Une partie de cette maison servit pour un nombre d’annés comme maison de pension. On y trouvait aussi un salon de barbier en même temps qu’in endroit où les jeunes se rencontraient pour un nombre d’années comme maison de pension. On y trouvait aussi un salon de barbier en même temps qu’un endroit où les jeunes se rencontraient pour jouer aux boules, aux cartes etc… C’était un centre de rencontre, là, aussi bien qu’au magasin de M. Désaulniers. Ces deux établissements demeuraient souvent ouverts tous les soirs de même qu’un peu de temps après la messe du dimanche pour accomoder les gens de la campagne. Mentionnons les noms des barbiers, qui ont travaillé dans notre village : Arthur Fontaine, Zacharie Lemire, et Maurice Marion. Trois fois par semaine, M. Fontaine allait chercher le courrier à Morris. M. Omer Laferrière acheta cette maison puis ce fut Achilles Désaulniers qui suivit, ensuite Maurice Marion. Finalement ce fut M. Arthure Désaulniers qui s’est occupé de la poste. Depuis 1971, ce service est discontinué et le courrier est distribué par route rurale. Nous devons beaucoup à ces marchands qui ont rendu de précieux services à cette communauté grandissante. En 1937, l’Abbé Evariste Halde a su rendre hommage à M. et Mme. Odilon Désaulniers à l’occasion de leur départ, pour les nombreux services que ce vaillant couple a rendu pendant plusieurs années dans notre paroisse, autant comme marchand général que pour leur participation active au chœur ce chant, et pour leur disponibilité aux besoins de la paroisse. Dans le livre publié en 1970, la communauté ménnonite marque son appréciation envers nos marchands pour l’accueil et la confiance qu’is ont offerts à ces courageux immigrés.

Une boutique de forge dans le village était d’une grande nécessité pour les fermeirs de ce temps-là. Parmi les forgerons qui y ont passé en voit les noms suivants : J .B. Desautels, M. Martel, Philippe Miron, Aimé Bellerive, Mathias Bérard, Gus Gluck, M. Charbonneau, M. Zelta. Les fermiers devaient souvent avoir recours à eux pour réparer leurs machines, battre les pointes de charrue, ferrer les chevaux, etc… Ce service de forge est disparu graduellement avec l’arrivée des machines plus modernes. Pour quelques temps, M. Roméo Marion s’est fait agent de machines agricoles. En 1946, le premier garage fut construit à Ste-Elisabeth avec M. Georges Desaulniers, comme propriétaire. Plus tard, ce garge fut aménagé par M. David Sabourin, puis par M. Weghorn. En 1970, M. Léo Aquin en était le dernier propriétaire, en même temps qu’il chauffait un autobus scolaire. En 1972, ce bâtiment devint la propriété de Wilfrid Dupuis et de son fils Aurèle. De nos jours, il est occupé par une comunauté Québecoise qui l’a changé en atelier de travail.

Un service spécial qu’on avait dans les débuts, c’était celui d’une modiste, surtout pour la confection de chapeaux, en la personne de Mme Alfred Gilmore. Cétait une nécessité pour la mode féminine de ce temps-là.

Le bâtiment dont on a fait mention plus haut et dont la construction fut faite en 1901, a servi à plusieurs fonctions. En 1902, il sert de fromagerie avec M. Joseph Labelle comme manufacturier. D’après un viex livre de comte, voici les noms des participants : Philippe Collette, Maurice Dupré, Omer Marion, Adolphe Lacharité, Henir L’Heureux, Alfred Lacharité, Charles St-Godard, Stephen Lécuyer, H. Fréchette, Noé Lacharité, P. Parneteaul, A. Demers, Théodule Miron, Alfred Plante, Gaspard Bérard, Joseph Leblanc, Dosithée Dupuis, Hormidas Bellerive, Thomas Bernèche. M. l ‘Abbé Rocan était le secrétaire de cette fromagerie. Cependant, six ans après son lancement, cette entreprise dût fermer ses portes et servit depuis lors au deuxième étage comme salle paroissiale, tandis que le premier étage servait d’écurie pour ceux qui venaient au village avec leurs chevaux.

L’auteur de « O Days Gone By », nous dit que Ste-Elisabeth était un petit village en bonne voie de progresser dans les jeunes années. En 1906, d’après les Archives, les paroissiens demandèrent à Mgr. Langevin d’envoyer L’Abbé Rocan comme leur délégué à Ottawa auprès des autorités fédérales au sujet d’un passage de chemin de fer dans notre village.

Deux puits furent creusés par le gouvernement : un sur le terrain du presbytère et l’autre, aux environs de l’école. Malheureusement, cette eau s’avéra insalubre et si méchante que même les animaux refusaient d’en boire et les jardins en étaient détruits. On a dû boucher son tuyau pour s’assurer que la Rivière aux Marais ne soit contaminée.

Vers 1915, on nous dit que M. Aimé Bellerive voulant bien obtenir une auto, il s’en est fabriqué une avec des roues de buggy. Il paraît que cette voiture servit pour conduire le petit Benoit Dupuis au baptème en novembre, 1915. Le parrain et la marraine étaient des cousins en visite de Québec!

In 1911, ce M. Bellerive fut le premier à avoir une machine à battre le grain. M. Eddy Collette se procure une auto Model T. en 1915. En 1917, M. Odilon Desaulniers achète une Dodge. M. Eddy Colllette et Pierre Samson ont eu le premier engin à vapeur. M. Amédée Collette achète son premier auto en 1920, ainsi qu’un tracteur Case. M. Alcidas Collette se procure la première moissonneuse-batteuse en 1930. C’était un vrai luxe! Quand on considère tout le travail que pouvait faire cette machine.

Les premiers colons de la région de Ste-Elisabeth étaient de descendance canadienne-française. Parmi eux on trouve les noms qui suivent : en 1900. Ephrem Marion, Adolphe Lacharité, Philippe Collette, Octave Collette, M. Longtin, Charles St. Godard, Gaspard Bérard, Octavien Bérard, Albert Marion : en 1901, Maurice Dupré, Théodule Miron, J.B. Rivard, Joseph Dumont, en 1902, Dosithé Dupuis, Alfred Lacharité, Alfred Gilmore, Amédée Marion. D’autres vinrent après: Stephen Lécuyer, M. Fansette, Ed Lussier, Zotique Clément, Léopold Barnabé.

D’après le régistre de la paroisse, en 1911 on comptait 42 familles et 290 personnes de langue française. De nouveaux noms apparaissent : Emile Franconnier, Noé Landry, Wilfrid Gilmore, Alfred Bertrand, Alex. Champagne, Zacharie Lemire, Adonias Touchette, J.B. Dame, Joseph Leblanc, Arthur Demers, Ed. Collette, Thomas Bernèche, Aline Collette, Oscar Marion, Ildège Marion, Pierre Trudel, Onésime Bellemare, Odilon Desaulniers, Josaphat Desaulniers, Henri Fontaine, Pierre Samson, Ozias Gratton.

Ces colons canadiens-français étaient venus surtout des Etats-Unis ou d’autres paroisses du Manitoba. « Of Days Gone By » nous rapporte que les terres de ntore région de Ste-Elisabeth était originellement la propriété de riches individus Américains tels que A. J. Fansette, pour le terrain au sud du village. Ces terres furent vendues à l’agence H. L. Emmert Land Agency. Il paraît que les deux fils de M. Emmert résident présentement à Winnipeg. Mr. Webb possédait beaucoup de terrain dans la partie Nord-Est. Ce M. Webb aurait survolé cette région en avion dans les 1920. Il était sûrement le premier manitobain à employer ce mode de transportation. Mr. E. C. Rohrer, un banquier riche d’Illinois et R. Sheppard, un riche industriel millionnaire avaient de vastes terres entre Ste-Elisabeth et Dufrost. Il est question d’un ranch qu’ils ont dû être les premiers fermiers à se servir de tracteurs pour leurs travaux des champs. Ils faisaient aussi l’élevage de porcs et d’animaux à bœuf sur une grande échelle et employaient de dix à cinquante personnes. Ces riches propriétaires ont bien contribué au développement de la région en établissant des chemins, des canaux d’égoût et en introduisant des nouvelles méthodes de culture. Ce sont ces immenses terres qui ont été subdivisées pour les colons.

En 1924, de trente à quarante familles ont immigré de la Russie pour s’établir sur des terres aux environs de Ste-Elisabeth. Ces gens ont eu des débuts très diffficiles, à cause de la pauvreté de leur condition, du différent mode de vie et de travail auquel ils devaient s’adapter, en plus de la différence de langage. Malgré toutes les difficultés qu’ils ont eu à traverser ces nouveaux colons se disaient satisfaits de vivre dans un pays où ils jouissaient de cette liberté de pratiquer leur foi sans crainte tout en ayant la possibilité de gagner leur pain quotidien. En 1935, l’établissement d’une agence gouvernementale, Trust and Loan, a aidé tous ces premiers colons à financer de façon plus abordable l’achat de terrain par des taux d’intérêt plus bas et des pariements anuuels réduite. Vers 1945, une colonnie d’Huttérites connue sous le nom d’Oak Bluff Colony a acquis plusieurs terres à l’ouest du village et a établi leurs résidences et bâtiments là où vivaient les familles Philippe Collette et Arthur Demers.

À la suite de la fermeture des centres d’activité de notre village : l’école, les magasins et les boutiques etc… M. Wilfrid Dupuis et son fils, Aurèle se sont faits propriétaires de tous les lots du village. Seule l’église demeure le point de rencontre des paroissiens. En juin 1979, un groupe de seize Québecois ont acheté une propriété de ce village. Ce groupe comprenait des couples mariés, des célibataires, et des enfants. Avec l’aide surtout des Huttérites déjà établis dans les environs, ils se sont installés graduellement à Ste-Elisabeth pour vivre en commune de façon ressemblant à la vie des Huttérites. Ces gens déclarent allégeance à aucune religions connues, mais ils croient que pour eux la vie en communauté est la meilleure manière de vivre comme le Nouveau Testament le prescrit. Ils croient que le salut est donné gratuitement à qui croit en Jésus-Christ. Chacun partage son salaire avec tous. Quelques-uns d’entre eux travaillent à Morris et d’autres oeuvrent dans leur atelier de soudure et réparations de meubles à Ste-Elisabeth.

Les écoles

Dès la fondation de la paroisse, on vit la nécessité d’ouvir des écoles. Six écoles ont été à la disposition des écoliers. Deux écoles, St. Martin et Lévis étaient majoritairement canadiennes-françaises : dans les quatres autres écoles : celles du Village, Malloy, Empress et Jérôme, les canadiens-français étaient en minorité.

Les professeurs qui ont œuvré dans ces écoles méritent mention honorable parce qu’ils devaient faire preuve d’héroïsme devant les condition difficiles qui existaient à ce temps-là. Nous pensons surtout à ceux qui ont travaillé à maintenir le caractère bilingue de certaines de ces égoles, malgré un amendement de l’Acte Scolaire en 1916, qui aboulissait le bilinguisme dans les écoles du Manitoba. Plusieurs se souviendront de la prudence que ces professeurs devaient exercer pour se protéger du fanatisme de certains inspecteurs du Département d’Education. C’est en 1923, que le premier concours de français fut organisé par l’Association d’Education des Canadien-Français. Il faut dire que cet examen annuel était un bon stimulant pour nos étudiants aussi bien que pour nos professeurs. Nous félicitons ces enseignants ainsi que les commissaires d’écoles qui se sont dévoués à cette cause.

Au Departement d’Education, voici des noms que nous avons pu recueillir de professeurs qui ont enseigné dans trois de nos écoles.

École Ste-Elisabeth:

L’Abbé Fournier, Palmyr Beauchemin, Ozanne L’Heureux, Antoinette Carrière, Antoinette Cléroux, Antoine Cléroux, Hélène Laferrière, R. Délima Morin, Ida Hague, Mme. Ed. Saunders, Peter Dirks, Cart Pokrant, Réginald Penton, Henry Rosner, Nicholas Toews.

Blanche Charbonneau, Lucille Richot, Helen Bestwater, Lilyl Boese, Simone Comeau, Blanche Barnabé, Jeanne Caron, Yvette Dupuis, Antoine Lussier, Helen Peters, Agnès Lafrance et Roger Vermette.

St. Martin:

Clarinda Desaulniers, Denis desmarais, L. Massicotte, Georgina Rivard, Clarité Fortier, Thérèse Lemoine, Rose Levesky, Emérence Lussier, Antoinette Robert, Lucia Touzin, Arthur Vermette, Isabelle Champagne, Imelda Bérard, Jeanne Baril, Cécile Godard, Marie-Ange Ayotte, Claire Dupuis, Germaine Gauthier, Lilliane Landry, André Forest, Denise Marion, Madeleine Morin et Cécile St-Hilaire.

Lévis:

Diane Chabot, Ivey Hensen, Roches Vander Hanten, Jeanne Jutras, Mary Saurette, Irène Guertin, Anne Gosselin, Germaine Martel, Yvonne Sicotte, Arthémise Dupuis, Yvonne Désautels, Louise Bonin, Denise Gratton, Alexandrine Labossière, Marie-Ange Robert, Yvette Mousseau, Thérèse Guénette, Berthe Grégoire, Yvonne Landreville, Rita Valcourt, Lucie Lavoie et Yolande Combot.

Depuis la fermeture des écoles dans notre paroisse, nos écoliers se sont dirigé vers St-Jean-Baptiste et vers St-Pierre Jolys.

Évènements tragiques

Des événements tragiques ont bouleversé la vie de quelques familles de notre paroisse :

Vers 1910, la famille Thomas Bernèche fut dûrement éprouvée par une épidémie de fièvre scarlatine qui fit mourir quatre de leurs enfants. Mme. Bernèche était la sœur de Mme. Dosithée Dupuis. Peu d’années après, cette famille retourna au Québec.

La famille de M. Amédée Marion subit la même épreuve en perdant aussi quatre de leurs enfants de la même maladie et en très peu de temps. Ce fut un grand deuil pour la paroisse!

En 1913, au temps des coupages, le feu a détruit l’étable chez M. Rosario Dupuis. Tout y passa : les dix-huit chevaux, les attelages et le foin.

On nous raconte aussi que M. David Landry était un barbier dans les premiers temps du village. Il résidait sur le chemin donnant vers le nord. Une grande épreuve frappa cette famille. Ils ont perdu trois enfants, asphyxiés dans leur maison qui a explosé alors que M. Landry ajoutait de la kerosene à sa lampe. Lui-même s’est brûlé sévèrement. Il n’a pas pu sauver ses enfants. Sa femme était dans la chambre en haut avec un petit garçon. Ils ont réussi à se sauver en sautant du deuxième étage. D’abord M. Landry, le premier, ensuite Madame envoya le petit, puis, elle s’est jetée en bas elle-même.

Vers 1930, M. et Mme. Hermas St-Godard qui résidait en face de l’Église ont perdu trois enfants dans un feu d’origine inconnue. Madame était allée à l’étable et à son retour, la maison était déjà toute en feu.

En 1950, l’année d’une grande inondation, un accident tragique est arrivée causant la mort de M. Roland Sicotte. Son épouse, Mme. François Mahé nous l’a raconté :

La famille Roland Sicotte demeurait à quelques milles du village. Durant la journée, M. Sicotte était allé à Morris avec des voisins et quand il est revenu vers cinq heures du soir, l’eau avait beaucoup monté. Du village, il téléphona à sa femme pour demander d’envoyer son garçon, Albert, à sa rencontre, car il craignait beaucoup la traversée de cette rivière en canot. Son fils s’est rendu à cheval; il a vu son père prendre panique, se lever debout dans le canot qui chavira. Albert essaya, en vain, d’aider son père.

M. le Curé Morin arriva à cheval et les médecins de Morris ont pu se rendre aussi. Toute la nuit, les gens ont cherché le corps de M. Sicotte et ce n’est que vers cinq heures du matin qu’ils le trouvèrent à l’endroit où ils l’avaient vu disparaître la veille.

M. Sicotte laissait sa femme et ses sept enfants. L’aîné avait 14 ans et le plus jeune, un mois. Mme. Sicotte demeura avec sa famille chez ses beaux-parents à St-Pierre Joly pour deux mois. Beaucoup de gens sympathisèrent avec eux.

En 1981, quinze familles forment la communauté paroissiale de Ste-Elisabeth.

Le village de Ste-Elisabeth, tel qu’il était, n’existe plus. L’église est le seul lieu de rencontre communautaire. Cependant, l’esprit paroissial n’est pas amoindri au sein de cette communauté, dont la plupart des membres sont des descendants directs des pionniers.