4 bis. Mégalithisme : catégories inconnues des nomenclatures habituelles (en cours)

« J'aime les gens de mon village qui n'en savent pas assez pour raisonner de travers. » MONTESQUIEU

UNE CHRONOLOGIE ET UNE TYPOLOGIE

LARGEMENT DÉFICIENTES

Un constat multiple

La connaissance scientifique du mégalithisme demeure en état d'enfance. Dans certaines régions, cette déficience se trouve aggravée par des considérations d'ordre idéologique. Par exemple, les cercles spécialisés prétendent que, en Ardèche, « une fois l'Eyrieux franchi [en direction du nord], il n'y a rien ».

Rien n'est plus contraire à la réalité : au plan mégalithique, ce terroir se montre au contraire d'une grande richesse.

Tel un livre ouvert en pleine nature, les productions mégalithiques forment des documents de premier ordre.

Dans cet esprit, il convient de s’affranchir du « jeu des hypothèses qui opposent les chercheurs »1.

1. Patrice BRUN et Pascal RUBY : L'âge du fer en France, 151, Éd. La Découverte, Paris, 2008.

1. L'invention du mégalithisme remonte autrement plus en amont

dans les millénaires, que ce que les vues habituelles prétendent :

il ne s'enracine pas seulement dans le néolithique ou âge de la pierre polie. Mais son apparition fait plus l'objet de spéculations qu'une claire vision du phénomène.

Il est désormais admis que « l’ère mégalithique a débuté dès le IVe millénaire en Bretagne, [et que] les monuments en grandes pierre n’apparaissent en Ardèche qu’à partir de 2500 »1, voire dès 3000 avant notre ère2. Cela revient à en placer l'émergence dans la seconde partie du néolithique, puisqu'il est censé couvrir la période qui s'étend de -8000 à -1700.

1. Gérard CHOLVY (dir.) : Histoire du Vivarais, 32, Privat, Toulouse, 1988.

Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n° 56 du 15 novembre 1997. René ÉVESQUE : « Jules de Malbosc », 32.

2. Archéologia n° 348, septembre 1998. Laurence OGEL : « Ardèche, terre de préhistoire », 29.

Or, nombre de mégalithes ne sont pas polis, ce qui reviendrait à les placer

au moins au mésolithique, période créditée de -13000 à -5000 (les ères préhistoriques se chevauchent). Mais, nos découvertes de représentations sculptées de l'homo sapiens et de l'Homme de Néandertal tendent à en situer l'apparition dès le cœur du paléolithique. Selon une méthode pointue de datation, réalisée par un spécialiste, elles se situeraient entre -41000 et -39000. L'échelle des temps préhistoriques est sans commune mesure avec la moderne.

2. Son étonnante diversité défie l'entendement ; à cet égard,

les nomenclatures convenues paraissent étonnamment étriquées.

Les artefacts qui y sont associés (pointes de flèche, armes, pierres de baliste, objets de parure, cabanes...), contribuent à l'exercice des datations.

Représentations humaines et artéfacts permettent d'établir une chronologie fiable et précise des implantations humaines : homo sapiens et Homme de Néandertal, représentants de la culture de Chassey puis de celle de Fontbouisse, Celtes issus de la seconde généalogie royale (voir en page 1), Alaunes (qui sont des Celtes) des vagues d'invasion de -1250 à -1000.

Un point important, qui va en partie à l'encontre des vues habituelles, selon lesquelles l'archéologie a besoin de preuves matérielles : l'homo sapiens n'éprouvait pas le besoin de se représenter lui-même. Par contre, il a sculpté des figures d'Homme de Néandertal.

Représentations animales. Tout comme les figures humaines, elles abondent.

-- Les animaux sauvages sont tant de type préhistorique (en Europe) que familier : singes, lions, éléphants, hippopotames, crocodiles ; élan, sanglier.

Y figurent aussi les poissons, serpents, oiseaux et papillons.

-- Les tortues mégalithiques, que la critique se complaît à confiner aux seules îles Hawaï, en complètent le tableau.

-- Le chien est l'animal domestique par excellence.

-- Les autres animaux domestiques sont aussi représentés.

LE MÉGALITHISME, TÉMOIN DES VARIATIONS CLIMATIQUES ET DES ACTIVITÉS HUMAINES

1. Les animaux sauvages, diversifiés, sont des marqueurs de variations climatiques (Les peintures murales des cavernes n'entrent pas dans le cadre de cette étude).

-- Les animaux exotiques, aujourd'hui confinés en Afrique, rendent compte d'un climat chaud.

-- L'élan, grand cerf des régions nordiques, serait une survivance du climat plus froid de la dernière glaciation dite de Würm, dont le paroxysme se situe vers -18000 BP (il s'agit de la curieuse méthode de datation BP = before the present, le présent étant censé s'être figé en 1950 !). Selon les témoignages écrits, il aurait survécu dans le Massif Central français, jusque vers le VIIIe siècle1.

-- Donnée nouvelle, il en résulterait que, après avoir migré vers les contrées méridionales, les animaux exotiques seraient revenus au moins dans la moitié sud de la France. Car en effet, en-dehors des mammouths de la période glaciaire, l'éléphant préhistorique dit élephas antiquus se serait éteint en Europe vers -11550 2.

1.

2. Wikipedia, Élephas antiquus.

2. De la chasse à l'élevage

-- Les animaux sauvages rendent compte d'une économie basée sur la chasse et la pêche. De rares scènes mettent en relief des accidents de chasse.

-- La pêche ne se limite pas à des prélèvements dans la nature : fait jusqu'ici ignoré, des cours d'eau de faible pente sont aménagés à des fins de pisciculture (suite de petits barrages, réalisés avec des pierres sur lesquelles des figures préhistoriques sont sculptées.

-- bovins, ovins et canards témoignent d'une économie basée sur l'élevage de ruminants et d'animaux de basse-cour.

-- Les deux modes d'approvisionnement carné ont pu coexister.

LE MÉGALITHISME HUMANISE LE TERRITOIRE :

MONUMENTS à VOCATION CULTUELLE, HABITAT

Le constat

De même et peut-être encore plus que les monuments modernes,

les monuments mégalithiques marquent la volonté de l'homme préhistorique d'asseoir son emprise sur le territoire.