JEU ET TRANSE EN HYPNOSE ET EN PSYCHODRAME

Jeu et transe en hypnose et en psychodrame :

Le jeu est vraiment caractéristique de l’état hypnotique dans la vie courante. François Roustang, dans une belle formule, dit que « le jeu offre la possibilité de ne pas être déterminé maladivement par un aspect du réel ». Mettre du jeu, laisser du jeu, de l’air, décoincer les choses, mettre de la souplesse, créer un espace où les choses vont se mouvoir. Le jeu permet de sortir de l’étroitesse. Dans le langage courant, nous disons qu’il y a du jeu dans un emboitement ou dans une mécanique. Ce jeu permet le mouvement. Nous le retrouvons également en psychodrame. « Le jeu dramatique permet un décalage. Le changement de rôle s'inspire du dialogue socratique: « Une rencontre à deux, oeil à oeil, face à face. Et quand vous serez tout près, je vous retirerai vos yeux et les mettrai à la place des miens, et vous retirerez mes yeux et les mettrez à la place des vôtres; alors je vous regarderai avec vos yeux et vous me regarderez avec les miens ». En psychodrame, le corps est représenté par le langage. Le psychodramatiste est auditeur - spectateur qui permet de donner corps au mot. L'intérêt principal du travail de représentation n'est pas seulement dans les vertus de dialogue des propos qui libèrent l'expression. L'intérêt essentiel est clinique : la fonction poétique ouvre à la démultiplication du sujet. Savoir jouer, ne serait-ce pas mettre en jeu cet insu qui sait, cet insu qui ne se sait pas savoir ? L'insu, ne serait-ce pas ce que je porte à mon insu c.-à-d. l'insu – portable ? Dans l'acte de jouer, ce qui est en jeu ne serait-ce pas l'insu qui nous guide ? »[i] Le jeu est le chainon manquant entre la décharge cathartique et la pensée. Il constitue un véritable espace potentiel. Le dispositif psychodramatique réalise une véritable invitation à aborder cet espace potentiel de jeu exempt de danger, rassurant, fiable et source de plaisir qui souvent à fait défaut dans les temps originaires de la constitution de l’appareil psychique de certains consultants. Pour M.H. Erickson, l’hypnose est un moyen donné à la personne de potentialiser ses ressources pour changer. Le paradoxe de l’hypnose, dû à son étymologie, ce ne serait pas d’endormir mais d’éveiller des capacités de l’inconscient à l’insu du conscient, trop limitatif. Dans le jeu psychodramatique la mobilisation de l’affect est plus intense sur la scène représentée que lors du récit de celle-ci. C’est dans le passage du récit au jeu que l’on appréhende toute la fécondité de la « représentation transférentielle ». La mise en scène est non plus seulement racontée mais représentée et ce en direct. Parfois une remémoration reste impossible et la répétition ou représentation peut permettre d’amener par exemple un évènement enfoui, oublié, un traumatisme pour la première fois à la perception et à la décharge motrice dans des conditions favorables grâce au dispositif psychodramatique. Ferenczi, psychanalyste contemporain de Freud suggère de plonger le patient dans une transe profonde c'est-à-dire qu’il préconise un retour aux procédés hypnotiques.Il nous faut reconnaître que lors de certaines scènes de psychodrame certains protagonistes sont comme hypnotisés, dans un état second en transe !

 

Jacques Michelet, « Handicap mental et Technique du Psychodrame », p.140-141, L’Harmattan, 2008.