VTS

Verbal tenses and subjectivity


Projet Fonds national suisse de la recherche scientifique n° 100015_1700086093

janvier 2017-décembre2019

requérant principal

Jacques Moeschler

Collaboratrice

Cristina Grisot, post-doc

Résumé du projet

La communication verbale, telle que nous la comprenons aujourd’hui dans la pragmatique cognitive, est un processus profondément enraciné dans le système cognitif des locuteurs. Selon la Théorie de la Pertinence, la communication verbale est inférentielle : l’interlocuteur doit faire des inférences afin de récupérer le message que le locuteur a l’intention de transmettre. La langue fournit aux participants de la communication les moyens minimaux nécessaires afin de les guider dans le processus de communication. La cognition humaine étant orientée vers la recherche de pertinence, l’interlocuteur fait donc des hypothèses sur ce qui est dit de manière explicite et ce qui est transmis de manière implicite.

Le présent projet de recherche vise à étudier le rôle joué par les temps verbaux et leur relation étroite avec la subjectivité, celle-ci étant définie comme l’expression du point de vue du locuteur ou d’un autre point de perspective dans la communication verbale, telle qu’elle est comprise dans la Théorie de la Pertinence. Nous allons investiguer deux langues romanes, le français et le roumain, en les étudiant dans une perspective contrastive et empirique basée sur des corpus de traduction.

La première question de recherche porte sur le contenu pragmatique des temps verbaux en roumain, langue avec un état de l’art beaucoup moins étendu que celui du français, afin de trouver des points communs et des points de divergence nous permettant de tirer des conclusions plus larges sur le traitement cognitif de la référence temporelle. Des études récentes ont montré que les temps verbaux jouent un rôle tant au niveau procédural, c’est-à-dire des chemins à suivre dans la construction des hypothèses contextuelles, qu’au niveau conceptuel, c’est-à-dire des représentations mentales que l’interlocuteur construit et manipule afin d’identifier le message intentionné par le locuteur et de se représenter le monde.

La deuxième question de recherche vise à déterminer le statut de la subjectivité dans la communication verbale. La littérature sur la subjectivité et les temps verbaux permet de formuler trois hypothèses. Selon la première, la subjectivité est une information donnée par le code de la langue, et donc encodée linguistiquement : des indices linguistiques comme les temps verbaux, l’aspect grammatical, les connecteurs pragmatiques ou encore les pronoms personnels seraient directement corrélés à l’interprétation subjective ou non subjective de l’énoncé. La deuxième hypothèse est que la subjectivité serait une information purement pragmatique, dépendante du contexte et des connaissances générales sur le monde, partagées par les interlocuteurs. Selon la troisième hypothèse, la subjectivité serait un phénomène d’interface entre ce qui est encodé dans la langue et l’usage que les locuteurs en font.

Les résultats visés par ce projet sont doubles : (i) développer un modèle global de la référence temporelle et de la subjectivité en français validé empiriquement ; (ii) formuler un modèle de la référence temporelle en roumain, avec un focus sur les temps verbaux et leurs usages subjectifs.

Au-delà de ses contributions à la connaissance que nous avons actuellement sur les différents niveaux d’analyse impliqués dans la communication verbale (encodé, inféré, interface), le projet VTS (Verbal Tenses and Subjectivity) vise à étendre ces connaissances à une langue moins étudiée dans le cadre de la pragmatique cognitive, et à décrire les types d’informations linguistiques et pragmatiques utilisables dans les domaines du traitement automatique du langage, de la traduction automatique et de l’enseignement des langues.

publications

2017

  • Grisot, Cristina. 2017. Tense, Grammatical Aspect and Subjectivity: An Experimental Study Using Inter-Annotator Agreement Rates and Corpus-Based Data. Corpus Pragmatics. doi:10.1007/s41701-017-0021-z.

  • Grisot, Cristina. 2017. A quantitative approach to conceptual, procedural and pragmatic meaning: Evidence from inter-annotator agreement. Journal of Pragmatics 117: 245-263. DOI: 10.1016/j.pragma.2017.06.020.

2019

  • Moeschler, Jacques. 2019. Subjectivité et temps verbaux: l’exemple du présent historique. In Jana Altmanova & Maria Centrella (éds), (éd.), Le langage des émotions. Mélange en l'honneur de Giovanella Fusco Girard, 303-322. Naples: Casa Editrice Tullio Pironti.

  • Moeschler, Jacques. 2019. Non-lexical pragmatics. Time, causality and logical words. Berlin: Mouton de Gruyter. A paraître.

Présentations

2017

  • Colloque international "Le triple visage du langage: forme, sens, expression", Université de Banja Luka, Bosnie Herzégovine, 7 avril 2017

    • Cristina Grisot, Le statut de la subjectivité: information encodée ou inférée?

  • Rencontre des linguistes suisses et serbes, Université de Belgrade, Faculté de philologie, 20-21 juin 2017

    • Cristina Grisot, Temps verbaux et connecteurs temporels: une perspective expérimentale

2018

  • Université L'Orientale, Naples, 19 avril 2018

  • INPRA 8, Nicosie, 8-10 juin 2018

    • Cristina Grisot, The identification of subjecfivity in naturally occurring data: evidence in favour of a global treatment

      • Abstract