Intro aux fonctions


Première partie : Une fonction, c'est quoi ?


INTP, ESFJ, ISTP, ENFJ... les types du MBTI sont nommés par quatre lettres. Ces quatre lettres sont un code qui permet de déterminer l'ordre et la nature des fonctions cognitives qui construisent chaque type. Nous verrons, à la fin de ce chapitre, comment déchiffrer le fameux code à quatre lettres. Mais d'abord, parlons des fonctions...

Les fonctions, qu'est-ce que c'est ? Une fonction cognitive, c'est un processus de recueil d'information ou de traitement d'information pour lequel une personne possède des aptitudes innées. C'est la théorie sur laquelle repose toute la typologie Jungienne et les seize types qui en font partie. Pour simplifier, on pourrait dire que chaque type est une combinaison d'une fonction dominante (qui pourra être orientée introvertie ou extravertie) et d'une fonction auxiliaire (qui sera orientée à l'opposée de la dominante). Par la suite, d'autres fonctions viennent compléter le squelette du type, mais nous y reviendrons plus tard.


Pour commencer, il existe deux familles de fonctions :

  1. Les fonctions de perception - P

  2. Les fonctions de jugement - J


Les fonctions de perception sont des moyens de recueil d'information. Ces fonctions, au nombre de deux, sont les capacités à percevoir les choses en détail et de manière factuelle (la sensation) ou de manière globale, en se concentrant sur les liens sous-jacent entre les choses (l'intuition).

Les fonctions de jugement sont des moyens de prise de décision. Ces fonctions, au nombre de deux également, sont les capacités à prendre des décisions sur base de critères subjectifs et en vue d'atteindre l'harmonie (la pensée émotionnelle) ou sur base de critères objectifs et en vue d'atteindre la cohérence (la pensée rationnelle).


Reprenons :

  1. Les fonctions de perception - P

  • la sensation (perception détaillée) - S

  • l'intuition (perception globale) - N

  1. Les fonctions de jugement - J

  • la pensée émotionnelle (cherche l'harmonie) - F

  • la pensée rationnelle (cherche la cohérence) - T


Maintenant, chacune de ces fonctions doit être orientée, soit vers l'intérieur (de manière introvertie), soit vers l'extérieur (de manière extravertie). Prenons pour exemple la pensée rationnelle (T). De manière générale, la fonction T est axée vers la recherche de cohérence et les arguments logiques.

Cette fonction, quand elle est orientée vers l'intérieur (le T devient Ti, pour introversion), se tourne vers la recherche de cohérence dans la réflexion et les débats d'idées, et les arguments logiques deviennent un outil pour déterminer, dans l'esprit de l'individu, si telle ou telle idée est intellectuellement crédible. Le Ti est cérébral et conceptuel, et la logique s'applique de manière abstraite à l'intérieur de son esprit.

Quand au contraire cette fonction est orientée vers l'extérieur (le T devient Te, pour extraversion), elle se tourne vers la recherche de cohérence dans les actions, elle se met à rechercher non plus la meilleure idée possible mais le meilleur plan d'action possible. Elle devient directive et se met en quête d'efficacité, agissant avec froideur et objectivité sur son environnement.

Pour autant, Ti et Te ne sont pas si différents. Chacune de ces deux fonctions affectionne la logique et la résolution de problèmes, que ceux-ci concernent des concepts ou qu'ils s'appliquent au développement d'une méthode qui facilitera les actions futures.

Pour plus de précisions quand aux autres fonctions cognitives, rendez-vous sur la page "les huit fonctions".


Synthétisons :

  1. Les fonctions de perception - P

  • la sensation - S

      • Sensation introvertie (perception détaillée tournée vers l'intérieur) - Si

      • Sensation extravertie (perception détaillée tournée vers l'extérieur) - Se

  • l'intuition - N

      • Intuition introvertie (perception globale tournée vers l'intérieur) - Ni

      • Intuition extravertie (perception globale tournée vers l'extérieur) - Ne

  1. Les fonctions de jugement - J

  • la pensée émotionnelle - F

      • Sentiment introverti (cherche l'harmonie dans le monde intérieur) - Fi

      • Sentiment extraverti (cherche l'harmonie dans l'environnement) - Fe

  • la pensée rationnelle - T

      • Pensée introvertie (cherche la cohérence dans le monde intérieur) - Ti

      • Pensée extravertie (cherche la cohérence dans l'environnement) - Te



Deuxième partie : L'ordre des fonctions.


Désormais, vous avez une idée générale de ce que sont les fonctions du MBTI. Mais avant de passer au décodage des quatre lettres, il nous faut encore cerner le rôle que joue chacune de ces fonctions dans le développement de l'individu.

Il faut avoir à l'esprit qu'il n'y a pas, chez un individu, huit fonctions, mais bien quatre, et que chacune d'entre elles peut partir dans une seule direction (vers l'intérieur ou vers l'extérieur). Un individu exploite donc au cours de sa vie quatre fonctions cognitives orientées. Les quatre autres fonctions sont le pendant moins maitrisé des fonctions de l'individu. Ce ne sont pas des objets "à part" qu'on ne possèderait pas, mais plutôt des chemins que nos fonctions empruntent moins facilement. En résumé, cela veut dire que si vous êtes Fe, vous n'êtes pas à proprement parler dépourvu de Fi, mais plutôt que votre F à une tendance naturelle à se comporter plus facilement en Fe que en Fi.

Maintenant que c'est dit, nous pouvons passer à l'ordre de développement des fonctions chez l'individu. La première des fonctions à apparaitre s'appelle la fonction dominante.


  1. La fonction dominante

Elle se développe durant la petite enfance. Elle est la base de toute la personnalité et son bon développement est essentiel à l'équilibre mental de l'individu. Si l'individu est introverti, elle sera introvertie. S'il est extraverti, elle sera extravertie. L'individu aura une maitrise et une expertise parfaite de cette fonction, tout simplement car c'est celle qu'il se mettra à exercer en premier, dès son plus jeune âge. Parfois, certaines personnes s'identifient plus à leur auxiliaire ou leur tertiaire qu'à leur dominante. Cela s'explique par le fait que la fonction dominante est à tel point omniprésente que l'individu "baigne dedans", elle est pour lui une évidence, elle est là depuis toujours et ne se démarque pas par son apparition dans la conscience comme le fait par exemple la fonction auxiliaire au moment de l'adolescence.

En termes d'archétypes, la fonction dominante est un héros, une personne sage, un expert dont les actions sont presque toujours infaillibles, et qui réside au sommet de la personnalité de l'individu.

Prenons l'exemple de l'INFP. Sa dominante est le Sentiment introverti (Fi).


  1. La fonction auxiliaire

C'est la fonction qui vient soutenir la fonction dominante quand celle-ci commence à prendre de l'assurance. Elle est extrêmement importante, car elle sert à maintenir un équilibre entre l'introversion et l'extraversion. Comme la dominante, je pense qu'on peut déjà la percevoir, de façon non-orientée, durant la petite enfance. Néanmoins, son orientation ne se développe vraiment qu'à partir de l'adolescence. Si la dominante est introvertie, l'auxiliaire est extravertie. Et inversement. La fonction auxiliaire est un atout non négligeable dans la personnalité d'un individu.

En termes d'archétypes, la fonction auxiliaire est un jeune adulte plein de compétence et de potentiel doué dans son domaine, et qui demande à en apprendre toujours plus pour pouvoir aider le héros.

Prenons l'exemple de l'INFP. Son auxiliaire est l'Intuition extravertie (Ne).


  1. La fonction tertiaire

Moins développée que les deux précédentes, elle vient renforcer la personnalité du sujet dans son orientation principale. Elle oscille entre l'instabilité d'une fonction inférieure et une sorte de complément à la dominante. Elle peut, dans certains cas, créer une "boucle". Cela peut arriver pour diverses raisons : l'individu ne développe pas pleinement sa fonction auxiliaire et "saute" cette dernière, l'individu vit une situation de stress ou d'inconfort, l'individu cherche à forcer les aspects de sa personnalité dans des exercices qui requièrent l'usage particulier de certaines fonctions peu maitrisées, etc. L'individu risque alors de développer les traits superficiels propre à l'orientation de sa dominante et de sa tertiaire (par ex: timidité extrême pour l'introversion ou manque de réflexion pour l'extraversion).

En termes d'archétypes, la fonction tertiaire est un adolescent qui s'identifie un peu hâtivement à ses compétences et à qui il arrive de les surestimer ou de les fantasmer, mais qui manifeste tout de même un certain potentiel dans leur développement.

Prenons l'exemple de l'INFP. Sa tertiaire est le Sensation introvertie (Si).


  1. La fonction inférieure

C'est la fonction la moins développée et, en théorie, celle qui doit poser le plus de problèmes à l'individu, car son fonctionnement réside dans son inconscient et que l'individu a peu d'expérience de cette fonction. Son orientation est opposée à celle de la fonction dominante. Elle est l'ombre de la dominante. Les caractéristiques de l'inférieure sont les territoires qui ne sont pas conquis par la dominante. Cette fonction se développe à la "mi-vie", vers 40-50 ans. Néanmoins, certaines personnes n'éprouvent pas de réel problème avec l'utilisation de leur fonction inférieure.

En termes d'archétypes, la fonction inférieure est un petit enfant capricieux et instable qui vit tout en dessous de la personnalité. Il a une sensibilité pour certaines choses (qui relèvent de son inférieure) mais se brûle les doigts s'il essaye de les manipuler.

Prenons l'exemple de l'INFP. Son inférieure est la Pensée extravertie (Te).



Troisième partie : Déchiffrer le code.


OK, nous pouvons commencer à déchiffrer le code à quatre lettres. Pour ça, nous allons encore une fois prendre l'exemple de l'INFP.



Pour déchiffrer le code, il faut commencer par la dernière lettre, à droite, et ensuite se diriger vers la gauche. Au terme du décodage, nous aurons trouvé les deux premières fonctions (la dominante et l'auxiliaire) de l'individu de type INFP.


  • Commençons donc par la quatrième lettre. Elle désigne toujours quelle est la nature de la fonction extravertie. En l'occurence, la lettre est P et la nature de la fonction extravertie est donc la Perception.

  • Puisque nous savons que c'est la fonction de perception qui sera extravertie, il faut regarder quelle est la fonction de perception. Pour trouver la fonction de perception, il faut toujours se référer à la deuxième lettre. Ici, la deuxième lettre est le N et la fonction de perception est donc l'Intuition. Vu que nous savons que cette fonction est extravertie, nous pouvons tirer la conclusion qu'une des deux premières fonctions de l'INFP est L'Intuition extravertie (Ne).

  • Puisque que nous avons définit quelle était la nature de la fonction de perception, il nous reste à trouver quelle est la nature de la fonction de jugement. Pour trouver la nature de la fonction de jugement, il faut toujours se référer à la troisième lettre. Ici, la troisième lettre est le F et la fonction de jugement est donc le Sentiment. Vu que l'autre fonction est extravertie, nous pouvons déduire que cette fonction de Sentiment est introvertie. Cette fonction-ci est donc le Sentiment introverti (Fi).

  • Nous avons trouvé deux fonctions de l'INFP. L'Intuition extravertie (Ne) et le Sentiment introverti (Fi). Il nous reste à déterminer laquelle de ces fonctions est la dominante et laquelle est l'auxiliaire. Pour ça, il faut jeter un oeil à la première lettre du type. En l'occurence, cette lettre est le I, et on comprend que la fonction dominante de l'INFP est une fonction introvertie. Conclusion : la fonction dominante de l'INFP est le Sentiment introverti (Fi) et sa fonction auxiliaire est l'Intuition extravertie (Ne).



Dernière partie : Les axes de fonctions.


Les axes de fonctions, à ne pas confondre avec les axes des préférences (I-E, N-S, etc.) sont des dichotomies de fonctions. Toutes les fonctions sont complémentaires et chacune d'entre elles possède une ombre, située de l'autre côté de l'axe.

Le principe est simple. Prenons une dernière fois l'exemple de l'INFP. Sa fonction dominante est le Sentiment introverti (Fi). Le Fi est une fonction de jugement subjective, sensible à la morale et propice aux jugements de valeurs, qui est orientée vers l'intérieur et vers le ressenti personnel de l'individu. Il se trouve que l'ombre du Sentiment introverti, c'est à dire la fonction qui se situe de l'autre côté de son axe, est la Pensée extravertie (Te). Le Te est une fonction de jugement objective, intransigeante et adepte des arguments logiques, qui est orientée vers l'extérieur, l'efficacité et l'action. Cette fonction représente le point faible de l'INFP. D'ailleurs, cette fonction est son inférieure. La logique est là. Quel que soit le type, l'inférieure est toujours l'ombre de la dominante, située à l'opposé de son axe. Il en va de même pour la fonction tertiaire, qui est toujours l'opposée de l'auxiliaire.

En sachant cela, il est facile de deviner l'entièreté des fonctions d'un type ainsi que leur ordre.


Chez l'INFP :

  • Dominante = Fi

  • Auxiliaire = Ne

  • Tertiaire = Si (ombre de Ne)

  • Inférieure = Te (ombre de Fi)


Pour terminer ce chapitre, voici un résumé des axes de fonctions. Vous pouvez désormais lire toutes les fonctions d'un type sur base de son code !


  • L'axe Te/Fi : Pensée extravertie -VS- Sentiment introverti

Faire ce qu'il faut faire objectivement -VS- Identifier ce qu'on valorise personnellement.


  • L'axe Ti/Fe : Pensée introvertie -VS- Sentiment extraverti

Identifier ce qui est objectivement cohérent -VS- Faire ce dont les personnes ont besoin.


  • L'axe Ne/Si : Intuition extravertie -VS- Sensation introvertie

Fragmenter le réel en une multitude de possibilités -VS- Retenir une expérience du vécu.


  • L'axe Ni/Se : Intuition introvertie -VS- Sensation extravertie

Retenir un schéma de ce qui pourrait être -VS- Fragmenter le réel en une multitude de faits.


Sources :Types psychologiques, C.G. Jung.Entretiens avec C.G. Jung, Richard Evans.Ma vie, C.G. Jung.Les types de personnalité, P. Cauvin et G. Cailloux.Energies and patterns in psychological type, J. Beebe.Psychological types in transference, countertransference, and the therapeutic interaction. J. Beebe.Typologie Jungienne (Wikipédia)16-types.fr (Les 16 types du MBTI)socionique.frmyersbriggs.orgcapt.orgmypersonality.info