La fréquence démographique


1. La fréquence démographique, selon quels critères ?


Les questions de la répartition dans la population des types MBTI reviennent souvent chez les personnes qui viennent de découvrir la typologie. Certains types et certaines fonctions cognitives sont surreprésentés par rapport à d'autres, et ce quelque soit l'endroit ou le milieu où les données statistiques sont recueillies (c'est d'ailleurs, à mon sens, une des raisons de l'élaboration de la typologie). Evidemment, la part d'une population appartenant à tel ou tel type n'est pas toujours exactement la même partout, mais le taux de variation d'un lieu à l'autre reste minime. Pour exemple, je pourrais citer les données recueillies par Pierre Cauvin et Geneviève Cailloux qui précisent que la part d'intuitifs est plus grande dans la population française que dans la population anglaise. Mais même en prenant compte de cette variation, les données restent sensiblement les mêmes.

Dans l'ensemble, le nombre de données à prendre en compte quand on cherche à déterminer le type d'une personne (4 dichotomies => 8 fonctions cognitives) est tellement grand que s'il y avait ne serait-ce qu'une seule variation remarquable dans au moins un des pôles, tout l'ordre de répartition des types serait renversé. Un exemple : Les INTJ et les INFJ sont peu représentés par rapport aux autres types (à considérer proportionnellement aux autres types, car dans l'absolu, même 1,5% de la population mondiale reste une quantité de personnes astronomique) alors que les ISTJ et les ISFJ font partie des types qu'on retrouve le plus souvent. Il n'y a pourtant qu'une seule lettre d'écart entre ces types (S/N, l'axe de perception, ici introvertie). La légère différence de répartition d'intuitifs et de sensitifs en France et en Angleterre devrait logiquement se faire rapprocher ces quatre types au niveau de leurs statistiques.

Mais c'est sans compter l'orientation de leurs fonctions cognitives... En effet, le Ni et le Ne ne sont pas répartis de la même façon que le Si et le Se, mais leur fréquence démographique selon les pays est toujours à peu près identique. Un autre exemple pour rayer l'idée de "rareté" d'un type selon la "rareté" de ses lettres, c'est l'observation pure de la répartition des lettres dans la population. Les introvertis et extravertis (I/E) sont répartis de façon à peu près égales, alors que dans la pratique on retrouve des types ESFJ (+-12%) plus répandus que des INTP (+-4%) et des ENTJ (+-2,5%) moins répandus que des ISTJ (+-13%).


On comprend donc qu'essayer d'expliquer la différence de répartition des types en fonctions des quatre préférences est vain.

Où chercher, alors ?


L'élément qui varie proportionnellement au type qu'il compose... c'est la fonction cognitive ! Encore une preuve que les types ne s'expliquent pas par leurs lettres, qui ne sont que des clés pour faciliter leur codage ! Un ENFP aurait très bien pu s'appeler Ne Fi (Intuition extravertie et Sentiment introverti) ou un ISTP s'appeler Ti Se... Résumer un type à son code est réducteur et on n'est pas que introverti ou que sensitif.

S'il faut expliquer la fréquence démographique d'un type selon la fréquence démographique de ses fonctions, alors cherchons des exemples concrets.

Pour commencer, les types les plus répandus sont l'ISTJ et l'ISFJ. Leur point commun ? Ils possèdent tous deux en fonction principale la Sensation introvertie. L'utilisation de cette fonction en dominante (l'addition du pourcentage de deux types, donc) est égale à +-28%. Jusque là, rien d'impressionnant puisqu'on a fait qu'additionner les données les plus élevées. Maintenant, jetons un coup d'oeil du côté de l'ESFJ et de l'ESTJ. L'un représente +-12% de la population et l'autre +-8%... Leur point commun ? L'utilisation de la Sensation introvertie, cette fois en fonction auxiliaire. On peut constate que les quatre types qui utilisent principalement la Sensation introvertie (ISTJ et ISFJ en dominante, ESTJ et ESFJ en auxiliaire) sont quatre des types les plus répandus parmi tous. On peut même dire que la différence de leur répartition par rapport à celle des autres types du MBTI est flagrante. A l'opposé, les types les moins répandus sont les quatre types NJ (c'est-à-dire INTJ, INFJ, ENTJ et ENFJ). Leur point commun, outre les préférences NJ ? L'utilisation en fonction dominante ou auxiliaire de l'Intuition introvertie.



2. Pourquoi une répartition inégale des types ?


Avec le temps, plusieurs hypothèses ont été émises. Certaines sont plus probables que d'autres, étant donné leur cohérence avec la théorie du développement fonctionnel et de l'individuation décrits par Jung. Mais pour se rapprocher d'une réponse, on doit être sur de comment se transmettent ou naissent les types psychologiques chez un individu... et même sur cette question, tout le monde n'est pas d'accord. Il y a deux grandes pensées qui s'opposent, à ce sujet : l'inné et l'acquis.

Chez les partisans de l'acquis, on a tendance à penser que les types se développent selon une dynamique qui se reproduit dans chaque communauté. En effet, il faut se souvenir que les types restent répartis de façon à peu près égale dans les sociétés où des données statistiques ont été recueillies. Par exemple : dans une petite communauté d'une cinquantaine d'habitants, on peut imaginer que le groupe aurait continuellement besoin d'un certain nombre de médecins, de scientifiques, de soldats ou de planificateurs. C'est un exemple très caricatural, mais il explique qu'un comportement ou qu'une fonction (fonction sociale, ici) influence la personnalité de l'individu. L'autre théorie populaire du côté de l'acquis consiste à penser que les types sont complètements influencés par l'expérience de vie d'une personne, qu'il n'y a donc rien de transmissible par les gènes ni d'utile dans le développement pour remplir un rôle social. Cette seconde théorie ne repose en fait sur rien de solide et va même jusqu'à s'opposer aux fondements de l'individuation et de la dynamique des fonctions. En effet, si le type ne dépend pas d'un caractère inné et s'il n'est qu'adaptation au milieu et aux circonstances, alors il n'y a jamais aucune faille dans le développement du type. Il n'y a alors pas non plus de ressemblance psychologique entre un parent et un enfant, pas de pensée capable de s'opposer à l'éducation ou à des bases inculquées, et même pas de développement fonctionnel. D'ailleurs, certaines personnes aux éducations/valeurs totalement différentes et aux comportements opposés se retrouvent parfois dans un même type/même dynamique de fonctions. Du côté des adeptes de l'inné, en revanche, on pense que les fonctions sont des bases de la personnalité qui se transmettent par les gènes, comme certaines particularités physiques sont héréditaires, les fonctions cognitives le sont également. Ca ne signifie pas qu'il existe une recette miracle pour déterminer le type d'un enfant avant sa naissance. En fait, le MBTI est basé sur cette notion d'inné mais ne s'oppose pas à l'intégration d'éléments extérieurs (comme les évènements traumatisants, l'expérience, l'éducation, etc.) dans la mécanique de la dynamique des fonctions. On peut être INFP et avoir à se battre pour survivre dans un environnement rigide et inhospitalier ! Si l'individu arrive à intégrer les éléments extérieurs à sa personnalité qu'il a dû affronter, il y a des chances qu'il en ressorte plus fort. C'est peut-être ça, l'expérience ! Un environnement trop inhospitalier peut parfois amener un type à se contrarier, soit en empêchant le développement par orientation d'une fonction, soit en créant une boucle dominante-tertiaire (par exemple une boucle Ti-Si chez un INTP).

Je pense que la clé est là, c'est la prise en compte des éléments acquis dans une dynamique principalement innée. Difficile alors de déterminer pourquoi certains types sont plus répandus que d'autres... ce qui intuitivement me semble le plus plausible est qu'une sélection naturelle s'opère sur le long-terme au niveau génétique. Peut-être même que la tendance est en train de s'inverser et que dans un futur très, très, très lointain, le monde sera peuplé d'INTJ et d'ENTJ alors que les ISFJ seront en voie d'extinction.


Pour terminer, une représentation globale de la fréquence des types.

Pour écrire les statistiques démographiques de ce site, j'ai réuni les statistiques au niveau mondial sur des sites qui effectuent des recensement comme capt.org, mypersonnality.info ou le site de myersbriggs. Il est intéressant de remarquer une légère différence de préférences entre certaines régions géographiques. Par exemple, l'Angleterre compte un peu plus de personnes ayant une préférence T et la France une légère surreprésentation de F par rapport et à la répartition mondiale des types.


Fréquence démographique des types dans le monde en pourcentage.


Fréquence démographique des types dans le monde (selon le sexe) dans une population de 1000 personnes.


Fréquence démographique des fonctions cognitives dans le monde (ici, par fonction dominante) en pourcentage.

Fréquence démographique des fonctions cognitives dans le monde (ici, par fonctions dominante et auxiliaire) en pourcentage.


Sources :Types psychologiques, C.G. Jung.Entretiens avec C.G. Jung, Richard Evans.Ma vie, C.G. Jung.Les types de personnalité, P. Cauvin et G. Cailloux.Energies and patterns in psychological type, J. Beebe.Psychological types in transference, countertransference, and the therapeutic interaction. J. Beebe.Typologie Jungienne (Wikipédia)16-types.fr (Les 16 types du MBTI)socionique.frmyersbriggs.orgcapt.orgmypersonality.info