L'Eglise Saint Serge Saint Bach

Photos de Maryse DEHON

L'Eglise Saint Serge Saint Bach

Le Bourg de POURRAIN, groupé autour de son église, domine la départementale d’AUXERRE à TOUCY.

Jusqu’à la révolution, ce bourg a été la possession des chanoines de la Cathédrale d’AUXERRE. Il fut érigé en paroisse dès le VIème siècle.

L’église, dédiée à Saint Serge et Saint Bach, chevaliers romains martyrisés en Syrie vers l’an 300, fut tout d’abord une construction romane établie sur le versant oriental de la colline.

Au XVIème siècle, un chœur de très grande ampleur fut élevé à la place de la petite abside en cul-de-four, et au XIXème siècle on reconstruisit une nef néogothique avec ses deux collatéraux, et le clocher, flanqué d'une tourelle hexagonale très gracieuse.

Extérieur

La partie XIXème siècle (tout en pierre de taille, est épaulée par de puissants contreforts. La tour carrée, qui s’appuie sur le côté nord, est à quatre niveaux et percée d’ouvertures en arc brisé mais de tailles diverses, celles du haut étant dotées d’abat-son. Une balustrade couronne le sommet. La Toiture, différenciée pour la nef, les bas-côtés et le chœur, en partie d'ardoises, en partie de tuiles de Bourgogne, est soulignée d’une belle corniche de pierre avec une gargouille sur le flanc sud. Le beau chevet Renaissance, dressé grès sur une base de ferrugineux, domine sur la ses pans coupés et de ses hautes verrières la rue en contrebas.

La façade n’a reçu sa sculpture qu'au milieu du XXème siècle, à l’instigation de l'abbé Bruni dont on voit le médaillon sur la partie droite. Ce travail est l’œuvre d'Edgar Delvaux, artiste local, mais là présence de dés de pierre à la base de la tour et sur les murs latéraux prouve que le programme iconographique n'a pas été terminé.

Peut-être pour faire référence au sanctuaire primitif, ou bien parce qu’il a été influencé par le beau portail de l’église de Parly, le sculpteur a puisé son inspiration dans le répertoire roman.

Aussi voit-on des colonnes, bandeaux el voussures avec un décor de feuilles de fleurs et de rinceaux, des chapiteaux ornés d’animaux fantastiques, des arcs qui s'amortissent sur des têtes humaines, un tympan historié : le martyre des saints patrons accueillis, au registre supérieur, par Dieu le père et le Christ tenant sa croix. Le pignon du portail, aux rampants abondamment décorés qui enserrent un écusson assez fantaisiste, se termine par une croix où apparaissent les instruments de la Passion. Sur le pignon de façade, surmonté d’une Vierge, c’est encore Saint Serge et Saint Bach qui sont représentés de chaque côté de la grande rose, sur des consoles sculptées et sous des dais volumineux.

Intérieur

L'intérieur, très vaste, longueur 35 mètres, largeur 17 mètres -, est d’une belle élégance. Dans la nef, l’élévation est à deux niveaux ; grandes arcades et fenêtres hautes. Les faisceaux de colonnes engagées, surmontées de chapiteaux au feuillage diversifié, reçoivent les ogives et les arcs doubleaux très nervurés de la voute qui culmine à 13 mètres.

Les collatéraux, beaucoup plus bas que la nef, ont une voûte identique. Les croisées d’ogives sont décorées de rosaces plates, mais celle de la chapelle nord est un losange d’une sculpture plus travaillée. Les baies, à une seule lancette, ont des vitraux très lumineux de verres incolores ou légèrement teintés de jaune et de vert, en un réseau géométrique aux motifs alternés deux à deux. Celles du revers de façade sont encadrées de colonnettes avec chapiteaux et supportent un beau tore. Les fenêtres hautes ont les mêmes colonnettes mais qui semblent un peu inutiles car elles ne reçoivent aucune retombée d'arc. La grande rose est ornée en son centre d’une conversion de Saint Hubert, en hommage au maire de l'époque Hubert MÉMAIN, qui fit entreprendre les travaux de l'église en 1876.

La cinquième travée, plus large, joue le rôle de transept et possède des fenêtres à trois lancettes. Sous celle du nord, un chapiteau XIème siècle, seul reste de l’église romane, sculpté en bas-relief, représente Daniel dans la fosse aux lions.

Quant à la sixième travée aux grandes arcades plein cintre, elle fait partie de la construction XVIème siècle, et ses bas-côtés se terminent en chapelles de pierre avec des autels dont le devant est sculpté présentation de Marie au temple dans la chapelle dédiée à la Vierge, .et dans celle de Joseph, la mort du Saint. Dans chacune de ces absidioles se trouve un tableau, une Vierge du Rosaire et une Lamentation. Le chœur XVIe siècle, en pierre dorée, est formé d'une abside à cinq pans. Sa voute est pleine de hardiesse avec ses multiples nervures prismatiques qui entrent directement dans les colonnes et retombent en longs pendentifs, malheureusement dépourvus de sculptures.

Les hautes verrières de la fin XIXème siècle, au remplage gothique, offrent des scènes nettement lisibles dont les couleurs sont éclatantes. Leur sujet est assez peu commun. Elles évoquent le Credo dans l'abside, le Pater et l’Ave Maria dans les nefs latérales. Les deux patrons de la paroisse, saint Serge et Saint Bach sont représentés dans la verrière du milieu, au bas de la grande scène de-là Résurrection aux couleurs très douces et au dessin de belle facture. Dans les médaillons supérieurs, les quatre évangélises entourent la colombe de l'Esprit Saint.

Les croix sur les colonnes témoignent de la consécration de l’église qui eut lieu le 17 mai 1888 par Monseigneur BERNADOU.

Certaines pièces du mobilier sont très intéressantes. Deux statues, une Assomption et une vierge de l'Apocalypse, sont de chaque côté de l'autel dont le devant, creusé de niches et orné de dorures, présente personnages de la bible : Saint Joseph, Saint Pierre. Aaron, Moise et Saint Jean-Baptiste qui encadrent la scène centrale : Le Christ et les disciples d’Emmaüs.

Au-dessus de la porte latérale, Saint Blaise, crossé er mitré, fait un geste bénédiction. Le culte de ce Saint patron des peigneurs de laine, les « cardeux », est très répandu en Puisaye.

Dans la nef, contre le revers de façade, un tableau, une Descente de Croix, est surmonté d’un grand Christ de bois. A l’angle sud, scellée sur une colonne prismatique joliment moulurée, une Sainte Marguerite écrase un dragon très mutilé. là également, se trouvent les fonts baptismaux, décorés de drapés et de têtes d’anges, et fermés d’un couvercle de bois avec boules et croix dorées.

Enfin l’église peut s’enorgueillir d’un magnifique mobilier bois XVIIIème siècle dont la plupart des pièces proviennent de Notre dame de la Cité, édifice proche de la cathédrale d’Auxerre et démoli à la Révolution. Des bancs de chênes aux joues et accotoirs sculptés et fleuronnés, de très belles stalles, des bancs clos dont certains utilisés pour faire l’autel latéral qui se trouve dans le bas-côté nord et dont les panneaux montrent un décor d’arcatures et de serviettes pliées. La porte extérieure aurait la mêle provenance si l’on en juge par le décor identique.

Il faut également remarquer le beau confessionnal avec fronton et pilastres, ainsi que la chaire, dont la cuve, ornée des quarre évangélistes, est supportée par un faisceau de colonnettes et coiffée d'un abat-voix imposant.

Ce mobilier, très bien entretenu, donne à cette grande église un aspect à la fois cossu et accueillant.

Il faut donc visiter cet édifice où XVIème et XIXème siècles se côtoient avec bonheur.

Sources - MÉMAIN : Histoire de la Commune de POURRAIN pendant la Révolution