Fauteuil 30'S

Bonjour, voilà maintenant quelque temps que je n'ai rien posté sur le site. Mais, faute de temps je n'ai pas créé grand-chose ses trois dernières années, si ce n'est dans le cadre de mon travail d'ergonome. De retour au chômage je reprends peu à peu la créativité et ça foisonne !

De retour, j'ai plein de choses à vous montrer, mais pour l'heure je souhaite vous faire partager la réfection d'un fauteuil année 30 dit suspendu qui appartient à une amie : spéciale dédicace à Sabine.

Voici la bestiole dans son jus :

Il y a tu taf, on peut dire qu'il a vécu le coco mais il est beau ! J'avais déjà travaillé sur un fauteuil similaire, mais il y a longtemps. Est-ce que mes mains se rappelleront ? Dans le doute nous allons dégarnir petit à petit et photographier au fur et à mesure !

Du coup j'en profite pour vous faire profiter step by step :

Le dégarnissage :

La première étape dans la réfection d'un fauteuil c'est le dégarnissage. Il s'agit d'une étape plus importante qu'elle n'y paraît surtout lorsque l'on n'est pas du métier car c'est le moment de comprendre comment il a été confectionné. Il ne faut pas hésiter à prendre son temps en le démontant, à photographier les différentes parties.

Première étape, le démontage des accoudoirs. Je constate que le crin n'a pas été cousu, du coup il s'est totalement affaissé, voilà quelque chose que je ferai différemment !

On constate que la structure s'est désolidarisée, il faudra la recoller afin d'assurer une bonne cohésion entre les sections et éviter toute sollicitation sur l'ouvrage final.

Par ailleurs, le bois est verni, comme Sabine souhaite une finition noire, il va falloir user d'huile de coude pour enlever le vernis et permettre une bonne adhésion de la peinture. D'autant qu'un petit ponçage ne peut pas faire du mal au bois, bien au contraire, et oui tout le monde à droit a son petit lifting annuel ! Nous aurions pu utiliser un gel décapant fait maison à base de cristaux de soude mais ça n'a pas été le cas.

A ce propos je pense créer bientôt une section plus axée sur la décoration : enduit, peintures, colles... naturelles et fait maison ainsi qu'une section carton.

La deuxième étape consiste à retirer le tissu de l'assise et du dossier. C'est la partie sexy du projet, le dé-feuillage ! En fait, pas du tout parce qu'à ce moment-là on bouffe plein de poussières. D'ailleurs je vous conseille de porter un masque durant toute la phase de dégarnissage. Une fois le tissu enlevé, gardez les morceaux car vous vous en resservirez pour le métrage du tissu, pour la découpe des futurs morceaux et pour le repérage des découpes des coins. Lorsque le tissu est enlevé on arrive à la mise en blanc, d'ailleurs plus très blanc !

On enlève ensuite la toile blanche. La toile forte qui sépare le crin des ressorts a totalement explosé d'où le creux sur la galette ! Nous ne le voyons pas très bien sur les images, mais il me semble que cette dégradation est liée à l'utilisation de ressorts à sommier, à mon avis, bien trop grand pour cet usage. A ce propos la forte sollicitation a cassé un des ressorts qui lui-même a coupé la toile forte laissant s'échapper le crin de la galette.

Nous voyons bien sûr la photo précédente la faille d'où s'échappe le crin.

Pour finir, on retire les galettes de crin de l'assise et du dossier. Parfois, il est possible de les réutiliser tel quel, bon ici elles sont trop abîmées il faudra tout refaire. Et pour cause, l e guindage a totalement lâché ce qui a entraîné une déformation des joncs. Nous avons ici, deux types de joncs : en osier pour le dossier et en acier pour l'assise. D'ores et déjà je pense réutiliser le jonc acier de l'assise, mais je pense que je vais changer le jonc osier du dossier car il est trop déformé et je risque de galérer plus qu'autre chose.

Enfin, on enlève les sangles et toutes les semences que l'on trouve. AH MAIS NON PAS DES AGRAFES !!! Et bien si, je déteste ça c'est super-pénible à enlever et en plus ça fait exploser le bois ! Bon bref, on en enlève le maximum afin que cela ne nous gêne pas par la suite.

Comme nous avons vu précédemment le bois a été vernis, j'anticipe sur la réfection elle-même en vous proposant une photo avant ponçage et une photo après ponçage. Là aussi je vous conseille l'utilisation d'un masque car la poussière de bois est cancérigène.

Avant d'entamer le chapitre sur la réfection du fauteuil, une "petite" surprise se cachait là-dedans :

Haïe on est tombé sur un os, sans faire de jeu de mots tout pourri. "Garonne ? Je crois que tu as oublié ton quatre heures dans le fauteuil !"

La réfection

Allez c'est parti, nous allons passer aux choses sérieuses : la réfection. Plusieurs moments clefs composent cette étape : sanglage, guindage, mise en crin, piquâge, mise en blanc et couverture. Je vais tenter de vous décrire ces étapes qui ne sont pas totalement linéaires dans le projet puisqu'on réalise tout d'abord l'assise, puis le dossier et enfin les accoudoirs.

1 ° Le sanglage et le guindage

Cette opération consiste à faire une plate-forme solide et bien tenue au moyen de sangles entrecroisées. Afin de couvrir au maximum l'assise j'ai choisi de mettre cinq sangles dans la longueur et six sur la largeur.

Avant toute fixation définitive, les ressorts sont positionnés sans être cousus afin de trouver la meilleure répartition. Ensuite on trace au marqueur l'emplacement des ressorts et on les coud définitivement au sanglage. Pour se faciliter le travail et épargner son dos, on positionne le fauteuil sur des tréteaux afin de nous permettre de travailler dos droit.

On prépare ensuite les cordes pour le guindage. Pour cela on appointe des semences face aux ressorts sur la traverse avant et une traverse latérale et on fixe les cordes aux semences sur la traverse arrière et l'autre traverse latérale. On enroule les pavillons de chaque ressort à l'aide des cordes. Je ne rentrerai pas dans le détail, d'une part parce qu'il y a des éléments qui ont déjà été abordés dans d'autres articles et en plus parce que je n'ai pas de visuels plus précis. Bon et puis oui j'ai une grosse corde dans la main (flemme).

Abracadabra et voilà, ce n'est pas compliqué en fait, vous essayerez et vous m'en direz des nouvelles !

Le guindage est ensuite fixé a une cage et non sur les traverses du fauteuil contrairement à ce que nous avons pu voir jusqu'à présent. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous appelons ce type de fauteuil "suspendu". Le zoom montre une ligature, système de fixation qui permet de fixer les ressorts à la cage.

Bon voilà, la première étape est terminée, nous allons pouvoir procéder à la mise en crin ou garniture de fond.

2 ° La mise en crin, le piquâge et la mise en blanc

On appointe la toile forte aux traverses du fauteuil à l'aide de semences, puis on la coud à la cage du guindage par un point chaînette et aux ressorts par quatre noeuds et on fixe définitivement les semences sur les traverses.

Enfin, on réalise des points arrière sur l'ensemble de l'assise, d'environ 10 cm de large, qui constitueront les lacets pour fixer le crin.

Après avoir constitué des boules de crin de même consistance, on les enroule dans les lacets de sorte à les y coincer. Lorsque chaque lacet a trouvé "boule de crin à son fil" il s'agit d'aérer les fibres de crin afin que chaque boule s'entremêle avec les boules voisines et donc à uniformiser l'assise. Le but étant de ne plus sentir de creux ni de bosses.

On procède ensuite à l'emballage, ah je vois des yeux qui pétillent ! Emballer emballer, mais non pas ce type d'emballage, ne vous emballez pas justement ! A l'aide d'une toile d’embourrure on "emballe" le crin et on réalise ainsi une galette. On tend la toile d'embourrure peu à peu à l'aide de houseaux en faisant plusieurs tours et en essayant d'ores et déjà de suivre les fils de la toile. On modèle la galette, on n'hésite pas à s'y asseoir dessus à y tapoter avec la main afin d'uniformiser la répartition du crin. Puis lorsque l'on est satisfait de soi et de sa galette on coud la toile à la cage en point de surjet.

Ensuite on effectue le point de fond, j'ai choisi de faire ici un point cheminé. Le point de fond traverse la garniture et permet d'écraser le crin entre la toile forte et la toile d’embourrure. Afin de finir les coins et assurer une résistance optimale on réalise un point de chaînette.

On procède ensuite au piquage des bords, pour cela le premier piquage se fait en points avant tel que présenté dans l'image suivante. A ce titre, je conseille le formidable bouquin de Claude Hache "La réfection des sièges" pour tous novices qui souhaiterait se lancer dans pareille entreprise.

Lorsque le premier tour est terminé, on s'attaque au deuxième tour toujours en points avant et en quinconce par rapport au premier. Une fois le deuxième tour terminé on passe au troisième et dernier qu'on réalise en point arrière noué. Celui-ci doit rester bien rectiligne et être le plus serré possible pour obtenir un contour bien ferme.

Ensuite on effectue la piqûre du crin animal, en noir sur la photo, afin de combler les creux générés par le piquage. Pour cela, dans le même principe que le crin végétal, on coud des lacets normalement sur l'ensemble de l'assise, pour ma part je n'ai fait que le contour de l'assise car je n'avais pas assez de crin animal. J'ai donc choisi d'en faire le contour et de compléter le reste à l'aide de ouate, partie blanche sur la photo.

Enfin, on réalise la mise en blanc, qui consiste à recouvrir l'ouvrage avec de la toile blanche.

L'assise est fin prête à recevoir la finition finale ! Mais afin de limiter les risques d'abîmer le tissu définitif, on va réaliser tout d'abord le dossier. Et on est reparti comme en quarante : guindage, mise en crin et mise en blanc du dossier. Les principes sont les mêmes que précédemment : on sangle, on positionne les ressorts au plus couvrant, on coud les ressorts aux sangles, on guinde, on ligature les ressorts à la cage, on fixe une toile forte à l'aide de semences et on la coud à la cage, on coud des lacets à la toile forte, on y insère les boules de crin végétal, on carde, on emballe à l'aide d'une toile d'embourrure...

Oups, lancée comme une dingue dans l'ouvrage et oui c'est très prenant pour qui aime faire ce genre de travail, j'en ai oublié de photographier le piquage du point de fond du crin ainsi que la couture du bourrelet. Pour le dossier, la sollicitation étant de moindre importance que l'assise, j'ai réalisé qu'un seul point contrairement aux trois points de piquâge pour l'assise. D'ailleurs, au démontage j'avais constaté que la galette du dossier ne possédait pas du tout de bourrelet, ce qui participe bien évidemment à l'effondrement du crin.

A nos accoudoirs maintenant, même principe que précédemment. Bon comme j'ai envie que vous puissiez voir le résultat final, j'abrège un peu. Mais vous aurez compris que le plus important est de connaitre les techniques, après vous ne faites que reproduire ce que vous avez fait sur l'assise au niveau du dossier... et pour vous aider soyez observateur au démontage.

Maintenant que l'assise, le dossier et les accoudoirs sont terminés, nous allons pouvoir peindre le bois. Ensuite, pour une finition impeccable et plus mouf mouf, comme dirait mon frère, avant la couverture, nous allons recouvrir l'ensemble de ouate en faisant des coins cousu pour éviter que la ouate ne bouge trop pendant la couverture.

J'avoue que les images sont de piètre qualité du fait de la tombée de la nuit, car oui je suis tellement acharnée que je travaille même la nuit tombée ! Bon oui d'accord nous étions en décembre.

3° La couverture :

Voilà, maintenant que vous avez vu les dessous chics de Monsieur, il est enfin prêt à recevoir son smoking !!! Je n'ai pas mis de détails car j'étais trop dedans et j'avais besoin d'être concentrée. Finition peinture noire satinée, tissu coton prune et galons.

Le fauteuil est signé d'une plaque en fer "Made in Chiner" gravée main et cousue sur le tissu. Dommage car la photo ne rend pas très bien, mais ce n'est pas grave ce sera l'occasion pour se faire offrir un p'ti coup et refaire quelques photos de jour ! Petit message subliminal à Sabine !

Et bonne vie mon petit...

Made in Chiner.