Au commencement, l’homme primitif vivait dans l’inconscience et le réel était sa conscience : la faim, le froid, la soif, la pulsion sexuelle.
Tout se jouait entre vivre ou mourir, entre le jour et la nuit.
Ce qui appartenait à ces deux pôles fut reconnu comme puissances à vénérer, à apaiser (soleil, lune, pluie, orage, terre,…).
Les hommes les représentaient pour que l’invisible menaçant et l’invisible bienfaisant se transforment en dieux apparents, maîtrisables, racontables.
Tout comme les hommes sont constitués physiquement de manière semblable, leur imaginaire contient les mêmes forces primitives, les mêmes récits ; leur articulation et leur illustration dépendent seulement de l’endroit et de l’époque où ils naissent. Des grottes de Lascaux aux plafonds de nos cathédrales, l’image et le symbole ont fait partie des tentatives de l’homme pour maintenir ouvert un chemin qui relie inconscience et conscience, dans les deux sens.
Ainsi, avec bien des péripéties, l'ébauche originelle du tarot a pris naissance. Et l’histoire de cet outil révèle qu’il n’est pas l’œuvre d’un seul homme mais plutôt un héritage anonyme, une œuvre géniale, due à la collaboration d’humbles imagiers qui se recopiaient les uns les autres.
Il apparaît en fait que les thèmes symboliques contenus dans le tarot se retrouvent dans toutes les traditions à des degrés plus ou moins semblables, ouvrant ainsi la porte d'un fonds commun à toute l'humanité et que le psychanalyste Carl Gustav JUNG appelle l'inconscient collectif.