Après la fin de l’art, l'art de la fin



Yan Ciret à Jean-François Martos (message envoyé le 16 juillet 2003)

Monsieur,

Je souhaiterais pouvoir vous contacter au sujet d'une vaste exposition dont je suis le commissaire au Musée d'Art Moderne de St Etienne, l'intitulé en est Après la fin de l'art ; elle recoupe beaucoup de ce que vous avez rassemblé (de manière assez extraordinaire, surtout vu le contexte) sur votre site et ainsi que nombre de vos activités. Je ne sais si vous accepterez tant vous avez à faire face à des entreprises d'appropriation, de détournements vampiriques, de bêtise à l'état pur, et je comprendrais très bien que vous refusiez. Même si je pense, sincèrement, être indemne de ce genre de falsifications et de malversations. Enfin, ce n'est pas à moi de juger. Cette rétrospective tente de réarticuler une large partie des actions de l'Internationale Situationniste, en la reprenant à partir de ses origines multiples. Je pars du lettrisme et de ses entours, des mouvements européens qui vont confluer en 1957, pour aller jusqu'aux situationnistes, Guy Debord traçant, évidemment, la voie principale de ce soulèvement révolutionnaire. Je vais coordonner le catalogue, mais tout en essayant de le transformer en vrai livre de référence sur cette problématique du dépassement de l'art (Alba, l'Internationale lettriste, le Bauhaus imaginiste, Comité psychogéographique de Londres, etc.). J'aimerais beaucoup un texte de votre part, peut-être pourrions-nous en parler? Encore un mot, si Guy Debord sera évoqué du début à la fin de sa vie-oeuvre, d'autres n'auront pas la même place, et c'est là que vous pourriez peut-être ne pas être d'accord, nous suivrons parallèlement, même si dans une moindre mesure, les oeuvres de Wolman, Hains, Brau, Dufrêne, etc. . Il ne s'agit pas de réduire tout ceci par amalgame et intérêt (comme beaucoup cherche à le faire aujourd'hui) à un "Debord artiste", mais refaire émerger sous un certain angle ceux qui autour de lui, proches par époque, l'ont accompagné (Jorn, Constant, Pinot Gallizio, Lefebvre, etc.). La vie et l'oeuvre de Guy Debord restant le centre de gravité de ce temps, donc pas question de séparer la critique du politique, du Spectacle, de l'oeuvre elle-même. Donc pas de blanchiment de la pensée, par une rétrogradation dans l'art. Je vous dit cela rapidement, il me faudrait plus d'espace pour vous préciser chaque chose. Dans l'attente recevez l'assurance de mes meilleurs sentiments, et tout le respect pour votre place dans cette histoire ; histoire pour moi la plus importante du XXème siècle.

Bien à vous,

Yan Ciret



Jean-François Martos à Yan Ciret

Le 26/8/03

Monsieur,

L'avant-garde meurt mais ne se rend pas.

Jean-François Martos

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