FAQ-richesse
Lutter contre le vieillissement, c'est notamment lutter contre l'inégalité sociale. Les personnes pauvres sont en moyenne les premières à souffrir et à mourir des suites du vieillissement. Les riches vivent plus longtemps et en meilleure santé. Une lutte prioritaire pour un vieillissement de plus en plus lointain est donc une lutte qui bénéficie à tous les citoyens mais en commençant par les plus pauvres.
La lutte pour une vie plus longue est aussi une lutte sociale car, de manière générale, ce sont les personnes les plus faibles qui sont d'abord touchées par le vieillissement.
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Les thérapies de rajeunissement ne seraient accessibles qu'aux riches (source http://www.mfoundation.org/files/sens/concerns-fr.htm copie de la page telle que disponible en juin 2008)
Il n'y a pas le moindre risque que ces thérapies soient limitées par l'aptitude à payer pendant plus de quelques années après leur arrivée. Je suis sûr de cela pour plusieurs raisons. En voici quatre d'entre elles.
La première raison est une raison légèrement sombre. Quand un remède contre le vieillissement sera développé, les gens auront vraiment très envie d'en bénéficier - bien plus qu'ils n'ont envie de se procurer les remèdes contre des choses qui peuvent seulement leur permettre de prolonger la vie de quelques années. Le problème avec la démocratie, c'est que cela ne fonctionne bien que pour des questions dont les gens se préoccupent véritablement, suffisamment pour que cela détermine pour qui ils vont voter. La médecine moderne ne parvient simplement pas à réaliser cela - l'économie, quant à elle, y parvient. Mais cela ne se vérifiera pas avec un remède contre le vieillissement. Aussitôt qu'un véritable remède deviendra largement attendu - si ce n'est vraiment développé - il deviendra impossible de faire élire autre chose qu'une plateforme intégrant un projet Manhattan pour activer la mise en place d'un remède, à la fois en termes de développement et en termes de diffusion. Les brevets d'inventions qui menaceront de ralentir la campagne en faveur de l'accès pour tous seront nécessairement sujets à l'expropriation par les pouvoirs publics (à un prix très élevé, bien sûr, mais obligatoire néanmoins). Toutes les lois que nous voyons actuellement entraver un tel progrès seront retirées aussi rapidement que cela s'avèrera nécessaire. Cela se produira non seulement à cause du processus démocratique (qui fonctionne seulement à un niveau national) mais aussi à cause du processus politique mondial. Depuis le 11 septembre, il y a une bonne intelligence selon laquelle rendre un grand nombre de personnes très en colère est une mauvaise idée pour tout le monde, et par conséquent on percevra comme faisant partie de l'individualisme constructif du monde industrialisé, le fait de rendre les thérapies de rajeunissement accessibles à tous (à un prix abordable, même si cela signifie gratuitement) aussi vite que possible. Après tout, l'intérêt d'acheter les thérapies de rajeunissement est de vivre plus longtemps, pas de se faire "exploser" par quelqu'un provenant de l'autre côté du monde qui ne vous apprécie pas, vous et vos compatriotes, parce qu'ils n'ont pas les moyens de se procurer ces thérapies.
La seconde raison est moins menaçante. Il y aura une période d'au moins une décennie, que j'appelle la Guerre contre le vieillissement, qui débutera avec la réalisation de résultats sur les souris suffisamment impressionnants pour débarrasser la société de son fatalisme actuel et faire en sorte que les gens veuillent remédier au vieillissement aussi tôt que possible. A ce moment-là, il y aura du grabuge - la société sera désorganisée de mille façons, (par ex.) personne ne voudra plus faire de travail risqué comme pompier - mais l'intérêt principal ici est que (comme noté plus haut) il deviendra politiquement obligatoire de mettre un bon paquet d'argent, l'argent des contribuables, à activer la fin de la mort causée par l'âge. L'expression "Guerre contre le vieillissement" est appropriée, contrairement à "Guerre contre le cancer", parce que les gens voudront faire des sacrifices à l'échelle de ceux que l'on peut faire en temps de guerre afin d'arrêter le massacre aussi tôt que possible. La taxation constituera le sacrifice principal de ce genre, payer pour la formation d'un nombre considérable de personnel médical, pour administrer ces thérapies dès que possible lorsqu'elles arriveront, et aussi fournir beaucoup plus de soins médicaux traditionnels complets entre-temps afin de donner aux gens autant de chance que possible d'être encore en relative bonne santé à ce moment-là. Cela signifie que le temps que les thérapies de rajeunissement arrivent véritablement, la société aura déjà fait ce qui était nécessaire afin de s'assurer qu'au moment de leur distribution, ces thérapies seront gratuites pour tous ceux qui sont suffisamment âgés pour en avoir besoin.
La troisième raison est en réalité un renforcement de la seconde, en ce sens qu'il s'agit d'une façon de vous aider à voir que le développement que je viens juste de décrire n'est absolument pas utopique - en fait, il est tout à fait certain que cela se produira. C'est un scénario purement hypothétique, dont les conséquences en termes de réaction de la société sont évidentes et dont la conception similaire avec tous les aspects pertinents de la Guerre contre le Vieillissement est également évidente. Voici de quoi il s'agit.
Le HIV est un virus que nous ne savons pas encore éliminer du corps, et contre lequel nous n'avons pas encore de vaccin (c.-à-d. de moyen d'éviter que les personnes non infectées le deviennent). Les médicaments que nous mettons au point à présent visent à réprimer le HIV suffisamment pour qu'il n'évolue pas en SIDA généralisé, même si le HIV demeure toujours dans le corps. Mais ces médicaments sont assez chers, en particulier dans les pays riches où l'industrie pharmaceutique est autorisée à appliquer des majorations extrêmement élevées pour couvrir les dépenses réalisées pour développer et tester ces médicaments.
Donc, voici mon scénario: le HIV subit une mutation telle qu'il devient aussi contagieux que la grippe, se propageant par l'air. Que ferait la société?
Examinons tout d'abord ce que cela signifierait en termes de maladie et de mortalité si la société ne faisait pas grand-chose. De nombreux virus sont aussi contagieux que la grippe, mais il n'en existe que deux catégories: soit (a) ils agissent de façon brève sur la personne infectée, parce que celle-ci meurt ou bien au contraire parce que son système immunitaire élimine l'agent infectieux, soit (b) ils infectent le corps de façon permanente mais sans symptôme significatif. Les maladies les plus connues appartiennent à la catégorie (a) - la grippe en est une. Quelques autres appartiennent à la catégorie (b) - la plus importante est le cytomégalovirus (CMV). Et je suis sûr que vous savez, grâce aux informations concernant la grippe aviaire et l'éventualité d'une pandémie, que les virus subissent des mutations, de façon imprévisible, vers des formes beaucoup plus dangereuses. Donc, le scénario que je vous demande de considérer n'est pas ridiculement peu vraisemblable. (En fait, il l'est heureusement, parce que le HIV n'est pas "la bonne sorte de virus" capable de subir ce type de mutation - mais cela ne doit pas vous empêcher de prendre ce scénario en considération et de voir ce que cela donnerait, comment les gens réagiraient à l'annonce du "rajeunissement réussi d'une souris robuste".)
Si cela arrivait, nous pouvons être tout à fait sûrs que quasiment chaque personne dans le monde deviendrait porteuse du HIV en seulement quelques années. La plupart des gens ont le CMV, et ce n'est pas aussi transmissible que la grippe, ainsi il ne s'agit pas d'une suggestion controversée.
Il est donc temps de répondre à cette question: que ferions nous? Eh bien, une possibilité serait d'augmenter la production et l'administration de médicaments anti-HIV afin que tout le monde les obtienne. Est-ce que c'est financièrement plausible? En fait, j'ai fait le calcul pour vous, et il s'avère que le coût pour les USA serait à peu près le même que le coût de la guerre en Irak. Tout à fait faisable, en d'autres mots. Les calculs pour le reste du monde ne sont pas très différents; n'oubliez pas que le fait qu'en Afrique sub-saharienne, beaucoup plus de gens soient atteints, est hors de propos ici, car dans ce scénario tout le monde, partout, est atteint.
Je pense qu'il est parfaitement clair que le monde répondrait au scénario du HIV généralisé en investissant les fonds nécessaires pour pouvoir donner à tous, les médicaments anti-HIV efficaces. Maintenant, revenons-en au vieillissement: quelle est la différence? Ne perdez pas de vue que je prends en considération ici le moment où nous avons obtenu des résultats sur les souris qui permettent de convaincre la communauté scientifique qu'il s'agit seulement d'une question de temps avant que nous puissions arrêter le processus du vieillissement chez les humains, et que cela pourrait demander seulement une décennie ou deux.
En somme, y-a-t-il des différences notables? Je ne pense pas. Le fait que les thérapies anti-vieillissement n'existent pas encore ne constitue pas une différence, car la capacité à fabriquer suffisamment de médicaments n'existe pas non plus dans mon scénario HIV. J'en conclus, par conséquent, que la société n'hésitera à aucun moment à dépenser l'argent (c-à-d. à élire des gouvernements qui mettront en place des taxes pour obtenir cet argent) afin de rendre le vieillissement facultatif pour chacun, quelle que soit l'aptitude à payer.
Pour terminer, voici ma quatrième raison pour rejeter l'argument de "l'inégalité de l'accès" aux thérapies qui s'oppose au développement des thérapies anti-vieillissement. Il s'agit là d'un argument plutôt intellectuel ultraconservateur, mais bon, certains de ceux qui lisent ceci se perçoivent peut-être comme des philosophes et préfèrent des arguments comme celui-là.
La question qui nous occupe est la suivante: même en supposant que les arguments sociologiques et économiques ci-dessus sont faux, et que ces thérapies (lorsqu'elles seront développées) seront pendant de nombreuses années (ou même peut-être pour toujours) disponibles seulement pour une petite partie de l'humanité, vaut-il mieux les développer et supporter cette inégalité de l'accès, ou bien vaut-il mieux éviter de les développer afin d'éviter une telle situation semant la discorde?
Afin de répondre à cette question, je vais aborder un troisième scénario. Ce troisième scénario n'est pas réaliste, mais il n'a pas besoin de l'être pour ce que je veux faire, car mon objectif est de l'utiliser comme un intermédiaire entre les deux autres scénarios réalistes entre lesquels nous espérons introduire une distinction. En d'autres mots, je vais exposer un scénario qui est incontestablement meilleur que le scénario de ne jamais développer ces thérapies, et qui est aussi incontestablement pire que le scénario de les développer et de les rendre accessibles à autant de gens que possible même si, pendant un certain temps ou peut-être pour toujours, nous ne pourrons pas les fournir à tout le monde. Puisque la valeur est équivalente, cela suffira à montrer que développer ces thérapies pour vaincre le vieillissement est mieux que de ne pas le faire même si ces thérapies seront pendant un moment (ou peut-être définitivement) disponibles seulement pour les riches.
C'est très simple: le scénario consiste à développer ces thérapies aussi rapidement que nous le pouvons, mais nous ne laissons à vrai dire personne les utiliser jusqu'à ce que nous ayons baissé suffisamment leur coût pour pouvoir les donner à chaque personne assez âgée pour en avoir besoin.
Ai-je besoin de développer? Je ne crois pas. La comparaison entre ce scénario et celui de ne pas du tout développer les thérapies exclut le problème d'un accès inégal, car dans les deux scénarios l'accès est le même. Par conséquent, il est clair que ce scénario hypothétique est meilleur que de ne pas du tout développer les thérapies. De même, la comparaison entre le scénario de l'accès tardif et l'option de permettre cet accès aux gens aussi tôt que nous le pouvons malgré l'inégalité, est aussi claire: retarder l'accès signifierait condamner des personnes à une mort inutilement précoce.