Si jusqu'à présent nous sommes restés à proximité de la côte, les deux randonnées suivantes vont nous faire pénétrer au centre de l'île.
Elles ont toutes les deux le même début de parcours durant la première demi-heure.
A partir de l'intersection où les deux sentiers se séparent, le premier, jadis emprunté par les esclaves fuyant le village de La Passe, aurait dû nous conduire à travers une forêt dense à Jardin Marron, une clairière située à 450 mètres d'altitude abritant une quarantaine de cocotiers de mer, Lodoicea maldivica, plantés dans les années 40 par Henri Dauban.
Malheureusement, quand la trace s'est perdue au pied d'un amoncellement rocheux d'une dizaine de mètres de haut, nous avons cru avoir fait fausse route et n'avons pas insisté pour dépasser la difficulté. Au dire d'un guide que nous avons interrogé par la suite, nous étions tout près du but. Dommage !
Cocos de mer photographiés au Sri Lanka
A défaut d'un jardin, nous avons trouvé une petite cascade sous laquelle nous rafraîchir avant d'amorcer la descente par le même itinéraire.
Quelques jours plus tard...
Même début de parcours mais cette fois à l'intersection Jardin Marron/Grand Barbe, nous poursuivons vers la deuxième destination.
Depuis le début du séjour nous nous interrogeons sur nos capacités à entreprendre seuls cette randonnée ardue de 7 à 8 heures de marche aller/retour, ou à nous joindre à un groupe guidé.
Les mises en garde du parc national ne sont pas très rassurantes.
Au final, nous avons décidé de nous lancer seuls, mais avec quelques précautions, notamment en choisissant de partir le jour où était programmée une randonnée guidée, en prenant une heure d'avance sur le groupe. En cas de difficulté nous pourrions ainsi nous faire récupérer par le guide.
Allez, c'est parti en direction de Grand Barbe, un hameau en grande partie abandonné (il ne compte plus que 2 habitants) sur la côte Est, ce qui signifie une traversée ouest/est de l'île avec un dénivelé de plus de 500 mètres.
La montée est implacable, dans un enchevêtrement de rochers, de palmiers et d'arbres géants sous une humidité prégnante.
Pour le moment nous sommes rassurés car nous suivons une trace GPS téléchargée sur Wikiloc.
La présence à mi-pente d'un panneau indicateur nous confirme que nous sommes sur la bonne voie.
Mais le contributeur de Wikiloc n'a manifestement pas mené sa randonnée jusqu'au bout, car son tracé est incomplet.
En abordant la partie non renseignée, nous devons nous fier aux seuls repères du terrain et être très vigilants.
En trouvant plants d'ananas et fruits de l'arbre à pain, nous savons qu'au moins nous ne mourrons pas de faim ;-)
Nous sommes totalement rassurés quand, à la sortie du sous-bois, nous découvrons enfin la vue sur la côte Est. Waoouh, le plus dur est fait, même si la descente est encore longue.
Un peu plus loin, nous croisons une colonne de randonneurs. Ils n'ont pas déjà pu avoir fait l'aller/retour depuis La Passe ? Non, ceux-là se sont manifestement fait déposer en bateau à Grand Barbe et n'ont pas l'air de randonneurs tout à fait ordinaires. Le premier porte une croix, le dernier un petit bouquet de fleurs. Un pèlerinage ? Nous aurons la réponse au retour en trouvant la croix plantée là-haut dans la forêt en commémoration d'un drame survenu à cet endroit précis un an plus tôt. Nous compatissons !
Pour le moment, nous atteignons avec soulagement le hameau de Grand Barbe, accueillis par une habitante des lieux vieille de plus de cent ans.
Vite, vite, nous avons hâte d'enfiler nos maillots pour piquer une tête avant de nous dessaler dans un ruisseau.
Un pique-nique et une sieste plus tard, le groupe mené par un guide de l'hôtel arrive seulement, au moment où nous nous mettons en marche pour le retour sous une chaleur à présent plus accablante que ce matin.
Je souffre un peu dans la montée, mais dopée par la vue merveilleuse, je surmonte l'épreuve avec fierté.
Au retour, nos habits sont à tordre, nous sommes fourbus, mais heureux de l'avoir fait seuls, et dans un délai raisonnable !
Pour nous remettre d'aplomb, rien de mieux qu'un apéro au coucher de soleil ! On vous invite ?