Colloque 2018

Argument

Le mode d’adresse très souple à Intervalle-CAP, centre d’accueils et de consultations psychanalytiques, avec la possibilité d’un accès direct à ses praticiens, rapide, sans rendez-vous, confronte ceux-ci, de fait, à l’urgence, identifiée comme telle par le milieu social ou médical.

En Psychiatrie, l’urgence concerne surtout le risque de passage à l’acte du sujet contre lui-même ou contre autrui, risque vital et social. Pour ceux qui tentent de loger leur mal-être dans le circuit des services sociaux, ce qui est urgent peut se présenter sous la forme d’urgence sociale. Celle-ci peut révéler, au-delà de la question pressante de l’accès aux droits communs, une souffrance psychique qui insiste et se répète. 

L’urgence  participe d’une nécessité, elle appelle une réponse.

Comment est–t-elle accueillie et traitée par les intervenants d’Intervalle-CAP, orientés par le discours de la psychanalyse ?

Intervalle-Cap reçoit des sujets isolés, vulnérables, en détresse, qui souffrent de symptômes remarquables, envahissants: angoisse massives, idées suicidaires, idées de  persécution, affects mélancoliques prégnants. 

Comment répondre à l’ici et maintenant, hic et nunc, de l’urgence qui s’impose au sujet,  souvent sans véritable demande adressée à l’Autre ? 

L’urgence se révélera comme urgence subjective proprement dite, terme psychanalytique, à la condition que des psychanalystes répondent présents face à l’impérieux du réel traumatique, enregistrant, authentifiant la langue de chacun en sa différence, recueillant la parole fragmentée, précaire, les signifiants en suspens de signification ou indexés de certitude, ceux de l’inconscient à ciel ouvert.  

Les praticiens essaient de repérer ce qui a déclenché le moment d’urgence, à quoi celui-ci répond. Une dimension subjective avec sa temporalité propre est à l’œuvre dès les premiers instants, l’urgence subjective ne s’actualise pas seulement dans ce moment aigu pris comme urgent. Il s’agit d’évaluer la logique subjective en jeu, de l’extraire du moment d’urgence initial informe et de faire émerger une demande, une parole singulière.

Si le risque de passage à l’acte est pris en compte, comme les limites de la parole et du dispositif, cependant, un travail de ponctuation, de coupure, est possible qui encourage le bien-dire et vise ainsi l’apaisement, le traitement du réel insupportable.

Nous rendrons compte de cette clinique particulière, à la limite, dans un dialogue avec des acteurs des secteurs social et médical, interrogeant la notion d’urgence.

Nous essaierons de mettre à jour, de clarifier, les points d’articulation et de recouvrement mais aussi les différences entre ces champs d’expérience de l’urgence. 

 21 octobre 2018, Catherine Meut & Sissy Rapti 

Programme 

ProgrammeColloqueUrgence021218.pdf