Panneau B
Le 17 mai à 7h30 le pont tournant est détruit mais la passerelle reste intacte car mal dynamitée.
A proximité le pont métallique de la ligne 141 saute le 16 mai à 00h20.
En dépit des tirs nourris auxquels ils sont soumis, les fantassins du 111 J.R. s'approchent inexorablement des berges du canal. Les allemands se dirigent vers les écluses , dont les portes constituent les seuls points de franchissement possibles. Le village d'Arquennes est au contact immédiat de l'écluse 19. A cet endroit, la Samme coule en contrebas du canal et le talus qui les sépare, haut de quelques mètres, constitue un abri parfait que les allemands ne vont pas manquer d’utiliser. Ils peuvent se déplacer sans être vus en empruntant tout simplement le lit de la Samme, peu profonde à cet endroit. Dès 9h00 de nombreux blindés prennent position à l'ouest d'Arquennes, en se déployant le long du chemin qui relie le cimetière d'Arquennes à la chapelle Maucras. De cet endroit, à environ quatre cents mètres du canal, la vue est pratiquement dégagée. Le franchissement ne peut réussir que si les positions françaises sont neutralisées par des tirs soutenus et c'est ce dont les Panzers vont se charger en les attaquant au canon et à la mitrailleuse. Dès que les Panzers ouvrent le feu les allemands s'élancent, les français ripostent aussitôt et, fauchés par les tirs, de nombreux soldats s'effondrent, des allemands tombent dans l'écluse et se noient, mais certains franchissent l'obstacle et c'est alors que débutent des combats acharnés.
La 5e compagnie subit de plein fouet l'attaque d'un bataillon, et cette supériorité numérique sera déterminante, effaçant rapidement l'avantage que possédaient les français en occupant des positions défensives.
Témoignage du sergent chef Gallerand: Vers 9h 30 les chars ouvrent le feu sur le groupe de mitrailleuses et les groupes de la section Deschamps. Protégés par leurs blindés, quelques éléments légers franchissent la passerelle du pont tournant. Un peu plus tard, toujours sous la protection des blindés, d'autres éléments s'approchent de l'écluse 19 et se précipitent vers les portes. Nous tirons mais ils passent, encore et encore, et donnent l'assaut. La lutte s'engage aussitôt, très vive, et elle va durer jusqu'en fin d'avant-midi. Nos mitrailleuses se sont tues, et les allemands affluent. Dans un groupe de mitrailleuses, tous les gradés et les hommes ont été tués ou grièvement blessés, sauf un. Le groupe du caporal Courteaud a lui aussi subi de lourdes pertes. Alors qu'il dirige une contre-attaque pour tenter de dégager la section Dechamps, le premier sergent Schmidt est tué. Déjà les allemands sont sur nos arrières et nous tirent dessus. Le soldat Cabeau est abattu. Je recharge le fusil-mitrailleur et tire à pleines rafales. Perrot a la main arrachée par une grenade. Flauriet saute sur le chemin, et je le suis. Les allemands nous tirent comme des lapins. Je me retourne: Grapinet n'est pas là. Mangenot le ramène, il a pris une balle dans le ventre et saigne abondamment, on le panse tant bien que mal.
Immédiatement après le franchissement du canal, fidèles à leur tactique éprouvée, les allemands pénètrent en profondeur dans les positions françaises, les dépassent et les prennent à revers. En combattants bien entraînés, ils misent tout sur le mouvement, avancent, décrochent et évitent les affrontements frontaux. De durs combats se déroulent dans les vergers, les rues, les près, les jardins jusque dans les maisons.
Entre-temps, l'écluse 20 a elle aussi été franchie, et cet autre succès permet aux assaillants de se rejoindre sur les arrières des premières lignes françaises et de les prendre au piège.
Malgré la vigueur de la défense l'ennemi a, sur le front du 2e bataillon, réussi à franchir le canal (ligne de résistance) et à commencer ses infiltrations, mais il va encore se heurter à de vives résistances dès le début de l'après-midi.
A 13h30 les 5e et 7e compagnies tiennent toujours sur la ligne de résistance, le lieutenant Valot rassemble les rescapés des 2e et 3e sections et dirige une troisième contre-attaque, il réussit à dégager ce qui reste de la 7e compagnie et l'ennemi recule vers le canal.
A 15h00 les allemands tiennent le secteur du pont d'Arquennes et à 17h30 le lieutenant Valot a succombé à Feluy, et est fait prisonnier à19h00 par une compagnie de soutien.
A 21h00, en gare de Feluy-Arquenneses, les prisonniers sont enfermés dans des wagons de marche (200 hommes et 4 wagons).
Le dimanche 19 mai avant-midi une trentaine d'habitants réintègrent discrètement leur foyer qu'ils sont venus examiner la veille au soir. Que de ruines! Pas une maison n'a été épargnée, toutes ont leurs fenêtres brisées, partout ce sont des portes ouvertes, des volets arrachés, des façades criblées de trous, et sur la place Mathys un amoncellement d'objets, de matériaux et de véhicules abandonnés et au loin le grand viaduc démembré plongeant sa partie droite brisée à un mètre de la culée du milieu.
Le 7 juin l'autorité occupante fait paraître un avis obligeant tous les habitants à avancer leurs montres et horloges d'une heure sur l'heure d'été. Un autre arrêté réduit la ration de pain qui est de 300 gr. par personne à 225 gr. La consommation de viande est fixée à 45 gr par personne et par jour.
Le 28 juin 250 soldats allemands viennent s'installer à Arquennes, ce groupe est composé de soldats des environs de Cologne et à pour mission de reconstruire le pont du chemin de fer. Le 15 août le premier train venant de Manage peut passer.
L'armée allemande a stupéfiés les habitants par son ordre, sa propreté et sa discipline "ARBEIT DURCH FREUDE" (Travailler par la joie).
Dès septembre 1940 la fausse Libre Belgique parvient à Arquennes et à proximité de l'église l'imprimerie Maurice Cuvelier y imprimera les n° 45 et 46.
L'ouvrage détaillé reprenant les différentes phases de cette bataille est disponible:
à l'Office du Tourisme de Seneffe "ASBL" - Place Penne d'Agenais à Seneffe
au Domaine du Château - Rue Lucien Plasman 7-9 à Seneffe
à la Maison du Tourisme du Parc des Canaux et Châteaux - Place Jules Mansart 21-22 à La Louvière
chez l'auteur J-L Monclus - Chaussée de Nivelles 74 à Arquennes