Art en Mai 2025
Les artistes
Simone ADOU
Quelle image donne-t-on à son existence ?
Il faut aller gratter l’ombre de soi-même en équilibre sur un fil
pour découvrir la nature véritable de notre âme -
Ma création s’inscrit dans tout un processus de transformation intérieure qui aura une répercussion directe sur ma vie artistique.
La conscience de ce qui est essentiel, le discernement, le sens de nos propres actions et des évènements de notre existence, toute cette observation rigoureuse du dedans intimement reliée au dehors, m’ouvrira la voie d’une Porte sensorielle, m’obligera à soulever des voiles, m’asseoir à côté de mes peurs archaïques et les reconnaître...
De cette fouille interne est née un travail sollicitant les sens et les sensations, plongeant le regard dans l’intime, me forçant à pénétrer, aller au travers du Désir afin d’intercepter notre processus mental et le forcer à se retourner pour mieux se voir sous tous les angles possibles.
Dans cet interstice j’ai créé des corps anthropomorphiques mi-homme, mi-animal, mi-déïté issus d’un lointain passé à travers un gigantesque arbre généalogique aux embranchements incertains.
Cette famille d’ancêtres peuplée d’androgynes, de lycanthropes, d’êtres cornés passeurs d’âmes tout droit sortis des tiroirs de l’inconscient, sont des messagers d’une vie en sursis sur une planète meurtrie, à fleur de peau.
Après des années de bivouacs vécus en ermite à la belle étoile sur les sommets vosgiens, tant pour exorciser mes peurs que pour exalter la beauté, c’est dans la caverne de l’atelier que j’ai recontacté aujourd’hui ces rencontres sauvages que j’ai eu la chance de vivre en montagne.
Ces derniers représentants de l’espèce animale en équilibre précaire, nous interpellent et invitent à l’Engagement.
Pour exprimer cette idée, j’ai choisi un matériau qui me colle à la peau, le Papier : papier Ingres, velin d’Arches et tout récemment papier recyclé à bords frangés, un papier artisanal brut et imparfait à l’image du monde dans lequel nous évoluons.
Après sept années d’escalade aux Beaux-Arts de Mulhouse et un trek de 2 ans aux Arts Décoratifs de Strasbourg, Simone Adou, de nationalité franco-suisse, vit dans son atelier-loft à Mulhouse en Alsace où elle y installe sa caverne adouïenne entre yourte et chevalets...
Denis PEREZ
La création de Denis Pérez s’inscrit dans des matières multiples (bois, pierre, résine, bronze…)
et des thématiques où l’humain et sa relation à la nature y ont une place essentielle.
« L’art pour vivre notre humanité », son œuvre nous fait percevoir et élargir notre perception du monde, tout en délicatesse et sensibilité.
Si on lui demande combien de temps il vous faut pour réaliser une sculpture, il répond : « C’est variable, parfois 30 ans pour faire mûrir, éclore une œuvre, que le temps soit venu pour la mettre en forme. Il faut juste être réceptif à ce temps intérieur. »
Les visages, bustes et personnages ont jalonné son univers artistique, toujours des créations originales. Le buste de son père exposé pour Art en mai cette année est le seul réalisé à partir d’un modèle.
L’arbre et l’humain se retrouvent au centre des œuvres de Denis Pérez.
« …L’Homme n’est plus au centre d’un univers, mais à la périphérie de ce dernier qui se dépouille de son contexte de représentation habituel pour se distordre. L’homme de Vitruve n’est plus.
Denis PÉREZ sculpte avec talent cet homme entre fragilité, vulnérabilité et détermination auquel l’univers devient étranger dans une suite intitulée Sur le fil qui enregistre des identités précaires de funambules solitaires. »
Extrait du texte de Brigitte Olivier,
conservatrice du musée Baron Martin Gray.
L’arbre est un symbole du temps et de la puissance, un lien entre terre et ciel, admiré par certaines civilisations.
Les empreintes à la fois proches et lointaines sont un espace inspirant pour Denis Pérez, l’arbre en est la source principale.
Il donne une seconde vie à la nature en façonnant des formes à partir de traces de la nature, de l’arbre. Le passage par des matières comme de la cire liquide qui empreinte les traces du vivant permet d’entrevoir cette mémoire inscrite.
Le moulage issu de l’empreinte nous parle d’intemporalité, d’une dimension archéologique.
Les formes qu’il réalise sont évocatrices, un minimum de matière, un mouvement continu, peu ou pas de lignes droites comme dans notre environnement naturel. Tout en légèreté !