Fabriquer un extraxctometre

Tout d'abord c'est quoi un extractomètre?

C'est un appareil qui va essayer d'arracher une cheville sur un mur et mesurer à partir de quand elle s'arrache.

On en a besoin si on veut tester le solidité d'une fixation dans un mur,  lorsqu'on fait de l'ITE par exemple (Isolation Thermique par l'Extérieur). 

Un "vrai" extractomètre étalonné et certifié coûte environ 2 000€.

Vous pouvez demander à un bureau d'étude de venir vous faire une mesure, mais la aussi il y'en a pour environ 1 000€. 

Connaissant bien les autoconstructeur, je sais qu'ils rechigneront à la dépense.  Faut dire ça plombe un peu le budget.

Plutôt que de ne pas faire de mesures du tout, APTE vous a donc bricolé un extractomètre fait maison qui fera l'affaire. Pour quelques dizaines d'euros. (Oh merci l'APTE!!)

Exemple de calcul

Notre objectif est de tester la solidité de notre méthode d'ITE en botte de paille ou d'ITE en mini-botte.

Avec ce système, presque tout repose sur les vis à œillet ou les chevilles. Il y'en a 4 à 5 par m2.

On veut éviter que ces fixations ne s'arrachent et que tout le mur ne bascule.

La principale contrainte est l'arrachement due au vent par dépression.

Les valeurs les plus fortes de dépression dues au vent que nous avons pu trouver pour des ITE est de 160kg/m2. Dans le cas de régions venteuses et de façade très exposées.

Avec 5 fixations par m2, chaque fixation devra supporter au minimum 32 kg 

C'est ce que nous allons vérifier.

Le matériel

Pour cela il vous faudra:

Et voila le travail!

Attention, il y'a un sens pour mettre le tendeur, si il est à l’envers vous deviser la cheville en serrant. Faîte un essai, vous avez 1 chance sur 2, sinon changez de sens.

Le test

Il n'y a plus qu'à positionner le système sur le mur. C'est bien d'être 2.

Il faut ensuite visser le tendeur pendant que le peson mesure la force (le poids pour être exacte, la force est en Newton (x9.81)).

Ici la cheville est dans le joint de ce mur au mortier très ancien . Elle commence a s'arracher vers 30 à 40kg. 

Pas enorme, mais suffisant pour une ITE en botte de paille par exemple.

Quand la cheville est dans la pierre, c'est l'anneau qui commence à s'ouvrir vers 200kg.  On pourrait utiliser des anneaux souder pour aller plus loin, mais est ce vraiment nécessaire!!

Ici, on teste la résistance de notre fil de fer dans notre technique d'ITE en paille. On a due arrêter à 200kg à cause du pas de vis du tendeur qui était en fin de course.

Encore plus simple, en s'appuyant bien fort avec le pied sur le mur et en tirant bien fort, on atteint presque 50 kg.  Ça peut suffire comme méthode de test.

Conclusion:

Notre extractomètre fonctionne.

Et la résistance des différents éléments de notre ITE en paille est très bonne., on dépasse toujours les 30kg de notre hypothèse de départ.

En sachant, qu'en cas de mur en pierre, il faut être vigilant à poser un maximum de chevilles dans la pierre plutôt que dans les joints pour maximiser la resistance.


Certains me diront que nos œillets ne fonctionnent pas uniquement à l'arrachement, mais aussi au cisaillement. Ce qui est vrai.

Mais comme la résistance au cisaillement d'une cheville est très supérieur de celle à l'arrachement , on a tester le moins résistant.

Les puriste peuvent faire le test en attachant notre système (sans la chaise) entre 2 œillets , on les fera ainsi travailler au cisaillement.

Quel fixation utiliser dans quel support?

Voila ce que nous conseillons (mais toujours à vérifier par un test à l'arrachement, si vous avez un doute, vous avez obligation de résultat):

Sur tout le mur, si jamais quelques chevilles semblent moins bien fixée, ce n'est pas dramatique, il y'en a quand même 4 à 5 par m2. Mais il faut au moins que les 3/4 soient bien fixées.

Et le sismique?

Si vous êtes en zone sismique, c'est notre cas dans le sud est, vous êtes censé en tenir compte lorsque vous réalisez des travaux sur un bâtiment existant.

Le test réalisé ici ne tient pas compte de l'aspect sismique, en fait il s'agit d'un point très différent. 

Le bâti ancien est rarement lui même aux normes sismiques, mais la réglementation vous impose de vérifier que les travaux que vous allez mener ne viennent en aucun cas aggraver la situation. 

On peut pour cela passer par un bureau d'étude qui va simuler de manière théorique un séisme sur le bâtiment pour l'attester.

C'est quoi le risque ?

Si il y'a un séisme , que votre bâtiment est détérioré et qu'on soupçonne  que les travaux que vous avez réalisé ont favorisés ces dégradations, l'assurance pourrait refuser de réparer les dégâts. Sauf si vous avez pu prouver que non par une simulation.

Et cas plus grave , si il y'a une personnes blessé à cause de cas, vous pourriez être mis en cause pénalement.

C'est donc le croisement d'un risque infime avec une conséquence qui peut être grave.

L'ITE est-elle susceptible de favoriser un tel risque?

Chaque bâtiment et différent.

A priori sur des murs massifs en pierre, ou avec  une ITE qui repose sur un sous-bassement , c'est peu probable.

Dans un cas extrême, sur un bâtiment plus léger, sans chaînage périphérique, avec des étages , une ITE suspendu, ça peut peut être avoir une influence.

On sera certainement amené à réaliser ce type d'étude lorsque l'on travaillera sur des bâtiments publiques, on vous fera part des résultats sur cette page.