Biographie

Naissance dans un milieu artistique   

Son père Jean, associé à son frère Jean Baptiste est  fondeur ciseleur d’objets d’art Rue du Temple au n° 49. Ils sont répertoriés dans l'Almanach du Commerce de Paris, 1798-99, à la rubrique des Fondeurs.Venant de Clamecy en Bourgogne, les deux frères Jean et Jean Baptiste MICHOT sont arrivés à Paris enfants vers 1750 comme le prouve une carte de sureté de Jean, son père. Les deux frères Michaut ont été élevés "par charité" d'après le livre des Souvenirs, sans doute gratuitement dans une institution religieuse... et ont épousé deux soeurs d'une même famille Guillot. 

Son père, Jean Michaut, et son beau père  François Guillot, sont bourgeois de Paris.  Pour témoin de mariage, son père a déjà un maître graveur: Jean Nicolas Branche. Ma grand tante indique qu'il a perdu sa mère très jeune vers l'age de 14 ans. La fonderie familiale semble avoir été prospère et son père souhaitait qu'il la reprenne. Il place Auguste François  comme modeleur chez un fabricant d'objets en bronze pour qu'il apprenne le métier. A partir d'un dessin, il sculpte ainsi le modèle qui servira au fondeur: surtout des groupes pour des sujets de pendules au goût de l'époque, inspirés de l'antiquité comme un génie des Beaux Arts d‘après le buste de Minerve, Alcibiade méditant les leçons de Socrate, ...
Vers la fin de sa vie, il retrouvera avec bonheur une de ses oeuvres de jeunesse chez un antiquaire! 

Ecole des Beaux Arts

Son goût pour la statuaire se révélant alors, Michaut décide d'entrer aux Beaux Arts contre l'avis de ses parents qui ne l’encourageait pas à être artiste:  « tous des libertins, joueurs, ivrognes » d'après sa mère. Il entre donc d’abord dans la classe de sculpture vers 1804.  Ses premiers maîtres sont François-Fréderic_Lemot et Jean-Guillaume Moitte, statuaires. Michaut, chassé par son père à son entrée aux Beaux Arts, vit alors dans une mansarde, Faubourg Saint Germain. 

Il est admis à concourir au Grand Prix de Rome sur le sujet donné de « Marius assis sur les ruines de Carthage" en 1809. Mais dans une des notices rédigées de sa main, il explique qu'une " maladie de poitrine", va l’obliger à renoncer à ce qu'il appelle la "Grande Sculpture ". Il le regrettera et n'y reviendra que beaucoup plus tard vers 1840.

Sur l'impulsion de ses professeurs,il se tourne alors vers la gravure en médaille. André Galle (dit « Galle l’aîné ») lui en enseigne les premiers éléments. 

Durant cette période, il se lie d’amitié avec James Pradier (alors âgé de 19 ans) son condisciple qui fut, lui aussi, élève de Lemot. 

Sa première œuvre est le portrait du Poète Ducis, essai en 1811 sous la direction des peintres François Gérard et Nicolas Antoine Taunay alors professeurs aux Beaux arts (comme l’atteste une lettre,17 ans plus tard, adressée au Baron François Gérard accompagnant l’envoi de son épreuve d’une nouvelle médaille dédiée à Ducis.

 A 25 ans, le 13 juin 1812,  il participe au concours de gravure en médailles de l’Académie des Beaux Arts avec pour sujet L'Hercule français. Il remporte le second prix. L’Académie a décidé de ne pas attribuer un premier prix. 

Décision curieuse dont une explication est fournie dans le livre des Souvenirs! 

En effet, l'usage était que les concurrent exposent au public leurs ouvrages durant une semaine à la fin de laquelle les membres l’Institut se prononçaient: Michaut aurait eu le prix dans un premier temps.Mais il aurait été ensuite victime d’une rumeur colportée par Cartellier (orfèvre et sculpteur français de style néo-classique) prétendant qu’il n‘avait concouru en gravure plutôt qu’en sculpture que pour triompher plus facilement des autres concurrents et remporter le prix et la pension. Le jury  serait alors revenu sur sa décision, n’avait pas accordé pas de premier prix et lui avait donné le Second Prix de Rome. Ce qui ne lui donnera pas le droit d'être pensionnaire de la Villa Médicis à Rome!

Par contre, ce succès lui permettra de se reconcilier avec son père.

L'année suivante, il concourt à nouveau sans succès. Le jury exprime curieusement le regret de ne pas avoir deux premiers prix à accorder, Michaut ayant déjà remporté un second prix, n’était susceptible que d’obtenir le premier ! 

Alors, pourquoi ne pas lui accorder? querelle d'atelier?

Il raconte d'abord que David a aidé son élève Brandt en faisant composer par Rude, un bas relief en petite dimension pour l’introduire dans la salle du concours plus facilement !  Ce Rude  (1784-1855) est bien le fameux sculpteur de "La Marseillaise" (1833), sur l'Arc de triomphe de l'Etoile, représenté sur son chantier à gauche. Il fera évoluer la sculpture du néoclassicsime vers le romantisme. Le peintre Jacques Louis David (1748-1825) est à 66 ans un peintre renommé qui a eu sous la Révolution en parallèle à sa carrière artistique une activité politique en devenant député à la Convention et ordonnateur des fêtes révolutionnaires. Son engagement l'a amené à voter la mort du roi Louis XVI, et son amitié pour Maximilien de Robespierre lui vaudra, à la chute de celui-ci, d'être emprisonné lors de la réaction thermidorienne. Ses activités politiques ont pris fin sous le Directoire, il est devenu membre de l'Institut et s'est pris d'admiration pour Napoléon Bonaparte. A son service quand celui-ci accède au pouvoir impérial, il réalise pour lui sa plus grande composition Le Sacre de Napoléon.

Malgré cette tricherie, le vote du jury donne  Michaut et Brandt en ballotage. Mais ensuite, un membre du jury, Geoffroy, graveur en pierres fines a de la rancoeur contre Michaut: il ne pardonne pas à Michaut d’avoir fait  inscrire comme élève pour qu’il participe au concours un « pauvre garçon qui voulait échapper à la circonscription  et ne pas devenir soldat». Il persuade  alors l'architecte Percier pourtant ami de Lemot, le professeur de Michaut, de ne pas voter pour Michaut. 

La classe de l’Institut se serait alors indignée  de ces manoeuvres et l'aurait exprimé dans le compte rendu final en  regrettant de ne pas avoir un second prix à donner en faveur de Michaut!

Michaut gardera de toutes ces intrigues une aversion certaine pour tous les concours! 

 Le premier Prix  fut accordé à Henri françois Brandt pour Thésée relève la pierre sous laquelle son père avait caché ses armes.Il grave pour le gouvernement de Napoléon 1er la médaille de l’Aigle Française sur le Wolga sous la direction de Dominique Vivant Denon (1812) et avec le graveur Andrieu.

Mariage

Il vit avec Jeanne Louise Louis (1781-1855), qui est, faits remarquables à l’époque, de cinq ans plus âgée que lui et divorcée d’un premier mari en 1804 (la loi autorisant le divorce date de 1792). 

Ils ont un fils, le 19 février 1814, Auguste Victor Michaut qui sera légitimé  lors de leur mariage 10 ans plus tard. Ce fils sera d’abord comme son père, artiste et fera les Beaux Arts en peinture puis deviendra homme de lettres et rédigera beaucoup de poèmes en vers dont un panégyrique de James Pradier, collègue de son père aux Beaux Arts. 

Auguste Victor Michaut épousera le 10 novembre 1842, sa nièce Marguerite Adèle Vallod, par dérogation du Roi Louis Philippe.  Marguerite est la fille de son demi-frère, Jacques théodore Vallod, le fils qu’a eu sa mère avec son premier mari  Nicolas joseph Vallod. Les relations de son père ont du jouer pour l'obtenir!

 Premier emploi: Graveur des Monnaies de Louis XVIII

Lors de la première Restauration, un «  Concours pour la perfection de la gravure des monnaies » est ouvert le 2 août 1814 afin de définir le futur type des monnaies  de Louis XVIII et l’entière confection d’un système monétaire. D'après ses notices, Auguste François Michaut ne voulait pas participer au début, au concours car les frais nécessitants ce travail étaient trop importants. Galle lui offrit non seulement de risquer cette dépense mais encore de se charger de la gravure du revers et des accessoires à  condition de partager entre eux la somme gagnée. 

Michaut se met sur les rangs et propose un modèle de pièce de 40 Francs, en différent métal, et quatre types de pièce de 5 Francs .

Il remporte à 28 ans le concours où participaient six graveurs beaucoup plus âgés et plus renommés que lui : Bertrand Andrieu (53 ans), Nicolas Guy Antoine Brenet (44ans), Jean-Pierre Droz (68 ans), Nicolas Marie Gatteaux (63 ans), Pierre-JosephTiolier (51 ans).

Il écrira plus tard que sa supériorité venait de sa formation en sculpture. 

L'ordonnance du 9 décembre 1815 fixe au premier janvier 1816 les nouvelles émissions de monnaies signées du graveur Michaut.

Son modèle pour une monnaie française de cinq francs (= écu ) lui vaut  les commentaires élogieux :

- du critique d’art Edmond About « lorsqu'on jette cet écu sur le comptoir d'un marchand on ne se doute pas qu'on dépense un chef-d’œuvre » 

- et plus tard  ceux de  Thérèse Vallier dans son éloge d’un autre graveur Hubert Ponscarme « Sous la Restauration, la glyptique a pour tenants de solennels pompiers. Michaut seul fait exception. Dans un éclair de génie, il donne, avec son écu à l'effigie de Louis XVIII, une vraie petite merveille d'élégance et de clarté » cité dans un article " La leçon de Hubert Ponscarme " .

Il en est très fier puisqu’il va faire hommage à sa classe de l’Ecole des beaux arts de la nouvelle pièce qu’il vient de graver ( juin 1813).

Son succès et sa renommée font de lui un artiste européen!

Graveur de monnaies et médailles pour Guillaume Ier des Pays Bas

Il est appelé ensuite aux Royaume des Pays-Bas pour exécuter des monnaies d'or et d'argent du royaume, les grands sceaux de l'État et d'autres médailles. Il devien tun artiste 

Guillaume I Roi des Pays bas, prince d’Orange Nassau, Grand Duc de Luxembourg, par Décret Royal du 4 octobre 1815, le nomme graveur des monnaies et médailles à sa cour pour trois ans. Logé dans les Hotels des Monnaies de l’Etat (Bruxelles, La Haye, Utrecht 1817), il reçoit un appointement annuel de 2000 florins.

Le 9  décembre 1816, le roi  lui confie  la gravure des coins pour les pièces de 10, 3, 1 et 1\2 florins, à son effigie, tandis que, D. van der Kellen et A. J. van der Monde, graveurs  de la Monnaie d'Utrecht, sont chargés  de frapper les pièces de monnaie en argent et en cuivre, ainsi que des  Ducats en or (les Ducats de "Commerce" de l'ancien type).

La signature de Michaut se trouve donc sur les pièces de monnaie néerlandaises suivantes :

1817. 10, 3, 1  et 1|2  florin ;

1817. 3 florins, nouveau type ;

1818. 10 florins.

Il exécute également plusieurs médailles et notamment la médaille de la réunion de la Belgique à la Hollande (1815).

 Il est nommé  Membre de la société royale des beaux arts et de littérature de Gand  (Classe de Gravure-1820)  et aussi nommé membre de l’Institut Royal des Pays Bas.

Il fait connaître en Belgique le tour à portrait, permettant d’obtenir une copie réduite d’une médaille, d’un portrait.. en amenant celui inventé par Anatole Hulot. 

Retour en France et accident
Graveur en médailles de Monsieur le Dauphin 

De retour à Paris en 1820, à 34 ans, il obtient le titre de graveur en médailles de Monsieur le Dauphin et est décoré de la Légion d’honneur par Louis XVIII le 28 avril 1821. Elle lui sera remise aux Beaux Arts par François Lemot le professeur de ses débuts.

Mais en 1821, un incendie ravage son appartement à Paris et le blesse grièvement alors qu’il voulait arrêter la progression des flammes.

 Il réalise néanmoins de nombreuses médailles et expose au Salon en 1827  des cadres de médailles et épreuves. 

Par son mariage en 1824, il est devenu Versaillais et possède  un pavillon au 18 rue de Vergennes, quartier des Chantiers.

Il expose au Salon en 1827 et en 1831 des cadres de médailles et épreuves couronnées aux concours monétaires.

Graveur de Monnaies pour Charles X

A l’avènement de Charles X,  il imagine la médaille dite « des vœux des habitants de Versailles », exprimant le souhait des habitants pour le retour du roi dans ses appartements de Versailles ( 1825). 

Dans le même temps, est ouvert le concours pour l’effigie de Charles X sur les monnaies ( 1825). Il s’excuse de ne pas y participer ; d’une part il se dit timide , les concours lui faisant perdre ses moyens, d’autre part il pense que le jugement va se faire sur la ressemblance du portrait et non sur son interprétation artistique de la majesté d’un souverain : « les Anciens avaient senti que les souverains n’étant vu des peuples que dans des circonstances imposantes, sur leurs trônes ou à cheval ,le moment pour tout deux, les élevaient au dessus d’eux-mêmes et que l’impression conservée par les peuples devait être au-delà des habitudes de leurs phisionomie ordinaire (sic)». 

La reconnaissance de son talent devrait pour lui être suffisante : « ma Monnaie a été jugé supérieure à toute celle faite jusqu’à présent, mon talent, je crois, n’a rien perdu ». Il estime son travail altéré surtout pour les pièces de 5F.

Il va se faire payer pour 7 systèmes 448 000F en comparaison des 25 000 Florins obtenus aux Pays Bas pour 4 systèmes.

En 1829, le ministère de la Marine le charge de graver une médaille pour le conseil privé des colonies (sujet: Charles X donnant la charte aux Colonies). De plus, il exécute avec James Pradier une médaille,  à la gloire de Philippe d'Orléans, dont le buste apparaît au milieu d'enseignes représentant les différents partis avec l'inscription ''Par patriotisme acceptant la couronne, il déjoue les partis'' et   dédicacée à la Garde Nationale (Général Lafayette).

Séquelles de ses brûlures 

Mais les brûlures graves aux mains contractées pendant l’incendie lui rendent le maniement des outils extrêmement pénibles. Elles ont également provoqué un engourdissement lui ôtant le sens du toucher et des douleurs telles qu’il ne peut travailler que très lentement.

Néanmoins, il essaie de vaincre ces difficultés pour concourir à l’effigie de Louis Philippe 1ersur les monnaies (1830). Mais le Roi ne lui accordera pas la séance particulière qu’il lui avait fait demander par le Ministre des Finances, estimant que les chances devaient être égales pour tous les concurrents.

Les pièces seront faites par Tiolier plutôt que Gallé entre 1830 et 1831 à sa grande insatisfaction. Et à partir de 1831, Joseph François Domard, un condisciple de Michaut en 1810, aux Beaux Arts,  remporte le concours.

Néanmoins, il essaie de vaincre ces difficultés pour concourir à l’effigie de Louis Philippe 1ersur les monnaies (1830). Mais le Roi ne lui accordera pas la séance particulière qu’il lui avait fait demander par le Ministre des Finances, estimant que les chances devaient être égales pour tous les concurrents.

Les pièces seront faites par Tiolier plutôt que Gallé entre 1830 et 1831à sa grande insatisfaction. Et à partir de 1831, Joseph François Domard, un condisciple de Michaut en 1810, aux Beaux Arts,  remporte le concours.

Michaut se propose alors comme conservateur à la monnaie des médailles puis inspecteur-vérificateur des coins devant servir à frapper les monnaies et adresse  à l’administrateur plusieurs courriers sur la réorganisation de la monnaie des médailles. Sans succès.

Il gravera peu de médailles à partir de cette date et se retire à Versailles.

Le notable: Michaut des monnaies

Il est devenu un notable versaillais et se fait appeler dorénavant « Michaut des monnaies » car un général Michaux habite la même rue Vergennes que lui à Versailles! Il vit de diverses rentes ( loyers de divers appartements versaillais et parisiens, indemnité de logement de 300 Francs annuel donné par le Bureau des sciences et des beaux arts au Ministère du commerce et travaux publics, juillet 1832).

Statue de l’abbé de l’Epée (érection 1843)

Il s' intéresse a toujours a la sculpture et a le projet d’une statue en buste de l’abbe de l épée. Charles-Michel de l'Epée est un versaillais célèbre :instituteur,  il fut l'inventeur d'un premier langage fondé sur des signes méthodiques destiné aux sourds muets en 1770.

Mais la longue maladie et la mort de son père le détourne de ce projet. Il le reprend en 1839 et réalise une statuette qu’il fait circuler. Une commission est finalement créée pour surveiller l’exécution  d’un monument à la gloire de l’Abbé de l’Epée et provoquer des souscriptions. Cela sera sa dernière œuvre à 57 ans. 

 Il sculpte la statue et la fait couler en bronze à ses frais. L’Abbé est représenté debout, tenant dans la main gauche une tablette sur laquelle est gravée le mot Dieu ; sa main droite est levée, et les doigts forment la lettre D dans l’alphabet de la langue des signes.

Une médaille de sa main sera offerte aux souscripteurs et  plus tard en 1959, il fera des bas reliefs qui devaient être apposés sur le socle de la statue. Cette statue qui a souvent été déplacée au grès des travaux ou aménagement sur la voie publique, retrouve actuellement sa place initiale sur la Place de la cathedrale st louis.

 Il entre au conseil municipal de Versailles et en recevra une médaille d’argent en 1843.

Décès à Versailles

Auguste François Michaut meurt à Versailles (boulevard de la reine) le 26 décembre 1879 à l’age de 93 ans.