Le Musée d'ethnographie du Trocadéro

À la croisée des chemins entre ses activités éditoriales et son action politique, il faut souligner le rôle joué par Édouard Charton dans la création du Musée d’ethnographie du Trocadéro, ancêtre du Musée de l’Homme, lui-même relayé en partie aujourd’hui par le Musée du Quai Branly.

Les premiers ethnologues ont été les navigateurs qui rapportaient des objets, des plantes, des animaux et des dessins de leurs voyages.

Ils déposaient leurs trouvailles au Muséum et au Musée de la Marine, fondé en 1827, sous Charles X. Les collections de ce musée, dépendant du Ministère de la Marine, étaient aussi constituées d’objets maritimes et de maquettes d’embarcations. La quantité d’objets accumulés avait nécessité la création d’une annexe ethnographique dès 1850.

Le musée, financé par le Ministère de la marine était installé au Louvre.

En 1852, on transfère son budget du Ministère de la marine à celui du Louvre qui dépend du Ministère de l’Instruction publique.

À l’occasion du vote du budget du Musée du Louvre, en 1873, Édouard Charton propose le transfert des collections hors du Louvre.

Il considère que les collections ethnographiques n’ont pas leur place au Louvre qui est un musée des Beaux Arts. Il juge aussi nécessaire de libérer de la place pour les collections qui s’entassent dans les caves.

Le projet est accepté par les deux Ministres (Instruction et Marine) qui sont chargés de l’exécuter mais deux obstacles majeurs vont empêcher ce transfert:

La situation désastreuse des finances et la personnalité de l’Amiral Pâris, directeur du musée de la Marine, qui ne veut pas quitter Le Louvre.

L’exposition internationale de 1878 au cours de laquelle la plupart des objets ethnographiques rapportés par les missions scientifiques sont exposés au Palais du Trocadéro, provoque un mouvement en faveur de la création d’un musée permanent d’ethnographie à Paris.

Cette exposition provoque un tel engouement qu’on crée une Commission d’experts pour la création de ce musée. Edouard Charton et l’Amiral Pâris participent à cette commission. On décide de la présentation des collections de façon permanente dans le palais du Trocadéro et le musée est inauguré en 1882. Mais, l’amiral Pâris s’accroche aux anciennes collections ethnographiques du Musée de la Marine qui ne rejoignent pas ce nouveau musée. Les objets sur lesquels il veille restent au Louvre.

Charton meurt en 1890, Pâris disparaît trois ans plus tard, le projet qui les divisait continue sa vie chaotique.

Les collections du musée de la Marine resteront au Louvre jusqu’en 1905. Elles seront à cette époque réparties entre le musée du Trocadéro, le Muséum et La Rochelle.

En 1931, on crée le Musée des Colonies qui reçoit les collections ethnographiques du Musée de la marine du louvre.

L’exposition internationale de 1937, avec la reconstruction du Trocadéro est l’occasion d’une nouvelle réorganisation. On crée le Musée de l’Homme.

Installé dans le Palais du Trocadéro actuel, il reçoit les collections ethnographiques.

Un Musée de la marine est créé en 1939 pour présenter les collections maritimes qui sont toujours au Louvre, le transfert se fera en 1943.

Pendant la seconde moitié du XXème siècle, on s’interroge sur la nature de certains objets d’ethnologie. On invente l’expression Arts Premiers et Malraux suggère de les faire entrer au Louvre…ce qui aurait constitué pour certains, un retour.

Le musée du Quai Branly accueille des collections venant en partie du musée des colonies et de l’ancien Musée de l’homme.