Le Lezard - Jean-Pascal Ducret

Le Lézard - cotre de 14 caronades du 1er Empire (plan et monographie allégée de l’AAMM) :

Ce modèle construit au 1/75 ème représente une très grande étape dans ma vie de modéliste: en fait plusieurs étapes d’importance :

La première, c’est ma rencontre avec Tola Ponedelnik sur le stand du Club MER, aux belles heures de feu le «mondial» du modélisme. Dans une des vitrines du stand, une coque d’une rare beauté1 en ébène, poirier et buis, bref une apparition qui me changeait des modèles un peu trop ventrus présentés par les seigneurs de l’AAMM. Dans les vitrines, des machines simples mais fabriquées par les modélistes eux-mêmes, des plans qui me faisaient penser aux superbes plans aquarellés exposées au musée d’Orsay, bref un regard de gamin dans une boutique magique. Une longue discussion s’installe, des arguments simples mais o combiens efficaces, des conseils très éclairés étayés par la pédagogie du maitre Tola me confortent dans l’achat de la minuscule monographie du cotre de 14 caronades. Ce modèle sera construit en ébène, buis et poirier.

Ma deuxième étape importante de ma vie de modéliste: j’ai cherché les 14 caronades en laiton, j’ai écumé les magasins de modélisme de l’époque pour finalement prendre plusieurs gadins dans les escaliers cirés de chez Stab, autant de risques pour me rendre compte que les caronades étaient chères, très chères et de toute façon trop chères pour une facture médiocre et finalement pas à l’échelle !!!.

Pas d’autre solution que de les faire moi-même, il me fallait un tour pour les réaliser. Cela tombait à pic; depuis très longtemps j’en rêvais, j’étais fasciné par les articles traitant de la vapeur mais, visiblement tout cela n’était concevable qu’avec un tour. C’était l’occasion inespérée ; aussitôt pensé aussitôt acheté un petit Toyo 210, certes un tour jouet avec une colonne de fraisage, mais qui m’a permis de faire mes premières armes de mauvais apprenti tourneur-fraiseur. Après avoir dévalisé Weber métaux en barres de laiton, j’ai réussi à tourner mes 14 caronades et pas peu fier de les installer sur le pont du Lézard.

La troisième étape est la réalisation des premières fiches techniques. Lors de la fabrication des voiles, Bruno Orsel, autre membre du Club MER, avait écrit un long vrai article dans MRB traitant de la confection des voiles en soie et en appliquant la technique des grandes brodeuses, le fil tiré, pour représenter les coutures des laizes. Méthode que je vais mettre en oeuvre pour réaliser les voiles du Lézard mais aussi et surtout, devrais-je dire, de son immense pavillon. La méthode de base est la même tout en cherchant à ne pas imiter les coutures des laizes et ce sera ma première fiche de travail : cf. fiche n°1.

Le Lézard sera récompensé par une médaille d’argent aux championnats de France de modélisme C mais beaucoup plus tard.

1 Il s’agissait du yacht Impérial Aigle, construit entre 1857 -1892 sur des plans de Dupuy de Lôme