Transports & mobilités dans l’Égypte antique
Modèles et stratégies de circulation dans la vallée du Nil et au-delà entre le IVe millénaire av. J.-C. et le Ier siècle apr. J.-C.
Programme
Transports & mobilités dans l’Égypte antique
Modèles et stratégies de circulation dans la vallée du Nil et au-delà entre le IVe millénaire av. J.-C. et le Ier siècle apr. J.-C.
Programme
9h - 9h30
Frédéric Servajean
Professeur, Université Paul Valéry Montpellier, ASM – Archéologie des Sociétés Méditerranéenne (UMR 5140), Équipe ENiM – Égypte Nilotique et Méditerranéennes.
Naviguer en Méditerranée avec Sennéféri (TT 99). À propos d’une expédition à Byblos sous le règne de Thoutmosis III.
Si les inscriptions mentionnant des navigations nilotiques ou maritimes ne sont pas rares, celles qui fournissent quelques indications techniques sont, en revanche, bien moins nombreuses. Pourtant, en dépit de leur importance pour ce qui est de l’histoire de la batellerie et de la marine, elles restent peu – ou mal exploitées –, pour deux raisons principalement. La première est la méconnaissance par les chercheurs des techniques de la navigation dont une maîtrise, ne serait-ce que partielle, leur permettrait de « pénétrer » le monde complexe des manœuvres nautiques. La deuxième est la méconnaissance du lexique des bateliers et des marins. Les quelques mots de ce dernier ayant subsisté sont, pour la plupart, mal traduits ou le sont avec un niveau de généralité trop important (par ex. : « naviguer » pour « tenir un cap », « manœuvrer », « virer », etc.).
Une inscription de la tombe de Sennéféri à Cheikh Abd el-Gournah (TT 99), décrivant une expédition à Byblos sous le règne de Thoutmosis III, permet de montrer comment, en restituant la traduction exacte de certains mots de ce vocabulaire, il est possible de reconstituer les principales données nautiques dont il est question, la logique de la navigation, ainsi que la dimension calendérique de l’expédition.
Mots clés : Lexicographie ; Manœuvres nautiques ; Expéditions maritimes.
9h30 - 10h
Heidi Köpp-Junk
Lecturer, Assitant Professor, Georg-August-University of Göttingen, Seminar for Egyptology and Coptic Studies.
The development of transport wagons, carts and chariots and the acceptance / non-acceptance of the innovation “wheel” from the earliest evidence to the Graeco-Roman Period.
Chariots were rapidly widespread in Egypt, and they are attested until the 1st century BC. Beyond their use in war, they were an essential means of locomotion for the elite. However, only a few Egyptian carts and about 40 wagons are known in Egypt up to Graeco-Roman times. In the lecture some of the will be analyzed concerning their construction, their context as well as their development. Moreover, their introduction to Egypt will be discussed.
In the Near East, Caucasus and in Europe, the oldest wheeled vehicles are already attested in the 4th millennium BC. in Egypt, however, the earliest wheel only appears in the 3rd millennium BC. Therefore, the reasons for this delay as well as for their low use in contrast to the chariot will be analyzed.
The first wheeled objects in ancient Egypt were no carts or wagons, but a scaling ladder and a siege tower; the earliest wheeled vehicles were wagons, followed by chariots, and then by carts.
Referring to the sociological facts, carts and wagons were only seldom used; instead, donkeys were favored for daily work, sledges for heavy transport. Therefore, the earliest evidence of wheels in Egypt is comparatively late, namely to the 3rd millennium BC. The late and restricted use of wheeled vehicles in ancient Egypt is not a rejection or deliberate non-acceptance of wagons or the innovation “wheel”, but owed to the climatic and geomorphological basic requirements of the country, together with the sociological aspects. Carts and wagons played a minor role in the Egyptian traffic system.
In contrary to both, the innovation chariot was accepted at once and rapidly widespread in Egypt, and they are attested until the 1st century BC. Beyond its use in war, it an essential means of locomotion for the elite. The fast introduction of the chariot is due to the high attractiveness within the elite and, moreover, the adoption of the chariot was a pressing need, being a military necessity.
Mots clés : Wagon ; Cart ; Chariot ; Innovation Acceptance
10h - 10h30
Andrés Diego Espinel
Científico Titular de OPIS, CSIC, Instituto de Lenguas y Culturas del Mediterráneo y Oriente Próximo.
Opening, making, guiding, trampling... the ancient Egyptian roads: Words that include the N31 hieroglyph (𓈐) and their related expressions that refer to land routes and mobility during the Old Kingdom.
Egyptian Old Kingdom documents offer several words and expressions connected to travels and transport by land. Many of them contain the hieroglyph N31 (𓈐), either as logogram of the word wȝt, “way, path”, or as classifier for the categories [trail] [street] [passage], or for other ideas on mobility on land. This study presents both a semiotic study of this hieroglyph, that depicts a path or road, and a survey of the terms and expressions related to it in the written record of the period under study (for instance biographical inscriptions, official and private documents, Pyramid texts, etc.). The purpose is to approach some ancient Egyptian perceptions on overland routes and travels by means of the terminology related to this hieroglyphic sign.
Mots clés : Old Kingdom Egypt ; Hieroglyphs ; Lexicography ; Roads ; Land transportation.
Pause de 10h30 à 11h
11h - 11h30
Claude Obsomer
Professeur, Université catholique de Louvain, Université de Namur.
Les déplacements dans les récits : ce que les textes ne nous disent pas.
La découverte d’inscriptions datant de toutes les époques sur les parois des montagnes du désert Oriental atteste les traversées multiples de ces étendues « inhospitalières » par les anciens Égyptiens. Véritable bibliothèque de pierre, le canyon du ouadi Hammamat présente des centaines d’inscriptions datant du Prédynastique à la fin de l’époque impériale romaine. Elles mentionnent ou figurent une divinité singulière : Min de Coptos. Dieu ithyphallique incarnant la force et la foudre, Min était vénéré dès les plus hautes époques dans deux sanctuaires de Moyenne Égypte : Akhmîm et surtout Coptos. Véritable point de départ pour les expéditions vers la mer Rouge depuis la boucle du Nil dans la Vallée, Qena, les fouilles de W. M. Fl. Petrie dans ce sanctuaire ont mis au jour plusieurs statues monolithes anthropomorphes de 4 à 5 mètres de haut et datés de 3300 avant J.-C. Sur les jambes de ces plus anciens colosses de l’humanité ont été gravés plusieurs pétroglyphes, permettant d’identifier la figure représentée, à savoir Min. Au-delà des signes théonymes apparaissent plusieurs représentations d’un type singulier de coquillage : le tridacne. Provenant des eaux de la mer Rouge et associé au dieu Min, il permet d’esquisser un trajet divin et humain précis, traversant Hammamat, sanctuaire naturel du dieu de la force et portail vers le monde des dieux, jusqu’à atteindre un site portuaire de la mer Rouge caractéristique, principal point de départ maritime vers Pount au Moyen Empire : Mersa Gaouasis.
11h30 - 12h
Jean-Guillaume Olette-Pelletier
Chargé d’enseignement à l’Institut Catholique de Paris, Chercheur associé à Sorbonne Université, Orient & Méditerranée (UMR 8167), Équipe Mondes pharaoniques.
La piste des coquillages. Un itinéraire divin dans le désert Oriental égyptien.
La découverte d’inscriptions datant de toutes les époques sur les parois des montagnes du désert Oriental atteste les traversées multiples de ces étendues « inhospitalières » par les anciens Égyptiens. Véritable bibliothèque de pierre, le canyon du ouadi Hammamat présente des centaines d’inscriptions datant du Prédynastique à la fin de l’époque impériale romaine. Elles mentionnent ou figurent une divinité singulière : Min de Coptos. Dieu ithyphallique incarnant la force et la foudre, Min était vénéré dès les plus hautes époques dans deux sanctuaires de Moyenne Égypte : Akhmîm et surtout Coptos. Véritable point de départ pour les expéditions vers la mer Rouge depuis la boucle du Nil dans la Vallée, Qena, les fouilles de W. M. Fl. Petrie dans ce sanctuaire ont mis au jour plusieurs statues monolithes anthropomorphes de 4 à 5 mètres de haut et datés de 3300 avant J.-C. Sur les jambes de ces plus anciens colosses de l’humanité ont été gravés plusieurs pétroglyphes, permettant d’identifier la figure représentée, à savoir Min. Au-delà des signes théonymes apparaissent plusieurs représentations d’un type singulier de coquillage : le tridacne. Provenant des eaux de la mer Rouge et associé au dieu Min, il permet d’esquisser un trajet divin et humain précis, traversant Hammamat, sanctuaire naturel du dieu de la force et portail vers le monde des dieux, jusqu’à atteindre un site portuaire de la mer Rouge caractéristique, principal point de départ maritime vers Pount au Moyen Empire : Mersa Gaouasis.
Mots clés : Hammamat ; Sanctuaire ; Min ; Désert Oriental ; Pétroglyphes.
Déjeuner de 12h à 14h
14h - 14h30
Éléonore Besnard
Doctorante, Université Paul Valéry – Montpellier, ASM – Archéologie des Sociétés Méditerranéenne (UMR 5140), Équipe ENiM – Égypte Nilotique et Méditerranéennes.
La typologie des maquettes de bateaux à l’Ancien Empire : Approche architecturale et sociétale.
Les maquettes de bateaux égyptiennes conservées au sein des musées permettent à la fois une étude étique et émique. Ainsi, deux approches peuvent être envisagées : l’analyse architecturale et sociétale.
D’un point de vue étique, ces maquettes de bateaux fournissent des données de première importance pour l’étude de la nautique égyptienne. Leur représentation en trois dimensions permet de rendre compte de la largeur de chaque embarcation, ce que les représentations bidimensionnelles égyptiennes ne permettent pas de constater en raison de leur style artistique codifié. Les maquettes égyptiennes présentent des types de navires bien distincts au fil des dynasties, pourtant, aucune typologie chronologique n’a été réalisée à ce jour. Une typologie de ces objets peut être proposée grâce à un corpus regroupant une trentaine de maquettes de bateaux datées de l’Ancien Empire. Celle-ci permet de rendre compte de l’évolution architecturale et stylistique des différents types de maquettes de bateaux au cours de cette période. Malheureusement, ces objets ne présentent pas toujours le gréement et l’armement de chaque navire ou le font d’une manière imprécise : il est rare de retrouver la voile, les vergues ainsi que les cordages. Ces éléments sont pourtant dépeints sur les représentations bidimensionnelles, ce qui signifie qu’ils existaient et étaient même essentiels à la navigation. Le croisement de ces deux types de sources est donc nécessaire afin d’organiser une classification environnementale permettant de différencier les bateaux maritimes et fluviaux. Concernant le point de vue émique, il peut être étudié grâce au contexte de découverte des objets. Lorsque celui-ci est précisément décrit, il permet de comprendre la signification des maquettes de bateaux pour les Anciens Égyptiens.
Ainsi, de la barque sacrée au bateau profane, il s’agira de déterminer les différents types de navires représentés sur les maquettes de l’Ancien Empire, puis d’analyser l’intérêt sociétal de leur représentation.
Mots clés : Typologie ; Maquette de bateau ; Architecture navale ; Procession funéraire ; Topographie
14h30 - 15h
Renaud Pietri
Collaborateur scientifique, Université de Liège.
Le char, un « véhicule solaire » au Nouvel Empire ?
Introduit tardivement en Égypte dans le courant de la Deuxième Période intermédiaire, le char léger tiré par deux chevaux a rapidement été mis au service de l'idéologie royale et s'est imposé au Nouvel Empire comme le moyen de transport privilégié non seulement du roi mais aussi d'une élite bien souvent issue des rangs de l'armée. Le véhicule a peu à peu été intégré au système de pensée pharaonique, même si la place qu'il occupe dans la religion reste limitée : les divinités représentées « en char », par exemple, sont peu nombreuses.
Plusieurs chercheurs ont néanmoins mis en évidence une dimension « solaire » du char au Nouvel Empire (cf. notamment CHAPPAZ 1987 et CALVERT 2013), qui a même pu entrer en contradiction avec la tradition égyptienne de la barque comme véhicule du dieu Rê, largement éclipsé à l’époque amarnienne. L’iconographie royale, mais aussi les sources textuelles et archéologiques, sont autant d’indices de cette « solarisation » du véhicule, étroitement liée à la figure du roi et finalement incomplète. La présente communication propose de revenir sur ce phénomène de « solarisation » du char au Nouvel Empire en confrontant les sources à disposition, et d’en discuter les enjeux et les limites.
Mots clés : Char ; Cheval ; Amarna ; Véhicule solaire ; Rê.
15h - 15h30
Florence Mauric-Barberio
Enseignante à l’Institut Khéops, Université de Bâle, Membre de l’UBKVP – University of Basel Kings' Valley Project.
Transport et mobilité dans l’Au-delà souterrain : quelques réflexions sur la course solaire nocturne d’après le Livre de l’Amdouat et les compositions apparentées.
Qu'elle prenne la forme d’une navigation, d’un halage ou d’un cheminement à pied, la course solaire nocturne qui s’effectue dans l’Au-delà souterrain répond à un impératif de mobilité : Rê doit constamment avancer sous peine de ne pas réapparaître à l’aube, menace cosmique incarnée par le serpent Apophis. Au fil de son parcours, des êtres réanimés sur son passage se mettent en mouvement ; d’autres l’accompagnent jusqu’à l’extrémité de la Douat, certains le suivant même au ciel. Par-delà les spécificités des différentes compositions, la mobilité du dieu solaire résulte fondamentalement de sa qualité de ba, venu momentanément s’unir à son cadavre dans les profondeurs du monde souterrain.
Mots clés : Au-delà souterrain ; Course solaire ; Apophis ; Ba.
Pause de 15h30 à 16h
16h