“L’église”
Flora Mignard
Tout se passa le 21 août 2011. Avec des amis, nous organisions un road trip vers Carcassonne dans la Montagne Noire. Notre point d’arrivée était une vieille église abandonnée. Le jour J, on décida de se retrouver au pied de la montagne. Le premier jour se passa normalement. Vers la fin de l’après-midi, au soleil couchant, nous commençâmes à installer le campement. Nous étions à moins de trente kilomètres de notre point d’arrivée.
Le soir, alors que nous étions au coin du feu, nous vîmes venir vers nous un vieil homme qui portait des habits déchirés; il nous demanda d’une voix froide où nous allions. Nous lui répondîmes que nous allions à “la Vieille Église”. Soudain, il parut effrayé, nous pointa du doigt comme si nous étions maudits et nous dit que nous devions faire demi-tour, qu’il ne fallait pas que nous entrions dans cette église, qu’une chose terrible y était enfermée... puis, il partit en courant. Il revint peu de temps après et nous expliqua qu'autrefois, alors qu’il devait y avoir une cérémonie dans cette église, les enfants de chœur étaient arrivés plus tôt pour répéter leurs chants. Mais un incendie se déclara, brûlant les enfants. Leurs parents moururent de chagrin. Et aujourd’hui, la légende raconte que l'âme des enfants et la tristesse des parents y sont enfermées et que si quelqu’un ose s’aventurer dans cette église, il sera maudit et ne reviendra jamais. Après nous avoir raconté la légende, l'homme partit. Nous étions troublés par cette histoire mais, bien sûr, nous n’y crûmes pas une seule seconde !
Le soir arriva et tout le monde rentra dans sa tente. Au beau milieu de la nuit, une voix me réveilla. J’ en eus des frissons dans le dos, puis je me rendormis, mais les bruits recommencèrent et l’angoisse m'envahit. Mes amis me rejoignirent et entendirent également ces voix. Nous rallumâmes le feu et distinguâmes clairement des chants : ce qui ne rassura personne. L’histoire du vieil homme tournait en boucle dans ma tête. Je finis par m’endormir.
Le lendemain matin, nous continuâmes notre ascension, mais quelque chose me parut bizarre. Il n’y avait personne, alors que c'était un chemin où il y avait d’habitude beaucoup de passage. Vers la fin de matinée, nous décidâmes de nous arrêter pour déjeuner. Un de mes amis nous proposa de faire les derniers kilomètres pendant la nuit. Au début, j'étais craintive à cause de la nuit précédente, mais la perspective de ne pas dormir la nuit prochaine, nous fit tous accepter. Nous décidâmes donc de nous reposer dans la journée pour marcher toute la nuit.
Vers vingt heures, nous repartîmes vers la chapelle. Tout était normal, mais à certains moments, le bruit revenait, un bruit qui donnait des frissons dans le dos, des chants horribles. Ils s'arrêtèrent pile au moment où nous atteignîmes l'église. Nous entrâmes dans une salle sombre, mais soudain la porte claqua ! Une épaisse fumée emplit la pièce. Un de mes amis alluma sa lampe torche et nous vîmes que sur les murs était écrit avec ce qui ressemblait à du sang : “Le feu les a détruits, il vous détruira aussi”. Nous étions horrifiés : la pièce était sombre et sans issue. Soudain, des yeux nous fixèrent, oui, deux yeux perçants nous fixaient dans le noir. Nous entendîmes un rire : c'était un rire diabolique à glacer le sang. Puis le rire se tût. La lampe s’eteignit, nous étions plongés dans le noir, nous sentîmes quelque chose nous froler. Une voix chuchotait à mon oreille “Le feu les a brûlés, il vous brûlera aussi”. Et tout à coup, nous entendîmes comme un bruit de couteau que l’on aiguisait.
La lumière se mit à s'allumer puis à s'éteindre sans raison apparente ! Pendant que la lumière clignotait, nous vîmes la chose. Elle était grande, habillée de noir, la peau blanche comme de la craie; elle avait un sourire de psychopathe, de grands yeux et le bruit de couteau était bien réel, car cette chose tenait un poignard dans sa main. La lumière finit par s’éteindre. Nous entendîmes un cri strident, un cri terrifiant. Je voulais crier, pleurer, mais rien ne sortit. J’entendis des bruits de pas qui arrivaient très vite. Je pensai alors que la chose nous fonçait dessus, le poignard pointé vers nous. Je me dis que c’était la fin et fermai les yeux. J’avais peur, j’étais même horrifiée, angoissée. Je repensais à de bons souvenirs, sûre de ne jamais revoir mes amis. Son cri résonnait dans ma tête. Puis, d’un seul coup, plus rien, nous étions toujours plongés dans le noir mais rien... plus de chose, plus de cri, plus de rire. Nous repartîmes chez nous traumatisés. Encore aujourd’hui, ce cri reste gravé dans ma mémoire et des milliers de questions me hantent. Qui était le vieil homme? Que nous voulait cette chose ? Que se serait-il passé si la chose n'avait pas disparu ?