Restitution virtuelle de l’église abbatiale de Cluny Maior Ecclesia
Installations multimédia dans l’Abbaye Cluny
1100 ans après, Cluny ressuscite virtuellement
Le projet Gunzo, du nom du moine qui vit en songe les plans de la Maior Ecclesia, consiste à utiliser les outils de réalité virtuelle et de réalité augmentée pour valoriser au mieux le patrimoine. Retour sur un projet innovant qui faire revivre le passé. La légende raconte que Gunzo, moine de Cluny au XIe siècle, vit en songe les proportions parfaites de la future Maior Ecclesia, construite à partir de 1088. Aujourd’hui, il ne reste qu’un dixième de ce qui a été la plus vaste église de la chrétienté, dont 8 % en élévation. Pour le visiteur qui vient parfois de loin, cela peut provoquer une certaine déception. Aussi, un Gadzart a-t-il à son tour fait un rêve, celui de restituer tout l’édifice en 3D. C’était à la fin des années 90.
En 1990 – 1991 Christian Père, le Gadzart en question, a numérisé la grande église grâce au soutien d’IBM, ce qui a conduit à la production d’un film de 16 minutes Mémoires de Pierre, dont 4 minutes d’images de synthèse. Jean-Michel Sanchez et Julien Roger, deux anciens de l’Ensam, co-fondateurs d’On-Situ, sont ensuite repartis de la maquette numérique pour produire le film Maior Ecclesia en 2004. « J’étais en poste chez EADS à Madrid, raconte Christian Père. J’avais gardé la maquette, mais il a été difficile de relire les données. »
En 2005, Christian Père a rejoint l’Ensam et en 2007 Gunzo est lancé. « Il s’agit d’un projet de recherche et de valorisation, qui réunit une équipe pluridisciplinaire dans le but d’utiliser les technologies 3D au service du patrimoine », raconte Christian Père. Grâce à la réalité virtuelle, le visiteur peut visionner un film dans une salle d’immersion. « Le film doit transmettre une émotion, pour comprendre le pourquoi d’un édifice aussi grand à Cluny », explique-t-i. Une maquette numérique à l’échelle 1 Le but de Gunzo est aussi de proposer des outils de recherche pour les autres sites clunisiens. Dans un tout autre domaine, le projet trouve aussi des applications en architecture et génie civil. L’Ensam va d’ailleurs ouvrir à la rentrée un nouveau master spécialisé pour former les architectes aux outils et méthodologies 3D. Issu d’un partenariat entre les Arts et Métiers de Cluny, le Centre des monuments nationaux et On-Situ, le projet s’avère particulièrement à la pointe, surtout avec une telle industrialisation puisque Cluny accueille 100.000 visiteurs par an. Le projet restitue l’église du XVe siècle, dans le prolongement de la restauration physique du transept. L’objectif est de pouvoir visualiser à l’échelle 1 une maquette virtuelle du bâtiment dans une salle d’immersion virtuelle, en étant debout. « Nous avons réussi à concilier le travail d’histoire de l’art et les outils virtuels », se félicite Christian Père.
Visites guidées virtuelles
Le modèle numérique apporte des avancées majeures avec une plus grande précision pour la partie en élévation (au centimètre, contre 10 à 20 cm pour la précédente version). « Nous avons numérisé les fragments lapidaires, ce qui a permis de faire une hypothèse sur le décor sculpté », complète le chercheur. Un travail plus riche a également été effectué sur les fresques et les enduits. Une étudiante en thèse doctorale étudie la polychromie de la grande église pour retrouver la couleur originelle à partir de fragments lapidaires. Un musicologue effectue également une recherche sur les chants, ce qui permettra d’améliorer l’immersion virtuelle grâce à la composante sonore. En plus de la réalité virtuelle, le projet est également à la pointe en réalité augmentée avec trois bornes intégrées dans le circuit de visite, qui fonctionnent toute l’année, quelle que soit la météo. Une quatrième sera prochainement installée.