J'étais dans mon état habituel et, en compagnie de mon ange gardien, je visitais des églises en faisant un pèlerinage à Jésus dans le saint sacrement. À l'intérieur d'une des églises, j'ai dit: «🙏Prisonnier d'amour, tu es seul et abandonné et je viens te tenir compagnie. Et pendant que je te tiens compagnie, je veux t'aimer pour ceux qui t'offensent, te louer pour ceux qui te méprisent, te remercier pour ceux en qui tu déverses tes grâces et qui ne te rendent pas le tribut de la reconnaissance, te consoler pour ceux qui t'affligent, réparer pour toute offense à ton égard; en un mot, je veux faire pour toi tout ce que les créatures te doivent parce que tu demeures toujours dans le très saint sacrement. Je veux répéter cela autant de fois qu'il y a de gouttes d'eau et de grains de sable dans la mer.🔥»
Pendant que je disais cela, toute l'eau de la mer devint présente à mon esprit et je me suis dit: «Ma vue ne peut pas saisir l'immensité de la mer, ni connaître la profondeur et le poids de ses immenses eaux; le Seigneur sait tout cela.» Et je restais là, tout émerveillée.
À ce moment, Jésus béni me dit: «Sotte que tu es, pourquoi tant t'émerveiller? Ce qui est difficile et impossible pour la créature est possible et facile, et même naturel pour le Créateur. C'est comme pour quelqu'un qui, regardant d'un coup d'oeil des millions et des millions de pièces de monnaie, se dirait: "Elles sont innombrables, qui pourrait les compter?" Mais celui qui les a placées là peut immédiatement dire: "Il y en a tant; elles valent tant; elles pèsent tant."
«Ma fille, je sais combien de gouttes d'eau j'ai placées dans les mers et personne ne peut changer cela, pas même une seule goutte. Je dénombre tout, je pèse tout et j'évalue tout. Et il en est ainsi pour toutes les autres choses. Quelle merveille y a-t-il donc en ce que je sache tout?» En entendant cela, mon émerveillement a cessé et je me suis plutôt émerveillée de ma stupidité.
Je me donnais beaucoup de peine quand, à l'improviste, je me suis trouvée totalement à l'intérieur de Notre-Seigneur. De la tête de Jésus sortait un filet lumineux qui descendait dans la mienne et qui me liait totalement à son intérieur.
Oh! comme j'étais heureuse de me trouver à l'intérieur de Jésus! Partout où je regardais, je n'apercevais rien d'autre que Jésus seul. C'était mon plus grand bonheur. Jésus, rien que lui, et rien d'autre! Oh ! comme je me sentais bien!
Il me dit: «Courage, ma fille, ne vois-tu pas comment le fil de ma Volonté te lie entièrement à l'intérieur de moi? Si une autre volonté voulait te lier, si elle n'était pas sainte, elle ne le pourrait pas. Car, puisque tu es à l'intérieur de moi, si cette volonté n'était pas sainte, elle ne pourrait entrer.»
Pendant qu'il disait cela, il me regardait et me regardait. Ensuite, il me dit: «J'ai créé l'âme avec une rare beauté; je l'ai dotée d'une lumière supérieure à toute lumière créée et, pourtant, l'homme disperse cette beauté dans la laideur, cette lumière dans la noirceur.»
Je me trouvais un peu souffrante. Quand il est venu, Jésus béni me dit: «Ma fille bien-aimée, plus le fer est battu, plus il acquiert de lumière et, même s'il ne contient pas de rouille, les coups servent à le maintenir brillant et dépoussiéré. Ainsi, quiconque s'y approche peut facilement s'y mirer comme si c'était un miroir.
Il en est ainsi pour l'âme. Plus la croix la bat, plus elle acquiert de lumière et plus elle est époussetée de toute saleté, de sorte que quiconque s'y approche peut s'y mirer comme si elle était un miroir. En tant que miroir, elle accomplit sa fonction, c'est-à-dire qu'elle permet de voir si les visages sont sales ou propres, s'ils sont beaux ou laids. Non seulement cela, mais je me délecte moi-même en venant m'y mirer. Ne trouvant dans l'âme ni poussière, ni autre chose qui m'empêchent d'y voir mon image, je l'aime toujours plus.»
Ce matin, je me sentais tout opprimée et la mélancolie remplissait mon âme. Il me semble que Jésus béni ne m'avait pas fait beaucoup lutter. En me voyant ainsi oppressée, il me dit: «Ma fille, pourquoi cette mélancolie? Ne sais-tu pas que la mélancolie est pour l'âme ce que l'hiver est pour la plante? L'hiver dépouille la plante de son feuillage et l'empêche de produire des fleurs et des fruits. Et si l'allégresse et la chaleur du printemps ne venaient pas, la pauvre plante resterait stérile et finirait par sécher.
«Il en va ainsi pour la mélancolie de l'âme. La mélancolie dépouille l'âme de la fraîcheur divine qui, comme la pluie, fait reverdir toutes les vertus. La mélancolie rend l'âme incapable de faire le bien et, si elle le fait, elle le fait plus par nécessité que par vertu. La mélancolie empêche l'âme de croître dans la grâce, et si l'âme n'est pas secouée par une sainte allégresse, qui est comme la pluie printanière qui relance rapidement la plante dans son développement, elle finit par sécher.»
Pendant qu'il disait cela, j'ai vu à la vitesse de l'éclair toute l'Église, les guerres que doivent affronter les religieux, et les guerres dans la société. Il semblait y avoir un tumulte général. Il semblait que le Saint-Père disposait de très peu de personnes religieuses pour ramener le bon ordre dans l'Église, chez les prêtres et autres, de même que dans la société.
Pendant que je voyais cela, Jésus béni me dit: «Penses-tu que le triomphe de l'Église est éloigné?» Je répondis: «Sûrement! Qui pourrait mettre de l'ordre au milieu de tant de bouleversements?» Jésus reprit: «Au contraire, je te dis que c'est proche. Ça prendra un conflit, un conflit très fort. Pour abréger les choses, je permettrai tout en même temps concernant les religieux et les laïques. Au milieu de ce conflit, de ce très grand chaos, il y aura un conflit bon et ordonné, mais tellement mortifiant que les hommes s'y trouveront comme perdus. Je leur donnerai tant de grâces et de lumière qu'ils reconnaîtront ce qui est mauvais et embrasseront la vérité. Je te ferai aussi souffrir à cette fin. Si, avec tout cela, ils ne m'écoutent pas, alors je te prendrai au Ciel et les choses arriveront même plus gravement et se prolongeront un peu plus. Viendra ensuite le triomphe tant désiré.»
J'ai vécu une matinée très amère, presque totalement privée de mon Jésus béni. Je me trouvais hors de mon corps, seule, au milieu de guerres, de personnes tuées et de villes assiégées; il me semblait même que cela se passait en Italie. Quelle frayeur je vivais! J'aurais voulu me soustraire à ces scènes si effrayantes, mais je ne le pouvais pas. Une puissance supérieure me tenait clouée là. Que ce soit un ange ou un saint, je ne peux le dire avec certitude, mais il a dit: «Pauvre Italie, comme elle sera déchirée par les guerres!»
En entendant cela, je fus encore plus effrayée et je réintégrai mon corps. N'ayant pas encore vu celui qui est ma vie et avec toutes ces scènes dans mon esprit, je me sentais mourir. Alors, j'ai à peine vu son bras et il m'a dit: «C'est quelque chose qui va sûrement arriver en Italie.»
Me trouvant dans mon état habituel, je me sentais tout opprimée. De plus, me sentant consumée corps et âme, je craignais que mon pauvre état soit l'oeuvre du diable.
Dès qu'il vint, Jésus me dit: «Ma fille, pourquoi être si bouleversée? Ne sais-tu pas que même si toutes les forces diaboliques s'unissent, elles ne peuvent entrer à l'intérieur d'un coeur et le dominer à moins que l'âme elle-même, de sa propre volonté, leur ouvre l'entrée? Dieu seul possède ce pouvoir d'entrer dans les coeurs et de les dominer comme il lui plaît.»
Je lui dis: «Seigneur, pourquoi est-ce que je sens mon corps et mon âme se consumer quand tu me prives de toi? N'est-ce pas là le souffle diabolique qui pénètre dans mon âme et qui me tourmente?» Jésus répondit: «Je te dis même que c'est le souffle de l'Esprit Saint qui, en soufflant sur toi continuellement, te tient toujours enflammée et te consume par son amour.»
Après cela, je me suis trouvée hors de mon corps et je vis le Saint-Père, assisté par Notre-Seigneur, en train d'écrire une nouvelle façon de se comporter pour les prêtres, ce qu'ils devront faire et ce qu'ils ne devront pas faire, où ils ne devront pas aller, en indiquant la peine que devront subir ceux qui n'obéiront pas.
J'étais en train de penser à ce que j'avais lu dans un livre, à savoir que le motif de tant de vocations frustrées est de ne pas avoir de peine après avoir péché. Puisque moi, je ne pense pas à cela et que je pense uniquement à Jésus béni et à la façon de le faire venir, ne me préoccupant d'aucune autre chose, je réfléchissais sur le mauvais état dans lequel je me trouvais. Me trouvant dans mon état habituel, Jésus béni me dit: «Ma fille, l'attention portée à ne pas pécher supplée à la peine qu'on peut éprouver après avoir péché. Si quelqu'un éprouve de la peine quand il a péché et commet quand même des péchés, sa peine est vaine et infructueuse. Tandis que l'attention continuelle à ne pas pécher, non seulement remplace la peine en question, mais provoque la grâce pour que l'âme ne pèche pas et soit maintenue toujours purifiée. Donc, continue de demeurer attentive à ne pas m'offenser le moindrement; cela suppléera à tout le reste.»
Je poursuivais dans mon état habituel et mon adorable Jésus ne venait pas. Après m'être donné beaucoup de peine, je me sentais totalement découragée. Je craignais beaucoup que, ce matin, Jésus ne vienne pas du tout.
Finalement, il est venu brièvement et m'a dit: «Ma fille, ne sais-tu pas que le découragement tue l'âme plus que tout autre défaut. Donc, courage, courage! Si le découragement tue, le courage fait revivre et est l'attitude la plus louable que l'âme puisse avoir.»
Poursuivant dans mon état habituel, je me sentais perturbée par l'absence de mon adorable Jésus. Après m'être donné beaucoup de peine, Jésus est venu et m'a dit: «Ma fille, dès que l'âme sort des profondeurs de la paix, elle quitte la sphère divine et se retrouve dans la sphère soit diabolique, soit humaine.
«La paix permet de savoir si l'âme cherche Dieu pour Dieu ou pour elle-même, si elle agit pour Dieu, pour elle-même ou pour les créatures. Si c'est pour Dieu, l'âme n'est jamais perturbée. On peut dire que la paix de Dieu et la paix de l'âme vont ensemble et que les frontières de la paix entourent l'âme, de sorte que tout est transformé en paix, même les guerres elles-mêmes. Au contraire, si l'âme est perturbée, même au sujet des choses les plus saintes, cela montre que ce n'est pas Dieu que l'âme cherche, mais ses intérêts personnels ou quelque but humain. Par conséquent, si tu ne te sens pas calme, cherche la vraie raison en ton intérieur, corrige ce qui ne tourne pas rond, et tu retrouveras la paix.»
Je me trouvais dans mon état habituel. Après m'être donné beaucoup de peine, je vis Jésus pressé contre moi et tenant mon coeur dans ses mains. Fixant les yeux sur moi, il me dit: «Ma fille, quand une âme m'a donné sa volonté, elle n'est plus libre de faire ce qui lui plaît, autrement ce ne serait pas un véritable don. S'il est véritable, ce don exige que l'on garde sa volonté continuellement sacrifiée à celui à qui on l'a donnée. Cela est un martyre continuel que l'âme offre à Dieu.
«Que dirais-tu d'un martyr qui aujourd'hui s'offre pour souffrir n'importe quoi et, demain, se retire? Tu dirais qu'il n'a pas une véritable disposition au martyre et qu'un jour ou l'autre, il reniera sa foi. Aussi, je dis à l'âme qui ne me laisse pas faire ce que je veux de sa volonté, qui me donne sa volonté à un moment et la retire à un autre: "Fille, tu n'es pas disposée à être martyre pour moi, parce que le véritable martyre demande la continuité. Tu peux te dire résignée, mais non martyre. Un jour ou l'autre tu pourrais finir par te retirer de moi en considérant toute chose comme un jeu d'enfant. Donc, sois attentive et laisse-moi la pleine liberté d'agir avec toi selon la façon qui me plaît le plus."»
Me trouvant dans mon état habituel, j'entendis une voix qui disait: «Il existe une lampe telle que quiconque s'y approche peut y allumer autant de petites flammes qu'il veut, lesquelles servent à former une couronne d'honneur autour de la lampe et à éclairer celui qui a allumé ces petites flammes.»
Je me disais: «Comme elle est magnifique cette lampe qui contient tant de lumière qu'elle peut donner aux autres autant de lumière qu'ils veulent sans amoindrir sa propre lumière! Quel est son propriétaire?» Alors, j'entendis quelqu'un dire: «La lampe est la grâce et c'est Dieu qui la possède. S'y approcher démontre sa bonne volonté de faire le bien, car tout le bien qu'on veut tirer de la grâce, on peut l'obtenir. Les petites flammes sont les vertus qui, tout en donnant gloire à Dieu, éclairent l'âme.»
Ensuite, je me suis mise à réfléchir sur le fait que Notre-Seigneur s'est fait couronner d'épines, non pas une seule fois, mais trois fois. Et comme des épines brisées restaient à l'intérieur de sa tête et qu'on enfonçait la couronne de nouveau, ces épines brisées pénétraient encore plus profondément. J'ai dit à Jésus: «Mon doux Amour, pourquoi as-tu voulu subir ce martyr douloureux trois fois plutôt qu'une? Une seule fois n'aurait-elle pas suffi pour payer pour nos mauvaises pensées?»
Se montrant, Jésus me dit: «Ma fille, non seulement le couronnement d'épines a été triple, mais presque toutes les souffrances que j'ai souffertes durant ma Passion ont été triples: triples ont été les trois heures d'agonie dans le Jardin; triples ont été les flagellations (on m'a flagellé avec trois types de fouets); trois fois ils m'ont dépouillé [de mes vêtements] ; trois fois j'ai été condamné à mort (de nuit, de grand matin et en plein jour); triples ont été mes chutes sous le poids de la croix; triples ont été les clous; mon Coeur a déversé du sang trois fois (par lui-même dans le Jardin, ensuite dans l'acte de la crucifixion quand j'ai été étiré sur la Croix — tellement que tout mon corps en fut déboîté et que mon Coeur s'est brisé à l'intérieur et a versé du sang —, et après ma mort quand mon côté a été ouvert par une lance); triples ont été les trois heures d'agonie sur la croix. Que de triples il y a eus!
«Et tout cela n'a pas été le fruit du hasard, tout s'est accompli sur ordonnance divine pour rendre complète la gloire due à mon Père, pour effectuer la réparation que lui devaient les créatures, et pour obtenir des bienfaits pour les créatures. Car le don le plus grand que la créature a reçu de Dieu fut d'être créée à son image et à sa ressemblance et d'être dotée de trois puissances: l'intelligence, la mémoire et la volonté. Et il n'y a pas de péché que la créature commette sans que ces trois puissances concourent. Par conséquent, la belle image divine que possède la créature est souillée et défigurée par ses offenses au Donateur en mettant à contribution ce triple don. Et moi, pour refaire cette image divine dans la créature et pour donner à Dieu toute la gloire qu'elle lui doit, j'ai mis à contribution mon intelligence, ma mémoire et ma volonté, ainsi que ces triples souffrances, pour rendre complète la gloire que l'on doit au Père et pour le bien des créatures.»
Poursuivant dans mon état habituel, j'ai vu mon Jésus béni sur le point de châtier le monde. L'ayant prié pour qu'il s'apaise, il m'a dit: «Ma fille, l'ingratitude humaine est horrifiante. Les sacrements, la grâce et les aides dont j'ai gratifié l'homme, ainsi que ses dons naturels, sont autant de lumières pour l'aider à marcher dans la voie du bien et pour trouver le bonheur. Mais, en convertissant tout cela en ténèbres, l'homme court à sa perte. Et, pendant qu'il court à sa perte, il dit qu'il cherche son propre bien. Voilà la situation de l'homme. Peut-il y avoir un aveuglement et une ingratitude plus grands?
«Fille, l'unique soulagement et l'unique plaisir que les créatures puissent me donner en ces temps sont de se sacrifier volontairement pour moi. Mon sacrifice pour elles a été parfaitement volontaire, et là où je trouve une volonté qui veut se sacrifier pour moi, je me sens comme récompensé de ce que j'ai fait pour les créatures. Si donc tu veux me soulager et me donner du plaisir, sacrifie-toi volontairement pour moi. »
Puisque mon très doux Jésus ne venait pas, j'ai passé une très mauvaise matinée. Je ne faisais rien d'autre que de m'efforcer de renoncer à moi-même. Je me disais: «Qu'est-ce que je fais ici? Qu'est-ce que ça me donne de renoncer continuellement à moi-même?» Pendant que je pensais ainsi, Jésus vint comme un éclair et me dit: «Le renoncement à soi-même vaut mieux que l'acquisition d'un royaume.»
Je poursuivais dans mon état habituel. Dès que Jésus béni vint, il me dit: «Ma fille, il est nécessaire d'œuvrer en union avec l'Humanité du Christ et avec sa Volonté, comme si la volonté de l'homme et celle du Christ ne faisaient qu'un, et cela uniquement pour plaire à Dieu. En agissant ainsi, l'âme se trouve en continuel contact avec Dieu, puisque l'Humanité du Christ était une sorte de voile couvrant sa Divinité. Quand on oeuvre en passant par ce voile, on est automatiquement avec Dieu.
«Celui qui ne veut pas oeuvrer par le moyen de la très sainte Humanité de Notre-Seigneur et qui veut trouver le Christ est comme quelqu'un qui veut trouver le fruit sans trouver son enveloppe. Cela est impossible.»
Ce matin, je me suis trouvée hors de mon corps dans une rue où il y avait beaucoup de petits chiens qui se mordaient les uns les autres. Au bout de la rue, il y avait un religieux qui les regardait se mordre, les entendait et était troublé, voyant tout cela avec sa vue naturelle. Ils (les petits chiens) parlaient sans bien scruter les choses et sans la lumière surnaturelle qui leur permette de connaître la vérité.
Pendant ce temps, j'ai entendu une voix qui disait: «Ce sont des prêtres qui s'entre-déchirent.» Le religieux semblait être un visiteur qui, voyant les prêtres se mordre, manquait d'aide divine.
Poursuivant dans mon état habituel, et après m'être donné beaucoup de peine, Jésus est venu. Dès que je l'ai vu, j'ai dit: «Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous.» Jésus béni répliqua: «Le Verbe prit chair, mais il n'est pas demeuré chair, il est resté ce qu'il était. Et comme le mot verbe signifie parole et qu'il n'y a rien qui influence davantage que la parole, ainsi le Verbe fut manifestation, communication et union entre le divin et l'humain. Si le Verbe ne s'était pas fait chair, il n'y aurait pas eu de voie intermédiaire pouvant unir Dieu et l'homme.» Cela dit, Jésus disparut.
Je me trouvais dans mon état habituel et j'ai vécu des moments très agités, non seulement à cause de la presque totale absence de mon seul et unique Bien, mais aussi parce que, étant hors de mon corps, je voyais que les gens allaient s'entretuer comme des chiens et que l'Italie allait être impliquée dans une guerre avec d'autres nations. Je voyais beaucoup de soldats partir et, comme plusieurs allaient être victimes, beaucoup d'autres allaient être appelés.
Qui peut dire à quel point j'étais accablée. D'autant plus que je me sentais presque sans souffrance. Alors, je me suis mise à me lamenter intérieurement en disant: «À quoi bon vivre? Jésus ne vient pas et la souffrance me manque. Mes compagnons les plus chers et les plus inséparables, Jésus et la souffrance m'ont quittée. Cependant, je continue de vivre, moi qui croyais que sans l'un ou l'autre je n'allais plus pouvoir vivre, tellement ils m'étaient inséparables.
Oh! Dieu, quel changement, quel état douloureux, quel tourment indicible, quelle cruauté inouïe! Si tu as laissé d'autres âmes privées de toi, tu n'as jamais fait cela sans la souffrance. À aucune tu n'as fait un affront aussi ignoble. C'est uniquement pour moi qu'était préparée cette gifle si terrible, seulement moi qui ai mérité ce châtiment insupportable. C'est un juste châtiment pour mes péchés; je méritais même pire.»
À ce moment, Jésus vint comme un éclair et me dit avec majesté: «Qu'est-ce qui se passe? Pourquoi parles-tu ainsi? Ma Volonté ne te suffit-elle pas pour tout? Ce serait un châtiment si je te mettais hors de la sphère divine en te privant de la nourriture de ma Volonté, laquelle je veux que tu chérisses plus que tout. Il est nécessaire que tu sois sans souffrance pour quelque temps, afin de laisser un peu de place à ma justice pour châtier le monde.»
Après m'être donné beaucoup de peine, Jésus béni est venu et m'a dit: «Ma fille, quand l'âme se dispose à faire une bonne action, ne serait-ce que de dire un Ave Maria, la grâce contribue à l'accomplissement de cette bonne action. Cependant, si l'âme ne persévère pas dans la poursuite du bien, elle montre clairement qu'elle n'a pas de considération pour les cadeaux reçus et qu'elle se moque de la grâce.
«Combien de maux sont provoqués par un tel comportement — aujourd'hui oui, demain non; si ça me plaît, je le fais; il faut un sacrifice pour faire ce bien et je n'ai pas le goût de le faire. C'est comme pour une personne qui, ayant reçu un cadeau d'un ami aujourd'hui, le retourne demain; dans sa bonté, l'ami le renvoie de nouveau, mais, après avoir gardé le cadeau pendant quelque temps, fatiguée, la personne le retourne encore. Que dira l'ami? Il dira sûrement: "On voit bien que cette personne n'apprécie pas mon cadeau; qu'elle devienne pauvre ou qu'elle meure, je ne veux plus avoir affaire à elle."
«Tout est lié à la persévérance. La chaîne de mes grâces est liée à la persévérance de l'âme dans sa poursuite du bien. Si l'âme s'esquive, elle rompt cette chaîne. Qui peut alors l'assurer qu'il y aura reprise? Mes desseins s'accomplissent seulement en ceux dont les actes sont marqués par la persévérance. La perfection, la sainteté, tout est lié à la persévérance. Si l'âme agit avec intermittence, si elle manque de persévérance, cela rend vains les desseins divins et compromet sa perfection et sa sainteté.»
Pendant que je poursuis dans mon état habituel, mon amertume va toujours en augmentant à cause de la quasi-privation et du silence de mon très saint et unique Bien. Tout est ombres et lumières évanescentes. Je me sens écrasée et abasourdie. Je ne comprends plus rien parce que celui qui contient la lumière s'est éloigné de moi; il est comme un éclair qui illumine brièvement et amène par la suite une obscurité plus grande. Le seul et unique héritage qui m'est laissé, c'est la Divine Volonté.
Après m'être bien battue, je sentais que je ne pouvais plus continuer. Jésus vint brièvement et me dit: «Ma fille, puisque j'étais homme et Dieu, mon Humanité voyait tous les péchés, tous les châtiments et toutes les âmes perdues. J'aurais voulu tout réunir en un seul point, détruire les péchés et les châtiments, et sauver les âmes. J'aurais voulu souffrir la Passion non pas un seul jour, mais tous les jours, pour pouvoir contenir en moi toutes ces souffrances et épargner les pauvres créatures.
«J'aurais aimé faire ainsi et j'aurais pu le faire. Cependant, j'aurais alors détruit chez mes créatures le libre arbitre. Et qu'est-ce qu'il leur serait arrivé sans leurs propres mérites et leur propre volonté pour l'accomplissement du bien? À quoi mes enfants auraient-ils ressemblé? Auraient-ils encore été dignes de ma sagesse créatrice? Certainement pas. Ils auraient été comme des étrangers qui, n'ayant pas travaillé avec les autres enfants, n'auraient aucun droit, n'auraient droit à aucun héritage. Ils auraient mangé et bu avec honte parce qu'ils n'auraient fait aucun acte valable pour témoigner de leur amour envers le père. Ils n'auraient jamais pu être dignes de l'amour du père. En somme, sans le libre arbitre, les créatures n'auraient jamais été dignes de l'amour divin.
«D'autre part, je ne pouvais pas contrevenir à ma sagesse créatrice. Je devais l'adorer comme je l'ai fait et je devais me résigner à ce que mon Humanité absorbe les vides de la justice, ce qui ne pouvait cependant pas être le cas pour ma Divinité. Les vides de la justice divine sont remplis par les châtiments de cette vie, le purgatoire et l'enfer.
«Si donc mon Humanité s'est résignée à tout cela, voudrais-tu peut-être me surpasser et ne pas recevoir des vides de souffrances en toi en m'empêchant ainsi de châtier les gens. Ma fille, conforme-toi à moi et reste tranquille.»
Ayant reçu l'Eucharistie, je pensais à la bonté de Notre-Seigneur qui se donne en nourriture à la si pauvre créature que je suis, et je me demandais comment je pourrais répondre à une si grande faveur. Jésus béni me dit:
«Ma fille, tout comme je me fais la nourriture de la créature, celle-ci peut se faire ma nourriture en transformant tout son intérieur en aliment, c'est-à-dire en faisant en sorte que ses pensées, ses affections, ses désirs, ses penchants, ses battements de coeur, ses soupirs, son amour, etc. tendent vers moi. Ainsi, pendant que je communique à l'âme le fruit de ma nourriture — qui est de diviniser l'âme et de la transformer en moi —, je peux me nourrir de l'âme, c'est-à-dire de ses pensées, de son amour et de tout le reste. Et l'âme peut me dire: "Comme tu es arrivé à te faire ma nourriture et à tout me donner, moi aussi, je me suis fait ta nourriture. Il ne me reste rien d'autre à te donner parce que tout ce que je suis t'appartient."»
À ce moment, j'ai compris l'immense ingratitude des créatures qui, pendant que Jésus manifeste l'excès d'amour de se faire leur nourriture, elles lui refusent sa nourriture et le laissent à jeun.